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Industrie - Page 135

  • Réchauffement climatique: il faut agir avant 2030, prévient le Giec

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    Le lac Michigan pris dans les glaces le 6 janvier 2014 à Chicago. AFP

    2013 a été la quatrième année la plus chaude de la planète depuis 1880. En matière de climat, en ce début d'année 2014, l'heure est aux records en tous genres. Vague de chaleur historique en Australie, sécheresse hors norme en Californie, vortex polaire d'une ampleur inédite aux Etats-Unis et au Canada, houle monstre sur les côte de l'Atlantique en Europe, records de précipitations et inondations dans le Sud Ouest de la France...

    Le changement climatique frappe à notre porte. Ma Planète se penche durant cinq jours sur la situation du réchauffement climatique, les enjeux, les conséquences et la perception que nous en avons. Premier volet : la position du Groupe intergouvernemental sur l'énergie et le climat (Giec).

    Objectif : +2°C  mais pas plus

    Pour espérer pouvoir contenir le dérèglement climatique,  les experts du Giec ont fixé l'objectif de limiter le réchauffement climatique à +2°C. Un chiffre bien difficile à atteindre, aux vues de la situation actuelle. Et définitivement hors d'atteinte si des mesures à grande échelle ne sont pas prises d'ici à 2030 pour contenir l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère, selon les scientifiques.

    Les signes qui inquiètent

    Les experts du Giec évaluent autour de +0,7 °C le réchauffement de la planète depuis le début de l'ère industrielle et ne cessent de multiplier les alertes. Leur dernier rapport, publié en octobre 2013, évoque un risque de hausse entre 1,5 °C et 4,5 °C d'ici à 2100. Avec une température moyenne de 14,52 °C,  2013 est la quatrième année la plus chaude de la planète depuis 1880, vient d'estimer l'Administration américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA). Une mesure très proche de celle annoncée le même jour par la Nasa avec 14,6 °C en 2013.

    co2.jpgComment atténuer le réchauffement climatique ?

    Le Giec ne parle plus désormais de réduire le réchauffement ou de le prévenir, mais de l'atténuer. Dans une version non définitive d'un rapport à paraître en avril, les experts du climat font le point sur les différents scénarios de mesures d'atténuation du réchauffement.  Pas de surprise, on connait les coupables: ces mesures visent à réduire les sources de GES (efficacité énergétique, taxation du carbone, gestion des terres agricoles, soutien aux énergies non fossiles, etc.) ou à les capturer (reboisement, captage du carbone des usines, etc.).

    Les chiffres de l'équation

    Les scientifiques estiment que seuls les scénarios prévoyant en 2100 des concentrations moyennes en GES comprises entre 430 et 480 ppm (particules par millions équivalent CO2) sont vraiment en mesure de limiter la hausse de la température moyenne du globe à +2°C. Au-delà de 530 ppm, ce scénario est jugé improbable. Le seul problème, c'est que les émissions de GES dans l'atmosphère ne cessent de croître à un rythme soutenu de 2,2% par an entre 2000 et 2010, et, si la tendance actuelle se poursuit, la concentration pourrait être de 450 ppm en 2030, et entre 750 et 1300 ppm en 2100, souligne le Giec.

    Plus on attend, plus le "défi" sera "difficile à relever"

    «Contenir les niveaux de concentration dans l'atmosphère (des GES) à 530 ppm sera un défi plus difficile à relever, et les options pour y parvenir seront plus réduites, si les mesures de réduction des émissions sont reportées au-delà de 2030», écrivent les chercheurs dans un projet de texte à paraître en avril.

    eolienne flottante.jpgRéduire les GES de 40 et 70% en 2050 par rapport à 2010

    En 2010, la production d'énergie a représenté 35% des GES, l'agriculture et la forêt 24%, l'industrie 21%, le transport 14% et le bâtiment 6%. Dans tous ces secteurs, les émissions de GES devront être réduites de 40 et 70% en 2050 par rapport à 2010, précisent-ils. Pour rester dans la fourchette 430-530 ppm, «la plupart des scénarios comprennent une multiplication par trois ou quatre des sources d'énergie faiblement carbonées telles que les énergies renouvelables, l'énergie nucléaire et l'énergie fossile adossée à des systèmes de capture du carbone», analyse le Giec. Enfin, pour compliquer la donne, les experts du climat estiment que pour limiter la concentration entre 450 et 550 ppm au coût le plus faible, la plupart des investissements devront avoir lieu dans les pays hors OCDE, selon les conclusions des études existantes.

