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  • Nitrates: l'Etat reconnu responsable de la mort du cheval intoxiqué par les algues vertes

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    La plage de Saint-Michel-en-Grève(Côtes-d’Armor) envahie par les algues vertes, en 2011. Archives AFP

    La décision était très attendue par les victimes des algues vertes, leurs familles et  les écologistes : ce lundi, la justice a reconnu la responsabilité de l’État sur les conséquences sanitaires de la prolifération des algues vertes sur le littoral, en acceptant d’indemniser le propriétaire d’un cheval mort sur une plage bretonne en juillet 2009. Une décision d'autant plus importante qu'elle pourrait débloquer d’autres instructions liées aux algues vertes, provoquées par la pollution des eaux par les nitrates agricoles.

    algues vertes cotes d'armor.jpgL'Etat ne protège pas suffisamment ses eaux des pollutions d'origine agricole

    La cour administrative d’appel de Nantes avait été saisie par Vincent Petit dont le cheval était mort intoxiqué après s'être enlisé il y a cinq ans de cela dans une vasière, à proximité de l’embouchure d’une rivière couverte d’algues vertes, sur une plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor. Le 21 juillet dernier, pour la première fois, elle a retenu la responsabilité de l’État "du fait de la prolifération des algues vertes, en raison de ses carences à mettre en œuvre de manière suffisamment efficace les règles nationales et européennes" sur la protection des eaux "contre les pollutions d’origine agricole" par les nitrates, "qui sont la cause principale des marées vertes", selon un communiqué de la cour.

    Le gaz toxique dégagé par les algues vertes a bien causé la mort du cheval

    Autre décision également très attendue, la cour a également estimé que la mort de l’animal "devait être regardée comme ayant eu pour cause déterminante une intoxication par inhalation d’un gaz toxique (hydrogène sulfuré, H2S) dégagé par des algues vertes en décomposition dans la vasière : sans nul doute, ce sont bien les algues vertes toxiques qui sont responsables de la mort du cheval.

    corinne lepage.jpg"C’est une victoire pour M. Petit"

    Corinne Lepage, eurodéputée écologiste et avocate du propriétaire du cheval s'est réjouie de cette décision, même si la cour a également considéré que Vincent Petit avait commis "une imprudence" en se rendant sur cette plage de Saint-Michel-en-Grève, certes "particulièrement exposée à la présence d’algues vertes" mais à l’entrée de laquelle un panneau recommandait aux usagers de ne pas s’approcher des zones d’échouage. En conséquence de quoi la justice a décidé de procéder à un partage de responsabilité" entre  Vincent Petit et l’État, en ne lui accordant 2.200 euros d’indemnités alors qu’il en réclamait plus de 31.000, et 2.000 euros de frais de justice.

    Les conséquences sanitaires des algues vertes reconnues

    Mais "Le but du jeu, a commenté Me Lepage, ce n’était pas forcément de gagner de l’argent, c’était de faire reconnaître un principe ". L'important, pour l'avocate, c'est que "c’est la première fois que l’État est condamné du fait des algues vertes pour des conséquences sanitaires et non pas environnementales".  Vincent Petit avait souffert également du H2S: victime d’une intoxication, il n’avait été sauvé que grâce à l’intervention rapide d’un témoin et s’était vu prescrire 19 jours d’ITT. Il a porté plainte au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui mais le dossier "avance à la vitesse d’un demi escargot", a déploré Me Lepage, qui espère dorénavant une accélération de l’instruction.

    algues vertes tracteur.jpgEn 2009,  le décès d'un transporteur d'algues

    La décision de la cour administrative nantaise donne aussi de l’espoir dans un autre dossier douloureux, celui du décès à Binic (Bretagne), en juillet 2009 également, d'un chauffeur, Thierry Morfoisse, 48 ans. Sa famille a porté plainte contre X en 2010 pour "homicide involontaire par imprudence", persuadée qu'il a été intoxiqué par les gaz mortels dégagés par les algues vertes en décomposition qu’il transportait. Cette affaire, dont l’instruction se poursuit, "va forcément rebondir au regard de la décision de la cour nantaise", s’est félicité André Ollivro, le porte-parole du comité de soutien de la famille du disparu, interrogé par l’AFP. "Ce qui bloquait dans le dénouement de cette instruction, c’est qu’il n’y avait pas forcément de relation entre les algues vertes en décomposition et l’H2S produit et l’influence sur la maladie cardiaque" dont est mort le transporteur d'algues.  C'est désormais le cas grâce à la décision nantaise. "Il faut qu’il soit reconnu dans son accident du travail", a-t-il ajouté. Ce sont aussi des algues vertes qui sont mises en cause dans la mort de sangliers en 2011 sur une autre plage costarmoricaine, une affaire instruite à Paris.


