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  • Fil vert. OGM, Mediator, pesticides... la fin du lobbying parlementaire ?

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    L'Assemblée nationale Photo archives AFP

    En pleine "affaire Séralini", l'info révélée en exclusivité le 10 octobre par la très sérieuse revue Acteurs.com, est étrangement passée inaperçue : les députés font le ménage dans la liste des lobbyistes.

    Selon Acteurs.com, les représentants des entreprises agrochimiques comme Monsanto et des laboratoires pharmaceutiques vont se voir retirer leur badge d’accès à l’Assemblée nationale. Le bureau de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire les députés qui ont la main sur le fonctionnement du Palais-Bourbon, font actuellement le ménage dans la liste des lobbyistes accrédités. Depuis 2009, les représentants d’intérêts qui souhaitent accéder à l’Assemblée doivent montrer patte blanche. 150 entreprises, fédérations professionnelles, associations, cabinets de lobbying et organismes divers sont aujourd’hui recensés et chaque représentant bénéficie d’un badge d’accès.
     
    7 lobbyistes "black-listés" par le Parlement

    Comme le souligne Acteurs.com, ce système "ronronnait tranquillement" jusqu’au changement de majorité, et surtout jusqu’à la dernière réunion du bureau de l’Assemblée, le 10 octobre dernier. Le nouveau président de la délégation chargée des représentants d’intérêts, le député PS Christophe Sirugue, a annoncé que les “représentants d’entreprises privées œuvrant dans certains secteurs sensibles” seraient rayés de la liste. Pour ces secteurs, seuls seront inscrits les représentants des organisations professionnelles. Les “secteurs sensibles” visés sont l’industrie pharmaceutique et l’agrochimie. Affaire Servier, OGM, pesticides... nombreuses sont les affaires impliquant l'industrie et la santé publique qui posaient la question du lobbying parlementaire. Contacté par Acteurs publics, Christophe Sirugue a confirmé que 7 lobbyistes travaillant pour des grands groupes vont recevoir un courrier les informant de leur éviction. Les représentants de Monsanto, de Bayer Cropscience, de DuPont de Memours et de Syngenta devront rendre leur badge, qui leur permettait jusque là d’avoir un accès facilité à l’Assemblée, même sans rendez-vous avec un député. D'y être comme chez eux, en quelque sorte...

    Une avancée politique pour mieux évaluer le risque écologique et sanitaire

    Très mal perçu par le monde industriel concerné, on s'en doute, le retrait du badge ne prive pas les industriels de prendre part au débat public, et n’empêchera en rien les lobbyistes de prendre rendez-vous avec un député. Et inversement. Mais la mesure d'éviction, qui doit encore être réglementée, constitue un pas important vers une plus grande indépendance dans la délivrance d'autorisation pour la mise sur le marché de nouveaux produits et substances chimiques et agrochimiques. Et par voie de conséquence, vers des pratiques favorisant le principe de précaution et le recours systématiques aux études scientifiques indépendantes. C'est en cohérence avec la proposition de loi débattue au Sénat le 15 octobre, portée par les écologistes, visant à protéger les chercheurs "lanceurs d'alerte", qui, à contre-courant des expertises officielles, font parfois face aux pressions de l'institution et de l'industrie. Afin d'aplanir les difficultés du système de veille sanitaire à se poser en véritable contre-pouvoir face à l'industrie.

    Ca bouge un peu...

    Cathy Lafon

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  • Fil vert. Nucléaire : la centrale de Fukushima continuerait de fuir

     

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    Les poissons de Fukushima radioactifs Photo DR

    Les niveaux élevés de radioactivité des poissons pêchés au large de la  centrale de Fukushima pourraient indiquer qu'elle continue de fuir 19 mois après la catastrophe nucléaire, selon l'étude d'un expert américain, publiée le 26 octobre dans la revue américaine "Science".

    40 % des poissons de Fukushima contaminés

    Selon les conclusions de Ken Buesseler, chimiste à l'Institut océanographique de Woods Hole (Massachusetts, nord-est des Etats-Unis),  environ 40% des poissons pêchés dans les environs de la centrale de Fukushima (nord-est) ne sont pas consommables selon les normes établies par les autorités nippones. Le chercheur a analysé des mesures de césium effectuées par les autorités japonaises sur des poissons, des crustacés et des algues prélevés près de la centrale. Selon lui, les résultats,  tendraient à prouver que les taux constatés sont provoqués soit par une fuite persistante de la centrale, soit par la contamination des fonds marins.