    La communauté internationale s'est donné pour objectif de conclure fin 2015, lors de la conférence climat de l'ONU à Paris, un accord global et contraignant de réduction d'émissions de GES pour limiter le réchauffement à +2°C par rapport à l'ère préindustrielle. La Commission européenne vient de proposer pour l'Europe un objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2030, dans le cadre de son nouveau Paquet énergie-climat, mais sans vraiment se donner les moyens contraignants pour les atteindre. Autant dire qu'au niveau mondial, l'affaire est loin d'être gagnée...

    D'ici à 2015, le Giec aura lancé de nouvelles alertes. Sera-t-il un jour entendu ?

    Cathy Lafon

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  • L'atome fait sa révolution culturelle: le gendarme du nucléaire s'ouvre à la société civile

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    La centrale nucléaire du Blayais, photo archives Laurent Theillet / Sud Ouest

    Ca bouge dans le nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) fidèle à son objectif de transparence, souhaite « ouvrir plus largement » à la société civile ses groupes permanents d’experts et « renforcer l’indépendance de l’expertise » sur laquelle elle base ses décisions.

    Ouverture mode d'emploi

    L'ASN assure, au nom de l'État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l'environnement des risques liés à l'utilisation du nucléaire. Elle contribue à l'information des citoyens et les consulte également. Sept groupes permanents d’experts sont désormais consultés par le gendarme du nucléaire sur des sujets techniques et « émettent des avis rendus publics ». En 2013, ces groupes se sont réunis à 24 reprises.  Ils sont composés de 30 à 40 membres chacun, « nommés à titre individuel en raison de leur compétence » et issus globalement d’organismes comme l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), des laboratoires de recherche universitaires, d’associations ou des exploitants, précise l’ASN sur son site internet.

    asn,sécurité,nucléaire,transparence,consultationLa société civile

    « Ce qu’on souhaite, dans le cadre du renouvellement de cinq des sept groupes permanents d’experts (…), c’est continuer notre politique d’ouverture » à la société civile, a expliqué à l'AFP Martine Baudouin, chef de mission expertise et animation à l’ASN. Pour accroître la part de la société civile, l’ASN va solliciter plusieurs organismes dont l’Association nationale des commissions et comités locaux d’information (ANCCLI) ou l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Tout candidat peut aussi postuler spontanément sur le site de l’ASN jusqu'au 7 février 2014.

    Prévenir les conflits d'intérêts

    Par ailleurs, pour « renforcer l’indépendance de l’expertise » et la « transparence » dans le processus de décision, l’Autorité a « durci un peu » les  règles du jeu pour prévenir les éventuels conflits d’intérêts, souligne Martine Baudouin.  L’ASN demandera désormais « aux membres des groupes permanents une déclaration d’intérêt ». Elle entend « renforcer les règles de fonctionnement internes (des groupes) pour que les experts ayant un intérêt direct dans le sujet traité ne prennent pas part à l’élaboration de la position » du groupe.

    Plus que jamais, l'ASN mérite sa réputation d'être l’une des organisations de sûreté nucléaire les plus indépendantes au monde. Pour le plus grand bénéfice des habitants de l'Hexagone.

