Viticulture : l'escargot, l'arme fatale écolo contre le mildiou
Feuille de vigne marquée par le mildiou. Photo archives Sud Ouest/Emilie Drouinaud
Les alternatives aux pesticides existent. Un remède miracle et écologique contre le mildiou vient d'être découverte par des scientifiques du CNRS : une protéine présente dans les oeufs de l'escargot Biomphalaria glabrata, qui vit dans les eaux douces des tropiques.
Le mildiou, fléau de l'agriculture
Plaie du viticulteur, de l'agriculteur et du jardinier, le mildiou est une maladie répandue dans le monde entier, causée par des micro-organismes de la famille des oocmycètes, qui ravage notamment la vigne. Le mildiou de la vigne, originaire d'Amérique du Nord, fut signalé pour la première fois dans le Bordelais en 1879. Il se développe sur tous les organes herbacés de la vigne et affectionne particulièrement ceux qui sont en voie de croissance et riches en eau. Pour le contrer, les viticulteurs conventionnels utilisent des pesticides, produits chimiques polluants et toxiques pour la santé humaine. Les bio peuvent recourir à la bouillie bordelaise, mélange de cuivre et de soufre, qui fait partie des produits autorisés en agriculture biologique mais dans certaines limites. Plus naturelle, la bouillie bordelaise n'est pas "propre" à 100%.
Une protéine présente dans les oeufs
Cet escargot particulier qu'est le Biomphalaria glabrata (photo INRA ci-contre) est étudié par les chercheurs, car il est un vecteur d'une maladie parasitaire des zones tropicales (la bilharziose). Une protéine secrétée par le mollusque, qui constitue 60% des protéines du gel protecteur de ses oeufs, a des propriétés antibactériennes bien connue des scientifiques. D'où l'idée qu'a eue une équipe de scientifiques de l’Institut Sophia Agrobiotech, de la tester in vitro sur des oomycètes responsables du mildiou qui ravage notamment la vigne. C'était bien vu : ils n'y résistent pas.
Solution écologique
La protéine d’escargot pourrait donc représenter une alternative écologique aux pesticides. D’autant plus qu'elle est biodégradable, ce qui constitue un avantage environnemental supplémentaire. L'enjeu économique de la découverte est, on s'en doute, énorme. Aussi, l'Inra a déposé un brevet qui couvre l’utilisation de protéines de la même famille que celle produite par les escargots d’eau douce pour lutter contre les maladies à oomycètes.
Pas question toutefois de trouver pour l'instant le produit miracle tout prêt à utiliser pour soigner la vigne. Il faut encore trouver la formulation qui permettra de tester l'efficacité de la protéine dans des conditions réelles. A suivre.
►CONTACTS SCIENTIFIQUES
- Christine Coustau UMR1355 ISA Institut Sophia Agrobiotech et Olga Baron
- Département(s) associé(s) : Santé des plantes et environnement Environnement et agronomieCentre(s) associé(s) :Provence-Alpes-Côte d'Azur
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