"Résilience" : un thriller écolo haletant à lire de toute urgence
Chouette, c'est les vacances ! On a enfin le temps de lire et de se plonger dans l'un de ces bons vieux pavés impossibles à lâcher avant de les avoir dévorés jusqu'au bout.
Dans le genre, Ma Planète vous recommande vivement de vous jeter sur "Résilience", le dernier livre de Yannick Monget, publié aux Editions de la Martinière. Sorti dans les librairies le 18 février, ce magistral thriller écologique et d'anticipation planétaire, de 688 pages, est postfacé par l'ancienne ministre et avocate spécialisée dans le droit de l'environnement Corinne Lepage. Excusez du peu.
La "résilience", kesaco ?
La "résilience" désigne "la capacité pour un corps, un organisme, une organisation ou un système quelconque à retrouver ses propriétés initiales après une altération". Aujourd’hui, 440 centrales nucléaires sont réparties sur la planète. Avec 58 réacteurs sur son territoire, la France est le pays le plus "nucléarisé" du monde par rapport au nombre d’habitants. Notre société, bâtie sur l'atome et soumise aux multiples conséquences, y compris sanitaires, du réchauffement climatique que nous nous-même avons provoqué, est-elle "résiliente" ? Et si le monde était victime d'une pandémie majeure, susceptible de décimer jusqu'aux forces de l'ordre, à l'armée et aux personnels en charge du fonctionnement et de la sécurité des centrales nucléaires, que se passerait-il ? Comment l'humanité réagirait-elle à une catastrophe majeure, laissant derrière elle un monde hautement radioactif ? Vastes questions...
Blockbuster pédago
Tel un blockbuster américain, ultra-documenté et entièrement basé, comme on dit, sur des "faits réels", le livre de Yannick Monget enchaîne, implacable, une succession de chapitres "avant l'effondrement" et après "l'effondrement" qui se resserrent jusqu'au jour J, celui de "la" catastrophe. Un livre post-apocalypse, donc. Mais, loin de jouer uniquement sur les peurs, l'auteur rassemble aussi en annexe, à disposition du lecteur, une somme d'éléments de réflexion et de connaissances (rapports officiels, expertises) sur le nucléaire et les énergies renouvelables.
100 jours avant la catastrophe
"100 jours avant l'effondrement". Cent jours avant 31 décembre, à Paris et en Chine, de curieux incidents se produisent à proximité de réacteurs nucléaires. Un virus informatique, tel le virus Stuxnet, conçu en 2010 par les Etats-Unis pour prendre le contrôle des centrales iraniennes, semble avoir réussi à s'emparer de plusieurs sites nucléaires. Simultanément, dans les environs de ces centrales, une maladie virale foudroyante et hautement mortelle, baptisé ultérieurement le "virus noir", abat indifféremment tous les humains et toutes les colonies d'oiseaux. Nouvelle peste noire, grippe aviaire ?
Deux ans après la catastrophe
"Deux ans après l'effondrement", en Antarctique, des survivants, condamnés à vivre enfermés, sans pouvoir respirer à l'air libre sans casque et combinaison de protection, s'organisent dans des bulles high tech, grandes comme des villes, qui abritent des écosystèmes reconstitués. A l'extérieur, la planète toute entière n'est plus qu'un champ de ruines, hautement radioactif. La fin du monde ou plutôt la fin d'un monde, celui du règne des humains... Car la Terre, elle, printemps, été, automne et hiver, continue de tourner.
Mais que s'est-il passé et comment en est-on arrivé là ? La planète a-t-elle été victime du hasard et d'une monstrueuse accumulation de coïncidences fatales ? Quelle est la part de l'irresponsabilité et de l'aveuglement de ceux qui, aux manettes du monde, menacent le destin de l'humanité toute entière ? Y a-t-il derrière l'apocalypse un complot machiavélique et si oui, par qui a-t-il été orchestré ? Et à quelle fin ? C'est parti pour un décompte infernal, jusqu'à un certain 31 décembre, jour J de l'"effondrement", pile poil à la veille d'une nouvelle année.
Engrenage implacable
L'écriture cinématographique du récit, précise et clinique comme un rapport, montre l'engrenage implacable qui conduit à la sixième extinction de la majeure partie des espèces vivantes dont celle des hommes. Entre jeux de lobbies, pressions politiques et dessous du nucléaire civil, la reconstitution des faits qui s'enchaînent à toute allure se double d'une véritable enquête policière.
Irresponsabilité et aveuglement
On découvre au passage, un chef de l'Etat français qui tombe des nues parce que l'industrie du nucléaire, incapable de régler la question de la gestion des déchets nucléaires et de provisionner financièrement le démantèlement des centrales (pas moins de 30 ans pour arrêter des réacteurs et remettre en l'état un site), n'a jamais vraiment envisagé le pire et a pesé de tout son poids pour empêcher la transition énergétique vers les énergies renouvelables. Mais aussi des administrations incapables de prévoir et d'organiser l'évacuation de millions de personnes de zones urbaines densément peuplées, en cas d'accident industriel ou d'épidémie majeure. Ou encore le choix effectué dans les années 1960-70, de produire de l'énergie nucléaire avec de l'uranium et non du thorium, qui utiliserait des réacteurs à sels fondus, beaucoup moins dangereux et moins polluants. Tiens, au fait, le thorium n'était-il pas justement le thème de "Occupied", la série culte norvégienne diffusée sur Arte en novembre dernier ?
"Le lecteur ne sortira pas indemne de réflexion de cette aventure", écrit Corinne Lepage, à propos d'un livre salué également par de nombreux experts. Et non sans une bonne dose d'espoir, a-t-on envie de rajouter. Yannick Monget réussit le tour de force de conduire le suspense jusqu'aux toutes dernières pages de son roman et, décidément, la réalité n'est jamais celle que l'on aurait pu prévoir ou imaginer... Manière de dire que, finalement, tout reste encore possible.
►A LIRE : "Résilience", de Yannick Monget, édition de La Martinière, 22,90 €
►PLUS D'INFO
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- Yannick Monget, 36 ans, président fondateur du groupe Symbiome qui développe des projets de sensibilisation de recherche et de développement pour l'environnement, se veut un éveilleur de conscience, pour que l'homme agisse au plus vite pour préserver l'environnement de sa planète. L'auteur du thriller "Gaïa" avait déjà publié "Résilience" en 2013, en dehors du circuit des éditeurs, par le bais de son activité au sein de Symbiom, avant que les éditions de La Martinière n'aient la bonne idée de le mettre en lumière dans les rayons des bonnes librairies.