    Algues vertes. Une pétition de 4... par Letelegramme

    algues vertes normandie.jpgLe coût trop élevé des nitrates

    Outre leur impact sanitaire et environnemental les nitrates pourraient finir par coûter cher à l'Etat français, toujours sous la menace d'une amende européenne pour non application de ses directives. En juin 2013, la  Cour de justice de l'Union européenne condamnait la France pour ses nitrates agricoles et indiquait que si elle ne constatait pas de progrès de la qualité de l'eau  française dans les prochains mois, elle pourrait saisir à nouveau les magistrats et leur suggérer des pénalités journalières. Combien devra alors payer la  France? Plus ou moins 60 millions d'euros d'amende et plus de 150.000 euros par jour, selon les calculs. Pendant ce temps-là, les algues vertes continuent de coloniser le littoral français et s'attaquent désormais à la Normandie...

    Cathy Lafon

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    • Pour lire les articles de Ma Planète sur les nitrates : cliquer ICI
  • Le "7ème continent" de plastique existe bel et bien. Et il est en expansion

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    Patrick Deixonne, initiateur d’une expédition scientifique française vers le « continent de plastique » dans l’Atlantique Nord , photographié le 13 avril 2012 à Cayenne Archives AFP

    Après trois semaines d'expédition dans l'Atlantique Nord, les scientifiques français de l'expédition "7ème continent", de retour d'un voyage d'étude dans l'Atlantique Nord, ont présenté en juin dernier un premier bilan sur la pollution invisible des océans.

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    "Le 7ème continent"

    Des millions de tonnes de déchets venus des côtes et des fleuves flottent dans les cinq principaux gyres répartis dans tous les océans (carte ci-contre), la force centripète aspirant lentement les détritus vers le centre. Ces zones ressemblent davantage à une "soupe" qu’à une surface tangible, mais vu l'importance de leur taille, et afin de marquer les esprits du public en le sensibilisant à la question de la pollution des océans, on leur a donné le nom évocateur de "7ème continent". 

    L'expédition de Patrick Deixonne

    Patrick Deixonne, 49 ans,a lancé le projet de l'expédition "7ème continent" après avoir découvert l'ampleur de la pollution des océans par les ordures rejetés par les hommes, lors d'une course en solitaire en aviron en 2009. En 2013, dans le Pacifique, une première expédition avait mis à jour l'existence de ce fameux "7e continent". Cette année, le 5 mai 2014, les explorateurs des mers sont repartis pour une nouvelle expédition de trois semaines, toujours à l'assaut du  fameux "continent de plastique", mais cette fois-ci dans l’Atlantique Nord,  à bord d'un catamaran de 18 mètres, parti de la Martinique. Avec des objectifs scientifiques bien plus élaborés qu'en 2013: cette année, l'expédition bénéficiait du concours du centre français d’analyses et de prévisions océaniques Mercator Océan.

    Deux fois la France

    "On est tombé sur des zones à fortes concentrations de microparticules de plastique", a expliqué à l’AFP Patrick Deixonne, au retour de l’expédition. De tout petits morceaux désagrégés de plastique en quantité tellement importante "qu’on pouvait les ramasser à la main" et une superficie de pollution pouvant représenter "deux fois la France".

