Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sciences - Page 138

  • Gironde: l'enquête d'une femme en lutte contre les pesticides dans les rangs de vigne

    bibeyran.jpg

    En Gironde, Marie-Lys Bibeyran, mène un combat de fond contre l'usage des pesticides. Photo DR

    Le dossier des pesticides ne cesse de s'alourdir. Dernier élément à charge : des élèves ont été intoxiqués début mai à Villeneuve-de-Blaye, en Gironde, suite à un épandage de fongicide dans les vignes, à proximité de leur école primaire. Selon "Sud Ouest", l'enquête administrative a conclu à l'utilisation "inappropriée" d'un produit autorisé. La préfecture veut mettre en place des mesures de prévention pour les riverains et le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) reconnaît que les pratiques des viticulteurs doivent évoluer... Il serait temps, est-on tenté de dire.

    veillerettte.jpgLes enquêtes de Générations futures

    L'affaire scandalise d'autant plus qu'une enquête de l'association environnementale Générations Futures, vient d'analyser les mèches de cheveux d'une trentaine d'enfants vivant dans des zones agricoles et y a relevé des traces de pesticides. Déjà, en février 2013, l'association avait publié les résultats d'une première étude réalisée dans le Médoc, qui avait  mis à jour la surexposition au cancer des salariés de la vigne.  Cette fois-ci, au total, 600 résidus de produits qui perturbent le système hormonal ont été retrouvés dans les cheveux des enfants. Sur ces 30 enfants, 6, 4 garçons et 2 filles de 7 à 10 ans,  sont scolarisés à l'école primaire de Listrac (Gironde).  "Cette étude montre que nos enfants sont exposés au quotidien à une véritable soupe chimique", a souligné le 29 avril le porte-parole de Générations Futures, François Veillerette, dans "Le Parisien". Outre l'émergence de cancers, ces perturbateurs endocriniens peuvent avoir des effets néfastes sur l'obésité, le développement neurologique, la sexualité ou la fertilité.

    abeille.jpgProtéger les abeilles, oui, mais les enfants ?

    Dans le même temps, le 28 avril, le ministre de l'agriculture Stéphane le Foll annonçait que les épandages de pesticides seraient bientôt interdits en journée pendant les périodes de floraison afin de protéger les abeilles. Une bonne mesure, certes. Mais l'association Générations Futures demandait quant à elle "le retrait de tous les pesticides perturbateurs endocriniens" listés dans son rapport. La santé des abeilles, c'est important, car la vie sur Terre en dépend. Mais celle des êtres humains et de leurs enfants ne devrait-elle pas être considérée en premier ?

    bibeyran et son frère.jpgLe combat d'une soeur contre les pesticides

    Dans les vignes girondines, notamment mais pas seulement, des salariés ont déjà été victimes de l'usage des pesticides. En Dordogne, une salariée dans un domaine viticole intoxiquée par une pulvérisation de pesticides, a ainsi obtenu en avril dernier, la reconnaissance de la "faute inexcusable de son employeur". En Gironde, Marie-Lys Bibeyran est la soeur de l'une de ces victimes. Denis, employé dans une propriété viticole de Listrac-Médoc en Gironde, est décédé à 47 ans, en 2009, d'un cancer des voies biliaires. Depuis 2011, sa soeur se bat pour sa mémoire. Salariée viticole elle-même, elle a entamé des démarches auprès de la MSA de Gironde pour obtenir la reconnaissance post-mortem du cancer de son frère comme maladie professionnelle due aux phytosanitaires qu'il utilisait en tant qu'ouvrier agricole.

    L'enquête de Marie-Lys

    Marie-Lys Bibeyran veut aller au-delà du combat juridique. En mai 2013, la trentenaire a commencé à son tour une enquête sanitaire sur deux échantillons de population, en Médoc (53 personnes) et hors-Médoc (27 personnes), afin de mettre en valeur les effets sur leur santé de l'exposition des salariés agricoles et des riverains aux pesticides.  Dans les deux groupes, elle a dégagé quatre sous-catégories : les salariés agricoles, les riverains (dans une limite de 300 mètres de la zone de traitement), les riverains de 300 à 500 mètres, et enfin les personnes vivant en zone non-agricole ou en zone agricole, mais au-delà de 500 mètres. Un travail sérieux, même s'il ne peut revendiquer aucune prétention scientifique, comme elle le précise elle-même. Mais dont les résultats qu'elle a obtenus, analysés et communiqués le 8 avril dernier, interrogent sérieusement.

    pesticides vignes épandage.jpgDe 70 à 75 % des salariés agricoles ont des problèmes de santé aigus