    Les poissons de fond les plus touchés

    C'est d'ailleurs dans des espèces dites démersales (vivant au contact du fond dans la zone marine littorale) que les plus importants niveaux de césium ont été relevés: rascasses, raies, congres, flétans, soles, etc.  Le scientifique précise toutefois qu'au large du nord-est du Japon, au-delà de la zone la plus proche de la centrale, la vaste majorité des poissons pêchés restent en dessous des limites autorisées pour la consommation, même si les autorités japonaises les ont resserrées en avril 2012.

    Fukushima : "le plus important rejet radiactif accidentel dans l'océan"

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    Cartographie du déplacement de la radioactivité de Fukushima dans l'océan, juin 2011

    Ken Buesseler et son collègue Mitsuo Uematsu, de l'Université de Tokyo, organisent un symposium à Tokyo les 12 et 13 novembre pour présenter les dernières estimations disponibles sur les émissions de radioactivité de la centrale Fukushima Daiichi, ainsi que leur impact sur l'océan, la vie marine, les poissons et fruits de mer.

    Pour Buesseler, spécialiste en chimie marine, la catastrophe nucléaire de Fukushima est à l'origine du "plus important rejet radioactif accidentel dans l'océan de toute l'Histoire".

    Cathy Lafon

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    • L'étude de Ken Buesseler dans la revue Science : cliquer ICI

    Et deux autres études scientifiques sur l'impact de la pollution radioactive de Fukushima dans l'océan :

  • Réchauffement climatique. Catastrophes naturelles : "On entre dans un terrain inconnu"

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    Sandy, image satellite dimanche 28 octobre 2012, 17 h 35 (heure française)

    Ce week-end, la planète a connu une crise d'affolement météorologique comme elle en vit désormais de plus en plus fréquemment, avec des phénomènes climatiques hors norme, rarement voire jamais vus, dans notre pays et au large des Etats-Unis.

    Tempête d'une rare violence, neige et froid dans le Sud-Est

    En France, la température a brutalement chuté de plus de 15° entre vendredi et samedi. Dans la région, les Pyrénées accusaient un très gros coup de froid, avec une température de - 16° au pic du Midi de Bigorre (2.800 mètres d'altitude). Le midi méditerranéen était balayé dimanche par des vents exceptionnellement violents, jusqu'à 150 km/h, qui ont causé la disparition d'un enfant britannique de 12 ans sur l'île de Porquerolles, d'un véliplanchiste dans l'Hérault et le début de naufrage d'un ferry en plein port de Marseille. En Isère, c'était l'hiver avant l'heure, comme à Grenoble, où l'on marchait hier dans les rues de la ville recouvertes d'une épaisse couche de neige, le visage cinglé par les bourrasques de vent. Plus de 50.000 foyers sans électricité, des automobilistes bloqués par la neige : le bilan des intempéries dans le quart Sud-Est était lourd dimanche matin alors que six départements restaient encore le soir en vigilance orange. L'alerte était levée ce matin.

    "Super storm", "Monsterstorm" ou encore "Frankenstorm"

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    Des Cubains dans les décombres, après le passage de l'ouragan Sandy, le 26 octobre 2012 AFP

    Pendant ce temps-là, la côte Est des Etats-Unis, de la Virginie à la ville de New York en passant par Washington, se préparaient à subir l'ouragan Sandy, dont les premiers effets se faisaient déjà sentir dimanche le long des côtes américaines, avec des inondations et une mer déchaînée. Les autorités ont ordonné l'évacuation de zones à risque et multiplié les préparatifs face à la tempête: à New York, ville la plus peuplée du pays, le maire Michael Bloomberg a ordonné l'évacuation de 375.000 habitants de zones risquant d'être inondées.  Le réseau de transports publics, y compris le métro, a été fermé à partir de 19H00. Dans la plupart des Etats de la côte, les gouverneurs ont décrété l'état d'urgence afin de pouvoir rapidement mobiliser des moyens.  L'ouragan a déjà laissé au moins 66 morts après son passage dans les Caraïbes.

    "On entre dans un terrain inconnu" 

    "Super storm", "Monsterstorm" ou encore "Frankenstorm" : en référence à la fête d'Halloween qui approche,  les médias américains rivalisent de superlatifs pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, qui doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques. Les vents soufflaient à 120 km/h mais devraient se renforcer à mesure que l'ouragan progresse vers des eaux plus froides. Ces vents soufflent jusqu'à plus de 800 kilomètres de l'oeil du cyclone selon le NHC. Une pression atmosphérique de 951 hectopascals (quasi-jamais obervée sous ces latitudes quand la pression normale est de 1.015 hectopascals) a par ailleurs été relevée.  Un spécialiste de la météo du Washington Post avouait sur le site internet du journal n'avoir "jamais vu" de pareilles prévisions: "On entre là dans un terrain inconnu".

