Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Enquête de Generations Futures, pétition en Gironde : les pesticides de nouveau sur le banc des accusés

enquête,generations futures,pétition,collectif médoc,marie-lys bibeyran,pesticides

Un arboriculteur traite ses pommiers en fleurs le 9 avril 2008 à Lamanon (Bouches-du-Rhône). Photo archives AFP

Une fois de plus, les pesticides ont fait la une de l'actualité, ce mardi. L'association Générations Futures a publié les résultats d'un rapport révélant la présence de 30 pesticides dont 12 perturbateurs endocriniens, dans les échantillons de poussières prélevés dans une vingtaine de maisons situées en zone agricole, dont certaines en Gironde et d'autres en Lot-et-Garonne. 

Le même jour, à Bordeaux,  Marie-Lys Bibeyran, salariée agricole girondine qui milite contre l’utilisation des pesticides depuis le décès de son frère, mort d’un cancer après 30 ans de labeur dans les vignes, remettait avec le soutien de plusieurs personnalités du mouvement anti-pesticides (dont Valérie Murat et Dominique Técher), au préfet de la Gironde, Pierre Dartout, une pétition lancée sur Change.org pour demander à la ministre de l’Environnement, d’interdire l’utilisation des pesticides dans les vignes situées à proximité des écoles, en raison de leur dangerosité pour la santé des enfants.

L'enquête de Génération Futures

enquête,generations futures,pétition,collectif médoc,marie-lys bibeyran,pesticidesAprès l’exposition des enfants aux insecticides et aux pesticides, la présence des pesticides dans les fraises et les salades, Générations Futures a publié ce mardi son sixième rapport EXPPERT (EXposition aux Pesticides Perturbateurs Endocriniens) sur l’exposition, à leur domicile, de riverains de zones agricoles (vignes, vergers, céréales), aux pesticides perturbateurs endocriniens qui provoquent des dérèglements hormonaux.

L’ONG qui milite pour une meilleure prise en compte de l'impact des pesticides sur la santé, a fait analyser une vingtaine d'échantillons de poussière et rechercher 61 pesticides différents, avec le double objectif de savoir si les personnes habitant près des zones agricoles traitées par les produits chimiques y sont exposées ou non jusque dans leur maison. Et si oui, s’il y a une variation de cette exposition, en fonction des saisons et des périodes d’épandage. Selon Générations Futures, l’analyse des échantillons collectés en Gironde et Lot-et-Garonne, en Bretagne, dans la Manche, le Nord, et le Rhône, montre que la réponse aux deux questions est oui. 

La méthode de l’enquête

En juillet 2015,  22 familles volontaires ont prélevé dans leur maison, située à une distance comprise entre 0 et 200 mètres des cultures, des échantillons de poussière. Ces échantillons ont été envoyés et analysés par le laboratoire Kudzu Science. Ensuite, 5 de ces mêmes foyers ont fait de nouveaux prélèvements 6 mois après – soit en janvier 2016 – afin d’étudier l’éventuelle présence de résidus de pesticides dans les habitations et sa variabilité dans le temps. Le protocole de l’enquête permettait de  différencier  l’usage agricole ou non agricole des molécules retrouvées, qui peuvent aussi émaner de produits biocides ou pesticides utilisés par les familles.

Ses limites

L’ONG, qui précise que son "enquête n'a pas la valeur d'une étude scientifique" - le nombre d'échantillons est faible et il n'y a pas de comparatif avec des zones a priori moins exposées - dit vouloir "alerter sur le fait que des personnes sont en permanence exposées à des résidus de pesticides".

Résultats

  • Entre 8 et 30 pesticides par habitation ont été détectés dans la poussière des habitations testées, sur les 61 pesticides recherchés.  On retrouve en moyenne près de 20 pesticides par habitation testée, dont près de 12 sont des perturbateurs endocriniens potentiels, soit 60,18%.
  •  98,16% de la concentration totale en pesticides concerne les perturbateurs endocriniens. Ainsi, on retrouve en moyenne 17,6 mg de pesticides quantifiés par kg de poussières, dont 17,3 mg sont des perturbateurs endocriniens potentiels. L’exposition aux pesticides dans ces maisons induit donc une exposition également très importante à des perturbateurs endocriniens.
  • La vigne en tête. Les habitations entourées de vignes seules, situées en Gironde, on en moyenne 26 pesticides différents dans les poussières, celles entourées de vergers, 23,8 pesticides différents, celles entourées de grandes cultures seules, 14,37.
  • Des produits interdits. Parmi les pesticides retrouvés certains sont interdits en agriculture en France depuis plusieurs années. C’est le cas de l'herbicide Diuron, retrouvé dans plus de 90% des habitations, et pourtant interdit en France depuis décembre 2008. Ce qui semble vouloir dire que les produits une fois pénétrés dans les maisons, se dégradent lentement, tout comme dans la nature.

