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  • Notre-Dame-des-Landes: pour la suite du feuilleton, rendez-vous après le quinquennat Hollande...

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    Les occupants du site de Notre-Dame-des-Landes ne devraient pas être expulsés de la  ZAD au moins avant le mois de mai 2017. Photo AFP

    Parmi les heureux qu'aura fait la démission de Manuel Valls, on peut dores et déjà compter les opposants au projet controversé de transfert de l'aéroport de Nantes sur le site de Notre-Dame-des-Landes. L'évacuation de la zone à défendre (ZAD) n'est plus à l'ordre du jour.

    Contrairement à son prédécesseur, qui avait promis  "à l'automne", soit avant le 21 décembre, l'évacuation des lieux, Bernard Cazeneuve n'aime pas gouverner "à coups de menton". Le nouveau Premier ministre de François Hollande, prudent, juge bien trop risquée, à l'approche de la présidentielle, la perspective d'une intervention des forces de police pour chasser les zadistes et les exploitants agricoles qui occupent le bocage, mais aussi les citoyens, habitants de Nantes et d'ailleurs, et les militants écologistes prêts à se mobiliser à la moindre de tentative d'évacuation. Et on le comprend.

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  • Quatre ans après Fukushima, où en est la France du risque nucléaire ?

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    A Blaye, l'association Tchernoblaye s'inquiète du risque nucléaire et réclame la fermeture de la centrale, le 8 mars 2015. Photo Sud Ouest

    La catastrophe de Fukushima, survenue le 11 mars 2011, a soulevé la question cruciale de la sûreté des sites nucléaires partout dans le monde et notamment en France. Quatre ans après, où en est l'Hexagone de la gestion du risque nucléaire ?

    Les règles de sécurité des centrales nucléaires françaises ont été durcies par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), mais les récents survols à répétition de sites nucléaires par des drones et les attentats islamistes de janvier dernier ont relancé en France l’inquiétude d’élus locaux, qui depuis l’accident nucléaire japonais dénoncent "l’ineptie" des plans d’urgence, les Plan particuliers d'intervention (PPI). Périmètres d’évacuation étriqués, sirènes d’alerte inaudibles, communications défaillantes, chaos prévisible: la France, dont le réseau de réacteurs est l’un des plus denses du monde, semble encore insuffisamment préparée à un accident nucléaire.

    1. La très coûteuse mise aux normes  de sécurité des réacteurs nucléaires

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationAprès Fukushima, l'ASN a durci les exigences de sécurité des centrales nucléaires françaises. A charge pour Areva et l'opérateur EDF de les intégrer. Pour la réalisation, ça coince parfois. Ainsi à Blaye, le site nucléaire girondin (ci-contre), le réacteur 3 arrêté en maintenance depuis l'été dernier ne redémarre toujours pas. Les trois nouveaux générateurs vapeurs n'ont pas pu être montés car l'ASN a recensé plusieurs écarts par rapport aux "règles essentielles de sécurité". Le surcoût du retard pour EDF : 1 million d'euros par jour de production d'électricité manquante qui s'ajoute aux 42 millions d'euros de la visite décennale et au coût des trois générateurs de vapeur (112 millions d'euros). 

    2. Des périmètres d'intervention et d'évacuation insuffisants

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationA Fukushima, un périmètre de 20 km autour de la centrale a dû être évacué (photo ci-contre) et, depuis l'accident du 11 mars 2011,au Japon, les communes concernées doivent désormais préparer une évacuation sur 30 km, un rayon plus large que prévu par les plans antérieurs, plans qui se sont avérés inopérants face à l’ampleur de la catastrophe. Reste que leur concrétisation s’avère complexe. En Europe, quand ils existent, les périmètres d’évacuation varient d’un à 20 km et ceux de distribution préventive d’iode de cinq à 50 km. Au Japon un village situé à cette distance de la centrale accidentée de Fukushima a dû étre évacué.

    En France, les PPI envisagent une évacuation dans des rayons de 2 ou 5 km seulement autour des centrales. Selon la procédure en place, c'est le préfet qui tranche le jour de l’accident en fonction de sa gravité. Dans un deuxième périmètre de 10 km de rayon, une mise à l’abri de la population, là où elle se trouve, est envisagée. Et les habitants doivent avoir chez eux des comprimés d’iode. Ces médicaments, dont on s'était rendu compte en 2011 qu'ils n'étaient pas disponibles en quantité suffisante dans le pays en cas d'accident nucléaire, ne protègent pas de toutes les radiations mais, pris rapidement, ils permettent d’éviter des cancers de la thyroïde.

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationDes mesures insuffisantes, selon le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet, qui reconnaît que "les principes d’élaboration des PPI et les périmètres associés doivent être réexaminés". L'Association Nationale des Comités et Commissions Locales d'Information (ANCCLI) alerte également sur le manque d'information du grand public sur les questions de sûreté nucléaire et réclame une plus grande transparence et un périmètre de 80 km pour tous les sites nucléaires. L'association a adressé une lettre en ce sens au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Pour sa part, Greenpeace, qui demande la fermeture en priorité des réacteurs français les plus anciens -Fessenheim, Bugey, Tricastin, Gravelines et le Blayais-  réclame davantage de protection pour les populations. Selon Patrick Maupin (photo ci-dessus), porte-parole de l'ONG en Gironde, "on a vu que les 30 km étaient insuffisants à Fukushima, il faut 80 km, comme c'est le cas en Suisse".

