Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nature - Page 310

  • Pollution : le bruit des villes empêche les moineaux d'être de bons parents

    MoineauDomestique_DSC1778.jpg

    Le bruit modifie le comportement des moineaux des villes face au danger. Photo Ville de Paris

    Trafic routier, sonneries de téléphone, klaxons, bruit de chantiers ou d’usines, cris humains, aboiements... En ville, il règne un brouhaha quasi permanent qui peut nuire à la santé humaine, mais aussi aux animaux et notamment aux oiseaux qui nichent en zone urbaine, comme l'ont mis en évidence des chercheurs de La Rochelle.

    Le bruit affecte la capacité des moineaux à s'occuper de leurs petits

    Plusieurs études scientifiques ont déjà montré que la pollution sonore anthropique (liée aux activités humaines) perturbait la communication vocale des oiseaux entre parents et poussins, provoquant indirectement la mort de ces derniers, notamment lorsqu'ils ont faim. Une nouvelle étude menée sur des moineaux par le CNRS (Centre d’Etudes Biologiques de Chizé,université deLa Rochelle), suggère que le bruit urbain aurait un autre impact négatif important, peu étudié jusqu'à présent : il pourrait aussi affecter la capacité des volatiles à bien s’occuper de leurs petits, comme l'indique les résultats des chercheurs, récemment publiés dans la revue anglaise "Behavioral Ecology".

    La méthode

    moineau-domestique-house-sparrows-paris-jardin-des-tuilleries-IMG_1314.jpgLes scientifiques Alizée Meillère, François Brischoux et Frédéric Angelier ont analysé le comportement de moineaux adultes vivant soit dans un milieu naturel « calme » (volume sonore : 43 décibels), soit dans un environnement parasité de manière expérimentale par un bruit routier (son enregistré en bordure du périphérique parisien et diffusé par haut-parleurs : 63 dB). A deux moments clefs du développement des poussins - au début de la période de couvaison et au début de la période d’élevage des petits -, les chercheurs ont mimé une menace s’approchant du nid, personnalisée par un expérimentateur. Puis ils ont mesuré la distance à laquelle se trouvait celui-ci, lorsque les moineaux adultes s’enfuyaient de leur nichoir pour échapper au danger. Résultat : comparés aux oiseaux plongés dans un environnement « calme », les oiseaux vivant dans un environnement bruyant s’enfuient en moyenne plus tôt, quand l’expérimentateur se trouve à une distance plus grande de leur nid : à 12 mètres, contre 3 m.

    Une modification comportementale qui diminue les chances de survie des poussins

    Les chercheurs en ont conclu que le bruit induit un comportement de fuite précoce des parents moineaux en réponse à un danger. « Tout se passe comme si les oiseaux exposés au bruit urbain, augmentent leur vigilance pour compenser leur moins bonne perception auditive des menaces approchant dans leur environnement », précise Frédéric Angelier. Or, « si cette modification du comportement anti-prédateur des moineaux augmente les chances de survie des parents, elle pourrait aussi diminuer les chances de survies des poussins », souligne le chercheur. Et pour cause : en prenant la fuite de façon précoce, les parents laissent les œufs et les poussins livrés à eux-mêmes, sans nourriture et exposés à tous les dangers.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • "Impact of chronic noise exposure on antipredator behavior: an experiment in breeding house sparrows" par Alizée Meillère, François Brischoux et Frédéric Angelier publié dans "Behavioral Ecology", le 12 janvier 2015 : cliquer ICI. Ces travaux ont été cofinancés par la fondation Fyssen qui promeut la recherche sur les comportements et les processus cognitifs des animaux et des humains.

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur les oiseaux : cliquer ICI
    • Les articles de Ma Planète sur la biodiversité : cliquer ICI
  • Alerte sur l'agriculture bio : l'Etat diminue de - 25% ses aides pour la filière

    aides,gouvernement,pac,réduction,réaction,fnab,arbio

    Les produit

     -25 % pour les aides aux agriculteurs bio : c'est le coup de massue que vient d'assener l'Etat à l’agriculture biologique dans l'Hexagone. Pour les producteurs français bio, c'est l'incompréhension et la colère, d'autant que les grands exploitants conventionnels et industriels, eux, vont continuer à concentrer le plus gros des aides européennes. Pour les consommateurs, ce sont des coûts qui risquent d'augmenter pour les produits issus de l'agriculture bio tricolore. Enfin, pour l'économie du pays, au moment où la France cultive désormais 10% des surfaces bio en Europe, c'est une absurdité. Avec un marché national du bio de 5 milliards d'euros en 2014, et 1,1 million d'hectares cultivés, l'Hexagone a même doublé l'exemplaire et verte Allemagne, en se hissant au troisième rang européen derrière l'Italie, numéro 1, et l'Espagne deuxième...

