Ca commence par un e-mail, qu'on reçoit un beau matin dans sa boîte de messagerie, de la part d'une certain Sonia, Community Manager chez Revolvr : "Je t’envoie ce mail pour t’informer du lancement d’une plateforme participative d’un nouveau genre : KILLSTARTER - #KILLSTARTER !"
Chouette ! Voyons un peu.
KILLSTARTER s'annonce comme une plateforme de financement participatif qui "connecte les esprits visionnaires, porteurs de projets innovants, aux particuliers désireux de construire l'avenir, pour financer les révolutions qui redessinent la planète". Ca les écolos, ils aiment bien. Encourageant la prise de risque et faisant fi du principe de précaution, "ils se définissent comme un carrefour où mécènes et génies s'allient pour modeler nos lendemains". De mieux en mieux, l'écolo que je suis commence à sortir sa carte de crédit. "Voici d’ailleurs quelques projets déments que je t’invite à découvrir... ". Parfait. Sauf que là, ça se gâte. Car pour être déments, les projets sont vraiment déments. En voici un échantillon:
1. La fonte de toutes les banquises inutiles
2. Le 1er poulet à 6 pattes
3. Une centrale nucléaire en pleine savane
4. Un filet géant pour ramasser un maximum de poissons
5. L’évacuation de déchets toxiques dans le Nil
6. La 1ère arme de déforestation massive
Sûre de m'avoir appâtée par ces projets fabuleux, Sonia me donne "rendez-vous tout de suite sur la plateforme #KILLSTARTER", car dit-elle, "ils ont besoin de tes dons ou découvre qui se cache derrière ces projets plutôt culottés !". Pour être culottés, ils sont culottés. Du coup, me voilà sur les nerfs et je m'agace. Et si c'était un site anti-écolo qui fait la propagande de l'écolo-scepticisme ? Les climato-sceptiques et autres défenseurs des OGM sont-ils dans le coup ?
Mais qui se cache derrière Kill Starter ?
Comme pour l'instant je n'ai toujours rien payé, je pousse un peu plus loin... Cliquons un peu pour voir. Quel est le génie tordu qui a pondu ces projets délirants ? La réponse ne tarde pas et arrive sur le site de Kill-Starter comme un hacking plutôt bienvenu : Greenpeace ! Bon sang, mais c'est bien sûr ! Evidemment tous les projets sont bidons mais issus de problématiques bien réelles, tournées en dérision par l'ONG. Les financements aussi. Mais Greenpeace en profite pour faire un appel au don pour ses propres combats écologiques : lutter contre la déforestation, la surpêche, les OGM, le nucléaire, le réchauffement climatique...
Avec ce site internet drôle et efficace, accompagné d'un e-mailing très "pro", Greenpeace invente le web-hacking-parodique. Mais où vont-ils chercher tout ça ?
Au fait, mon projet préféré, c'est quand même l'installation d'un fondeur de banquise. Non, sérieux, vous y auriez pensé, vous ?
Cathy Lafon