Biodiversité : plus de la moitié du vivant de la planète a disparu en 40 ans, alerte le WWF
Y aura-t-il encore des girafes dans la savane africaine en 2050 ? Photo WWF
Nouvelle alerte sur le vivant : le nouveau rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) établit que plus de la moitié du vivant de la planète a disparu en 40 ans et que les deux tiers des populations de vertébrés pourraient disparaitre d’ici à 2020. Autant dire demain. Réchauffement climatique, pollution, surexploitation des ressources de la planète, appauvrissement des sols... : dans tous les cas de figure, les activités humaines en sont la principale cause.
La chute libre des effectifs des vertébrés
Les populations de vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles - ont chuté de 58% entre 1970 et 2012, en 40 ans. Et si nous ne faisons rien pour inverser la tendance, ce déclin pourrait continuer à s’aggraver jusqu’à atteindre 67% d’ici à 2020. C’est sur ce nouveau constat alarmant que s’ouvre l’édition 2016 du Rapport Planète Vivante, "Risque et résilience dans l'anthropocène", analyse scientifique réalisée tous les deux ans par le WWF concernant la santé de notre planète et l'impact de l'activité humaine.
Pour mesurer l’évolution de milliers de populations d’espèces vertébrées partout dans le monde, le WWF s’appuie sur deux indicateurs. Le premier, l’Indice Planète Vivante, indice reconnu de l’état écologique de la planète. Cette année, la Société zoologique de Londres qui le calcule a utilisé les données scientifiques collectées sur 14 152 populations appartenant à 3 706 espèces vertébrées.
Le second indicateur, l’Empreinte écologique, mesure l’aptitude de plus en plus limitée de la planète à subvenir aux besoins de l’humanité dont la responsabilité sur ce déclin de la biodiversité est indiscutable. Le 8 août 2016, l’humanité avait déjà consommé l’ensemble des ressources que la planète ne peut renouveler en une année. En huit mois, nous avons émis plus de carbone que ce que les océans et les forêts ne pouvaient absorber en un an, nous avons pêché plus de poissons, coupé plus d’arbres, fait plus de récoltes, consommé plus d’eau que ce que la Terre aurait pu produire sur cette même période.
L'humanité se met elle-même en danger
"Les espèces disparaissent à un rythme sans précédent. Et ce phénomène ne concerne pas seulement les espèces emblématiques que nous adorons tous, mais toute la biodiversité, dont dépend la bonne santé des forêts, des fleuves et des océans". Marco Lambertini, directeur général du WWF International.
Sans les espèces qu’ils abritent, les écosystèmes vont s’effondrer emportant avec eux les services qu’ils nous rendent qu’il s’agisse d’air pur, d’eau ou de nos moyens de subsistance. "En s’attaquant au capital naturel de la planète, l’humanité se met donc elle-même en danger puisque qu’elle dépend de l’état de santé des écosystèmes pour se développer et plus simplement pour survivre", écrit le Rapport Planète Vivante 2016 qui met plus particulièrement l’accent sur l’impact de notre système alimentaire, l’un des premiers facteurs de dégradation des habitats et de surexploitation des espèces (surpêche par exemple), de pollution et d’érosion des sols. A elle-seule, l’agriculture qui occupe environ un tiers de la surface terrestre totale, est la cause de 80% de la déforestation mondiale et pèse pour près de 70 % de la consommation d’eau.
L'empreinte écologique des pays riches décline
La bonne nouvelle, toutefois, note le rapport, c'est que l'empreinte écologique des pays riches - la pression exercée par les habitants-consommateurs des régions développées sur les ressources naturelles - commence à décliner légèrement, après avoir atteint un pic en 1985. Par ailleurs, souligne le WWF, nous disposons des outils qui peuvent permettre de résoudre le problème auquel nous sommes confrontés : il faut maintenant les mettre en action sans plus tarder si nous tenons sérieusement à préserver une planète vivante pour notre survie et notre prospérité. Pour parvenir à un développement économiquement soutenable, il est donc indispensable de repenser en profondeur notre manière de produire et de consommer et ce, sur les questions alimentaires comme énergétiques.
Réparer le vivant et réconcilier l'homme avec la nature
C'est la première fois, dans l'histoire de la planète, qu'on a une disparition aussi rapide du vivant. "L'homme détruit le capital naturel sur lequel il est assis et sans lequel toute prospérité est tout simplement impossible. Nous devons au plus vite passer de cette période de grande régression à une réconciliation de l’homme avec la nature et donc de l’homme avec lui-même", conclut Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Rien n'est encore perdu. En atteste le retour d'une partie de la faune sauvage disparue sur notre territoire, grâce aux mesures de préservation mises en place en Europe et en France, depuis les années 1990. Il nous appartient, à nous, les humains, habitants de la planète, à relever le défi.
Mais il y a urgence à arrêter de scier la branche sur laquelle nous sommes assises : plus nous irons loin au-delà des limites de la Terre, plus nous compromettrons notre propre avenir. Et celui de nos enfants, bien plus précieux encore.
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