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Barèges dans les Hautes-Pyrénées, samedi 22 juin 2013. L'heure est à la reconstruction, après les inondations , mais en attendant, la ville offre un spectacle de désolation Photo archives Sud Ouest / Thierry Suire
Mais qu'arrive-t-il donc au climat ? Un printemps pourri avec des pluies diluviennes ininterrompues, des inondations monstres causant d'inombrables dégâts dans le sud de la région... La météo finit par nous obséder et tient encore aujourd'hui la vedette des conversations à la machine à café et aux dîners en ville, malgré le retour tant attendu du soleil et de la chaleur.
"Sud Ouest" se penche sur la question dans un hors-série exceptionnel de 48 pages pour revenir sur l'épisode météorologique hors normes, qui a duré plusieurs mois et a culminé entre le 17 et le 2 juin : "Cette météo qui nous rend fous !". Une lecture indispensable pour mieux comprendre ce qui arrive au climat et un vrai coup de coeur de" Ma Planète".
Retour d'abord sur le récent déchaînement du gave de Pau dans les Pyrénées, qui a provoqué des inondations hors normes à Lourdes et dans d’innombrables villages du massif, avant de dévaler en plaine et de semer la désolation en causant la mort de trois personnes. Analyse ensuite des répercussions du mauvais temps sur notre moral. Découverte du fonctionnement du centre national de Météo France installé à Toulouse. Enfin, mise en perspective du phénomène climatique avec le rappel des grandes catastrophes naturelles qui ont frappé la région, notre pays et le monde durant les dernières décennies, avant d'aborder la question centrale du changement climatique et du réchauffement de la planète. Le tout est sérieux, très documenté, avec des images qui donnent la pleine mesure des événements, avec, en prime, la dose d'humour indispensable pour résister au pire...
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Et pendant ce temps-là, quel temps fait-il ailleurs sur la planète Terre ? Découvrez la réponse demain, sur "Ma Planète".
Barack Obama à Georgetown, Washington, le 25 juin 2013. Photo AFP
Mardi 25 juin, Obama a eu très chaud. Si l'été reste cette année en France une date virtuelle sur le calendrier, il faisait 35°C à Washington lorsque le président américain a dévoilé son plan d'action nationale pour combattre le réchauffement climatique. Avant de s'envoler pour une tournée en Afrrique, il a renouvelé sa promesse de 2009 de s'attaquer aux émissions de gaz à effet de serre produites par les centrales au charbon, de promouvoir davantage les sources d'énergie propre et d'agir pour mieux protéger les Américains des effets du réchauffement.
Selon la Maison-Blanche, ce plan climat devrait permettre aux Etats-Unis d'atteindre l'engagement du président de 2009 de réduire, d'ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport à leur niveau de 2005. "Les Américains, partout dans le pays, payent déjà le prix de l'inaction" contre le réchauffement, a martelé M. Obama, soulignant que 2012 avait été l'année la plus chaude jamais enregistrée aux Etats-Unis. Il faut dire que les Etats-Unis paient un lourd tribu au changement climatique. Sécheresses extrêmes, ouragans, tornades et incendies géants, vagues de froid sans précédent : les phénomènes climatiques extrêmes d'une extrême violence s'y succèdent sans relâche ces dernières années et pour les Américains, l'ouragan Sandy qui a meurtri l'orgueilleuse New York, est bien symbolique de l'entrée dans une nouvelle ère, celle du réchauffement climatique, où tout peut arriver. Le coût de Sandy est estimé à 19 milliards de dollars et les projections de dégâts de futurs ouragans similaires à Sandy pourraient atteindre 90 milliards de dollars aux alentours de 2050... Pour préserver l'avenir de New York, son maire, Michael Bloomberg, vient d'ailleurs d'annoncer pour la ville leplan d'adaptation au changement climatique le plus ambitieux et poussé jamais réalisé, pour un montant de 15 milliards de dollars.
"Nous devons agir"
"La question est de savoir si nous aurons le courage d'agir avant qu'il ne soit trop tard et la manière dont nous répondrons aura un profond impact sur le monde que nous laisserons... à nos enfants et nos petits-enfants", a ajouté Obama. "En tant que président, en tant que père et en tant qu'Américain, je suis ici pour vous dire que nous devons agir", a-t-il martelé dans un discours prononcé en plein air à l'Université Georgetown de Washington, en renvoyant dans leurs 22 les climatosceptiques qui nient la réalité du changement climatiqu, nombreux au Congrès américain, qui remettent en question le constat scientifique selon lequel les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant des activités humaines contribuent à un réchauffement dangereux de la planète.
