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lutte - Page 40

  • Pollution et mobilité urbaine. Zapa : les villes françaises en sursis

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    Bordeaux 6 Avril 2011, le Quai Louis XVIII encombré de voitures. Photo archives SO /Thierry David

    Les zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa) voulues par le précédent gouvernement pour réduire la circulation des véhicules polluants en ville, destinées à être testées dans sept grandes communes, vont être revues car elles sont "socialement injustes", a annoncé jeudi 12 juillet le ministère de l'Ecologie. Des huit villes volontaires volontaires en 2011 pour tester le dispositif, il n'en reste plus que sept, dont Bordeaux, avec Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand et Aix-en-Provence. Nice a jeté le gant en juin dernier. Les sept collectivités, en attente d'aménagements au dispositif, peuvent donc souffler. Mais elles ne couperont pas pour autant à l'obligation de réduire la pollution sur leur territoire, où les habitants ont de plus en plus de difficultés à respirer.

    Les Zapa, les LEZ à la française

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    Initié par l'Europe, le concept des Zones d'actions prioritaires pour l'air (LEZ en anglais) a pour  objectif incontournable et pas seulement louable, de réduire de 30 % les particules polluantes dans l'air d'ici 2015. Qui dit Zapa, dit aussi interdiction sur le territoire concerné de la circulation des véhicules les plus polluants. Mais tout dépend ensuite de la mise en musique du concept : quels critères retenir pour interdire quoi ?

    100 millions d'euros d'amende

    Ma Planete a évoqué ce sujet controversé à plusieurs reprises depuis le mois de juin. La pollution aux particules fines dans nos villes a atteint des taux intolérables pour notre santé (elle est  responsable en France de près de 40.000 décès prématurés par an), et contrevient en outre aux normes européennes, nous laissant encourir le risque d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016. La France est, en effet, en contentieux sur ce dossier pour non-respect des directives européennes, avec à la clef, une amende forfaitaire de 10 millions d'euros annuelle à laquelle s'ajoute une pénalité de 240.000 euros par jour de dépassement des niveaux de pollution de l'air prescrit par Bruxelles. Soit, pour l'Etat, une facture de 100 millions d'euros à payer dès 2016...

     Un dispositif socialement injuste et pas forcément efficace

    Dans ce contexte, si les Zapa restent indispensables, les modalités et les critères d'application choisis par le gouvernement précédent pour la réduire n'étaient pas les meilleurs. Socialement injustes, car visant principalement les véhicules les plus anciens des particuliers mais pas toujours les plus polluants, les Zapa ne tenaient pas compte non plus des émissions de gaz à effet de serre de véhicules neufs pourtant "propres" pour les particules fines, ni des autres sources d'émissions en ville de particules fines, comme le chauffage, et avaient aussi dans le collimateur les deux roues motorisés, qui sont pourtant des alternatives écologiques intéressantes aux automobiles polluantes. Bref, une vraie mise à l'index sociale d'une catégorie d'automobilistes, dans leur propre lieu de vie, sans pour autant la certitude d'avoir, à terme, une réelle diminution de la pollution. Certains écologistes, comme Denis Baupin, adjoint au maire de Paris, demandaient d'ailleurs avec insistance des aménagements et des améliorations à un proccessus quasi impossible à mettre en oeuvre en l'état.

    Vers une "adaptation cadre" des Zapa, plus juste et plus souple

    Le ministère de l'Ecologie a bien compris le message et a décidé de temporiser,  le 12 juillet, à la veille de la date limite du dépôt des candidatures des villes pour la réalisation des Zapa. Son communiqué est clair : "Le Grenelle de l'Environnement avait lancé l'initiative des Zapa permettant notamment aux collectivités qui le souhaitaient de limiter l'accès des centres-villes aux véhicules les plus polluants, néanmoins, ce dispositif s'est avéré trop rigide et socialement injuste".