    Dans les deux groupes, les deux tiers des salariés agricoles exposés aux traitements par pesticides sont affectés par des problèmes de santé aigus (allergies, problèmes cutanés et/ou respiratoires, de concentration, près d'un quart souffre de problèmes de santé chronique (cancer, pleurésie). En Médoc, les proches riverains (de 0 à 500 mètres) sont atteints dans les mêmes proportions que les salariés agricoles par des problèmes de santé aigus (70 %). Ils sont moins nombreux à en souffrir hors Médoc (43 % hors Médoc). 20 % d'entre eux ont des problèmes de santé chronique, 20 % en Médoc, et 14% hors Médoc. Enfin, pour les personnes habitant à plus de 500 mètres de ces zones de traitement aux pesticides ou en zone non agricole, aucune d'entre elles n'est atteinte de problème de santé chronique, en revanche, entre 20 à 7 % d'entre elles disent avoir des problèmes de santé aigus.

    La petite enquête sans prétention de Marie-Lys semble rejoindre les conclusions des études scientifiques de Générations Futures : plus on vit près des lieux d'épandage agricole de pesticides, et plus on court de risque sanitaire. La bonne idée ne serait-elle pas que les pouvoirs publics commandent de véritables enquêtes scientifiques similaires à celle qu'a conduite, en amatrice, la salariée agricole ? Un jour, peut-être? 

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO

    • Marie-Lys Bibeyran. Désormais militante anti-pesticides, elle est membre de Générations Futures et de Phyto-Victimes. À Listrac (Gironde) qui est entouré de vignes, elle s'est également attelée à recenser les personnes atteintes de cancers ces dix dernières années pour prouver que l’effet des traitements utilisés dans le vignoble peut aussi avoir des effets sur  sa population. Elle vient aussi de réaliser un Bulletin d'Information sur les Traitements des Vignes destiné à être distribué chez les habitants riverains de vignes, à Listrac-Médoc. Ce bulletin est le fruit d'une collaboration avec Nadine Lauverjat et l'association Générations Futures.
    • L'enquête APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux, de l'association Générations futures, sur "l'exposition aux pesticides chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes du Bordelais " a été rendue publique le mardi 19 février 2013.  Une autre étude, du laboratoire bordelais Excell rendue publique le 14 février 2013, et relayée par La Vigne, constatait la présence de résidus de pesticides dans 90% des vins. .

     REPERES

    • La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62.700 tonnes de substances actives vendues en 2011.  780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides.
  • Et si Paris se mettait au vert, ça donnerait quoi ? Réponse ce soir sur Arte

    nature,ville,mégalopole,documentaire,arte,paris

    Jardins flottants sur les quais de la Seine à Paris. Photo Arte

    Sous les pavés, la biodiversité ! Comment les mégalopoles tentent de se réconcilier avec la nature ? C'est la question que pose "Naturopolis" sur Arte, une série documentaire en quatre volets, qui propose une vaste réflexion sur les défis environnementaux qui nous attendent et nous plongent au coeur des villes de demain. Après Rio de Janeiro et ses corridors verts, New York, la ville inventive qui se veut à la fois urbaine et naturelle, et avant Tokyo, la plus radicale, voici Paris, l'une des villes les moins vertes parmi les grandes mégapoles...

    nature,ville,mégalopole,documentaire,arte,paris5 mètres carrés d'espace vert par habitant

    Avec deux millions d'habitants, la capitale de la France est l'une des villes de la planète qui a le moins de nature et le plus d'espaces minéraux. Paris n'offre que 5 mètres carrés d'espaces verts par habitant, alors pour 45 mètres carrés à Londres et 25 mètres carrés à Berlin...  La présence des bois de Vincennes et de Boulogne ne suffit pas donner aux parisiens toute la verdure dont ils ont besoin. Et pourtant, ici comme ailleurs, la nature résiste et elle tente de se frayer un espace, dans tous les interstices que le béton lui laisse. Oiseaux, insectes, escargots, fleurs, plantes : l'inventaire est en cours et la capitale compte une soixantaine d'espèces animales et un millier de plantes sauvages. Des chiffres très en-dessous de richesses de la biodiversité de villes comme Berlin ou encore Vienne, en Autriche...

    nature,ville,mégalopole,documentaire,arte,parisDu jardin à la française aux coulées vertes de Haussmann

    La relation à la nature d'une ville est historique. L'absence de nature dans Paris est le fruit d'une politique urbaine française bien spécifique. En France, les jardins sont taillés et alignés et la nature, domptée, réservée au plaisir des classes aisées, jusqu'à la la révolution de 1789. Le grand urbaniste Haussmann, au XIXème siècle, veut mettre un jardin dans chaque quartier, à la portée de chaque habitant. Missionné par Napoléon III, Le baron visionnaire créera un réseau de promenades, 400 squares et préservera deux bois, le bois de Boulogne et celui de Vincennes. Le baron visionnaire vient d'inventer les coulées vertes du XXème siècle.

