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  • Nucléaire : Fukushima, sous la menace permanente des typhons

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     Des soldats recherchent des survivants après un glissement de terrain provoqué par le passage du typhon Wipha sur l'île d'Oshima, le 16 octobre 2013, à 120 km au sud de Tokyo Photo AFP

    Nouvelle sueurs froides au Japon hier, avec le typhon Wipha  qui prenait la direction de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Le pire a finalement été évité. Mais des niveaux de 1 400 à 2 300 becquerels par litre de rayonnements bêta ont été décelés cette nuit dans l'eau d'un fossé menant à la mer. C'est le plus haut niveau de radioactivité mesuré à cet endroit jusqu'à présent.

    thypon,fukushima,centrale nucléaire,sécurité13 morts et une cinquantaine de disparus

    Wipha emportait avec lui des vents atteignant 180 km/h.  Le 26e typhon de la saison en Asie a fait au moins 17 morts, dont 16 sur la petite île japonaise d'Oshima au sud de Tokyo, mais il n'a fait que frôler la capitale japonaise. Plus de trente maisons ont été emportées dans des glissements de terrain sur l'île d'Oshima, à 120 km au sud de la capitale, a rapporté la télévision publique NHK. Une cinquantaine de personne seraient portées disparues. En dehors de cette île, trois autres personnes étaient portées disparues dans la région de Tokyo: deux jeunes garçons sur une plage et un quinquagénaire dont la maison était dans une zone où s'est produit un glissement de terrain, ont précisé les autorités locales. 

    thypon,fukushima,centrale nucléaire,sécuritéLa centrale Fukushima Daiichi, violemment touchée

    A 220 km au nord-est de Tokyo, la centrale dévastée de Fukushima a été violemment arrosée par Wipha dès mardi. Ce qui faisait craindre, au mieux, de nouveaux incidents, notamment à cause de l'eau radioactive qui engorgeait déjà le site avant même le passage de Wipha. Et au pire, l'accident irréparable que constituerait la chute la piscine du réacteur 4, en équilibre instable.

    "5.000 fois la bombe nucléaire d'Hiroshima"

    "Désastre planétaire en puissance", "incendie radiologique catastrophique","radioactivité équivalente à 5 000 fois la bombe nucléaire d'Hiroshima" : telles étaient les craintes relayées par les médias, il y a un an de cela, en cas d'effondrement de la piscine du réacteur 4, dans laquelle sont entreposées 1 535 barres de combustibles, soit 264 tonnes de matières fissiles hautement radioactives. Depuis le 11 mars 2011, ce cube en béton de onze mètres de profondeur repose en effet à trente mètres du sol, sur une structure gravement endommagée et fragilisée par une explosion d'hydrogène survenue quatre jours après le séisme et le tsunami qui ont ravagé le site. Sous sept mètres d'eau, les barres de combustibles, déchargées du cœur du réacteur à la fin 2010 pour maintenance, doivent être constamment refroidies afin d'éviter leur fusion et donc la libération d'immenses quantités d'éléments radioactifs.

    Fukushima : "Titanic "atomique

    On le sait, la situation du site nucléaire, rafistolé et brinquebalant, est loin d'être stabilisée. Les incidents et les fuites d'eau radioactives, dans l'océan et dans le sol, s'y poursuivent. Le mercredi 9 octobre, un accident a blessé 6 des 3.000 ouvriers qui oeuvrent jour et nuit dans des conditions précaires à la décontamination du site, notamment auprès du bâtiment du réacteur 1, où le coeur du réacteur 1 a entièrement fondu. A Fukushima Daiichi, l'exposition à la radioactivité atteint parfois jusqu'à 1 millisievert (mSv) la journée, soit le vingtième de la limite annuelle fixée pour les travailleurs du nucléaire...

    Les précautions de Tepco

    Très controversé pour sa mauvaise gestion de la crise depuis le tsunami et le séisme du 11 mars 2011 qui ont dévasté la centrale nucléaire de Fukushima, le gestionnaire a donc pris les devants en renforçant les fixations d'équipements et la surveillance des zones qui pouvaient être inondées par le typhon. Tokyo Electric Power (Tepco) a ainsi relâché des litres d'eau de pluie accumulée sur le site, en assurant toutefois que la radioactivité de ce liquide était inférieure à la limite légale.

    thypon,fukushima,centrale nucléaire,sécuritéFukushima échappe au pire...

