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Pollution - Page 168

  • Cancer : pour le toxicologue André Cicollela, on peut faire reculer l'explosion de la maladie

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    André Cicolella. Photo archives Sud Ouest/Stéphane Lartigue

    Le journal "Le Monde" a publié ce mercredi des chiffres plus qu'inquiétants sur l’évolution du cancer depuis les années 80, qui montrent que la maladie touche les populations de plus en plus jeunes. Pour André Cicolella, chimiste, toxicologue et lanceur d'alerte, le vieillissement et l'amélioration du dépistage ne peuvent expliquer que très partiellement  "l'épidémie" de cancers : "Si certains cancers se multiplient, comme ceux du sein ou de la prostate, c'est que les facteurs de risques présents dans notre environnement quotidien se sont aussi multipliés", explique-t-il.

    "Les facteurs environnementaux sous-estimés par les autorités"

    Cancer-couve-1C-240x313.jpgL'ancien conseiller scientifique à l'Ineris et enseignant en santé environnementale à Sciences Po Paris, qui vient de publier "Cancer du sein, en finir avec l'épidémie", dans le cadre d'Octobre rose, travaille depuis des années sur la question. S'appuyant sur les enquêtes scientifiques les plus récentes, il a a passé au crible tous les facteurs environnementaux, du DDT des années 1950 au bisphénol A, en passant par l'alimentation, la sédentarité ou le conditions de travail. Pour le toxicologue, qui appelle de ses voeux la création d'un Giec de la santé environnementale, à l'instar du climat, les autorités des pays développés sous-estiment totalement les facteurs environnementaux dans l'explosion de la maladie.

    Les enseignements du critère de l'âge

    "On disposait des données globales concernant l’évolution mais pas par tranche d’âge", explique-t-il en commentant les chiffres publiés par "Le Monde", qui révèlent des évolutions très contrastées selon les générations, principalement pour les cancers hormono-dépendants, du sein et de la prostate. La progression a été continue pour les femmes 30-39 ans (+ 65%), de 40-49 ans (+ 58%), alors qu’après avoir connu un pic en 2002 -2004, le nombre de nouveaux cas a diminué pour les tranches d’âge 50-59 ans et 60-69 ans.

    Le nombre de cancers du sein dans le monde a doublé entre 1990 et 2013. La Belgique connaît 22 fois plus de cas que le Bhoutan et en France, le risque pour une femme entre 30 et 44 ans de mourir d'un cancer du sein est 4 fois plus élevé que de mourir d'un accident de la route, rappelle le toxicologue. "Cette croissance ne peut évidemment s’expliquer que très partiellement par le vieillissement de la population, argument utilisé généralement pour expliquer la croissance, mais pas non plus par le dépistage qui concerne les femmes de 50 à 69 ans", analyse-t-il.

    Pour la prostate, la croissance est encore plus spectaculaire : + 1033% pour les 50-59 ans. Là aussi, insiste André Cicollela, "le dépistage ne peut à lui seul expliquer cette croissance, car la croissance est moins forte dans les classes d’âge 60-69 ans (+437%) et 70-79% (+180%)". Par ailleurs, le cancer du testicule, autre cancer hormono-dépendant progresse de 176% chez les 30-39 ans, alors qu’il n’y a pas de dépistage.

    Bébés pré-pollués ?

    Pour lui, ces données confirment l’importance du lien entre cancer et environnement. "Le développement du cancer chez les jeunes adultes correspond à des générations exposées in utero aux substances chimiques du type perturbateurs endocriniens", pointe-t-il. Les biberons, comme les résines polyépoxy dans contenants alimentaires au bisphénol A ont commencé à être utilisés massivement à partir des années 70 et on sait que "les expositions de l’espèce humaine sont de même niveau que celles qui induisent des tumeurs mammaires chez le rat et la souris après exposition maternelle", précise-t-il.

    Eradiquer les principaux perturbateurs endocriniens

    « Il est temps que l’Institut National du Cancer se préoccupe sérieusement des causes environnementales du cancer ». André Cicolella.