    La filière bio est vent debout

    stéphanie pageot-300x225.jpgDepuis l'annonce par l'arrêté publié le 7 mars 2015, d'une coupe franche de 25 % sur les aides au maintien pour la récolte 2014, Synabio, la Commission bio des chambres d'agriculture, la Commission bio de Coop de France, et la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB) qui compte parmi ses membres Bio d'Aquitaine, la Fédération des agriculteurs bio de la région,  ne décolèrent pas. Et on les comprend. Le coup est d'autant plus rude et inacceptable, que la filière travaillait depuis deux ans avec le gouvernement pour doubler les surfaces en bio, et que les aides, en plus, seront versées avec trois mois de retard. "Ce signal politique est incohérent pour une agriculture qui concilie production alimentaire de qualité et respect de l’environnement et qui est au cœur de l'agro-écologie pourtant si chère à notre ministre", réagit avec amertume, Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB (photo ci-dessus).

    Trahison

    aides,gouvernement,pac,réduction,réaction,fnab,arbioDepuis le mois de décembre, les agriculteurs en bio attendaient un paiement. Le ministère avait annoncé un règlement en date du 5 mars qui prévoyait bien le versement des aides, sans restriction. "De nombreux agriculteurs ont bien reçu un courrier à cette date précisant le montant de leurs aides mais sans paiement", explique Stéphanie Pageot. "Deux jours plus tard et sans aucune information, ils apprenaient que 25 % des aides bio à l’agriculture biologique étaient supprimées", poursuit-elle. Devant de telles contradictions et un tel recul, les agriculteurs biologiques ne comprennent pas et se sentent trahis. Alors, la colère monte, d'autant que les acteurs de la filière avaient alerté le ministère de l'agriculture à plusieurs reprises (en 2010 puis en 2012) sur les risques d’insuffisance budgétaire en fin de période. En dépit des simulations, le ministère avait maintenu un chiffrage déjà insuffisant, avec un budget en 2014 de 103 millions d'euros d'aide pour 117 millions d’euros de demandes.  Et voilà que, cerise sur le gâteau, le gouvernement en rajoute une couche avec une diminution inédite des aides de 25%.  Autrement dit, "Vous voulez rester en bio en 2015 ? On fera ce qu’on pourra !", s'indigne la FNAB.

    Une menace supplémentaire venue d'Europe

    Dans ce contexte, l'organisation en France de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) fait monter la pression sur la filière bio. LA PAC prévoit en effet que les dispositifs d'aides à la bio passent sur le second pilier de la PAC. Elles seront alors financés à 75% par l’Europe et 25% par l’Etat et les régions. Or en France, de nombreuses régions n’ont pas attribué les moyens suffisants pour les aides au maintien, voire les aides à la conversion. "Les producteurs bio seront encore dépendants d’arbitrages budgétaires, avec la seule garantie de l’incertitude !", explique la FNAB. Alors que les pratiques des agriculteurs bio et leur maintien sont les leviers incontournables de la réussite de la transition agro-écologique voulue sur le papier par Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, on peut se demander quels moyens leur permettront d'assurer, à partir de 2015, le développement d'une agriculture biologique qui réponde aux besoins des consommateurs et de l'environnement.

    Ubuesque et stupide

    aides,gouvernement,pac,réduction,réaction,fnab,arbioSi l'on considère que la bio est l'une des rares réussites de développement tricolores dans un contexte économique sinistré, que le gouvernement a lancé un plan "Ambition bio 2017" qui prévoit de doubler les surfaces cultivées en bio d'ici à 2017, en même temps qu'un nouveau plan Eco-phyto pour diminuer l'usage des pesticides et, enfin, que les enquêtes scientifiques mettent en évidence, les unes après les autres, le danger pour la santé des phytosanitaires, réduire brutalement d'un quart les aides à l'agriculture bio est ubuesque et stupide. On marche sur la tête : condamner la bio à végéter en France pourrait obliger les consommateurs à acheter d'avantage de produits agroalimentaires bio importés. Un comble et une éventualité désastreuse tant sur le plan économique qu'écologique. Pour les agriculteurs et la filière bio, la balle est dans le camp du ministre de l’Agriculture qui "doit maintenant trouver une solution urgente pour mettre en cohérence ses paroles et ses actes". Sacré défi...

