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Vie quotidienne - Page 144

  • Nutella a 50 ans... et 20% d'huile de palme dans ses pots

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    Nutella fête ses 50 ans ce week-end. Photo AFP

    Nutella, la célèbre pâte à tartiner, fête ce dimanche son 50ème anniversaire. La France est championne du monde de consommation de Nutella. Voilà pourquoi, pour fêter les 50 ans de la marque, le groupe Ferrero France offre un goûter d'anniversaire géant dans le parc de Sceaux (Hauts-de-Seine).

    Un milliard de pots et 20 % d'huile de palme

    En un demi-siècle,  l'Hexagone a déjà vidé un milliard de pots de Nutella. En tartine sur le pain, sur les crêpes, au goûter, au petit-déjeuner... : les Français en sont addicts.  Et pourtant, sérieusement terni en 2013 par les accusations qui pèsent sur l'huile de palme qui entre dans sa composition et qui serait responsable d'effets nocifs sur la santé mais aussi sur l'environnement, le Nutella a échappé de peu à une véritable mise à l'index.  La pâte à tartiner compte en effet parmi ses sept ingrédients 20 % d'huile de palme  : un vrai cauchemar écologique et sanitaire, comme le montre la vidéo ci-dessous, téléchargée par près de 4 millions d'internautes. 

    L'"amendement Nutella"

    Oups. En novembre dernier 2012, la commission des Affaires sociales du Sénat avait même adopté un "amendement Nutella",visant à augmenter de 300% la taxe sur l’huile de palme contenue dans la célèbre pâte à tartiner. Défendu par Jean-Louis Roumegas (EELV), cet amendement a finalement été repoussé lors de la nouvelle lecture en commission du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013.

    nutella,anniversaire,polémique,huile de palmeQue reproche-t-on au juste à l'huile de palme ?

    Tout, ou presque. Cet ingrédient, très utilisé dans l'industrie agroalimentaire serait mauvais pour la santé humaine, mais aussi pour l'environnement. Les acides gras saturés contenus dans l'huile de palme augmentent les risques cardiaques, d'artères bouchées et de cholestérol. Il est en outre à l'origine d'une déforestation massive, effectuée au profit de la plantation de palmiers à huile (photo ci-dessus), dénoncée notamment par l'ONG Greenpeace. Le projet d'amendement français créait une contribution additionnelle de 300 euros la tonne à la taxe spéciale prévue sur les huiles de palme, de palmiste et de coprah destinées à l'alimentation humaine. Cela aurait rapporté de l'ordre de 40 millions d'euros.

    nutella,anniversaire,polémique,huile de palmeL'empire Ferrero contre-attaque

    Depuis l'épisode de l'"amendement Nutella", la marque de Ferrero, l'entreprise italienne fabricant le Nutella, a contre-attaqué en finançant une grande campagne publicitaire tous médias,  "Nutella, parlons-en", destinée à restaurer son image de marque. Et persiste et signe : elle continuera à utiliser l'huile de palme dans sa recette, car, pour la marque, elle assure à son célèbre produit une onctuosité à nulle autre pareille.  "Nutella se retrouve, de manière injuste, au cœur d'un débat sur l'huile de palme(…). Contrairement aux idées reçues, l'huile de palme n'est pas dangereuse pour la santé. Une tartine de Nutella contient moins de matières grasses saturées que la plupart des goûters ou petits déjeuners", affirmait le groupe italien. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la polémique sur l'huile de palme n'a pas refroidi les Français, qui sont toujours accros au Nutella.

    Vivre sans Nutella, c'est possible !

    Soyons honnêtes avec nous même : la réalité, c'est que ne plus pouvoir manger de Nutella, ou l'équivalent, pour les écolos gourmets et gourmands que nous sommes, serait une véritable catastrophe... Heureusement, vivre sans Nutella, c'est possible ! Il existe plusieurs autres pâtes à tartiner au chocolat, sans huile de palme, déjà disponibles dans le commerce. Et bio, en prime. Pour effectuer un petit tour d’horizon de ces délices de substitution cliquez ICI

    Pas aussi bonnes que l'original ? A voir...