    La bonne nouvelle, pour le toxicologue, qui prône une révolution de la santé, qui doit soigner mais aussi prévenir en s'attaquant aux causes, c'est qu'il n'y a pas de fatalité et qu'il est possible de faire reculer l'explosion de la maladie. A condition de bien identifier les causes et de mener les politiques publiques adéquates. Promouvoir une bonne alimentation et une bonne hygiène de vie, diminuer le stress au travail... et supprimer du quotidien les molécules chimiques dangereuses pour la santé. "Plus que jamais, il est nécessaire d’éliminer de notre environnement les perturbateurs endocriniens", insiste-t-il, en soulignant le rôle leader qu'a joué la France dans ce domaine. La deuxième phase de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens devrait être, selon lui, lui l’occasion de fixer un cap ambitieux : l’éradication des principaux perturbateurs endocriniens comme le bisphénol ou les phtalates.

    Cathy Lafon

    ►A LIRE

    • "Cancer du sein : en finir avec l'épidémie", André  Cicolella, éd. Les Petits Matins, 10 euros.

    ►LIRE AUSSI

    ►PLUS D'INFO

    • Les scientifiques du réseau Habitat Santé Environnement (HSEN), auquel appartient la Bordelaise Isabelle Farbos, docteur en génétique et biologie moléculaire, ont mis en place un protocole "Maternité saine". Parmi les actions : mettre en place un nettoyage des locaux sans perturbateurs endocriniens, ni CMR, distribuer des cosmétiques bébé sans perturbateur endocriniens, sélectionner un doudou sans plastique, sans rembourrage (présence de bromés contre le feu, de formaldéhyde contre les moisissures), sélectionner les peintures sans COV pour rénover les lieux, sélectionner les matériaux pour la nouvelle construction.

    ►EN CHIFFRES

    • Le cancer du sein en France : au 1er rang de cancers en terme de fréquence (33,5% de l'ensemble des nouveaux cas de cancer). 53 000 nouveaux cas par an. 11 500 décès par an. 75% se déclarent après 50 ans. Source Globocan2012 (IARC) : la Ligue contre le cancer.
  • Bonne nouvelle pour la planète: le plus grand sanctuaire marin au monde va être créé en Antarctique

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    La mer de Ross, dans l'Antarctique, est parfois surnommée "le dernier océan" car elle est considérée comme le dernier écosystème marin intact de la planète. Photo archives AFP

    Le rapport "Planète vivante 2016", publié ce jeudi par le WWF, alertait sur le déclin alarmant de la biodiversité. A-t-il créé un électrochoc ? Toujours est-il qu'un accord vient d'être obtenu ce vendredi 28 octobre en Australie, après des années de négociations, pour créer en Antarctique le plus grand sanctuaire marin au monde, destiné à protéger la faune et la flore du dernier écosystème encore intact (ou presque) de la planète, situé au pôle Sud.

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  • Biodiversité : plus de la moitié du vivant de la planète a disparu en 40 ans, alerte le WWF

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    Y aura-t-il encore des girafes dans la savane africaine en 2050 ? Photo WWF

    Nouvelle alerte sur le vivant : le nouveau rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) établit que plus de la moitié du vivant de la planète a disparu en 40 ans et que les deux tiers des populations de vertébrés pourraient disparaitre d’ici à 2020.  Autant dire demain. Réchauffement climatique, pollution, surexploitation des ressources de la planète, appauvrissement des sols... : dans tous les cas de figure, les activités humaines en sont la principale cause.

    La chute libre des effectifs des vertébrés

    Les populations de vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles - ont chuté de 58% entre 1970 et 2012, en 40 ans. Et si nous ne faisons rien pour inverser la tendance, ce déclin pourrait continuer à s’aggraver jusqu’à atteindre 67% d’ici à 2020. C’est sur ce nouveau constat alarmant que s’ouvre l’édition 2016 du Rapport Planète Vivante, "Risque et résilience dans l'anthropocène", analyse scientifique réalisée tous les deux ans par le WWF concernant la santé de notre planète et l'impact de l'activité humaine.

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