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Climax 2017 : "Battez-vous avec joie et plaisir, mais aussi avec détermination !"

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"L'urgence est au partage", l'une des punchlines de Climax 2017 sur le site de Darwin, caserne Niel. Bordeaux, le 10 septembre 2017. Photo Ma planète

Climax 2017, la grande fête éco-citoyenne bordelaise, a refermé ses portes ce dimanche 10 septembre, après quatre jours d'un déluge furieux (et parfois vraiment mouillé) d'émotions, de débats, d'échanges, de rencontres et de concerts, répartis cette année sur deux sites iconiques de la rive droite de Bordeaux. C'est un cyclone comme on les aime qui a soufflé en fin de semaine dernière sur l'agglo. Un gros brassage musical, festif, citoyen et militant a mis le feu aux hauteurs de Cenon, avec ses concerts d'envergure internationale, et donné lieu sur le site de l'écosystème Darwin, caserne Niel, à des conférences toutes aussi passionnantes et exigeantes les unes que les autres. Venu en nombre, le public a eu la chance de pouvoir s'époumoner et danser sur la crème de la crème du rock et de l'électro actuelle, mais aussi d'écouter et rencontrer certaines des personnalités les plus pointues et les plus engagées du moment sur la thématique de la justice alimentaire,  de la question d'une agriculture plus saine à celle des migrants, en passant par le droit à l'alimentation pour chaque habitant de la planète Terre. 

Pari tenu

Donc, à l'heure du bilan : pari tenu et objectif atteint pour ses organisateurs. L'événement a su mobiliser largement, malgré la déception de l'annulation, au dernier moment, de la venue de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, retenu à Paris par la gestion de la crise d'un autre cyclone, meurtrier et apocalyptique, l'ouragan Irma. Les chiffres sont là pour en témoigner : les conférences ont attiré chaque jour des centaines de personnes et plus de 30 000 festivaliers ont afflué aux concerts nocturnes pour faire vibrer et retentir, dans l'agglomération bordelaise et au-delà, le message écologique de la transition alimentaire : "Se nourrir tous, sans détruire la planète, et mettre en place une plus grande solidarité avec les premières victimes du réchauffement climatique est une urgence !" 

La (méchante) petite bête

climax franz ferdinand.jpgAlors, oui, si on cherche la petite bête, comme l'ont fait certains notamment sur les réseaux sociaux (parfois un peu trop haineusement, à notre goût), on peut dénoncer en vrac : l'anglais omniprésent dans la Climax-Darwin langue, alors que l'écologie, c'est aussi la diversité des langues et des cultures ; les nuisances sonores de Climax, subies par le voisinage "populaire" de Cenon (sous-entendu : les riches "bobos" se régalent au concert pendant que ce sont les pauvres travailleurs qui se lèvent tôt qui trinquent) ; la programmation trop "internationale" et pas assez "nationale", trop pop, trop rock et trop électro (bref, juste trop bonne et qu'on ne verrait jamais à Bordeaux sans Climax : mille mercis, rien que pour Franz Ferdinand !) ; la nourriture exclusivement vegan et l'absence du traditionnel sandwich merguez-saucisse-ventrèche-frites-mayo-ketchup-moutarde, soi-disant de rigueur dans ce type de festivals (bref, trop délicieuse et originale, et bien sûr, trop chère, vu que de toutes façons, ça  remplit pas l'estomac de son homme) ; des intervenants tellement bavards lors des conférences qu'on n'avait pas le temps d'en placer une (bref, des invités trop experts, trop pertinents, trop passionnés et trop pleins d'humour, juste le genre qu'on aimerait écouter plus souvent à Bordeaux) ; d'être fliqué par les bracelets d'entrée électroniques cashless (bref, juste comme à peu près dans tous les autres festivals de France et de Navarre, et ce depuis déjà quelques années) ; la trop grande coolitude et bonne humeur des festivaliers de tous âges, avides de rencontres et de partages, ou encore la trop grande gentillesse et disponibilité de 500 bénévoles, fiers d'être là et enthousiastes (exclusivement nourris durant quatre jours en mode vegan par les organisateurs, comme quoi, on peut être heureux et en pleine forme sans steak frites).