    pollution,océan,mer,plastique,7ème continentDeux sortes de déchets

    "Il y a deux sortes de déchets", a-t-il expliqué. D'abord les macro-déchets (bouteilles, bidons, etc…) qui flottent sur l’eau à l’approche du gyre, un gigantesque tourbillon formé d’un ensemble de courants marins. "Ce sont des déchets éparpillés, mais si on prenait le temps de les ramasser, on remplirait le bateau en une journée". Les matières plastiques y sont photodégradées en pièces et particules de plus en plus petites, et les molécules individuelles ne sont que très lentement métabolisées par les êtres vivants. Des éléments de cette "soupe" ont atterri sur nos plages cet hiver, suite aux tempêtes hors norme qui sont secoué sans discontinuer l'océan Atlantique du mois de décembre au mois de mars, comme sur la plage du Porge, en Gironde (photo ci-dessus). Ils atterrissent notamment dans l'estomac des animaux sans qu'ils s'en rendent compte et polluent durablement l'écosystème marin. C'est "la partie immergée de l’iceberg" de la pollution des océans par les plastiques, ces microparticules, dont la taille peut aller de celle d’un ongle à celle de nano-particules seulement visibles au microscope. Pour les mettre en évidence et les analyser, on les capture à l’aide d’un filet spécial pour en mesurer la concentration dans l’eau.

    Analyses en laboratoire

    Alexandra Ter Halle, chargée de recherche au CNRS, qui faisait partie de l’équipe de neuf personnes à bord du catamaran, a collecté des échantillons de plastique et d’eau de mer, ainsi que des algues, afin de les analyser. Chimiste, la scientifique va s’intéresser notamment à la capacité qu’ont les plastiques d’accumuler des composés comme des polluants organiques persistants ou des métaux lourds. L’objectif de ses analyses sera de déterminer "dans quelle mesure ils ont transporté et relargué ces polluants dans l’environnement marin". De leur côté, des biologistes analyseront les organismes microscopiques qui se développent aussi sur ces plastiques et "qui ne sont pas du tout naturels au milieu marin". L’analyse génétique de ces communautés microbiennes permettra d’évaluer leur impact sur le milieu marin. Des analyses pointues qui vont prendre du temps.

    Une zone particulièrement polluée

    "On a rencontré une zone particulièrement polluée, avec des concentrations importantes de ces particules de plastique, ça c’est le premier témoignage que je peux faire", a souligné la chimiste. Les scientifiques vont également s’efforcer, grâce à la collaboration des agences spatiales française (CNES) et européenne (ESA), d’évaluer précisément la superficie de cette pollution."On parle de deux fois la France, mais ce sont des chiffres informels. On espère aussi répondre à cette question", a indiqué Patrick Deixonne.

    L'équipe du "7ème continent" prévoit de repartir l'an prochain, en 2015, à la rencontre du gyre de l’Atlantique Sud. Alexandra Ter Halle compte bien être du voyage.

    Cathy Lafon

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  • Littoral atlantique: d'où viennent ces déchets qui submergent nos plages?

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    Le 15 mars, les bénévoles avaient répondu à l’appel de la commune de Lège pour nettoyer la plage. Photo archives "Sud Ouest"

    déchets marins,pollution,plastique,tempêtes,collecte,surfrider foundation,plage,littoral,atlantiqueParrainée par l'ancien footballeur, Bixente Lizarazu, la 19ème édition des Initiatives Océanes,  « Jeter en mer, c’est jeter par terre », est organisée par la Surfrider Fondation Europe. Près de 800 collectes de déchets achèvent de se dérouler sur tout le littoral ce week-end, les 22 et 23 mars. Cette année, soutenue par le journal "Sud Ouest", l'ONG veut nettoyer les plages, mais aussi aider les scientifiques à en savoir plus sur l'origine et le parcours des déchets.

    déchet grand crohot 2.jpg"Jeter par terre, c'est jeter en mer"

    Le message pédagogique des Initiatives Océanes 2014, « Jeter par terre c’est jeter en mer »,  rappelle qu’un geste anodin peut avoir des conséquences dramatiques sur l'environnement. La Surfrider Foundation alerte sur l'impact de la pollution en ville sur la mer, et le chemin parcouru par les déchets en suivant le cycle de l’eau. Un geste aussi banal que jeter une poche plastique par terre, aura en effet des conséquences désastreuses sur le milieu marin, comme en témoignent les 6,5 millions de tonnes de déchets en plastique déversées chaque année dans les océans.

    Dresser un profil de la pollution locale

    Les scientifiques travaillent à déterminer d'où provient cette pollution durable et protéiforme. Pas si facile. Aussi, cette année, Surfrider entend donner un aspect plus scientifique au ramassage en invitant les organisateurs à remplir une fiche bilan des déchets trouvés sur chaque façade maritime afin de dresser un profil plus précis de la pollution locale. Pour mieux pouvoir lutter contre elle.