    3.Des systèmes d'alerte déficients

    Les élus locaux dénoncent les défaillances des dispositifs au sein même des périmètres actuels. Au premier rang : les problèmes d’alerte, qui sont "vrais partout", selon  le président de l’Anccli, Jean-Claude Delalonde.  A cet égard, les cas deFlamanville (Manche) et Golfech (Tarn-et-Garonne) et Gravelines (Nord) font froid dans le dos.

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationA Flamanville, "en 12 ans, on a fait quatre exercices de crise. Le système d’alerte (sirène, haut parleur, appels téléphoniques) de la population s’est à chaque fois montré peu fiable. Lors du dernier exercice, en 2012, un Flamanvillais sur trois n’a pas reçu l’alerte ou alors avec retard", raconte Patrick Fauchon, maire PS de la ville, qui vient enfin d’obtenir l’installation d’une seconde sirène pour laquelle il bataille depuis des années. A Golfech (ci-contre), ce n'est guère mieux. Alexis Calafat, dont la mairie est à 500 mètres de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) n’entend pas toujours la sirène non plus. Ce système est certes doublé partout d’un dispositif d’appels des téléphones fixes de la population sur 2 km, mais cette précaution est jugée insuffisante à l’ère du portable. Lors du dernier exercice autour de Gravelines en 2011, le système a permis de composer 6.000 numéros en 15 minutes mais 28,7% des appels ont sonné dans le vide. Et les abonnés sur liste rouge n’ont pas été contactés... Les municipalités sont aussi censées passer en voiture dans les rues avec un haut parleur, mais ce dernier s’avère à peine audible, comme l’a constaté l’AFP. A l’heure du double vitrage, ce système paraît si inopérant que le maire de Golfech y a renoncé.

    4.Les centrales et les autorités mal préparées

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationLes centrales elles-mêmes sont-elles parées au risque d'accident ? Beaucoup en doutent depuis l’exercice de crise improvisé demandé par des parlementaires lors d’une visite surprise à Paluel (Seine-Maritime) (ci-contre) en 2011. Documentation parfois erronée, clef du tableau électrique indisponible: Claude Birraux, alors président (UMP) de lOffice parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), y a constaté « des situations parfois burlesques ».  La communication entre les autorités ne semble pas rodée non plus. Fin 2011, lors du dernier exercice autour de l’usine de retraitement d’Areva à Beaumont-Hague (Manche), qui concentre le plus de matière radioactive en Europe, la préfecture a mis 40 minutes pour parvenir à se connecter en audioconférence avec Areva et l’ASN. Les codes téléphoniques n’étaient pas les bons.

    5.Pas de préparation à l'évacuation

    "Nombre d’exercices demandent à la population de rester chez elle et de laisser les enfants à l’école. Mais des alertes déclenchées par erreur ont montré que quand les gens pensent que c’est un véritable accident, ils se précipitent à l’école pour prendre leurs enfants et s’en aller", témoigne encore à Golfech le Tarnais Alexis Calafat, qui préside également l’association des maires de communes où se trouvent des sites nucléaires. A Gravelines, en 2011, on a testé l’évacuation. Résultat: un "un ballet incessant d’autobus qui se croisaient et se recroisaient au centre de Gravelines et créaient des bouchons inextricables, parce que les chauffeurs ne savaient pas où ils devaient se rendre », selon un rapport de la CLI. Une "mascarade", a dénoncé l'association Sortir du nucléaire. A Golfech, les exercices de crise ne sont plus pratiqués que tous les cinq ans au lieu de trois ans, pour des raisons budgétaires, déplore Alain Calafat. Enfin, en Normandie, où l’usine nucléaire de la Hague est restée coupée du monde pendant deux jours en 2013 à cause de la neige avant que l’armée ne dégage la route, les élus s’interrogent sur l’accessibilité des sites.

    6.Les deux tout petits progrès de la France

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationLa France a toutefois progressé sur deux points depuis 20 ans, nuancent des élus qui veulent cultiver l'optimisme. En témoigne la création après Fukushima des Forces d’action rapide nucléaire (Farn) (ci-contre, en exercice à Blaye), composées de 230 " pompiers du nucléaire ". Ce dispositif unique au monde, salué par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), est réparti sur quatre sites: Paluel, le Bugey, Civaux (Vienne) et Dampierre (Loiret).

    sécurité,centrale nucléaire,prévention,ppi,évacuationPar ailleurs, depuis 2011, tous les départements doivent avoir leur stock d’iode à distribuer sur tout leur territoire. Dans le Haut-Rhin, par exemple, les lieux de stockage sont multiples. En Moselle, les comprimés sont regroupés à moins de 15 minutes de la centrale de Cattenom. Dans la Manche, en revanche, ils sont près de Saint-Lô, à une heure et demie de route de Flamanville. En cas d’accident, une fois les comprimés acheminés dans le canton concerné, il revient aux maires d’avoir une liste de volontaires pour les distribuer. « Les maires en sont pénalement responsables. Ils peuvent se retrouver face à un tribunal comme celui de la Faute-sur-mer », affirme Yannick Rousselet de Greenpeace France. 

    La France, pays au monde le plus nucléarisé, pour un territoire parmi les plus petits, compte 58 réacteursBordeaux, quatrième métropole de France, où 720.000 personnes vivent à 45 km des réacteurs du Blayais, fait partie des villes qui ont  demandé en novembre dernier une extension du PPI de la centrale à 80 km. A ce stade, l’Etat français refuse de dire s’il envisage de modifier ses PPI comme sont en train de le faire l’Allemagne et la Suisse.

    Cathy Lafon

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