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Energie nucléaire et thermique : les 5 travaux d'Hercule d'EDF

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Le dérapage du coût du chantier de l'EPR de Flamanville contribue à la faillite d'Areva, dont la branche réacteurs doit être rachetée par EDF. Photo archive AFP

Sale temps en perspective pour EDF, dont le bénéfice net a été divisé par trois en 2015, à 1,2 milliard d'euros. La chute des prix de marché de l'électricité en 2015 va peser sur les marges du géant français de l'énergie qui, notamment plombé par le nucléaire, n'est pas en mesure d'investir la centaine de milliards nécessaires pour moderniser ses centrales françaises et d'être, tout à la fois, un acteur-clé de la transition énergétique.

Le point sur ces cinq gros dossiers qui menacent les comptes d'EDF et obscurcissent l'avenir de l'électricien.

 1. Le sauvetage d'Areva

Contraint par l'Etat de participer au sauvetage d'Areva, qui publie ses résultats annuels ce jeudi et se trouve en proie à un déficit abyssal, EDF devra débourser 2,5 milliards d'euros pour acquérir la branche du groupe français chargée de la conception des réacteurs nucléaires (Areva NP). Une offre qui dépend encore de la sanctuarisation des chantiers d'EPR conduits par Areva en Finlande et en France, à Flamanville, tous deux victimes de retards et d'incidents à répétition, et dont les coûts connaissent d'énormes dérapages. 

2. La durée de vie des centrales nucléaires

EDF veut prolonger la vie de ses centrales et mettre à niveau leurs 58 réacteurs nucléaires, dont la moyenne d'âge est de trente ans. Conçus pour fonctionner quarante ans, ils sont pour la plupart proches de leur arrêt. Leur prolongation est dores et déjà un poil contradictoire avec l'objectif de la transition énergétique qui prévoit de réduire de 77 à 50% la part du nucléaire dans le bouquet électrique tricolore en 2025. Quoiqu'il en soit,  le coût de l'opération s'élèverait à 56,4 milliards d'euros selon l'électricien, voire plutôt à 100 milliards selon la Cour des comptes qui s'est émue dans son rapport 2016 de l'énormité du montant du "grand carénage".

3. Le projet Cigéo et le démantèlement des réacteurs

edf,électricité,bilan,chiffre,cout,arevaLe très polémique projet Cigéo de stockage profond des déchets radioactifs français à Bure, dans la Meuse (photo AFP ci-contre, est estimé à 25 milliards d'euros. Le devis révisé entraîne une hausse des provisions d'EDF à 800 millions d'euros. 

EDF doit aussi être en mesure de provisionner le démantèlement de ses centrales. Le plus grand flou règne en la matière. Fin 2003, la Cour des comptes situait le coût du démantèlement entre 20 et 40 milliards d’euros. EDF parle de 18 milliards d'euros. Le chiffre de 15% de l'investissement initial, soit 300 millions d'euros pour une centrale de 2 milliards d'euros circule aussi.  A titre de comparaison, l'Allemagne dont le dernier des 28 réacteurs (l'équivalent de la moitié du parc français) s'arrêtera en 2022, a provisionné près de 40 milliards d'euros pour ses chantiers de démantèlement qui ont déjà commencé et devraient s'achever vers 2040. On pourrait donc évoquer un coût total pour la France d'au moins 80 milliards d'euros... Bref, Cigéo et le démantèlement sont des gouffres financiers sans fond.

4. Les EPR britanniques

Il y a deux ans et demi, EDF a signé un accord de principe pour construire deux réacteurs EPR sur le site de Hinkley Point (sud-ouest de l'Angleterre). Un projet à 23,3 milliards d'euros qui selon le site internet Mediapart, est perçu par les syndicats et de nombreux cadres d'EDF comme le projet de trop, celui qui pourrait finir par faire couler l'électricien.

5. Le parc thermique en berne

edf,électricité,bilan,chiffre,cout,arevaLe groupe perd aussi beaucoup d'argent avec ses centrales thermiques, qui souffrent des surcapacités de production et ont généré un cash-flow négatif de plus de 800 millions d'euros l'an dernier. L'électricien envisage de fermer par anticipation d'ici à 2018, la moitié de son parc thermique (charbon, gaz, fioul), soit six tranches de fioul (5,2 gigawatts de capacités de production). Après l'arrêt des deux tranches de la centrale d'Aramon (Gard) depuis le début de l'année, ce sont Porcheville (Yvelines) et les deux tranches de Cordemais (Loire-Atlantique) qui seront fermées.

La chute des prix de gros de l'électricité

On le voit, s'il n'est pas le seul problème de l'électricien, le nucléaire pèse lourd, très lourd sur les comptes d'EDF, alors que les prix de gros de l'électricité ne cessent de chuter (à environ 26 euros le MW/h, au lieu de 41 euros il y a un an). A ce niveau de prix, EDF couvre tout juste ses charges d'exploitation. Et ce, alors même que le coût de la production des énergies renouvelables ne cesse de baisser depuis six ans, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié le 31 août 2015 avec l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) sur les coûts projetés de la production d’électricité.

Rien d'étonnant à ce que son PDG, Jean-Bernard Lévy, dans une interview publiée par le journal Le Monde le 12 février dernier, demande à l'Etat, son premier actionnaire, "un rattrapage sur les tarifs réglementés des particuliers". En clair, une augmentation du prix de l'électricité pour les consommateurs. A un an de la présidentielle, pas sûr que l'Etat ait envie de ponctionner des électeurs aujourd'hui plutôt fâchés avec lui. D'autant que pour EDF, au final, le remède risque d'avoir l'efficacité d'un pansement sur une jambe de bois.

Cathy Lafon

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