    Cathy Lafon

    • L’ASN propose de retirer un dossier de candidature pour les Groupes permanents d’experts (GPE). Plus d’informations : gpe.recrutement@asn.fr  Jusqu’au 7 février 2014
  • Réchauffement climatique, énergies vertes, gaz de schiste: le nouveau cap de l'Europe pour 2013 déçoit et inquiète

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    Plus de 1,2 million d’emplois pourraient être créés en Europe grâce aux énergies vertes, selon un rapport de travail de la Commission européenne. Photo archives AFP

    L'Europe vient de dévoiler sa politique en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'énergie et de lutte contre le réchauffement climatique pour les seize années qui viennent. Très offensive jusque là, la Commission européenne tirait les Etats membres et le monde vers davantage d'ambition.

    Les objectifs chiffrés du "paquet énergie-climat pour 2030" qu'elle a présenté mercredi 22 janvier, marquent le pas et déçoivent les écologistes. Les mesures,  les réactions et le calendrier à venir: décryptage.

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schiste40% de réduction des gaz à effet de serre

    Pour 2030, la Commission européenne propose un objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre (GES), responsables de la pollution de l'air et du réchauffement climatique. Le chiffre est plus ambitieux que celui du précédent "paquet" énergie-climat, conclu en 2009, qui  prévoyait que l'Union européenne réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990. Mais il ne l'est pas assez aux yeux des écologistes. Cela aurait pourtant pu être pire. Selon Corinne Lepage, eurodéputée, une version précédente indiquait que la Directive sur la qualité des carburants, qui fixe un objectif de 6% de réduction de GES au secteur pétrolier, ne devait pas être reconduite après 2020. Or, c'est précisément dans le cadre de cette directive que la Commission européenne doit présenter des mesures sur les émissions liées aux sables bitumineux, qui ont fait l'objet d'un lobbying intense de la part notamment du Canada.

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schiste27% pour les énergies renouvelables

    Malgré le lobbying intense de l'industrie des énergies fossiles et du nucléaire contre un objectif pour les énergies renouvelables, là aussi, on a évité le pire. Mais avec un objectif de 27 % de renouvelables dans le mix énergétique en 2030, la Commission se contente d'un chiffre minimal, qui poursuit la trajectoire actuelle,  sans demander d'efforts supplémentaires et sans vraiment préparer la transition énergétique. En 2010, la part des énergies renouvelables dans l'UE était de 12,7%, contre 8,5% en 2005. Et surtout, rien sur l'efficacité énergétique et moins de contraintes que précédemment pour les Etats, qui ne seront pas individuellement comptables des progrès réalisés.

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schiste Gaz de schiste : la voie est libre ?

    Enfin et surtout, grosse déception des défenseurs de l'environnement : la Commission européenne se borne à proposer seulement des "recommandations" sur les gaz de schiste, alors qu'une adaptation de la législation européenne aurait été nécessaire pour couvrir les risques liés à la fracturation hydraulique. La Commission "préconise des principes minimaux applicables au gaz de schiste", et parle seulement de "garantir la mise en place de mesures appropriées en matière de protection de l'environnement et du climat en ce qui concerne la technique de fracturation hydraulique à grand volume (fracking)". Utilisée notamment dans l'exploitation du gaz de schiste, cette technique est très contestée par les écologistes, car elle s'avère extrêmement polluante pour l'environnement et induit des risques sanitaires pour les populations.  Sa recommandation "devrait aider les  États membres désireux de recourir à cette technique à gérer les risques environnementaux et sanitaires et à accroître la transparence à l'égard des citoyens."  Elle introduit également des règles du jeu équitables pour le secteur et offre un cadre plus clair aux investisseurs.

    Autrement dit, même si elle l'assortit d'un certain nombre d'obligations et de précautions,  la Commission vient de donner un feu vert à l'extraction des gaz de schiste.

    Les réactions des écologistes ne sont pas tendres

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schisteNicolas Hulot, envoyé spécial du président français François Hollande pour la protection de la planète, estime que l'UE devrait réduire ses émissions d'au moins 50% en 2030. La France a pourtant bien du mal a respecter le précédent objectif européen de 20%. Greenpeace et le Réseau Action pour le Climat réclament une réduction d'au moins 55% par rapport aux niveaux de 1990 si l'UE veut tenir son engagement de les réduire de 85 à 90% pour 2050.