La déclaration de guerre d'Obama au réchauffement climatique
C'est comme si Obama voulait rattraper le temps perdu durant son dernier mandat en matière de protecton de l'environnement et du climat. Il avait en effet beaucoup déçu les électeurs américains en ne tenant pas ses promesses de campagne dans ce domaine. Sur les marches de l'université de Georgetow, le président s'est beaucoup épongé le front en présentant un plan climat ultra musclé, où il a notamment ordonné àl'Agence de protection de l'environnement (EPA) de travailler étroitement avec les Etats, l'industrie et les autres parties prenantes pour établir des normes de pollution au gaz carbonique pour les centrales au charbon. Ces normes devraient être prêtes d'ici juin 2014 et finalisées un an plus tard.
La transition vers une économie basée sur de l'énergie propre
Ce dialogue entre l'EPA et les différents acteurs devra permettra au final d'élaborer des règles fondées sur le bon sens qui auront le soutien de l'industrie et permettront une transition vers une économie basée sur de l'énergie propre, selon la Maison-Blanche. Obama a aussi proposé huit milliards de garantie de prêts pour encourager des investissements dans des technologies innovantes dans les énergies fossiles et l'efficacité énergétique.
Réduire la pollution carbonique de 3 Gt
Il demande que suffisamment de permis soient accordés pour des projets d'énergie renouvelable, solaire et éolienne, sur des terres fédérales pour produire assez d'électricité pour plus de six millions d'habitations d'ici 2020.Toutes ces actions conjuguées devraient permettre de réduire la pollution carbonique d'au moins trois milliards de tonnes (3 Gt) en cumulé d'ici 2030, soit la moitié des émissions annuelles des Etats-Unis. Le président Obama a enfin indiqué que le projet controversé de pipeline Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis ne serait approuvé que s'il ne générait pas un accroissement des émissions de gaz à effet de serre : il est donc suspendu à son bilan carbone.
Remettre la question du climat à l'ordre du jour
Le plan du président américain, très ambitieux est approuvé par 66% d'Américains qui vivent désormais au quotidien les conséquences du changement climatique. Il a aussi rassuré ceux qui désespéraient de ses intentions : les groupes environnementalistes ont tous salué son initiative. Obama. "Avec cette stratégie nationale, le président Obama remet la question du climat à l'ordre du jour (...) alors que le réchauffement climatique affecte la société entière et exige une action étendue", a notament estimé Andrew Steer de l'ONG World Resources Institute.
L'Amérique vient de déclarer la guerre à un autre ennemi qu'Al-Qaida : les industries polluantes du charbon et des hydrocarbures et les activités humaines émettrices de gaz à effet de serre. Sera-t-il plus puissant et plus difficile à combatttre que le groupe terroriste islamiste ? Gagner ce combat écologique est l'un des enjeux majeurs de l'avenir de la planète bleue : les Etats-Unis restent le pays le plus émetteur au monde de CO2 par habitant et le deuxième derrière la Chine qui caracole en tête du top ten des pays les plus pollueurs. La "Chinamérique" pèse pour 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre...
Centrales à charbon : l'agence de protection de l'environnement américaine établira des normes d'émissions de CO2 d'ici à 2015.
Energies renouvelables : les terres fédérales devront accueillir des projets éoliens et solaires afin de fournir de l'électricité à six millions de foyers d'ici à 2020.
8 milliards de dollars de prêts : le développement de technologies propres sera soutenu par des fonds publics.
Fin des subventions aux énergies fossiles: les installations " fossiles " dans les pays pauvres ne seront plus financées sauf s'il n'existe pas d'alternative.
Le réchauffement climatique responsable de la fonte des plateformes glaciaires, selon une étude scientifique de la Nasa, conduite par le chercheur français qui travaille en Californie Eric Rignot Photo Dr
Le réchauffement des océans fait fondre les plateformes glaciaires entourant l'Antarctique en profondeur, selon une recherche américaine publiée le 13 juin par la Nasa. Alors que la France et l'Europe connaissent un printemps des plus pluvieux et médiocres, avec des inondations record en Allemagne, en Autriche, en Slovaquie et en République tchèque, il n'a jamais fait aussi chaud en Laponie, dans l'extrême Nord de l'Europe.
Au Nord comme au Sud, les effets du dérèglement climatique semblent déjà sensibles et les réserves de masse glaciaire de la planète en sont les premières affectées.
