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Pour sauver le climat, mettez des lentilles et des pois chiches dans votre assiette !

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Les lentilles dont bonnes pour la santé... et pour le climat.

Pour agir en faveur du climat, mieux vaut privilégier les légumes secs, selon les conclusions d'un rapport récent de l’ONG Réseau action climat (RAC) et des experts de l’association Solagro. Lutter contre le réchauffement climatique en mangeant lentilles, pois chiches, pois cassés, fèves et autres haricots secs ? L'idée paraît au mieux insolite, au pire farfelue. Et pourtant, notre alimentation est l'une des caractéristiques de notre mode de vie qui influent le plus sur le climat. Pourquoi ? Parce que l'agriculture et l'élevage sont deux activités fortement émettrices de ce fameux gaz à effet de serre, responsable de l'élévation du niveau moyen des températures sur le globe.

La bonne nouvelle, c'est que les légumes secs, que l'on peut en outre accommoder de multiples façons, offrent une délicieuse alternative aux protéines animales et relâchent moins de gaz à effet de serre dans l'environnement que d’autres cultures. Alors, si l'on peut réduire cette forme de pollution tout en se régalant à table, pourquoi faire la fine bouche ?

Des protéines aussi nutritives que celles des protéines animales

émissions de gaz à effet de serre,légumineusesPremier avantage des légumes secs : combinés à des céréales, ils "permettent de couvrir la totalité des besoins en acides aminés" que fournissent aussi les protéines animales, rappelle Jean-Michel Chardigny, nutritionniste et chercheur à l’Inra (photo ci-contre). Et c'est un sacré atout pour la stabilisation du climat. Car augmenter leur consommation permettrait mécaniquement de réduire la consommation de viande sur la planète en diminuant d'autant le méthane émis par les bovins et l’importation de soja, la principale source d’alimentation pour l’élevage que l'Europe achète principalement aux Etats-Unis et au Brésil. Sans compter l'impact direct de l'élevage sur le volume disponible des terres agricoles : il faut en moyenne cinq kilogrammes de protéines végétales pour produire un kg de protéines animales.  2 à 0 pour les légumes secs.

Diminution des engrais chimiques

Mais pour le climat, l’avantage des légumineuses ne réside pas seulement dans la comparaison avec la viande. Contrairement aux cultures céréalières qui prédominent en France, les cultures des légumes secs ont la faculté de fixer l’azote de l’air dans leurs racines. Du coup, elles n’ont pas besoin d’engrais chimiques, la principale source de gaz à effet de serre de l’agriculture, un secteur qui compte au total pour 16% des émissions de gaz à effet de serre françaises. En plantant des lentilles plutôt que du blé, "on évite les principaux impacts environnementaux comme les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie nécessaire à la production d’engrais", note Marie-Hélène Jeuffroy, agronome et chercheuse à l’Inra. Mieux encore: les légumineuses enrichissent le sol en azote et permettent de diminuer les intrants pour les cultures de céréales ou d’oléagineux les années suivantes. Selon Marie-Hélène Jeuffroy, "inclure une année sur cinq dans une rotation des cultures une légumineuse permet de diminuer de 14% les émissions de gaz à effet de serre" sur l’ensemble du cycle. 3 à 0 pour les légumes secs.

Réduction des pesticides

Enfin, conclut-elle, "l’insertion de légumineuses contribue à rompre le cycle des bio-agresseurs (parasites, ravageurs, etc.) des cultures majeures", ce qui permet de réduire la consommation de pesticides. Pas mal... Et 4 à 0 pour les légumes secs.

émissions de gaz à effet de serre,légumineusesTrop peu consommés...

Aux avantages environnementaux des légumineuses viennent s’ajouter les bénéfices pour la santé (prévention des maladies cardiovasculaires, apport de fibres, de minéraux, de vitamines, contrôle de la glycémie), et si la PAC (la Politique agricole commune européenne). 5 à 0 pour les légumineuses. Mais, paradoxalement, leur culture n'a pas pour autant le vent en poupe : même si des filières locales se structurent, notamment en bio,  "leur développement n’est pas à la hauteur des enjeux actuels", regrettent le RAC et Solagro.

... et trop peu cultivés

Selon l'Inra, en Europe et dans l'Hexagone, on consomme encore peu de légumes secs : moins de 2 kg par an et par personne en France contre 4 à 5 kg en Europe et 7 kg au niveau mondial,  face aux 100 kg de blé et aux 90 kg de viande ! Et pourtant, l'Europe et notamment la France doivent encore importer la grande majorité des légumes secs destinée à l’alimentation humaine, notamment du Canada qui a relancé avec succès ce type de culture dans les années 2000. En France, les légumineuses ne représentent que 300.000 hectares cultivés contre 9 millions pour les céréales et 2 millions pour les oléagineux (colza, tournesol, etc.).

Il n’en a pas toujours été ainsi: avant la Seconde guerre mondiale, chaque Français consommait en moyenne 7 kg de légumes secs par an... Et beaucoup moins de viande. Tout le monde ne doit pas devenir végétarien mais il faut "aller vers une plus grande complémentarité entre la viande et les légumineuses" résume le nutritionniste Jean-Michel Chardigny. "Or, regrette-t-il, on en est encore aux schémas des manuels scolaires: les protéines viennent du trio viandes, poissons, boeufs et l’on oublie les lentilles, les pois les haricots secs".

Pour les chercheurs de l’Inra, avant que les légumes secs, solution durable pour l'avenir de notre alimentation, ne retrouvent le pouvoir qui leur est dû dans nos assiettes, la route est longue...

Cathy Lafon

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