    LBatho-Delphine.jpga ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, a également adressé dès jeudi dernier une lettre aux sept villes concernées en annonçant une "adaptation du cadre" de ce projet, qui visait à améliorer la qualité de l'air dans les centres-villes à partir de juillet 2012. Sur la base des premiers rapports qui devait être remis le 13 juillet par les villes tests, "il y aura une réflexion plus large, sans tout refaire", a-t-on indiqué au ministère. Le principe du volontariat sera conservé, mais il s'agira de trouver des structures plus souples en tenant compte de "l'enjeu de justice sociale"

    Une concertation avec tous les usagers de la route

    marc bertrand.jpgAvant de redéfinir le dispositif, "nous voulons que Mme Batho mène une concertation avec les représentants des usagers de la route", a indiqué de son côté à l'AFP la Fédération française des motards en colère (FFMC), très mobilisée contre l'actuelle version des Zapa. C'est aussi ce qu'indiquait dans une tribune libre publiée par Ma Planete le 3 juillet, Marc Bertrand, chargé de mission sécurité routière au secrétariat national de la FFMC.

    L'Automobile Club Association (ACA), représentant les usagers de la route en France, avait aussi interpellé les élus des sept villes tests sur les "aspects antisociaux évidents". Dans un courrier le président de l'ACA, Didier Bollecker, a dénoncé "la discrimination à l'égard des personnes ne pouvant acheter des véhicules neufs, notamment les ménages modestes et les jeunes".  Tout en rappelant que les acheteurs de véhicules Diesel récents avec un bonus écologique, mais sans filtre à particules, seraient aujourd'hui "privés d'accès aux zones concernées par les Zapa". Un paradoxe qui ne devrait pas être au goût de leurs propriétaires, persuadés à l'acquisition de leur véhicule, de faire un geste pour la planète...

    Le sujet "Zapa" devrait figurer en bonne place dans l'ordre du jour de la grande conférence environnementale, prévue avant le 15 septembre prochain. S'il faut changer l'eau du bain, il ne faut surtout pas jeter le bébé Zapa avec : bien des pays européens sont parvenus avant nous à adopter des réglementations efficaces et acceptées par les populations pour réduire la pollution dans leurs centres-villes. Pourquoi pas nous ?

    LIRE AUSSI

    TOUT SUR LA ZAPA (version 2011)

    • Qu'est-ce qu'une zapa ? Pour la définition du Grenelle de l'environnement, cliquer ICI
    • En savoir plus sur les Zapa avec l'Ademe : cliquer ICI
    • S'informer avec l'Ademe sur les retours d'expérience des pays européens sur les LEZs : cliquer ICI
    • Quelles sont en France les villes concernées ?  Paris, Bordeaux, Grenoble, Aix-en-Provence, Lyon, Nice, Clermond-Ferrand et Saint-Denis ont accepté de participer à l’expérience qui devait débuter en 2012. Nice s'est retirée du jeu, en juin dernier. La circulation dans leur Zapa serait donc extrêmement réglementée durant au moins les 3 ans de l'expérience : les véhicules seraient classés en quatre catégories selon leurs émissions de CO² et les villes pourraient interdire la circulation aux plus polluants à certaines heures ou dans certains quartiers.
    • Quelles sont les amendes encourues ?  68 € pour les voitures particulières et 133 € pour les poids lourds, sont les montants des amendes proposées pour les véhicules trop polluants qui circuleront sans autorisation dans les futures zones réglementées.
    • Quels sont les véhicules "interdits" en Zapa-centre ville :  Cliquer ICI 

     

  • Fil vert. Climat : l'objectif 2° C, c'est 1.000 milliard de dollars

    rechauffement climatique,réduction gaz à effet de serre,prévention,lutte,aie,rapportLe 26 avril, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a rendu son rapport «Energy Technology Perspectives 2012», concernant les moyens de stabiliser le réchauffement climatique à 2° C, lors du sommet ministériel des énergies propres (23 Etats réunis) qui a eu lieu à Londres.

    Le rapport, disponible en ligne le 11 juin prochain sur le site internet de l'AIE, détaille les progrès accomplis et ceux restant à effectuer, pour décarboner suffisamment nos économies afin de stabiliser le réchauffement. Selon la directrice exécutive de l'AIE, Maria van der Hoeven, l'objectif de limiter à 2° C le réchauffement climatique s'éloigne...

    Loin cependant de baisser les bras, l'agence, combattive, redonne tout un arsenal de mesures destiné à l'atteindre : rien de nouveau sous le soleil, a-t-on envie de dire. On sait quoi faire. Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique des Etats pour mettre en application des mesures basiques, comme par exemple la suppression des subventions à la consommation de carburants et de combustibles qui contribuent au renforcement de l'effet de serre.

