Sciences : la goélette "Tara" met le cap sur les coraux du Pacifique
La goélette"Tara". Photo H. Bourmaud/Tara Expédition
C'est le début de nouvelles aventures, ce samedi 28 mai, pour la goélette "Tara", qui va quitter son port d'attache de Lorient (Morbihan) pour un long voyage de deux ans. Objectif de la mission de la onzième expédition "Tara" : les récifs coralliens du Pacifique. Nom de code: Tara Pacific. Un périple de 100.000 kilomètres pour une équipe internationale de 70 scientifiques de huit pays différents, parée à étudier l'impact du réchauffement climatique et des activités humaines sur l'incroyable richesse de la biodiversité liée aux coraux, des habitants de l'océan aujourd'hui particulièrement menacés.
"Tara", kèsaco ?
Pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas déjà, "Tara" est une goélette unique en son genre qui sillonne depuis plusieurs années les océans pour des recherches scientifiques et véhicule un message écologiste sur les enjeux de la protection de l'environnement marin que l'humanité aurait tout intérêt à prendre urgemment en compte... Les Bordelais, sacrés veinards, ont pu l'admirer dans le port de la Lune, du 1er au 7 avril 2013, où elle est restée amarrée pour la première fois au coeur de Bordeaux, au Ponton d'honneur - Quai Richelieu, devant la Maison Eco-Citoyenne (photo ci-dessus). Cette année là, "Tara" se préparait pour un grand départ, afin d'étudier le plancton de l'Arctique. Trois ans après, ce sont les mers chaudes du Pacifique qui attendent le voilier, avec à la barre, Serge Planes, chercheur au Criobe (Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement) et directeur scientifique de Tara Pacific, et son codirecteur Denis Allemand, directeur scientifique du Centre scientifique de Monaco. Budget du programme scientifique de l'expédition: 5 millions d'euros.
Les coraux, glamours mais si fragiles...
Traverser tout le Pacifique, une partie du monde qui abrite plus de 40 % des 1.500 espèces de coraux recensés à ce jour sur la planète: les deux chercheurs et leur équipe en frétillent d'avance. Imaginez : leur mission scientifique sera l'une des premières d'une telle ampleur. Et puis, les coraux, c'est quand même plus glamour que le plancton... Tout le monde croit d'ailleurs les connaître, sans savoir, âr exemple, que leurs couleurs éclatantes n’émanent pas du corail lui-même, mais de micro-algues, des organismes unicellulaires appelés zooxanthelles qui vivent en symbiose avec l’animal. Car le corail est un animal dont les polypes, par définition transparents, se composent essentiellement d’un estomac muni d’une bouche. L’ensemble adhère à leur squelette. Ils se nourrissent de particules alimentaires et du zooplancton disponible à proximité, ce qui leur permet de produire le carbonate de calcium nécessaire à leur croissance et de former les récifs de corail que nous connaissons. Mais les rend aussi tout particulièrement fragiles et sensibles aux pollutions marines de toutes sortes.
Pour la planète
Avec son fond plat, "Tara" pourra pénétrer dans les lagons, et étudier ce qui vit avec les coraux qui abritent 30% de la biodiversité marine connue : les bactéries, les virus, le plancton, les poissons associés qui les nettoient... Mais les chercheurs vont aussi effectuer des carottages pour remonter le temps, prélever des échantillons d'eau, observer la biodiversité en surface... Bref, après avoir vogué de la Colombie au Japon, en passant par l'île de Pâques, la Polynésie, Wallis-et-Futuna, la Micronésie, pour finir par rallier la Nouvelle-Guinée et la Chine, en 2018, "Tara" saura tout (ou presque) sur les récifs coralliens. Et au-delà, aura contribué une fois de plus, à sensibiliser le public à la protection des océans, enjeu majeur pour l'avenir de la planète. Big job.
►PLUS D'INFO
- Sur "Tara". Depuis son rachat il y a treize ans par la fondatrice de la maison de haute couture française agnès b., cette goélette de 36 mètres de long, conçue à l’origine pour se laisser prendre dans les glaces arctiques, s’est transformée en un navire de recherche qui a déjà sillonné les mers du monde entier. "Tara" a achevé dix missions, parcouru 320 000 kilomètres et révélé, à chaque expédition, une nouvelle facette des océans qui constituent 70 % de la surface du globe. La dernière grande expédition Tara Oceans (2009-2013) a permis d’établir l’inventaire du plancton le plus complet à ce jour et ses premiers résultats commencent tout juste à paraître. Pour suivre Tara sur Facebook : cliquer ICI
- Sur les coraux. 500 millions de personnes dépendent de ces récifs pour leur subsistance, soit 8 % de la population mondiale. 20% des coraux ont été détruits depuis les années 1950-1960 et 20% de ceux qui sont directement menacés aujourd'hui pourraient disparaître d'ici à 2050.
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma Planète sur Tara : cliquer ICI
- Les articles de Ma Planète sur les menaces qui pèsent sur les coraux: cliquer ICI
- Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI