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Nucléaire : Genève porte plainte contre la centrale française du Bugey

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La centrale du Bugey, dans l'Ain, fonctionne depuis 1972. Photo archives AFP

Tout proche voisin de la la centrale nucléaire du Bugey, mise en service en 1972, le canton de Genève a porté plainte ce mercredi 2 mars contre X, en France.  Les autorités suisses accusent la centrale rhodanienne, l'une des plus vieilles de l'Hexagone, de "mise en danger de la vie d'autrui et pollution des eaux" et réclame sa fermeture.

Pour la Suisse et les Genevois, la goutte d'eau dans la coupe déjà bien pleine des incidents à répétition survenus sur le site nucléaire de Saint-Vulbas, près de Lyon et de la frontière helvétique, c'est la déclaration, il y a quatre jours, de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, de vouloir donner son feu vert à la prolongation de 10 ans de la durée de vie des sites nucléaires civils gérés par EDF, à condition que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en soit d'accord. Ce qui, au demeurant, est d'ailleurs loin d'être acquis, selon Pierre-Franck Chevet, le patron du gendarme du nucléaire.  

Une action en justice pas vraiment surprenante, quand on y réfléchit. On sait que le rayon de la pollution radioactive dépasse en effet largement le cadre des frontières d'un pays. Or, si la ville de Genève est en Suisse et pas en France, elle n'est qu'à 70 km de la centrale et donc en première ligne en cas d'incident, voire d'accident. Et concernant les incidents et les fuites, le Bugey, situé à tout juste 30 km de Lyon, n'est pas avare en la matière, comme le relève le site Internet de l'ASN et comme le dénoncent régulièrement les associations anti-nucléaires locales.

La Suisse passe à la vitesse supérieure

L'an dernier, en mars 2015, Genève avait déjà annoncé son intention de durcir le ton contre la centrale, jugé particulièrement vétuste, alors que le Luxembourg demandait à François Hollande, alors en visite au Grand-Duché, d'ordonner la fermeture du site nucléaire voisin de Cattenom. Aussi, la présidente de l'association "Sortir du nucléaire Bugey", Madeleine Chatard-Leculier a-t-elle considéré hier que la plainte suisse était "l'aboutissement (des) actions de toutes ces années sur la dangerosité de cette centrale vieillissante".

Le précédent de Super-Phénix, en 1998

centrale nucléaire,bugey,suisse,genève,plainte,corinne lepage,fermeturePour être rarissime dans le genre, la plainte du canton de Genève n'est pas tout-à-fait une première dans l'histoire de l'atome français et européen. L'avocate écologiste Corinne Lepage qui représente les intérêts suisses dans ce dossier, n'en est pas à son coup d'essai dans ce domaine. L'ancienne ministre française de l'Ecologie a obtenu en 1998,  la fermeture d'une autre centrale française, celle de Creys-Malville (Super-Phénix) dans l'Isère, également à la demande des autorités suisses.

Incohérence avec la loi de transition énergétique

Outre la question de sécurité soulevée par l'ancienneté du Bugey, nos amis frontaliers suisses disent aussi avoir du mal à comprendre comment l'Hexagone peut tout à la fois inscrire dans sa loi de transition énergétique la réduction de la part du nucléaire de 75 à 50% d'ici 2025 dans la production d'électricité nationale, et envisager de rallonger durée de vie du parc électro-nucléaire français, à grand renfort de travaux ultra-coûteux  (100 milliards d'euros selon la Cour des comptes, pour le "grand carénage"). On les comprend.

4,5% de l'électricité française

Sur ses cinq réacteurs, la centrale du Bugey en compte un en cours de démantèlement. Les quatre autres réacteurs sont censés fournir 4,5% de la totalité de l'électricité produite en France. L'un est à l'arrêt depuis le 27 août 2015, suite à l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a demandé à EDF de réparer une dégradation de l'étanchéité de l'enceinte du revêtement métallique du réacteur. L'Etat, pas plus qu'EDF, n'a jamais envisagé la fermeture du site du Bugey. A ce jour, seule la fermeture de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, la plus vieille des installations nucléaires françaises, est prévue. La promesse présidentielle de François Hollande de devrait toutefois pas se concrétiser avant 2018, après l'élection présidentielle de 2017...

Le recours de Notre Affaire à Tous

centrale nucléaire,bugey,suisse,genève,plainte,corinne lepage,fermetureIl n'y a pas qu'en Suisse que les questions de sécurité liées au nucléaire tricolore font tousser.  France Info a révélé ce jeudi que l’association écologiste française Notre Affaire à Tous, avait déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour annuler l'arrêté du ministère de l’Environnement du 30 décembre 2015 qui vise à assouplir les règles de sécurité des centrales nucléaires définies par une directive européenne de juin 2014. Un cadeau, dénonce l'association, pour l’EPR de Flamanville dans la Manche, dont la cuve a été jugée récemment non-conforme par l’ASN. A suivre.

Cathy Lafon

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