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO

    • Le site de la FNAB : cliquer ICI
    • Le site de Bio d'Aquitaine : cliquer ICI.  Bio d'Aquitaine, la Fédération des agriculteurs bio de la région Aquitaine, regroupe 5 associations départementales de développement du bio : AgroBio Périgord pour la Dordogne, Agrobio47 pour le Lot et Garonne, Agrobio Gironde, le Civam Bio des Landes et l’association B.L.E. pour le Pays Basque.
  • Changement climatique: il y 24,5 millions d'années, tous les ruminants européens disparaissaient

    hollande salon.jpg

    Sans les ruminants venus d'Asie il y a de cela près de 25 millions d'années, François Hollande n'aurait pas de vache à caresser au Salon de l'agriculture. Photo AFP

    Un Salon de l'agriculture sans vaches, boeufs, veaux et taureaux ? Impossible de l'imaginer...

    vaches salers.jpgEt pourtant, il y a 24,5 millions d'années, un important changement climatique provoquait la disparition en Europe de l'intégralité de la faune européenne des ruminants. Mais alors, d'où viennent les bovins que nous admirons dans les allées du plus grand rendez-vous agricole de France ? Autre surprise : en grande partie d'Asie. C'est, en effet, grâce à une migration des ruminants venue d'Orient que nous pouvons boire du lait et manger du steack aujourd'hui et que nos présidents successifs peaufinent leurs relations avec le monde agricole. Sans cette immigration-là : pas de yaourt et pas de cheese-burgers. Tels sont les résultats d'une étude scientifique publiée le 18 février dernier dans la revue "PLOS ONE", menée par Bastien Mennecart, un chercheur français du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS/UPCM).

    Le réchauffement de l'Oligocène récent 

    La Terre a déjà subi par le passé des changements climatiques qui ont engendré de grandes crises biologiques. L’une d’entre elles s’est produite il y a environ 24,5 millions d’années durant le réchauffement de l'Oligocène récent. Ce réchauffement - une augmentation de 2 à 4 °C des eaux océaniques de l’Atlantique Nord- , associé à la naissance des Alpes, a provoqué une aridification, avec l'installation de savanes au lieu des forêts, et l’apparition des saisons en Europe. 

    Immigration animale massive

    De précédentes études réalisées par une équipe franco-suisse, avait montré une modification importante des espèces de grands mammifères herbivores vivant à cette époque : 40% de cette faune a changé entre 25 et 24 millions d’années, à la suite d’une immigration animale asiatique massive. Les scientifiques ont nommé cet épisode "Microbunodon Event", du nom du cousin ancestral des hippopotames de petite taille (environ 50 kg), emblématique migrant asiatique arrivé en Europe à cette époque là. Basée sur cinq années de recherches, la publication de Bastien Mennecart révèle que l’intégralité des espèces de ruminants européens - l'un des groupes de grands mammifères les plus diversifiés avec plus de 200 espèces - a été renouvelée à la faveur de cette immigration massive. 

    Espèce adaptée aux nouvelles conditions climatiques

    étude,ruminants,scientifique,réchauffement climatique,paléontologie,muséum national d'histoire naturelle,cnrsLa majorité des ruminants qui paissent aujourd'hui dans nos champs appartiennent à la famille des Pecora et possèdent quatre poches stomacales qui facilitent l’ingestion d’aliments riches en fibres et peu énergétiques. Les ruminants Tragulina, qui étaient largement majoritaires en Europe au cours de l’Oligocène, se distinguent par une réduction ou absence d’une des quatre poches stomacale et par un régime alimentaire plus énergétique: fruits, champignons, insectes et même petits mammifères. La dégradation des conditions environnementales, associée à la compétition avec des Pecora venus d’Asie, a sonné le glas des Tragulina en Europe. En effet, dans des conditions climatiques plus arides, les nouveaux ruminants ont supplanté les anciens grâce à leur métabolisme plus efficace, capable d’assimiler de la nourriture pauvre énergétiquement. Les Tragulina ne comptent plus aujourd'hui que dix espèces localisées en zone équatoriale, les chevrotains, parmi les plus petits des ruminants (photo ci-dessus).

     

    Répartition et évolution des faunes de ruminants entre 25 et 24 millions d’années (Ma) en Europe de l’Ouest (Les Pecora immigrants sont tournés vers la gauche, les ronds noirs correspondent aux sites fossilifères)  © Bastien Mennecart - CR2P

    À l’heure actuelle, la Terre connaît un réchauffement climatique dont la rapidité inédite dans l'histoire de la planète, pose la question de l'adaptation des espèces et dont les conséquences sur la biodiversité restent pour le moment mal connues. "La connaissance des changements climatiques antérieurs et de leurs conséquences sur la biodiversité apporte une aide plus que précieuse pour interroger notre futur", rappelle le chercheur. Les espèces animales auront-elles le temps de s'adapter à l'évolution que connaît le climat? Y aura-t-il encore des vaches au Salon de l'agriculture, en l'an 2500 ? A suivre...

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO
    LIRE AUSSI
    • Les articles de Ma planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI