Tous les papiers ont droit à plusieurs vies : recyclons !
Géraldine Poivert, directrice générale d’Ecofolio. © Ecofolio
Développer l'économie circulaire du papier pour faire de nos vieux papiers des ressources compétitives pour demain : telle est la mission que s'est assigné Ecofolio, l'éco-organisme dirigé par Géraldine Poivert, agréé par l'Etat depuis 2007 pour la collecte et le recyclage des papiers en France. Et il y a du boulot !
55 % de papier français recyclés en 2016
La France, la gestion des déchets est une des dépenses environnementales les plus importantes, en constante augmentation en dépit des engagements du Grenelle de l'Environnement. Réduire, trier et recycler sont les trois actions à développer. Concernant le papier, le pays accuse aussi un certain retard : la France ne recycle aujourd'hui que 47 % du papier qu'elle consomme. Ses voisins européens font beaucoup mieux : l'Allemagne atteint 75 % et l'Espagne 64%. Et ce, alors que notre pays consomme moins de papier que la moyenne européenne : 60 kg par an et par habitant, contre 75,6 kg par an et par habitant ailleurs en Europe. L'objectif ambitieux d'Ecofolio est de porter la performance française de recyclage à 55 % en 2016, dans 3 ans.
Ecofolio chouchoute les collectivités locales
A la faveur du renouvellement de son agrément avec l'Etat, Ecofolio, le petit frère d'Eco-emballages, a pris ce printemps son bâton de pélerin pour faire un tour de France des collectivités locales. Objectif : débattre avec elles des pratiques les plus innovantes en matière de collecte, de tri et de recyclage de papier et leur présenter les mesures d'accompagnement technique et financier qui peuvent les aider à progresser. C'est l'occasion rêvée pour Ma Planète de faire le point sur le dossier "tri et recyclage" du papier avec Franca Vissière et Aymeric Bogey, directeur en charge des collectivités, représentants d'Ecofolio. Un sujet trop rarement abordé par les médias, selon eux...
1 millions d'euros par an
Ecofolio dispose de 1 million d'euros par an pour aider les collectivités locales à mettre à jour la consigne de tri et peut financer jusqu'à 75 % tout projet (jusqu'à 500.000 €) destiné à améliorer leurs performances dans ce domaine. De 2007 à 2012 (son premier agrément) Ecofolio a reversé 230 millions d'euros aux collectivités locales pour financer le service public de gestion des déchets. Grâce à l'action de l'éco-organisme, le taux de recyclage des "vieux papiers" a progressé en France sur la même période de 14 %. Pas mal. Tout le monde a d'ailleurs encore en mémoire la jolie pub réalisée par Ecofolio, sur l'air des "Petits papiers", la chanson de Régine...
L'agglomération bordelaise : bonne élève pour le recyclage du papier (chiffres 2011)
Après Strasbourg, le 3 avril et Rennes le 18 avril, et avant Lille le 30 mai, Lyon le 4 juin, Paris le 12 et Marseille le 27 juin, Ecofolio a fait étape à Bordeaux le 15 mai, pour rencontrer les représentants de la Communauté urbaine en charge des déchets. La bonne nouvelle, c'est que la Cub recycle 26 kg de papier par an et par habitant. L'agglo bordelaise explose la moyenne nationale qui est de 19,5 kg par an et par habitant. En 2011, 19.420 tonnes de papiers ont été collectés sur son territoire. Mais elle devrait faire encore mieux. Elle peut ainsi d'avantage communiquer, afin de convaincre ses administrés de l'importance du tri du papier. Bio matériau par excellence, le papier se recycle en papier au mois 5 fois ! Et pour l'aider à communiquer, Ecofolio est là. De même, la Cub pourrait faire baisser les coûts moyens de son service de gestion des papiers : la moyenne française du coût de ce service est de 3,45 € par habitant et par an. La moyenne européenne n'est que de 0,35 à 1,84 € par an et par habitant.
Pourquoi les systèmes de nos voisins européens sont-ils meilleurs et plus rentables ?
Les pays européens sont de bien meilleurs recycleurs de papiers que nous. Et la gestion de ce service leur coûte bien moins cher qu'à nous. Comment ça marche chez eux et notamment en Allemagne et en Espagne?