    Mercredi, le coeur de Wipha qui n'a pas touché la terre ferme s'éloignait peu à peu des côtes et de Fukushima, et se trouvait au-dessus de l'océan Pacifique à 120 km à l'est de la préfecture d'Ibaraki en se déplaçant vers le nord-nord-est à la vitesse de 70 km/h. A Fukushima, c'est le soulagement, même si l'on ne connaît pas encore exactement la nature des dégâts causés par les pluies torrentielles.

    Le typhon a entraîné les eaux radioactives encore plus près de l'océan 

    Dans la nuit de mercredi à jeudi,  l'opérateur Tepco a déjà annoncé avoir détecté un niveau de 1 400 becquerels/litre à 150 mètres environ de la mer, et des teneurs supérieures de 2 000 et 2 300 becquerels/litre en deux autres endroits situés plus en amont de ce fossé qui relie une zone du côté montagne, où sont installés des réservoirs d'eau radioactive, à l'océan Pacifique. A suivre...

    Le Japon est traversé chaque année entre le printemps et l'automne par de nombreux typhons dont certains , comme Wipha, d'une rare violence : d'autres sources d'angoisse en perspective pour la centrale de Fukushima, au Japon et dans les pays voisins.

    Cathy Lafon

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    La centrale accidentée de Fukushima, photo archives AFP

    L'histoire de Fukushima ne se résume pas à des affaires de pollution et de fuites d'eau radioactives. La catastrophe nucléaire comporte aussi un volet judiciaire d'une ampleur conséquente, nourri par une question d'ordre légal, moral et éthique : qui est "responsable" ?

    Qui va payer ?

    Qui est "responsable" du plus grave accident nucléaire de l'histoire de l'humanité, après Tchernobyl ? Qui va indemniser les  centaines de victimes humaines de Fukushima, présentes et à venir ? Qui va payer pour le préjudice écologique subi par la nature, victime d'un monstrueux désastre écologique, pour la Terre et l'océan souillés, aux ressources naturelles rendues inexploitables pour des décennies ? Les dirigeants de l'opérateur Tepco (Tokyo Electric Power Co) qui gèrent la centrale ? L'ex-chef du gouvernement nippon alors au pouvoir ?

    Responsables, mais pas "responsables"

    fukushima enfants.jpgNi les uns, ni les autres, pour le parquet de Tokyo dont les procureurs ont décidé, le lundi 9 septembre, de ne pas recevoir les plaintes criminelles des habitants de la préfecture de Fukushima contre plus de 40 anciens responsables de la Compagnie d’électricité de Tokyo et représentants du gouvernement. Ces résidents veulent poursuivre devant la justice criminelle les dirigeants de la centrale accidentée et le gouvernement japonais de l’époque, pour négligence. Non, pour les procureurs japonais, la catastrophe nucléaire de Fukushima de mars 2011 ne saurait être imputée aux négligences professionnelles de ces responsables.

    naoto kan.jpgLes "erreurs" stigmatisées par les plaignants

    Les plaignants demandaient au parquet de poursuivre non seulement les dirigeants de la compagnie gérant le site, Tepco, mais aussi l’ancien chef de la Commission de sûreté nucléaire et l’ancien Premier ministre Naoto Kan (photo ci-contre), ainsi que plusieurs de ses ministres. Ils reprochent à ces divers responsables d’avoir tardé à dévoiler les données sur l’ampleur de la contamination radioactive issue de la centrale de Fukushima Daiichi (220 km au nord-est de Tokyo). Les plaignants arguent aussi du fait que ces mêmes dirigeants n’avaient pas prévu de mesures de protection suffisantes pour faire face à un tel raz-de-marée.   Au final, ils estiment que ces diverses erreurs ont entraîné la mort de nombreux résidents des environs. Si personne n’est mort officiellement des radiations émises après l’accident, la préfecture de Fukushima a rapporté en juin que plus de 1.400 résidents de la région étaient décédés des suites de la catastrophe (du fait des mauvaises circonstances de leur évacuation, de la dégradation de leurs conditions de vie ou par suicide).

    japon manif antinucleaire.jpgDeux poids, deux mesures

    Le parquet a statué que Tepco ne pouvait pas prévoir un séisme et un tsunami de cette ampleur. Le tremblement de terre au large des côtes nord-est du Japon avait atteint la magnitude 9 et le tsunami avait largement dépassé les dix mètres de haut. Les procureurs ont ajouté que les dirigeants gouvernementaux ne pouvaient pas être tenus légalement responsables pour leur réaction au désastre. Par une indécente coïncidence, la décision est tombé alors que, le jeudi 12 septembre, devait se tenir une nouvelle audience du procès intenté par l'Etat contre deux responsables du mouvement antinucléaire nippon, dont le campement est dressé au pied du ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI) – l'administration chargée de la politique nucléaire – en signe de protestation contre les "mensonges du nucléaires".  Le gouvernement, qui a porté plainte contre eux, le 29 mars dernier, pour "occupation illégale d'un espace public", réclame 22 000 yens (167 euros) par journée d'occupation, plus les arriérés...