31° C au pays du Père Noël, en Laponie
Fin mai, début juin, la Laponie a battu des records de chaleur, avec des températures aux alentours des 29° C, au moment où des régions du globe, bien plus méridionales, comme la France, se plaignaient du froid et de la pluie. En Norvège, l'institut météorologique national a relevé 29,1°C à la station de Nyrud, coincée entre Russie et Finlande, à plus de 250 kilomètres au nord du Cercle polaire. En Suède, le mercure est monté jusqu'à 28,7°C à Överkalix, à environ 800 kilomètres au nord de Stockholm, a relevé l'institut météorologique national (SMHI). En Finlande, la ville d'Inari, située à près de 1.000 kilomètres au nord de la capitale Helsinki, a également connu un record historique pour un mois de mai, avec 28,9°C . Les météorologues ont qualifié "Cette situation est tout à fait exceptionnelle".
Fonte anormale et accélérée de la banquise du pôle Nord
Quelques jours auparavant, la Russie avait annoncé qu'elle allait évacuer d'urgence en trois jours sa station polaire Severny Polious 40, la quarantième station polaire russe installée sur la banquise du Pôle Nord en octobre 2012 afin, notamment, de surveiller l'environnement de l'océan Arctique et d'effectuer des observations météorologiques t (photo AFP ci-dessus). Motif de la décision: "la fonte anormale des glaces, avec un développement anormal de processus naturels dans le bassin Arctique qui a abouti à la destruction des champs de glaces autour de la station", selon un communiqué du ministère russe des Ressources naturelles et de l'Ecologie. En clair : la glace se crevasse et des fissures apparaissent sur la banquise. On ne peut s'empêcher de penser au film d'anticipation "Le jour d'après", qui décrit le monde victime d'une série de cataclysmes météorologiques extrêmes, dûs au réchauffement climatique, dont le scénario commence justement par un phénomène naturel semblable. Même si cela reste, bien entendu, un film catastrophe de pure fiction.
La fonte des glaces de l'Antarctique au pôle Sud due au réchauffement de l'océan
A l'extrême opposé du globe, en Antarctique, la masse glaciaire se réduit. Le phénomène, déjà repéré par les scientifiques, est attribué principalement au vêlage d'iceberg : la banquise se fracture et accouche d'un iceberg, en perdant une masse important de sa glace. Pour la première fois, la Nasa a conduit une étude sur toutes les plateformes de glace autour de l'Antarctique, avec des mesures et des images obtenues à partir de satellites et d'avions. Les chercheurs ont analysé les taux de fonte de la base de ces masses glaciaires, prolongements des glaciers flottant sur l'océan qui couvrent une superficie de 1,5 million de kilomètres carrés. On savait déjà que 190 millions de tonnes de glace fondent quotidiennement en Antarctique. La dernière étude de la Nasa, publiée dans la revue Science du 14 juin, révèle que la fonte de la base de ces plateformes glaciaires, différente de la fonte des glaces superficielles, a compté pour 55% de la perte totale de leur masse de 2003 à 2008. Ce qui représente un volume beaucoup plus important que celui qui avait été estimé jusqu'à présent.
Le vêlage d'iceberg
L'oeuvre du réchauffement climatique
Les conséquences de cette découverte scientifique sont nombreuses. L'Antarctique contient 60% environ des réserves d'eau douce de la planète et les plateformes étudiées, sorte de barrières naturelles de glace, ralentissent le glissement des glaciers vers l'océan. En fondant, elles perdent de leur efficacité. L'étude de la Nasa doit permettre d'affiner les modèles sur la circulation océanique en fournissant une meilleure estimation du volume d'eau douce qui provient de la fonte de ces plateformes de glace en se déversant dans la zone côtière de l'Antarctique, et influent sur les courants marins. Elle aide aussi à mieux comprendre le mécanisme de fonte de ces glaces, ce qui permettra de mieux prédire l'impact du réchauffement de l'océan sur la masse glaciaire antarctique et de mieux évaluer sa contribution à la montée du niveau des eaux océaniques.
2012 : l'année ou le changement climatique est devenu réalité (vidéo en anglais). Eric Rignot, glaciologue.
Enfin, l'étude montre que le phénomène naturel de vêlage d'iceberg n'est plus l'explication prinicipale de la perte de masse glaciaire de l'Antarctique: "Notre étude montre que la fonte de la base des plateformes de glace entourant l'Antarctique y contribue de manière beaucoup plus importante", estime Eric Rignot. Glaciologue, climatologue, spécialiste du changement climatique, le chercheur français qui travaille au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena (Californie, ouest), est le principal auteur de ces travaux. En clair, nous dit-il : ça fond, et c'est bien le réchauffement climatique et celui des océans qui en est à l'origine.