Fukushima : les piscines des réacteurs 3 et 4 ne sont plus refroidies
Vue aérienne de la centrale de Fukushima Photo DR
Une panne de courant survenue lundi 18 mars peu avant 19h00 heure locale (10h00 heure française), a contraint Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima ravagée par le tsunami de 2011, à suspendre le refroidissement de trois piscines de stockage de combustible usagé, a rapporté mardi 19 mars l'agence Kyodo.
Le système de refroidissement partiellement rétabli
Dans la nuit de lundi à mardi, à 1h45 heure locale (lundi 16h45, en France), l'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power Co.(TEPCO), n'était pas parvenu à relancer l'alimentation électrique des systèmes de refroidissement, a ajouté Kyodo. Tepco a annoncé que le système de refroidissement avait été partiellement rétabli mardi à 14 h 20 (6 h 20 en France). Selon l’opérateur, le fonctionnement normal des systèmes de refroidissement des piscines des réacteurs 3 et 4 devait reprendre à partir de midi, heure française. Ce n'est toujours pas le cas à 14 h 30.
La température augmente de 0,3 à 0,4° par heure
Pour l'heure, la piscine du réacteur 4 qui contient le plus de barres de combustibles (1.330 barres de combustible usagé, et 200 barres de combustible non utilisé) n'est toujours pas refroidie. Depuis l’arrêt du refroidissement, la température augmente de 0,3 à 0,4 degré par heure. La limité de sûreté étant de 65 degrés, Tepco dit avoir environ 9 jours pour rétablir le courant.
Pas de système de secours de refroidissement
Selon le blog de Fukushima, à l’été 2012, "une panne s’était déjà produite sur le système de refroidissement de la piscine n°4. Cette fois-ci, c’est une panne plus grave puisque, selon l'agence Kyodo se référant à Tepco, 3 piscines du site nucléaire ne sont plus alimentées en électricité". Le blog rappelle avoir déjà dénoncé en juillet 2012 qu'il n’existe toujours pas de système de secours de refroidissement à Fukushima Daiichi, 2 ans après le début de la catastrophe. Selon Thierry Charles, directeur de la sûreté à l'IRSN, "compte tenu de l’ampleur de l’accident, il n’est pas choquant qu’il y ait des anomalies. Les événements comme la panne survenue lundi, ou les effluves d’hydrogène il y a quelques semaines, sont destinés à se reproduire." Pour la CRIIRAD, au contraire, "si la situation n’est pas restaurée assez rapidement, la montée en température de l’eau des piscines sous l’effet de la chaleur dégagée par les barreaux de combustible usé pourrait conduire à une nouvelle catastrophe".
La radioactivité de Fukushima continue de polluer l'océan
Pendant ce temps-là, les fuites radioactives de la centrale semblent poursuivre en contaminant les oeaux de l'océan. Tepco a récemment annoncé avoir pêché dans le Pacifique un poisson avec un taux de radioactivité de 740 000 becquerels de césium par kilogramme (bq/kg). Soit 7 400 fois plus que la norme fixée par les autorités japonaises pour interdire tout aliment à la consommation. Le poisson de fond, une morue longue, a été attrapé le 21 février dernier dans un filet installé aux abords des réacteurs ravagés.
« Aucun changement important des niveaux de radioactivité n’a été détecté par nos instruments de mesure à proximité » a déclaré Masayuli Ono, responsable exécutif des installations nucléaires chez Tepco. Des propos qui se veulent rassurants, mais peineront à aider les Japonais qui vivent sur place à garder la tête froide. L'inquiétude des habitants du nord-est du Japon est grande, d'autant plus que Tepco a tardé à communiquer sur l'incident : l'opérateur a mis 3 heures pour informer la Commission japonaise pour le contrôle de l'énergie atomique (NRA) de la panne d'électricité.
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La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD) est une association loi de 1901 agréée dans le cadre de la protection de l'environnement et qui conduit des études et des analyses dans le domaine de la radioactivité. Basée à Valence (Drôme), la CRIIRAD a été créée en mai 1986 par Michèle Rivasi à la suite de l'accident deTchernobyl.