    Cathy Lafon

  • Gironde: l'enquête d'une femme en lutte contre les pesticides dans les rangs de vigne

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    En Gironde, Marie-Lys Bibeyran, mène un combat de fond contre l'usage des pesticides. Photo DR

    Le dossier des pesticides ne cesse de s'alourdir. Dernier élément à charge : des élèves ont été intoxiqués début mai à Villeneuve-de-Blaye, en Gironde, suite à un épandage de fongicide dans les vignes, à proximité de leur école primaire. Selon "Sud Ouest", l'enquête administrative a conclu à l'utilisation "inappropriée" d'un produit autorisé. La préfecture veut mettre en place des mesures de prévention pour les riverains et le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) reconnaît que les pratiques des viticulteurs doivent évoluer... Il serait temps, est-on tenté de dire.

    veillerettte.jpgLes enquêtes de Générations futures

    L'affaire scandalise d'autant plus qu'une enquête de l'association environnementale Générations Futures, vient d'analyser les mèches de cheveux d'une trentaine d'enfants vivant dans des zones agricoles et y a relevé des traces de pesticides. Déjà, en février 2013, l'association avait publié les résultats d'une première étude réalisée dans le Médoc, qui avait  mis à jour la surexposition au cancer des salariés de la vigne.  Cette fois-ci, au total, 600 résidus de produits qui perturbent le système hormonal ont été retrouvés dans les cheveux des enfants. Sur ces 30 enfants, 6, 4 garçons et 2 filles de 7 à 10 ans,  sont scolarisés à l'école primaire de Listrac (Gironde).  "Cette étude montre que nos enfants sont exposés au quotidien à une véritable soupe chimique", a souligné le 29 avril le porte-parole de Générations Futures, François Veillerette, dans "Le Parisien". Outre l'émergence de cancers, ces perturbateurs endocriniens peuvent avoir des effets néfastes sur l'obésité, le développement neurologique, la sexualité ou la fertilité.

    abeille.jpgProtéger les abeilles, oui, mais les enfants ?

    Dans le même temps, le 28 avril, le ministre de l'agriculture Stéphane le Foll annonçait que les épandages de pesticides seraient bientôt interdits en journée pendant les périodes de floraison afin de protéger les abeilles. Une bonne mesure, certes. Mais l'association Générations Futures demandait quant à elle "le retrait de tous les pesticides perturbateurs endocriniens" listés dans son rapport. La santé des abeilles, c'est important, car la vie sur Terre en dépend. Mais celle des êtres humains et de leurs enfants ne devrait-elle pas être considérée en premier ?

    bibeyran et son frère.jpgLe combat d'une soeur contre les pesticides

    Dans les vignes girondines, notamment mais pas seulement, des salariés ont déjà été victimes de l'usage des pesticides. En Dordogne, une salariée dans un domaine viticole intoxiquée par une pulvérisation de pesticides, a ainsi obtenu en avril dernier, la reconnaissance de la "faute inexcusable de son employeur". En Gironde, Marie-Lys Bibeyran est la soeur de l'une de ces victimes. Denis, employé dans une propriété viticole de Listrac-Médoc en Gironde, est décédé à 47 ans, en 2009, d'un cancer des voies biliaires. Depuis 2011, sa soeur se bat pour sa mémoire. Salariée viticole elle-même, elle a entamé des démarches auprès de la MSA de Gironde pour obtenir la reconnaissance post-mortem du cancer de son frère comme maladie professionnelle due aux phytosanitaires qu'il utilisait en tant qu'ouvrier agricole.

    L'enquête de Marie-Lys

    Marie-Lys Bibeyran veut aller au-delà du combat juridique. En mai 2013, la trentenaire a commencé à son tour une enquête sanitaire sur deux échantillons de population, en Médoc (53 personnes) et hors-Médoc (27 personnes), afin de mettre en valeur les effets sur leur santé de l'exposition des salariés agricoles et des riverains aux pesticides.  Dans les deux groupes, elle a dégagé quatre sous-catégories : les salariés agricoles, les riverains (dans une limite de 300 mètres de la zone de traitement), les riverains de 300 à 500 mètres, et enfin les personnes vivant en zone non-agricole ou en zone agricole, mais au-delà de 500 mètres. Un travail sérieux, même s'il ne peut revendiquer aucune prétention scientifique, comme elle le précise elle-même. Mais dont les résultats qu'elle a obtenus, analysés et communiqués le 8 avril dernier, interrogent sérieusement.

    pesticides vignes épandage.jpgDe 70 à 75 % des salariés agricoles ont des problèmes de santé aigus

    Dans les deux groupes, les deux tiers des salariés agricoles exposés aux traitements par pesticides sont affectés par des problèmes de santé aigus (allergies, problèmes cutanés et/ou respiratoires, de concentration, près d'un quart souffre de problèmes de santé chronique (cancer, pleurésie). En Médoc, les proches riverains (de 0 à 500 mètres) sont atteints dans les mêmes proportions que les salariés agricoles par des problèmes de santé aigus (70 %). Ils sont moins nombreux à en souffrir hors Médoc (43 % hors Médoc). 20 % d'entre eux ont des problèmes de santé chronique, 20 % en Médoc, et 14% hors Médoc. Enfin, pour les personnes habitant à plus de 500 mètres de ces zones de traitement aux pesticides ou en zone non agricole, aucune d'entre elles n'est atteinte de problème de santé chronique, en revanche, entre 20 à 7 % d'entre elles disent avoir des problèmes de santé aigus.