    Cinq fois plus de catastrophes climatiques

    "Nulle part ailleurs dans le monde, la hausse du nombre de catastrophes naturelles n'est plus évidente qu'en Amérique du Nord", vient d'écrire le réassureur Munich Re, dans une étude sur l'explosion du coût des dommages. Premier pays émetteur au monde de CO2, l'Amérique du Nord est aussi la première victime de la recrudescence des catastrophes climatiques sur les 30 dernières année. Le nombre de catastrophes climatiques a presque quintuplé en Amérique du Nord sur les trois dernières décennies, alors qu'il a été multiplié par 4 en Asie, par 2,5 en Afrique, par 2 en Europe et par 1,5 en Amérique du Sud. Le réchauffement climatique induit par les activités humaines accentue particulièrement la formation de vagues de chaleur, de sécheresses ou d'intenses précipitations et probablement aussi l'intensité des cyclones. En outre, l'augmentation de la population, l'essor des zones habitées et la valeur croissante des biens détenus, notamment dans les régions à risque, accroissent encore le coût pour les assureurs, relevait Munich Re, qui appelait à davantage d'action pour freiner le réchauffement climatique.

    Plus puissant qu'Irene et que la "tempête parfaite" de 1991

    La tempête la plus meurtrière et la plus coûteuse qu'ait eu à subir les Etats-Unis reste l'ouragan Katerina, en 2005. Avec des vents de 204 km/h, cet ouragan a fait 1.800 morts, des centaines de disparus, 250.000 déplacés et a "coûté" 134 milliards de dollars. Voilà pour la partie émergé de l'iceberg, car une catastrophe climatique de cette ampleur a des répercussions infinies, sur l'environnement, sur la vie économique et sociale. Récemment, la côte Est et New York, tout particulièrement, ont connu une très violente tempête en juillet 2012, après avoir été frappées par l'ouragan Irène en août 2011. Par rapport à Irene qui avait touché la côte atlantique et inondé des villes entières, laissant derrière lui 47 morts, «on attend un impact plus important au niveau de la montée des eaux. Même chose avec le vent», a prévenu James Franklin, du Centre américain de surveillance des ouragans (NHC), situé à Miami (Floride).  Irene avait particulièrement touché les Etats de Caroline du Nord (sud-est), de Virginie, du New Jersey (est) ainsi que du Vermont (nord-est). Le coût total des dégâts avait été estimé à 10 milliards de dollars.

    A la différence d'une tempête tropicale normale, Sandy va rencontrer un front froid descendant du nord, ce qui devrait étendre la zone touchée par des vents importants. Et ce qui fait aussi dire aux météorologues américains, que c'est du "jamais vu". Sandy devrait battre les records de la référence en la matière pour le nord-est-américain, la tempête d'octobre 1991, surnommée "la tempête parfaite" ("the perfect storm"), qui avait tué 13 personnes et provoqué une vague de plus de 3 mètres de hauteur sur les côtes.

    Sans en être au scénario catastrophe de l'emballement climatique décrit par le film "Le Jour d'après", de Roland Emmerich (2004), dont il faut espérer qu'il restera pure fiction, nous ne pouvons plus en douter : nous vivons bien les premiers effets dévastateurs du réchauffement climatique en cours sur la planète.

    Cathy Lafon

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    TROIS OURAGANS AMERICAINS EN CHIFFRES

    •  La"Tempête parfaite" ("the perfect storm") ou Tempête de l'Halloween 1991, est une dépression extratropicale qui a absorbé un ouragan et s'est développé brièvement en un petit ouragan avant de rétrograder en une tempête extratropicale et de frapper le Canada et la côte Nord-Est des Etats-Unis. Pression minimale : 980 hectopascals,  951 hpa annoncés pour Sandy. Bilan : 315 millions de dollars de dommages,  13 morts.
    • L'ouragan Katerina, en 2005. Avec des vents de 204 km/h, cet ouragan a fait 1.800 morts, des centaines de disparus, 250.000 déplacés et a coûté 134 milliards de dollars.
    • L'ouragan Irène en août 2011. Irene avait particulièrement touché les Etats de Caroline du Nord (sud-est), de Virginie, du New Jersey (est) ainsi que du Vermont (nord-est), faisant 47 morts. Le coût total des dégâts avait été estimé à 10 milliards de dollars.