Une autre dimension

Enfin, cerise sur le gâteau (vegan et bio), on peut aussi dénoncer un "éco-baratin de margoulins" et "l'illusion technototalitaire des publicitaires et spéculateurs", comme d'autres l'ont écrit dans un virulent pamphlet anti-Darwin de huit pages, diffusé sur le site du festival. On est en démocratie et chacun est libre de s'exprimer (même à la caserne Niel). La tendance un poil expansionniste et "capitaliste" de l'écologie dont fait parfois preuve Darwin peut agacer, même ceux que son succès ravit sincèrement. Et surtout, on comprend l'amertume de militants très engagés, notamment les zadistes investis corps et âme dans de justes causes vertes qu'ils perdent parfois, comme celle du golf de Villenave-d'Ornon, en Gironde. Mais, sauf à être d'une mauvaise foi intégrale (ce qui n'est pas écolo du tout !), outre que l'écologie n'appartient à personne et a vraiment besoin de toutes les bonnes volontés, on conviendra que, cette année, Climax a pris une autre dimension.

Plus accueillant et plus ouvert

climax luminaires.jpgClimax 2017 s'est avéré plus accueillant, grâce à la scénographie verdoyante et magique du magnifique parc Palmer, aux luminaires et au mobilier entièrement fabriqués avec du matériel de récup' (cagette, bois...) mais aussi plus ouvert que ses deux première éditions. Surtout (argument définitif) : la bière, 3,50 euros le demi, toujours aussi bonne et bio, est moins chère !  L'événement, à la programmation musicale impeccable et enthousiasmante, n'en déplaise aux grincheux, s'est définitivement installé dans le paysage d'une écologie militante (à chacun son niveau d'engagement) mais aussi festive et artistique

S'il mérite moins que jamais d'être ramené à une pure opération de business et de greenwashing "bobo" (Climax 2017 au budget de 1,7 millions d'euros devrait accuser un déficit entre 250 000 et 400 000 euros), le festival gagnerait toutefois en éco-citoyenneté, moyennant quelques améliorations. En toute bienveillance, on pourrait ainsi suggérer à Philippe Barre et à Jean-Marc Gancille, co-fondateurs hyper-actifs de l'éco-système Darwin et de l'événement, de revoir le système des puces à créditer l'argent, qui fait qu'on ne peut se faire rembourser l'argent qui reste que la semaine suivante, avec une appli qui ne marche pas toujours, ce qui peut donner le sentiment à certains de se faire avoir. Et surtout, de mieux préparer en amont Climax 2018, avec les associations et les jeunes des quartiers, afin de mieux intégrer à la construction de l'événement les populations de Cenon mais aussi de Bordeaux. 

Le message de José 

climax bové.jpgQuoiqu'il en soit, nul n'est parfait, sauf les dictateurs auto-proclamés. Fussent-ils verts. On ne peut que se réjouir de la flamme et du succès avec lesquels le festival a su porter et incarner un message écologique énergique, digne de José Bové, le célèbre eurodéputé moustachu EELV, défenseur historique du Larzac, démonteur de MacDo et faucheur d'OGM, condamné en justice et interdit de séjour notamment au Canada ou au Maroc pour son activisme militant. "Oui, la situation écologique et sociale de la planète est catastrophique, mais une fois que vous le savez, ne restez pas sous la couette ! Faites des Zads, agissez et battez-vous, avec joie et plaisir mais surtout détermination, et surtout, surtout... faites de votre pire !", a-t-il lancé avec humour et un zeste de provocation sous des applaudissements nourris, dont ceux d'Audrey Pulvar qui a succédé à Nicolas Hulot à la tête de la fondation éponyme, la FNH, en conclusion de la conférence du samedi après-midi sur la justice et la sécurité alimentaire.

Climax et ses équipes, ses nombreux partenaires (dont le journal Sud Ouest), les associations, les conférenciers, les artistes, les bénévoles et les festivaliers ont donc fait de leur pire pour la planète et l'écologie en 2017. Qu'ils poursuivent et densifient leurs engagements en septembre 2018, pour une 4e édition "encore pire" ! C'est tout ce que l'on souhaite : Climax est devenu un élément nécessaire dans notre écosystème.

Cathy Lafon

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