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Energie - Page 116

  • Catastrophe de Fukushima : le témoignage posthume de l'homme qui a évité le pire

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    Masao Yoshida (au centre), ancien responsable de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi de Tokyo Electric Power (Tepco), le 12 novembre 2011, à Okuma, dans le nord du Japon. Photo archives AFP

    Le gouvernement japonais avait annoncé le 28 août dernier qu’il allait publier très rapidement la retranscription d’auditions de protagonistes de la catastrophe de Fukushima. Parmi elles, le témoignage crucial de feu le directeur de la centrale, Masao Yoshida, rendu public le 11 septembre dernier.

    fukushima,catastrophe nucléaire,japon,témoignage,yoshida700 principaux témoins

    Les Japonais réclamaient depuis longtemps que les explications des personnes engagées au premier chef dans la catastrophe de Fukushima sortent du secret. La communauté internationale également. En 2011, un groupe d’experts mandatés par le gouvernement avait en effet interrogé pendant plusieurs heures plus de 700 principaux témoins de ce désastre survenu le 11 mars de la même année, à la suite d’un gigantesque tsunami consécutif à un séisme au large des côtes du Nord-Est. Ce sont leurs dires qui seront rendus publics d’ici à la fin de l’année. On se doute que les citoyens nippons, particulièrement ceux qui ont directement souffert de la catastrophe, sont avides de lire l’intégralité des propos des personnes impliquées dans la gestion de la plus grande catastrophe nucléaire de l'histoire, après celle de Tchernobyl, survenue en avril 1986. Début août,  plusieurs Japonais avaient d'ailleurs déposé une demande en ce sens auprès d’un tribunal de Tokyo.

    fukushima,catastrophe nucléaire,japon,témoignage,yoshidaYoshida, un témoin clé

    Ainsi, le gouvernement japonais a divulgué, dès ce mois-ci, les déclarations posthumes de Yoshida. L'ex-directeur de Fukushima qui a dirigé les opérations durant cinq mois au coeur de la centrale sinistrée est décédé en juillet 2013 d’un cancer de l’oesophage. Yoshida avait été entendu durant plus de 20 heures de juillet à novembre 2011 par le groupe d’experts gouvernemental et son témoignage crucial était déjà sorti en partie en août dernier dans deux journaux, dont l’"Asahi Shimbun", qui en avaient publié de larges extraits.

    A l'encontre des directives incohérentes de Tepco

    Masao Yoshida dirigeait le complexe atomique Fukushima Daiichi depuis le mois de  juin 2010, quelques mois avant le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui allaient mettre en péril quatre des six réacteurs du site, un désastre qui a poussé les autorités à évacuer plus de 150.000 habitants alentour.  L'ancien responsable a géré cette crise sans précédent dans des conditions terribles, en s’opposant parfois aux directives incohérentes ou aux lenteurs du siège de son entreprise, Tokyo Electric Power (Tepco). Il a même désobéi à certains ordres qui lui semblaient techniquement dangereux, et a peut-être ainsi évité que la situation ne devienne complètement incontrôlable, selon des experts du secteur.

    fukushima,catastrophe nucléaire,japon,témoignage,yoshida"J'avais l'intention de rester"

    Au cours de ses longues auditions, Masao Yoshida revient sur le début de la crise, les actions et les errements des techniciens, le travail dans l’extrême urgence et la peur, en plein "désespoir" et avec le pressentiment du "désastre" à venir. Yoshida, qui a demandé aux ouvriers non indispensables des entreprises travaillant avec Tepco de "rentrer chez eux", comme le rappelle le Japan Times, dément tout projet d’abandon du site suspecté un temps par le Premier ministre Naoto Kan qui manquait d’informations en provenance de Tepco. "Moi, j’avais l’intention de rester", a-t-il déclaré aux enquêteurs.

    "Heureusement, personne n'est mort"

    Son témoignage poignant ne permet pas de remettre en doute sa parole. Yoshida détaille les opérations pour tenter de reprendre le contrôle du site ravagé par les vagues, les secousses, les explosions en série et menacé par trois cœurs de réacteurs en fusion. "Quand a explosé le bâtiment du réacteur 3, nous n’avions sur le coup plus de nouvelles de 40 personnes. A cet instant, je me suis dit que s’il leur était arrivé quelque chose, je me trancherais le ventre sur place. Heureusement, personne n’est mort: c’était une chance dans le malheur, sans doute grâce à Dieu."