"Des résidus semblent demeurer toute l'année"

  • De l’été à l’hiver. Selon Générations futures, la concentration totale de tous les pesticides quantifiés a chuté entre l'été, période de traitement, et l'hiver, d’une valeur comprise entre -30% et -95%, sans pour autant tomber à zéro: "des résidus semblent demeurer toute l'année". Pour l’ONG, c’est  "à la fois rassurant – la concentration diminue réellement – mais reste inquiétant car la présence de ces résidus semblent demeurer toute l’année".

"Une question de santé publique"

veillerettte.jpgPour François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, les pesticides, "c'est une question de santé publique qui concerne des centaines de milliers de personnes en France qui vivent à côté de ces espaces cultivés et qui sont exposées à ces cocktails de produits dangereux". "Les scientifiques sont préoccupés par les jeunes enfants parce que les nourrissons se déplacent à quatre pattes par terre, ils portent la main à la bouche. Ils sont plus exposés", a-t-il aussi expliqué mardi sur France Info, rejoignant en cela les conclusions de l'enquête choc du magazine Cash Investigation, "Produits chimiques, nos enfants en danger", diffusé sur France 2, le 2 février dernier.

Les pathologies provoquées par les perturbateurs endocriniens dans la poussière sont "certains cancers, des problèmes de reproduction, de métabolisme, des troubles du système nerveux etc. Toutes ces maladies chroniques qui coutent si cher à la sécurité sociale", a-t-il précisé. "C'est 150 milliards de frais sanitaires dont 120 milliards pour les pesticides perturbateurs endocriniens par an pour l'Union Européenne. C'est colossal!" a-t-il ajouté.

enquête,generations futures,pétition,collectif médoc,marie-lys bibeyran,pesticidesLa pétition du collectif Info Médoc Pesticides

Le texte de la pétition de Marie-Lys Bibeyran, fondatrice du collectif Info Médoc Pesticides, lancée en septembre 2015 et signée à ce jour par plus de 84.700 personnes, donne de nombreux exemples qui, selon elle, prouvent la dangerosité de ces pesticides sur les écoliers: apparition de cancers pédiatriques dans le Sauternais ou encore intoxication aigüe dans un établissement de Villeneuve (33) suite à l'épandage de pesticides.

enquête,generations futures,pétition,collectif médoc,marie-lys bibeyran,pesticidesAlors que la législation actuelle "se limite à l’interdiction de l’application de pesticides pendant que les enfants sont dans l’enceinte de l’établissement scolaire ou à l’installation de filets anti-pesticides dont l’efficacité reste à prouver", Marie-Lys Bibeyran demande à ce que les vignes soient traitées "uniquement avec des produits homologués pour l’agriculture biologique et en dehors de la présence des enfants". Selon elle, ce serait "le gage d'une cohabitation sereine entre le monde agricole et ses concitoyens". Mieux encadrer et élargir les mesures de protection à d'autres établissements que les écoles (crèches...), situées près des zones d'épandage de pesticides, aider à planter des haies de protection et favoriser le recours à du matériel limitant la dispersion des produits chimiques dans l'atmosphère  : les annonces, hier, du préfet, Pierre Dartout, ne sont pas vraiment au niveau des attentes exprimées par la pétition.

"La ministre de l'Environnement doit contacter le Commissaire européen en charge de ces affaires pour qu'il applique un règlement sur les pesticides qui prévoient justement de retirer ces perturbateurs endocriniens du marché". Générations Futures

De son côté,  Générations Futures qui veut situer les enjeux du débat à l'échelle européenne, affirme que son "travail montre l'urgence de la publication d'une définition des perturbateurs endocriniens réellement protectrice au niveau européen" et "appelle, Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement, à l'action".

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Les perturbateurs endocriniens, kesaco ?

Les perturbateurs endocriniens (présents dans des pesticides, des plastiques, des cosmétiques, etc.) sont des substances soupçonnées d'interagir avec des protéines régulant les cellules de l'être humain, provoquant ainsi cancers, malformations congénitales, retards de développement chez les enfants, etc.

  • L'enquête EXPPERT 6 de Générations Futures : cliquer ICI
  • Lien vers la pétition de Marie-Lys Bibeyran du collectif Info Médoc Pesticides : cliquer ICI

►LIRE AUSSI

  • Pour retrouver tous les articles de Ma Planète sur les pesticides : cliquer ICI

Les commentaires sont fermés.