    L'avenir de Paris passera par la biodiversité urbaine et la renaissance de la nature

    Malgré Haussmann, la ville ne cesse de construire dans un espace toujours plus restreint. Aujourd'hui, hyper-dense, elle étouffe et la biodiversité peine à y survivre. Mais Paris multiplie désormais les initiatives de re-végétalisation, citoyennes ou organisées par les collectivités locales. Penseurs, scientifiques, bâtisseurs, politiques et habitants, tous prennent conscience d'un élément fondamental : la survie de Paris passera par la survie de la biodiversité et le retour de la nature.

    nature,ville,mégalopole,documentaire,arte,parisRedonner sa place à une nature de proximité

    Jardins publics sur l'eau installés sur des barges sur la Seine, petites villes artificielles nées en 2013 ;  reconquête des friches, comme celle de la petite ceinture (photo ci-contre), une voie ferrée désaffectée longue de 32 km et riche de  50 ha de terrain, où les habitants ont créé 93 jardins partagés ; plantations au pied des arbres dans les rues et les avenues entreprises par les habitants ; abandon des pesticides dans les espaces verts municipaux ; réalisations et projets de toitures végétalisés et de jardins suspendus ; retour de l'agriculture urbaine... Sans être aussi révolutionnaires et futuristes qu'à New York, ni aussi ambitieuses qu'à Tokyo, qui aspire à recréer une ville-jardin, à Paris, nombreuses sont les initiatives pour redonner sa place dans le béton à une nature de proximité.

    nature,ville,mégalopole,documentaire,arte,parisApaiser les relations sociales et le climat

    Paris réalise que la nature est aussi un vecteur de lien social, garant d'une vraie qualité de vie, qui préserve la santé et assure le bien-être de ses habitants. La nature en ville, c'est autant d'économisé pour la Sécurité sociale..  Mais aussi que la présence des arbres en ville, est la meilleure méthode pour prévenir les catastrophes climatiques à venir : une rue plantée d'arbres, c'est -3°C en cas de canicule et de l'ombre pour les riverains. Basique, non ? Lors de la canicule de 2003, les gens les plus touchés l'ont été dans les quartiers dépourvus d'arbres...

    Alors, Paris, future ville verte ? Hélas, pas tout à fait. Si les poissons reviennent dans la Seine et les abeilles sur les toits et sur les plantes, les scientifiques estiment que les pouvoirs publics sont encore trop timides et que le projet du Grand Paris ne laisse pas assez de place au vert. Mais un mouvement est en marche : Paris sait que son avenir, comme celui des grandes mégapoles, passe par la biodiversité.

    Cathy Lafon

    A VOIR

  • OGM : 54 faucheurs de vigne relaxés en appel à Colmar

    ogm,cour d'appel,faucheurs volontaires,vignes,colmar

    Manifestation d'anti-OGM devant le palais de Justice de Colmar le 28 septembre 2011, lors du procès des faucheurs accusés d'avoir détruit une parcelle de vigne transgénique. Photo archives AFP

    C'est une victoire judiciaire pour les militants anti-OGM. La Cour d’appel de Colmar a relaxé, ce mercredi 14 mai,  54 faucheurs d’OGM, jugés pour avoir détruit une parcelle de vigne transgénique expérimentale de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) de Colmar en 2010.

    La Cour a estimé que l’arrêté ministériel autorisant ces OGM était « illégal » et qu’il n’y avait donc pas de délit de destruction d’une parcelle de culture d’OGM. Elle a cependant estimé que les prévenus avaient bien commis une « violation de domicile », mais les a dispensés de peine.


    Colmar : les faucheurs d'OGM portent plainte... par France3Alsace

    57.000 euros de dommages à l’INRA

    En première instance, en octobre 2011, la plupart d’entre eux avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Colmar à deux mois de prison avec sursis. Six d’entre eux, considérés comme récidivistes, avaient écopé d’une amende de 1.200 euros. Collectivement, les faucheurs avaient par ailleurs été condamnés à verser quelque 57.000 euros de dommages à l’INRA, somme dont ils se sont acquittés.

    Leur procès en appel devant la cour de Colmar ne portait pas sur ces dédommagements mais uniquement sur le volet pénal de l’affaire.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI