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Pesticides : et ce glyphosate qui s'invite dans nos assiettes...

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Une étude de Générations Futures publiée ce jeudi a retrouvé des traces de résidus de glyphosate dans certains produits alimentaires dont les pâtes. Photo AFP

Quel est au juste le degré d'exposition des Français au glyphosate ? Alors que la demande de ré-homologation de 10 ans de la molécule de base du Roundup, l'herbicide le plus vendu au monde, est toujours en attente auprès de la Commission européenne pour prolonger son autorisation, Générations Futures a voulu en avoir le coeur net. L'association qui lutte contre les pesticides a fait ses courses en supermarché pour confier à un laboratoire indépendant l'analyse de 30 produits alimentaires de consommation courante. Comme on dit, elle n'a pas été déçue du voyage.

53,3% des échantillons d’aliments analysés contenaient des résidus de glyphosate

Peu ragoûtants, les résultats de l'étude, sont édifiants. Selon le rapport qu'elle a publié ce jeudi 14 septembre, l'ONG a trouvé des traces de l'herbicide le plus vendu au monde dans 16 d'entre eux. En clair, plus de la moitié des produits analysés qui atterrissent aujourd'hui dans l'assiette des consommateurs de l'Hexagone, contiennent des traces de glyphosate. Personne (ou presque) n'y trouverait à redire si, il y a deux ans, en mars 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des experts du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) n'avait classé cette substance chimique "probablement cancérogène pour les humains". Depuis, la bataille du glyphosate fait rage et de nombreux scientifiques et des ONG, rejointes par certains Etats-membres européens dont la France, réclament la non ré-autorisation de cette molécule dangereuse.

Pourquoi cette étude de Générations Futures ?

Paradoxalement, alors que le glyphosate est la matière active herbicide la plus utilisée au monde, sa présence dans nos aliments est très rarement recherchée par les services de la répression des fraudes, explique François Veillerette, le porte-parole de Générations futures. Pour la retrouver, il faut en effet des méthodes d'analyse spécifiques et donc coûteuses. Aussi, l'ONG qui milite pour son interdiction, a-t-elle cassé sa tire-lire pour vérifier par elle-même.

Glyphosate au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner  

Paquets de lentilles, de pois cassés, pâtes, biscottes ou encore céréales pour le petit-déjeuner... Comme le consommateur lambda, les membres de Générations futures ont fait leurs courses dans deux supermarchés, à Paris et en Picardie où ils ont rempli leur caddie d'aliments à base de céréales ou de légumineuses, déjà pointés dans divers rapports, car susceptibles de contenir des résidus de glyphosate. Résultats : sur 30 échantillons analysés, 16 en contenaient. Les plus mauvaises élèves sont les céréales du petit-déjeuner : 7 sur les 8 marques analysées, soit 87,5% en contenaient(Muesli Alpen Swiss, Weetabix Original, Muesli Jordan Country crisp, Country store Kellogs, Granola flocons d'avoines grillés aux pommes Jordans, All Bran Fruit'n Fibre Kellogs). Egalement pointées du doigt les légumineuses, petits pois, lentilles et pois chiches (7 sur 12 produits analysés, soit 58,3%) et, dans une moindre mesure, les pâtes alimentaires, 2 sur 7 (soit 28,5%). Dans des taux, pour certains, assez élevés : jusqu'à 2 microgrammes/kg d'aliment. Enfin, note l'ONG, 3 échantillons contenaient aussi de l'AMPA, produit de dégradation du glyphosate. 

"Nous sommes toutes et tous contaminés par le glyphosate"

Pour François Veillerette, porte-parole et directeur de Générations Futures, loin d'être surprenants,  les résultats de cette enquête permettent "pour une part sans doute importante, d’expliquer la contamination de l’ensemble des personnes testées pour le glyphosate", telle que mise en évidence dans nos recherches du glyphosate dans les urines d’avril 2017". Dans une précédente étude, publiée le 7 avril 2017, 30 "cobayes" avaient confié leurs urines à Générations Futures afin d’y rechercher le fameux glyphosate. Résultats : 100% des échantillons contenaient des résidus de cet herbicide. "Malheureusement ces analyses confirment ce que nous craignions après avoir consulté d’autres études réalisées ailleurs en Europe et dans le monde : nous sommes toutes et tous contaminés par le glyphosate", déclarait-il alors.

Des résultats logiques

Vu les quantités utilisées dans le monde, il n'est pas illogique que l'on retrouve le glyphosate sous forme de résidus dans ce que nous mangeons. En 2013, il s'en est vendu en France 8 656 tonnes, soit "plus d'un huitième du tonnage des matières actives pesticides vendues cette années-là", précise le porte-parole de Générations futures qui reconnaît que si les quantités relevées sont significatives, il n'y a pas de quoi déclencher une intoxication aiguë. Le réel danger sanitaire, c'est la fréquence et l'addition de l'absorption de la substance, qui contamine petit à petit notre organisme. D'autant que, outre le glyphosate, quantité de résidus chimiques se retrouvent dans les produits de l'industrie alimentaire pour composer un drôle de cocktail chimique, à terme pas vraiment euphorisant.

Transparence

Première évidence pour Générations Futures : il faudrait plus de moyens pour connaître vraiment et faire la transparence sur la composition de ce qu'on mange tous les jours, afin que les consommateurs aient les informations nécessaires pour choisir en toute connaissance de cause ce qu'ils veulent mettre (ou pas) dans leurs assiettes. Par ailleurs, François Veillerette en est convaincu : "il y a urgence pour l’Union européenne de renoncer à l’usage de cette molécule classée cancérogène probable par le CIRC et de faire évoluer en profondeur son modèle agricole devenu trop dépendant des pesticides de synthèse".  

Génération Futures attend donc de la France dont le ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot et le Premier ministre Edouard Philippe se sont opposés à sa ré-autorisation, qu'elle convainque, d’ici les 5 et 6 octobre, d’autres Etats membres de la rejoindre dans son opposition à une nouvelle homologation de cet herbicide. Par précaution pour préserver la santé humaine, la seule solution possible pour l'ONG c'est bel et bien l'interdiction a priori du glyphosate.

Cathy Lafon

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