Développement durable. Le point sur la situation de l'éolien en Aquitaine
La nouvelle de la catastrophe éolienne de Naujac-sur-Mer, publiée dimanche 1er avril, était bien sûr un poisson d'avril !
La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas eu de tornade à Naujac-sur-Mer (Gironde) dans la nuit du 31 mars au 1er avril. La mauvaise, pour les écolos et l'industrie des énergies renouvelables, c'est qu'il n'y a toujours pas une seule éolienne sur le territoire aquitain. Et que l'éolien n'est donc pas plus en mesure d'y produire aujourd'hui de l'électricité, que de prouver sa résistance face aux éléménts.
Le jour du lancement de la 10ème Semaine du développement durable en France, ce poisson d'avril écolo doit nous permettre de faire le point sur la situation de l'éolien en France et tout particulièrement en Aquitaine, avec Jean-Yves Grandidier (ci-contre) secrétaire général de France Energie Eolienne et président de Valorem, entreprise béglaise spécialisée dans les énergies renouvelables. Car s'il est une source d'énergie parfaitement durable, c'est bien le vent... Aujourd'hui l'éolien en Aquitaine. Demain, l'éolien en France et dans le monde.
Valorem ? Rapide présentation d'une entreprise régionale qui a le vent en poupe. Les fans de rugby girondins, supporteurs inconditionnels de l'Union Bordeaux-Bègles, reconnaissent Valorem entre mille, grêce à ces petites pales qui tournent avec ardeur autour des stades Moga (Bègles) et Chaban (Bordeaux), durant les rencontres du club récemment monté en Top 14. Valorem est en effet un sponsor du club. Installé à Bègles (Gironde), Valorem se définit comme un producteur d'électricité verte. Propriétaire ou exploitante de parcs éoliens, l'entreprise investit pour construire les sites et achète aujourd'hui les pièces des éoliennes à des fabriquants allemands, danois ou espagnols, faute de production française adéquate.
Aquitaine : le grand trou d'air de l'éolien
Eoliennes à Naujac-sur-Mer / Photomontage Valorem
Où en sommes-nous dans la région? Le seul projet d'éolien terrestre en mesure de se concrétiser aujourd'hui en Aquitaine, c'est justement le projet de ferme éolienne de Naujac-sur-Mer, dont le patron de Valorem, futur constructeur du site, nous rappelle les caractéristiques : "A Naujac, sont prévues huit éoliennes nouvelle génération, dotées d'un rotor d'un diamètre de 120 m et d'un mât haut également de 120 m, pour aller chercher les vents d'altitude. Elles devraient produire une puissance unitaire de 3 mégawatts, et générer 700 emplois. Coût gobal du chantier : 36 millions d'euros". La ferme d'éoliennes doit permettre l'alimentation en électricité d'environ 16.000 foyers. Sans impact négatif sur l'environnement, ni pollution autre que visuelle ou auditive. Même en cas d'accident...
Une industrie "légère", sans danger pour l'environnement
Comme elles sont obligatoirement situées à plus de 500 m de toute habitation, les risques de pollution visuelle et auditive des éoliennes sont minimes, voire nuls. Convenons en, la question de l'esthétique, est en outre plutôt subjective. Pour la plupar des gens, des éoliennes, ce n'est pas plus laid que des lignes à haute tension. Sans parler d'une centrale nucléaire ou thermique. C'est même plus aérien et plus grâcieux. Quant à la mortalité des oiseaux, autre dégat collatéral que causeraient les grands moulins à vent des temps modernes, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) relève que sur la majorité des parcs éoliens existants, une dizaine d'oiseaux et de chauves-souris sont tués par éolienne et par an. C'est regrettable, mais le dommage reste quand même bien ridicule, ccomparé aux désastres marins provoqués régulièrement dans nos océans par les marées noires, ou aux milliers d'années de pollutions radioactives dommageables pour les sols, la faune et les êtres humains, en cas d'accident nucléaire. Ou encore, sans faire appel aux catastrophes, aux 40 à 170 oiseaux tués chaque année par kilomètre de ligne électrique...
"On ne veut pas être parano, mais quand même..."
Concernant Naujac, Jean-Yves Grandidier regrette que le projet soit plus que jamais bloqué aujourd'hui, victime d'une instruction qui n'en finit plus, renforcée par les incompatibilités des lois littoral et Grenelle 2, qui a classé en outre les sites éoliens "installation industrielles dangeureuses" (!). Et, cerise sur le gateau, compromis depuis un peu plus d'un mois, par un tout nouveau projet d'installation de radars de Météo France dans la commune voisine de Saint-Laurent-du-Médoc, installation incompatible avec la présence d'éoliennes. Ce qui compromet par conséquent sérieusement d'autres projets de développement industriels de l'éolien dans le Médoc, comme à Pauillac, ou au Verdon, où Valorem envisage de construire une usine de mâts." On ne veut pas être parano", soupire le président de Valorem, "mais quand même, ça fait beaucoup contre nous...". Pauillac a pourtant délibéré en décembre 2011 en faveur du dépôt d'un dossier de zone de développement éolien (ZDE) et attend beaucoup de ce développement industriel. Le maire de Pauillac, Sébastien Hournau ne cache pas non plus que d'autres projets d'implantation d'éoliennes sont aujourd'hui étudiés autour de Lesparre. Personnage clé dans cette histoire, le Prefet assurait à "Sud Ouest, le 14 février dernier ne pas avoir encore "le dossier entre les mains" et que "la décision d'implantation du radar venait de Paris". De son côté, le maire de Naujac-sur-Mer continue de batailler pour obtenir l'implantation de sa ferme d'éoliennes, enjeu majeur de désenclavement et de renouveau économique fort pour le territoire du Médoc.
L'Aquitaine, "îles sous le vent" en devenir !
L'insuffisance des vents en Aquitaine justifierait le degré zéro de la présence de la filière de l'éolien dans la région. Pas assez de vent en Aquitaine ? D'accord. Mais moi qui rame comme une dingue à pédaler presque tous les jours sur mon petit vélo contre le vent, sur les quais de Bordeaux et en franchissant la Garonne pour aller bosser, j'ai peine à le croire... Et pourtant, c'est bien vrai, Jean-Yves Grandidier le confirme : "Moins de vent, oui, mais aujourd'hui, des technologies en plein essor, qui permettent la construction d'éoliennes géantes, qui vont chercher les vents d'altitude, plus stables, dont la force est équivalente de ceux qui soufflent plus bas dans les autres régions de France." C'est ce type de machine (photo ci-dessus, une installation norvégienne), au mât haut de 130 à 140 m, qui doit, notamment, être installé à Naujac. Une telle hauteur présente, selon le directeur de Valorem, l'avantage de diminuer encore plus l'impact visuel et auditif du parc éolien. Et de permettre avec des rotors aux dimensions adaptées, de produire aussi beaucoup plus d'énergie que les éoliennes d'antan.
Que du bon vent en perspective ! Pour peu qu'on se décide enfin à le prendre...
Demain : cap sur la France et le vaste monde, toujours avec Jean-Yves Grandidier.
► EN SAVOIR PLUS
- Valorem en chiffres
130 employés. Siège social à Bègles (33). 3 agences (Amiens, Carcassonne, Nantes). 1 filiale (Rouen). CA consolidé de 20 millions d'euros en 2011, avec un objectif de 32 millions d'euros en 2012. Le site internet de Valorem : Cliquer ICI
- Le site de France Energie Eolienne
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- Projet éolien à Pauillac, "Sud Ouest" 11 janvier 2012
- Eoliennes en Médoc : des projets compromis, "Sud Ouest" 14 février 2012