    Pour Corinne Lepage, députée européenne, le manque d'ambition de la Commission reste décevant et préoccupant. Sévère, elle tacle José Manuel Barroso, le président de la Commission européennet. Selon elle, "Le président Barroso a failli à son devoir de fixer un cap clair et ambitieux vers la transition énergétique. C'est grave pour l'Europe et pour la compétitivité future de notre industrie."  L'absence de toute mesure législative sur les gaz de schiste est, quant à elle, proprement "scandaleuse et injustifiable d'un point de vue juridique". 

    Les Amis de la Terre jugent que la Commission européenne a abdiqué de toute volonté de "proposer des normes contraignantes sur l'exploration et l'exploitation des gaz et huiles de schiste". L'ONG dénonce un "manque absolu de courage" face aux lobbys et relève que la Commission  ne publie finalement que de "simples recommandations aux États-membres, totalement insuffisantes pour protéger les populations et l'environnement des risques posés par l'extraction de ces hydrocarbures". 

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schisteBarroso, l'homme de la "catastrophe climatique"

    C'est encore l'ONG Avaaz qui  a les mots les plus durs à l'encontre de Barroso : "On se souviendra de lui comme de celui qui s'est couché devant les pollueurs et a proposé un schéma qui pourrait conduire à la catastrophe climatique." Mais pour Alex Wilks, directeur de campagne de Avaaz,  la messe est loin d'être dite, car le président de la Commission européenne n'a pas le dernier mot politique. "Maintenant, assure-t-il, c'est à la Chancelière Merkel, au Président Hollande et au Premier Ministre Cameron de proposer un accord qui vise une division par deux des émissions de carbone et sécurise l'avenir de notre planète".

    Et maintenant ?

    Si l'on regarde le calendrier à venir, pour sauver ce qui peut être sauvé du climat, Aaaz a raison de souligner que tout espoir n'est pas encore définitivement perdu. Certes, la Commission européenne a publié ses textes sur l’énergie et le climat à l’horizon 2030 et ils sont décevant, mais la route est encore longue. Le Livre blanc sur le futur cadre de la politique énergétique et climatique et les communications sur le coût de l’énergie vont être d’abord débattus, lors d’une prochaine réunion des ministres de l’énergie les 3 et 4 mars prochain.  Les chefs d’État et de gouvernement s’exprimeront lors d’un sommet les 21 et 22 mars. Puis, à l'automne, en septembre 2014, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon réunira  les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier pour un sommet intermédiaire sur le climat à New York. L’objectif onusien étant de pousser les gouvernements, au plus haut niveau, à préparer leurs engagements climatiques “bien en amont” de la 21e conférence sur le climat, qui se tiendra à Paris, fin 2015.

    En attendant le Giec

    Entre temps, en avril prochain, les experts du Groupe international d'experts sur le climat (Giec), auront publié un nouveau rapport alarmant sur le changement climatique, qui fera le point sur les différents scénarios de mesures d'atténuation du réchauffement et rappellera l'extrême urgence qu'il y a désormais à agir avant 2030. Seront-ils entendus ?

    L'emploi en jeu

    Un argument économique majeur plaide pourtant en faveur de la réalisation des objectifs climatiques de l'UE. Une réduction de 20% des GES en 2020 et de 40% en 2030 génère la création d'au minimum 750.000 emplois par an dans le secteur de l'énergie. Et dans le cas d'un scénario où les énergies renouvelables représenteraient 30% du mix énergétique en 2030, on parle d'un million d'emplois par an.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Objectifs pour 2030 en matière de climat et d’énergie en faveur d'une économie de l'UE compétitive, sûre et à faibles émissions de carbone, commission européenne, 22 janvier 2014  : cliquer ICI
    • Environnement: la Commission européenne préconise des principes minimaux applicables au gaz de schiste, 22 janvier 2014 : cliquer ICI

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