La collecte en porte à porte, une vraie fausse-bonne idée ?
Selon Ecofolio, nos voisins européens sont habitués depuis bien plus longtemps que nous au geste de tri. Leur système de collecte et de tri est identique sur l'ensemble de leur territoire (mêmes poubelles, même code couleur quelque soit la région ou la ville). Enfin, pour le papier, les plus performants ont adopté la collecte en apport volontaire : ce sont les habitants qui apportent tous leurs papiers à des bornes de collecte dédiées à cet effet. Résultat : un service moins cher pour les collectivités et plus performant pour le taux de recyclage. Ecofolio a fait le calcul avec l'Ademe : en France, le coût d'une tonne de papier collecté en apport volontaire est de 100 € environ la tonne. Il est de 200 € la tonne pour la collecte en porte à porte en flux dédié (tri papier effectué à part) et de 500 € environ la tonne pour la collecte en porte à porte en mélange. C'est ce dernier système qui fonctionne dans la Communauté urbaine de Bordeaux, où les habitants disposent d'une poubelle verte destinée à recueillir papiers, cartons, plastiques et boîtes métalliques.
Strasbourg et la communauté de communes du Bas-Chablais (Rhône-Alpes)
Strasbourg qui avait un mauvais résultat en terme de qualité de tri et de recyclage de papier a amélioré sa performance en installant des bornes d'apport volontaire dans certains quartiers, au pied des immeubles. En Savoie, le Bas-Chablais qui fonctionne aussi avec ce système d'apport volontaire, a un coût de gestion de seulement 110 € la tonne pour sa collecte de papier. Deux exemples à suivre ?
Papier : les clés de la réussite
Résumons : la France ferait vraisemblablement mieux si elle uniformisait ses modes de collectes sur son territoire et adoptait partout un système d'apport volontaire, notamment pour le papier. Si on y ajoutait la réduction à la source des déchets boostée par la redevance incitative, qui favorise les ménages qui font l'effort d'émettre moins de déchets, la France pourrait rejoindre les meilleurs élèves de l'Europe. Pour nos porte-feuilles et pour la planète, ce serait tout bénéfice : les collectivités et les citoyens économiseraient de l'argent, les activités liées au recyclage du papier contribueraient à créer de l'emploi tout en diminuant de 30 % les émissions de CO2 par rapport à la production de papiers issus de fibres vierges (équivalent des émissions de 200.000 voiturs par an).
"Pub non merci"
Recycler, c'est bien. Réduire les déchets papiers en amont, c'est encore mieux : c'est ce que nous rappelle aujourd'hui Pubeco, à l'occasion de la fête des Voisins. Selon le leader des prospectus et catalogues dématérialisés, si 1.000 foyers apposent sur leur boîte aux lettres un autocollant "Pub non merci", c'est 40 tonnes de déchets en moins. Lancé en 2008 et édité par la société Développement Durable Multimédia SAS, Pubeco propose donc aux Français de se faire les ambassadeurs du premier projet collectif de réduction des déchets papiers engendrés par les publicités subies avec le challenge "Objectif - 40 tonnes". Allez, on en touche un mot à nos voisins, ce soir ?
►CONTACT ECOFOLIO : Franca Vissière tél : 06 09 48 79 4. E-mail : fvissiere@ecofolio.fr http://www.ecofolio.fr
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- Pubeco Challenge "Objectif – 40 tonnes" : cliquer ICI
►REPERES EN CHIFFRE
- 12.000 émetteurs de papiers sont adhérents d'Ecofolio. Ecofolio perçoit l'écocontribution versée par les entreprises et les collectivités locales émettrices de papier adhérentes.
- 1er : Le papier est le 1er consommable de bureau, le 1er matériau présent dans la poubelle des Français, le 1er déchet traité dans les centres de tri.
- Seulement1/3 des Français savent que tous les papiers se trient et se recyclent.
- 67 % de la population française est desservie par une collecte en porte-à-porte.33 % en apport volontaire.
- Pour 57 % de la population française, les papiers sont collectés en mélange avec les emballagess (collecte appelée bi-flux) et pour 43 % en flux dédié (tri-flux, avec un bac supplémentaire dédié aux papiers).