    D'où viennent ces déchets qui encombrent les plages?

    A déchets le porge casier.jpg70 et 80%, les déchets marins proviennent de la terre et ce sont nos modes de vie et nos mauvais gestes qui les produisent. Comme cette poche plastique jetée à terre sur les bords de la Garonne et emportée par les eaux du fleuve, qui se retrouve dans l'océan et qu'une tortue peut ingérer à l'autre bout du monde, pour son plus grand malheur. Nous récoltons aussi en Aquitaine, les détritus venus des côtes espagnoles, charriés par le courant du Portugal, ce qui doit nous rappeler que nos propres déchets s'en vont polluer d'autres rivages. On trouve ainsi quantité de cordages, caisses, bidons, chaussures, jouets de plage, flacons de crème solaire, bouteilles de verre ou de plastique... Bref, un vrai bric-à-brac qui n'a rien de merveilleux, issu des objets arrachés par la mer, oubliés ou bien jetés par les estivants sur les plages. Sans oublier ces ordures lancées parfois par les marins embarqués à bord des bateaux qui sillonnent les eaux du globe. Certains objets traversent l'Atlantique, comme ce casier canadien flambant neuf, retrouvé sur la plage du Porge (Gironde), le 4 mars dernier (photo ci-dessus).

    déchets le porge microbilles.jpgLa "soupe" de plastique

    Et puis il y a tous les "vieux" déchets, roulés comme des galets ou des coquillages, puis émiettés par les vagues durant des décennies. Les composants en plastique quasi-indestructible finissent en macrodéchets, fragments  et microbilles, et constituent ce que les scientifiques nomment la "soupe". Dans l'océan Pacifique nord, ils finissent par s'amasser sous l'effet d'un vortex puissant de courants marins, pour former une sorte de plateforme molle, surnommée le "7ème continent de plastique" de la taille d'un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Peu dégradable, le plastique est le pire des déchets. Il compose 60 à 70 % des déchets marins. Il provoque des dégâts considérable sur la faune, et notamment les cétacés, les tortues et les oiseaux. Dans l'océan Atlantique, selon l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), il y aurait environ 50 millions de déchets divers dans le golfe de Gascogne, soit 15 débris en moyenne à l'hectare par 1.800 mètres de fond. Toujours sur la plage du Porge, début mars, on pouvait observer des amas de jolies billes de couleurs (photo ci-dessus). Pas des perles à enfiler pour faire des colliers, mais des éléments de cette fameuse "soupe".

    déchets alios.jpgLes belles épaves naturelles

    Bien sûr, les optimistes relèveront que les vagues laissent aussi sur le sable de magnifiques bois flottés, qui font le bonheur des fans de déco, ou des blocs d'alios d'une beauté brute, comme celui-ci découvert également sur la plage du Porge. Certes. Mais, cette année particulièrement, ils sont ensevelis dans la masse des ordures produites par les activités humaines qui n'ont rien de poétique.

    Alors, à la ville comme à la compagne, à la montagne ou à la plage, avant d'acheter, de consommer et de jeter, pensez aux déchets !

    Cathy Lafon

    #soslittoral

    PLUS D'INFO

    • Les Initiatives Océanes. Lancées en 1996, elles rassemblent chaque année des milliers de personnes pour une collecte de déchets sur les plages, les bords de rivières, et les lacs pour sensibiliser le grand public à la pollution aquatique. Ce grand nettoyage permet aussi de dresser un état des lieux de ce problème pour le combattre plus efficacement.
    • En 2013, l’opération avait rassemblé 50.000 personnes dans 40 pays, et plus de 36.000 sacs poubelles avaient été remplis de déchets. Cette année, en raison des quantités monstrueuses de déchets rejetés par les vagues des tempêtes successives, la "récolte" s'annonce, hélas, exceptionnelle.
    • 206 kilos de déchets en plastique sont déversés chaque seconde dans l'océan.
    • L'estomac d'un fulmar (oiseau marin qui vit en mer du Nord), contient en moyenne 34 morceaux de plastique.

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