    De nombreuses autres plaintes en cours

    La justice japonaise est toutefois loin d'en avoir fini avec Fukushima. Il reste de nombreuses autres plaintes devant la justice civile en cours et l’opérateur électrique de la centrale endommagée par le tsunami est confronté à une kyrielle de demandes d’indemnisations, qui se comptent en dizaines de milliards d’euros. Ainsi, la petite coopérative agricole Nanohana, établie à Chiba, à l'Est de Tokyo, qui a entrepris un bras de fer juridique avec Tepco. Elle exige que l’opérateur, comme il s’y était engagé, lui verse des dommages pour les pertes subies après l’accident nucléaire de mars 2011. Les habitants du village de Hippo, proche de la centrale, demandent de meilleures indemnisations que celles accordées par Tepco. Le 11 mars 2013, 800 citoyens japonais sommaient Tepco d’accélérer les travaux de décontamination. De leur côté, une centaine de militaires américains, venus prêter main forte aux secouristes japonais, réclament devant un tribunal de Californie 2 milliards de dollars, car ils estiment que Tepco leur a menti sur les risques encourus...

    Pas de Madame Soleil au pays du soleil levant

    Certes, même au pays du soleil levant, nul n'est censé être Madame Soleil, pour prévoir l'ampleur d'un séisme ou d'un raz-de-marée. Mais les responsables d'une industrie aussi dangereuse que le nucléaire ne se doivent-ils pas d'anticiper ce type d'événement ? C'est bien d'ailleurs ce qu'ils avaient fait, à Fukushima: mais juste pas suffisamment. De même, les responsables d'un gouvernement démocratique n'ont-ils pas à leur charge la responsabilité de gérer les crises qui surviennent sur leur territoire (accidents, catastrophes, terrorisme, guerre... ) afin de prendre soin des populations qui les ont désignés pour ce faire ? Au sens étymologique du terme, le "responsable" est bien pourtant celui qui doit répondre de ses propres actions ou de celles des autres, en fonction de ce dont il est garant.

    La responsabilité d'un "désastre créé par l'homme"

    Ce qui est en jeu à Fukushima, c'est, selon les termes sans ambiguïté d’un rapport indépendant japonais, la question  de la responsabilité d'un "désastre créé par l’homme". Car c'est bien l'homme qui a créé l'industrie du nucléaire et tout particulièrement, installé et géré la centrale dévastée par la double catastrophe naturelle. Cette question cruciale reste posée par les centaines de personnes qui attaquent Tepco et mettent en cause la gestion par le gouvernement de la crise de la catastrophe nucléaire. Au Japon, mais aussi ailleurs dans le monde, où Fukushima soulève une autre question : celle des futures responsabilités, en cas d'un autre accident similaire...

    Les résidents de Fukushima à l’origine de la plainte qui vient d'être rejetée, ont le droit de la reformuler et de la soumettre de nouveau au parquet : ils ont déclaré qu’ils allaient immédiatement porter l’affaire devant un comité d’enquête.

    Cathy Lafon

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    Des experts et des élus inspectent les installations censées contenir les fuites d'eau radioactives, le 6 août 2013, à la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) Photo archives AFP

    Depuis quelques mois, l'opérateur japonais Tepco multiplie les annonces inquiétantes au sujet de fuites d'eau radioactives à la centrale de Fukushima Daiichi.

    Les enceintes de confinement des réacteurs et plusieurs réservoirs laissent échapper environ 300 tonnes d'eau contaminée chaque jour qui se déversent dans la mer depuis la centrale nucléaire accidentée deFukushima. Ce chiffre a été donné par le gouvernement japonais le mercredi 7 août. Pire, l'exécutif est persuadé que les fuites durent depuis deux ans. Tepco peine à identifier l'origine des fuites et surtout à les circonscrire.

    Quelle est l'origine de cette eau et que deviennent ces rejets radioactifs ? Réponses avec une très courte et très pédagogique vidéo réalisée par Le Monde, mise en ligne sur le site internet du journal.

     

    Cathy Lafon

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