    La petite enquête sans prétention de Marie-Lys semble rejoindre les conclusions des études scientifiques de Générations Futures : plus on vit près des lieux d'épandage agricole de pesticides, et plus on court de risque sanitaire. La bonne idée ne serait-elle pas que les pouvoirs publics commandent de véritables enquêtes scientifiques similaires à celle qu'a conduite, en amatrice, la salariée agricole ? Un jour, peut-être? 

    Cathy Lafon

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    PLUS D'INFO

    • Marie-Lys Bibeyran. Désormais militante anti-pesticides, elle est membre de Générations Futures et de Phyto-Victimes. À Listrac (Gironde) qui est entouré de vignes, elle s'est également attelée à recenser les personnes atteintes de cancers ces dix dernières années pour prouver que l’effet des traitements utilisés dans le vignoble peut aussi avoir des effets sur  sa population. Elle vient aussi de réaliser un Bulletin d'Information sur les Traitements des Vignes destiné à être distribué chez les habitants riverains de vignes, à Listrac-Médoc. Ce bulletin est le fruit d'une collaboration avec Nadine Lauverjat et l'association Générations Futures.
    • L'enquête APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux, de l'association Générations futures, sur "l'exposition aux pesticides chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes du Bordelais " a été rendue publique le mardi 19 février 2013.  Une autre étude, du laboratoire bordelais Excell rendue publique le 14 février 2013, et relayée par La Vigne, constatait la présence de résidus de pesticides dans 90% des vins. .

     REPERES

    • La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62.700 tonnes de substances actives vendues en 2011.  780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides.
  • Santé : selon une étude bordelaise, l'usage intensif du portable augmente le risque de tumeur cérébrale

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    L'exposition aux ondes électromagnétiques n'a pas « d'effet avéré » sur la santé, indique l'Anses, qui recommande cependant de limiter l'exposition aux ondes, notamment pour les enfants. Photo AFP

    La revue Occupationnal and Environmental Medecine vient de publier, le 9 mai, les résultats d'une enquête épidémiologique menée par une équipe française bordelaise de l'Université Bordeaux Segalen : pour les utilisateurs dits "intensifs" du téléphone portable,  le risque de tumeur cérébrale pour un cas de cancer, serait doublé.  Si les chercheurs estiment que cette étude ne leur permet toutefois pas de conclure au risque cancérigène du portable, des précautions s'imposent afin de prévenir les risques sanitaires liés aux ondes électromagnétiques.  Décryptage.

    recherche,étude,téléphonie mobile,ondes électromagnétiques,bordeaux,maladie,cancerQu'est-ce qu'un utilisateur intensif ?

    Pour les scientifiques, l'"utilisateur intensif" de portable utilise son mobile plus de 15 heures par mois, soit une demi-heure par jour. Une durée largement dépassée aujourd'hui par de très nombreux utilisateurs, dont les plus jeunes, mais aussi les professionnels. 

    L'étude CERENAT

    Les chercheurs bordelais de l'ISPED ne sont pas des novices en la matière. Depuis 1999, ils relèvent toutes les tumeurs  primitives du système nerveux central en Gironde et ils ont entamé, en 2004, le programme CERENAT. Objectif : observer le lien possible entre tumeurs et pesticides, tumeurs et solvants, tumeurs et champs électromagnétiques, et notamment  l'exposition aux radiofréquences des téléphones portables. L'étude cas-témoins de CERENAT porte sur une population adulte, et concerne 892  personnes saines et 447 qui souffrent d'un cancer au cerveau, dont 253 cas de gliomes (tumeurs cancéreuses cérébrales bénignes ou malignes) et 194 cas de méningiomesdans quatre départements de différentes régions : Gironde, Hérault, Manche et Calvados

    Risque multiplié par deux

    Les chercheurs rappellent en préambule de la publication que "si la dangerosité des ondes électromagnétiques sur la santé humaine demeure controversée, elles pourraient pourtant être la cause de certains cancers". Elle précise aussi qu'il n'y a pas de lien établi entre l'apparition d'une tumeur au cerveau et l'utilisation du téléphone portable.  Gaëlle Coureau et ses collègues de l'Université Bordeaux Segalen relèvent toutefois dans leur étude un lien statistique entre un type de cancer du cerveau, le gliome, et l'usage intensif du portable :"le risque est plus élevé pour les gliomes, les tumeurs temporales, les usages professionnels et urbains du téléphone". Ce risque est multiplié par deux. 

