Pesticides: le plaidoyer de Greenpeace en faveur de l'agriculture biologique
Epandage agricole. Photo archives AFP
Après la publication, le 11 mai, de son rapport intitulé "Santé: les pesticides sèment le trouble" qui établit les conséquences sur la santé de l’exposition aux pesticides, Greenpeace plaide en faveur de l’interdiction progressive des pesticides chimiques de synthèse et de la généralisation des pratiques agroécologiques.
Les agriculteurs, premières victimes des pesticides
Les pesticides, on en mange avec les légumes et les fruits qui en sont aspergés, même si on les lave soigneusement. On les respire, dans l'air après leur pulvérisation, et à la maison ou au jardin si l'on utilise certains produits chimiques. Enfin, on en boit des résidus dans l'eau que l'on consomme, lorsqu'elle est contaminée par les polluants agricoles, aussi traitée et purifiée soit-elle.
En France notamment, troisième pays au monde pour l'utilisation des phytosanitaires, nul ne peut échappe à l’exposition aux pesticides. Toutefois, comme l'ONG le souligne, les agriculteurs et leurs familles, en première ligne car utilisateurs et consommateurs, font partie des populations les plus exposées à des risques de pathologies graves. "Il est honteux que ceux qui nous nourrissent souffrent autant de l’usage intensif des pesticides", s'indigne Suzanne Dalle de Greenpeace France, en appelant à "désintoxiquer notre modèle agricole" et "à donner les moyens aux agriculteurs de mettre en place des alternatives".
Facteurs de risques sanitaires importants
Dans son rapport , l’ONG revient sur le constat déjà effectué sur les dangers de l'exposition aux produits chimiques utilisés par l'agriculture intensive, mis en valeur par les études de Générations futures et de nombreux instituts de recherche, y compris à l'étranger.
En France, où l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a notamment publié en juin 2013, une vaste expertise collective scientifique en ce sens, Génération futures a spécifiquement mis en valeur, en février de la même année, l'existence de ce risque pour les salariés de la vigne.
Les résultats de l'étude effectuée sur les résidus de pesticides agricoles présents dans les cheveux des habitants de Listrac, avaient provoqué un électrochoc dans le Médoc, en Gironde. Fongicides, herbicides, engrais, pesticides : la viticulture conventionnelle, il faut le rappeler, est le premier utilisateur de produits chimiques dans l'Hexagone. "L’exposition à certains pesticides représente un facteur de risque supplémentaire non négligeable de contracter de nombreuses maladies chroniques, y compris différentes formes de cancers et de maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson et celle d’Alzheimer, et de développer des malformations congénitales", rappelle ainsi Greenpeace.
Les femmes et les enfants d'abord
"Il existe également un solide faisceau de preuves selon lesquelles l’exposition aux pesticides serait associée à l’affaiblissement du système immunitaire et à des déséquilibres hormonaux", souligne encore l’ONG qui enfonce le clou : "les associations statistiques entre l’exposition à certains pesticides et l’incidence de certaines maladies sont irréfutables et ne doivent pas être ignorées".
En plus des agriculteurs, le rapport met l’accent sur l’impact sur les foetus, lorsque les femmes enceintes sont exposées, et les jeunes enfants, plus vulnérables, une conséquence mise en valeur par des études effectuées notamment aux Etats-Unis. Parmi les effets possibles enregistrés sur les enfants exposés figurent un poids et une taille réduits, un quotient intellectuel plus faible, des modifications de comportement, des leucémies plus fréquentes. Les femmes exposées sont plus sujettes aux fausses couches.
La solution : passer progressivement à une agriculture 100% "écologique"
Pour l'ONG, pas de demi-mesure : pour une santé protégée et une alimentation saine, il faut passer à une agriculture écologique et biologique, autrement dit, sans pesticides. Or, si la France a lancé en 2008 un plan Ecophyto, dont l’objectif était de réduire de 50% des pesticides en 10 ans, la consommation de pesticides n'a cessé d'augmenter ces 7 dernières années... "Les stratégies impliquant une simple réduction de l’utilisation de certains pesticides ne suffiront pas pour protéger la santé humaine", conclut Greenpeace qui lance cette semaine une grande campagne d'information et de mobilisation auprès des Français.
Une journée nationale de sensibilisation et d'information
Ce samedi 16 mai, des militants de l'ONG iront ainsi à la rencontre des habitants de 21 grandes villes de l'Hexagone, afin de les informer sur les impacts sanitaires des pesticides mais aussi sur les manières d’agir pour rejoindre le mouvement pour une agriculture et une alimentation plus saines. A Bordeaux, la sensibilisation s'effectuera Quai des marques, près du départ de la navette fluviale, de 15h à 18h. D'autres actions auront lieu à La Rochelle, Angers, Avignon, Chevreuse, Clermont-Ferrand, Dijon,Lille, Lyon, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Poitiers, Rennes, Rouen, St Dié des Vosges, Strasbourg, Toulouse, Versailles...
Une pétition et un moratoire contre les pesticides toxiques pour les abeilles
Greenpeace n'est pas la seule ONG à batailler contre les pesticides. De leur côté, quelques semaines avant le passage au Sénat de la loi biodiversité et alors que le gouvernement prépare le nouveau plan Ecophyto, la Fondation Nicolas Hulot, Générations Futures, Humanité et Biodiversité, lancent une pétition contre les pesticides néonicotinoïdes. Leur objectif : "obtenir un moratoire sur ces substances neurotoxiques pour les pollinisateurs et faire une nouvelle fois de la France le leader de ce sujet au niveau européen".
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►PLUS D'INFO
- Les pesticides, c'est quoi ? Les pesticides chimiques de synthèse sont des substances chimiques ou des mélanges de substances destinés à lutter contre les nuisibles tels que les insectes, les champignons, les moisissures ou les mauvaises herbes. Ces substances chimiques destinées à tuer des organismes vivants, sont également connues sous le nom plus glamour de "produits de protection des plantes" ou "produits phytosanitaires". Ils sont le plus souvent classés en fonction des nuisibles visés. Les insecticides luttent contre les insectes nuisibles (et d'autres qui passent par là), les herbicides, contre les mauvaises herbes, les fongicides, contre les champignons. Les pesticides peuvent également être classés en fonction de leur famille chimique, dans les catégories des organophosphorés (OPP), des organochlorés (OCP), des carbamates et des néonicotinoïdes, tristement célèbres pour les ravages qu'ils effectuent dans les colonies d'abeilles.
- Pour signer la pétition contre les pesticides néonicotinoïdes, c'est ICI