    Après avoir passé au crible les énergies renouvelables, les transports, le captage-stockage du C02, l'industrie, le bâtiment, l'AIE fait une autre proposition qui ne plaira pas à tous les écolos mais qui ne surprendra pas de sa part : elle recommande en effet de recourir, là où les conditions environnementales, économiques et politiques le permettent, à l'énergie nucléaire, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

    Enfin, en prime,  l'AIE fournit la note et chiffre l'investissement nécessaire à cet objectif dans la prochaine décennie : il  se limiterait à 5.000 milliards de dollars, à comparer aux 4.000 milliards de dollars d'économies sur les factures d'énergies fossiles. Soit un coût net de 1.000 milliards de dollars finançables auprès des investisseurs institutionnels. Le tout en réduisant de 5 milliards de tonnes nos emissions de GES.  Est-ce si cher payé, finalement, pour préserver nos conditions de vie et notre environnement, si l'on considère que l'on est dans une "deadline" climatique vitale  ? Raisonnablement, non.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Comment atteindre "l'Objectif 2°C", Journal de l'Environnement, 26 avril 2012

  • Lutte anti-pollution en Aquitaine : Airaq change d'air

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    Depuis le mois de décembre 2011, les informations sur les dépassements des seuils de  pollution de l'air dans les grandes agglomérations se multiplient en Aquitaine. On a même enregistré une alerte à Bordeaux, les 27 et 28  décembre, phénomène qui ne s'était jamais produit dans l'histoire de notre région. La qualité de l'air que nous respirons se serait-elle brusquement dégradée ? Des conditions météorologiques particulières liées à l'hiver seraient-elles en cause ?

    peggy.jpgLe point sur l'état de l'air aquitain avec Peggy Kançal, conseillère régionale et présidente de l'association Airaq (Air Aquitaine) depuis novembre 2011.

    Le contexte : la pollution de l'air, un risque sanitaire majeur

    Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air représente un risque environnemental majeur pour la santé. En milieu urbain, elle serait responsable dans le monde d’1,3 million de décès par an. En France, elle entraînerait 42 000 décès prématurés par an, imputables aux infections respiratoires, aux cardiopathies et au cancer du poumon.  Diminuer les niveaux de pollution atmosphérique est un véritable enjeu de santé publique. Et tout simplement aussi de qualité de vie.

    En Aquitaine, Airaq veille au grain

    Pour  mieux relever ce défi sanitaire, l'Etat français a confié à plusieurs associations régionales agréées par le ministère de l'Ecologie, la mission de surveiller la qualité de l'air que nous respirons et d'informer les populations. L'objectif étant aussi de renforcer les politiques publiques en matière de lutte contre la pollution de l'air. En Aquitaine, depuis 1995, c'est Airaq qui s'y colle. Pour mesurer les particules nocives en suspension dans l'air, le vigile de l'air aquitain dispose de stations fixes dans les agglomérations (10 dans l'agglomération bordelaise) et de moyens mobiles, déployables en fonction des besoin, qui lui permettent d'informer la population du niveau de la pollution atmosphérique. Le tout positionné en fonction des consignes et critères donnés par l'Etat.

    En 2012, notre air est aussi mauvais qu'avant

    Oui, c'est enfin l'hiver, mais non, la pollution de l'air ne s'est pas brusquement aggravée. Même si, comme Peggy Kançal le déplore, elle n'a pas vraiment diminué non plus et s'est même détériorée dans certaines zones. En revanche, la présidente d'Airaq indique que "Depuis le 27 décembre dernier, Airaq a abaissé les seuils d'information et d'alerte à la population. Le seuil d'information est passé de 80 mg/m3 de particules en suspension dans l'air à 50 mg/m3, et le seuil d'alerte de 125 à 80. Autrement dit, le seuil qui provoquait hier une recommandation, déclenche aujourd'hui une alerte. D'où la multiplication des informations dans notre région". Ce n'est pas un caprice aquitain. Elle rajoute que ces nouveaux critères s'appliquent à toutes les petites soeurs d'Airaq, chargées par le  ministère de l'Ecologie de veiller à la qualité de l'air : "La France s'est mise en conformité avec une directive européenne fixant les normes en la matière". Quand les lois se durcissent en faveur de l'environnement, on se doute bien un peu qu'il y a de l'Europe dans l'air... Ouf, on va enfin respirer à Bordeaux comme à Rome, Madrid , Bruxelles, ou  Berlin.