    Les limites de l'étude

    L'étude des scientifiques ne montre pas qu'on va attraper une tumeur parce qu'on utilise un portable. Les chercheurs n'ont pas pu mettre en évidence d'effet-dose en montrant que le risque augmente avec l'augmentation de l'utilisation des téléphones portables. Par ailleurs, ils n'ont pas pris en compte d'autres paramètres, comme l'alimentation des cas-témoins.  Mais en conclusion, les chercheurs estiment bien qu''il y a un lien possible entre usage intensif des téléphones mobiles et tumeurs au cerveau".

    recherche,étude,téléphonie mobile,ondes électromagnétiques,bordeaux,maladie,cancerD'autres études mettent en évidence des effets avérés sur la santé

    Selon l'association Priartem (Pour une Réglementation des Implantations d'Antennes Relais de Téléphonie Mobile), l'étude bordelaise confirme les résultats des travaux du suédois Hardell et du programme Interphone de l'OMS, et  "constitue une preuve supplémentaire de l’effet potentiellement cancérigène du téléphone portable".

    Le rapport de l'Anses

    En octobre 2013, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a confirmé dans le rapport "Radiofréquence et santé,  les effet biologiques d'une exposition aux ondes, qui sont des "changements d'ordre biochimique, physiologique ou comportemental sont induits dans une cellule, un tissu, ou un organisme en réponse à une stimulation extérieure".  Après avoir compulsé un millier d'études scientifiques publiées dans le monde, l'Anses avait indiqué ne pas avoir pu "établir un lien de causalité entre les effets biologiques décrits sur l'homme ou l'animal et d'éventuels effets sanitaires". Tout en reconnaissant pourtant, que certaines études mettaient bien en évidence des effets avérés sur la santé : sommeil, trouble cognitifs, fertilité mâle. Et que d'autres publications dans le monde évoquaient une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale sur le long terme, pour des usagers intensifs de téléphones portables.

    Limiter l'exposition aux ondes

    L'Anses concluait qu'il n'était pas nécessaire de modifier la réglementation qui fixe des seuils limites mais recommandait néanmoins de limiter l'exposition aux ondes. En particulier celles des téléphones mobiles, surtout pour les enfants et les utilisateurs intensifs, qui passent chaque jour plus d'une quarantaine de minutes au téléphone. Utiliser un kit mains libres, privilégier des téléphones émettant moins d'énergie (débit d'absorption spécifique) et réduire l'exposition en limitant la durée de l'usage et en ne dormant pas avec son téléphone allumé sur l'oreiller : autant de bonnes pratiques recommandée par le bon sens et par les associations qui militent pour la prévention des risques sanitaires en matière d'ondes sans réclamer pour autant la fin des portables.

    Cathy Lafon

    POUR LIRE L'ETUDE DE L'ISPED

    • « Mobile phone use and brain tumours in the CERENAT case-control study », Occupationnal and Environmental Medecine, mai 2014  : cliquer ICI
    • Contact :  Dr Gaëlle Coureau, Université Bordeaux Segalen, ISPED, Equipe Santé Travail Environnement, 146 rue Léo Saignat, 33076 Bordeaux, Cedex, France; gaelle.coureau@isped.u-bordeaux2.fr

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur les ondes électromagnétiques : cliquer ICI

    PLUS D'INFO

    Les gliomes sont rares mais représentent environ la moitié des tumeurs primitives du cerveau. Leur incidence est environ de 5 cas pour 100 000 habitants. Le pic de fréquence se situe entre 50 et 60 ans et ces tumeurs sont la troisième cause de mortalité chez l’adulte jeune. Chez l'enfant, il s'agit du deuxième cancer le plus fréquent (derrière la leucémie).

    Les méningiomes  représentent environ 20 % des tumeurs observées dans le système nerveux central ou à son contact et surviennent deux fois sur trois dans la deuxième moitié de la vie.