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Pollution, climat : pour en finir vraiment avec le diesel, il y a encore du boulot...

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Photo archives "Sud Ouest".

COP21 et scandale Volkswagen obligent, ça bouge un peu côté voiture. Plutôt dans le bon sens écologique, mais pas à 100%.

Le constructeur allemand a été accusé par les autorités américaines d'avoir installé un logiciel pour truquer les tests d'émissions d'oxyde d'azote sur 11 millions de voitures. En braquant les projecteurs sur le diesel et ses polluants, même si aucun autre industriel de l'automobile n'a été à ce jour accusé de pratiques similaires, le scandale de la tricherie environnementale et sanitaire à grande échelle aura finalement peut-être incité le gouvernement à sortir du bois.

Le 9 octobre, la ministre de l'Ecologie a annoncé vouloir étendre le bonus de 10.000 euros, actuellement accordé par le gouvernement pour l’achat d’un véhicule électrique en échange de l’abandon d’un véhicule à moteur diesel de plus de 15 ans, aux véhicules diesels de plus de 10 ans.  Plus révolutionnaire, Ségolène Royal a également sonné le glas de l'avantage fiscal du diesel, qui devra avoir disparu en 2020. Le bémol de taille étant que, parallèlement, la baisse de la fiscalité sur l'essence pourrait favoriser la vente de véhicules émetteurs de CO2 et de gaz à effet de serre. Et ça, ce n'est pas vraiment bon pour le climat... Le point.

L'extension du super bonus pour les voitures électriques et la fin de l'avantage fiscal du diesel

« Nous allons donner le bonus de 10.000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique en échange de l’abandon d’un vieux véhicule diesel de plus de 10 ans, au lieu de plus de 15 ans actuellement », Ségolène Royal sur iTélé.

L'extension du bonus attendue par les propriétaires de vieux véhicules diesel de plus de 10 ans, fera passer le nombre de véhicules potentiellement concernés à 5,8 millions, soit 3,5  millions de plus que lorsque la super prime gouvernementale a été lancée, il y sept mois de cela.

La ministre a par ailleurs annoncé une réduction progressive de l'écart de fiscalité entre gazole et essence, l'idée étant de mettre fin à l'avantage fiscal dont bénéficie le diesel par rapport à l’essence. Une mesure réclamée en vain depuis longtemps par les écologistes. Le gouvernement envisagerait également de voter une nouvelle hausse de la taxe carbone pour 2017, la fameuse contribution climat énergie qui finance principalement les énergies vertes.

Sortir du diesel

diesel,essence,industrie automobile,fiscalité,prix,carburantLa fin de l'avantage fiscal du diesel ne surviendra pas du jour au lendemain. "Pour ne pas pénaliser les automobilistes roulant au diesel", a ajouté Ségolène Royal, elle s'étalera  sur cinq ans, sur la base d'une hausse sur le diesel de 1,5 centimes par annéen accompagnée en parallèle d'une baisse sur l'essence. Une première en France, où l'on consomme cinq fois plus de diesel que d'essence, et un signe fort qui traduit  la volonté de sortir progressivement du piège de ce carburant dans lequel l'Hexagone est englué depuis 30 ans, alors que les particules fines qu'il émet sont particulièrement dangereuses pour la santé.

Donner le temps aux constructeurs de s'adapter

Il n'y a pas que les automobilistes qu'il faut ménager. Pour les constructeurs, la fin du diesel, c'est un virage industriel radical à prendre. Le délai de cinq ans doit leur permettre de basculer sans trop de frais du diesel à l'essence, ou de développer les moteurs hybrides essence, après avoir mis, comme PSA,  l'accent sur les hybrides diesel. Mais en bons chefs d'entreprise, les industriels avaient senti le vent venir et avaient anticipé le changement, avant que le couperet ne tombe.

Les années d'or du diesel, c'est fini

D'autant qu'ils sont bien placés pour savoir que, pour le diesel, les années fastes sont bel et bien derrière eux. Vendu plus cher avec une maintenance plus onéreuse, le diesel a longtemps fait office de  véritable vache à lait pour les constructeurs, les consommateurs étant appâtés par un carburant moins cher que l'essence. Tout ça, c'est du passé. Aujourd'hui, suite aux polémiques récurrentes sur les pics de pollution en zone urbaine et l'impact sanitaire des particules fines, les ventes baissent : - 5 % depuis le début de l'année.

On roule moins

diesel,essence,industrie automobile,fiscalité,prix,carburantPar ailleurs, prise de conscience écologiste ou pas, la mobilité évolue : on roule moins en voiture qu'avant, on covoiture,  on autopartage, on prend davantage les transports en commun et un peu plus le vélo. En revanche, les industriels voient leurs coûts augmenter, en raison de l'intégration des systèmes de dépollution imposés par la réglementation européenne (filtre à particules, vanne EGR, système de traitement des NOx...). Au final, un surcoût entre 1.000 et 1.500 euros en moyenne par voiture, que les clients sont peu disposés à payer.

Une voiture électrique sur deux dans cinq ans ?

Si les modèles électriques sont plus propres, leur parc, avec ses 0,8% des immatriculations depuis janvier, reste anecdotique, malgré le coup de pouce de la super prime lancée par le gouvernement il y a sept mois, qui a permis de doubler l'achat de ce type de véhicules, passé de 6.000 à 12.000 par rapport à 2014. Pour booster le secteur et protéger le climat comme la qualité de l'air, Ségolène Royal appelle de ses voeux la création d'un véhicule électrique "populaire, grand public dont le prix pourrait s'échelonner  entre 5.000 et 8.000 euros". Le ministère de l'Ecologie qui a lancé un appel à projet en ce sens auprès des industriels français et européens, aimerait bien que dans cinq ans, une voiture en France sur deux soit électrique.

Et le climat ?

Pour l'heure, si les associations de défense de l'environnement applaudissent la partie "mort au diesel" de la réduction progressive de l'écart de fiscalité entre gazole et essence, elles déplorent unanimement l'abaissement concomitant de la fiscalité sur l'essence. Car l'essence, plus propre que le diesel pour les particules toxiques d'oxyde d'azote, ne résout pas la question des émissions de CO2 et de gaz à effet de serre, contributrices du réchauffement climatique. C'est le problème pointé notamment par France nature environnement (FNE) et le Réseau action climat (RAC), qui craint le risque "d'avoir un effet pervers en cas de report des ventes sur les moteurs essence" qui pourrait peser négativement sur le respect des objectifs européens, qui fixent une moyenne d'émission de 95 grammes de C02 au kilomètre pour 2021.  Le RAC regrette aussi que la mesure gouvernementale n'incite pas plus au développement de transports alternatifs.

La route est encore longue...

Cathy Lafon

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