    2 ou 3 alertes par an

    Selon Peggy Kançal, qui se base sur les statistiques des seuils de pollution des années antérieures, il pourrait y avoir avec ces nouveaux critères une vingtaine de déclenchements d'opérations d'information sur la pollution de l'air en Aquitaine en 2012. Une dizaine ayant été lancées depuis début janvier, la prévision risque d'être dépassée. Et deux ou trois alertes, vraisemblablement à Bordeaux et autour de la zone Bayonne-Anglet-Biarritz. Si le Préfet en décide ainsi, car Airaq ne fait que transmettre à la Préfecture les élements concernant les seuils d'information. Jusqu'en décembre dernier, à la différence de régions comme l'Ile-de-France, Rhône-Alpes ou Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Aquitaine n'avait jamais connu de situation de niveau d'alerte à la pollution atmosphérique jusqu'en décembre dernier.

    Les mesures de restriction

    En cas d'alerte, si la situation perdure, le Préfet peut prendre des mesures contraignantes visant à diminuer le nombre de particules en suspension. Cela va de l'interdiction faite aux poids lourds de traverser les zones urbaines, à celle faite aux voitures de circuler, selon le numéro de leur plaque minéralogique. Si la circulation automobile reste un des premiers vecteurs de pollution atmosphérique, avec les activités industrielles, le chauffage, dont le chauffage au bois, a sa part de responsabilité. Tout comme brûler des déchets verts en zone urbaine. Bon pour l'environnement, le chauffage au bois, s'il est utilisé en ville à grande échelle, dans de mauvaises conditions (qualité du combustile, du poêle...), contribue aussi à la dégradation de la qualité de l'air en hiver. Le Canada a diagnostiqué le problème depuis 2004. En partenariat avec Airaq, l'Ademe met ainsi en garde le public en l'invitant à s'informer sur les bons usages du chauffage au bois grâce à une vidéo, disponible sur internet. Pour la découvrir : Cliquer ICI.


    Mieux s'informer avec Airaq

    En langage airaquien, le mot magique est "Atmo". Comme "atmosphère". L'indice Atmo caractérise en effet la qualité de l'air quotidienne d'une agglomération de plus de 100.000 habitants sur une échelle qui va de 1 (indice très bon) à 10 (indice très mauvais). Mais comment savoir quel est notre Atmo ?

    Un site internet

    Pour que nous puissions être informés du niveau de l'indice Atmo du territoire où nous résidons et des prévisions du lendemain, Airaq met depuis plusieurs années à notre disposition un site internet, alimenté en temps réel. Plus que précieux, si l'on est de santé fragle, si l'on souffre de maladies respiratoires ou si l'on fait du sport au grand air. Selon la qualité de l'air, on peut ainsi éviter de faire des efforts et se mettre à l'abri. Pour accéder au site internet d'Airaq : Cliquer ICI.

    Une application mobile

    lutte,préventionPour améliorer encore notre information, AIRAQ ne lésine pas et vient de développer une application mobile, qui fournit les indices de la qualité de l’air en situation de fond pour 8 grandes agglomérations en Aquitaine. Bordeaux, Pau, Bayonne-Anglet-Biarritz, Périgueux, Agen, Dax, Arcachon, Lacq ainsi que le détail de ces indices par polluant (ozone, particules en suspension, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre). Cette aplication permet également de recevoir en temps réel, les déclenchements des procédures de pollution sur l’Aquitaine. Pour télécharger l'application : Cliquer ICI

    Mais si on n'a ni internet, ni smartphone  ?

    Dans l'agglomération bordelaise, l'information est donnée par affichage sur le réseau TBC, ou les panneaux de certaines communes. Mais ce n'est pas encore le cas sur la rocade bordelaise et les autoroutes d'Aquitaine, à l'inverse d'autres régions. Peggy Kançal espère une évolution sur ce point en 2012. Les médias locaux et leurs relais nationaux (presse écrite, télévisions, radios, internet) ont aussi un rôle éminent à jouer pour informer le public en temps réel : Airaq travaille ardemment en ce sens.

    Cathy Lafon