    fukushima,catastrophe nucléaire,japon,témoignage,yoshidaLe problème de l'eau

    L'ex-directeur de la centrale a continué de refroidir les réacteurs avec de l’eau de mer, désobéissant ainsi au Premier ministre et contredisant – heureusement — les ordres de Tepco : "J'ai indiqué au groupe de gestion de crise sur le site : "Je vais dire (au siège à Tokyo) que l’injection d’eau de mer sera suspendue, mais il ne faut en aucun cas l’arrêter." Puis, j’ai dit au siège que l’injection avait été stoppée." Une action décisive, selon les médias japonais. Par ailleurs, Yoshida a alerté les autorités sur le problème de l’eau à Fukushima : "J’ai prévenu dès le mois de mars 2011 que si l’on ne s’occupait pas correctement du traitement urgent de l’eau, on aurait du mal à stabiliser la situation."  La question de l'eau contaminée sur le site dévasté de la centrale japonaise n'est toujours pas résolue aujourd'hui.

    Lors d’un rare entretien accordé à la presse en novembre 2011 avant de quitter ses fonctions, Yoshida avait déclaré: « dans la semaine qui a suivi l’accident, j’ai bien cru à maintes reprises que nous allions mourir ».  Trois ans plus tard, l'état de la centrale de Fukushima est toujours précaire.

     Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Pollution de l'air : la couche d'ozone va mieux !

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    La couche d'ozone qui protège l'atmosphère de la Terre est en bonne voie de guérison...

    C'est la bonne nouvelle de la rentrée. Il en faut, me direz-vous ! Et sur ce point, Ma Planète ne vous contredira pas... Alors voilà : si les émissions de gaz à effet de serre battent de nouveaux records et si le réchauffement climatique se poursuit, la couche d'ozone, elle, se porte mieux. Responsables : les actions menées au plan mondial par les hommes pour la protéger. Elles devraient même lui permettre de se reconstituer d’ici à 2050, s'est félicité l’ONU dans une étude publiée le mercredi 10 septembre. Tout en ne manquant pas de souligner, une fois de plus, l’urgence qu'il y a à s’attaquer désormais au défi du réchauffement climatique...

    Merci, le Protocole de Montréal !

    « La reconstitution d’ici à quelques décennies de la couche d’ozone protégeant la Terre est en bonne voie, grâce à l’action internationale concertée, engagée contre les substances appauvrissant l’ozone », indique le rapport de lOrganisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue). Mené par près de 300 scientifiques de 36 pays, dont des chercheurs français du CNRS, il souligne le rôle capital joué par le Protocole de Montréal qui aura permis d’empêcher "deux millions de cas de cancer de la peau chaque année d’ici à 2030". Sans cet accord, "l’un des traités relatifs à l’environnement les plus efficaces au monde, (…) les niveaux atmosphériques de substances appauvrissant l’ozone auraient pu décupler d’ici à 2050", relève le document, qui confirme des estimations déjà annoncées par l’Onu en 2010. Signé en 1987, le Protocole de Montréal a permis l’interdiction progressive des chlorofluorocarbones (CFC), ces substances qui appauvrissent la couche d’ozone, bouclier gazeux situé entre 20 et 50 km d’altitude et qui protège la Terre contre le rayonnement solaire ultraviolet.

    Dans l'Antarctique, ce n'est pas encore gagné...

    ozone,couche,protection,cfc,hfc,réchauffement climatiqueLa couche d’ozone devrait donc avoir retrouvé son niveau des années 1980, qui précèdent tout appauvrissement significatif de la couche d’ozone, avant le milieu du siècle aux latitudes moyennes et dans l’Arctique, et un peu plus tard dans l’Antarctique. Au-dessus de l’Antarctique, c'est plus compliqué. Le trou d’ozone continue de se former chaque année au printemps et il est prévu qu’il continue d’en être ainsi pendant la majeure partie de ce siècle. Les substances appauvrissant l’ozone perdurent en effet dans l’atmosphère, même si leurs émissions ont cessé, rappellent les scientifiques.

    Gare aux HCFC, puissants gaz à effet de serre

    Mais, si le document de 110 pages qui résume pour les décideurs l'étude se veut optimiste sur la reconstitution de couche d’ozone, il sonne aussi comme un avertissement de plus pour le climat : la production de tétrachlorure de carbone, composant qui altère la couche d’ozone, continue de progresser bien que figurant dans la liste des produits bannis par le Protocole de Montréal, tout comme le dioxyde d’azote (NO2)qui, lui, n’est pas couvert par le traité. Et surtout, l’étude onusienne souligne que les hydrofluorocarbones (HCFC), ces substances utilisées depuis près trente ans pour remplacer celles qui appauvrissent l’ozone, sont de puissants gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. Utilisés dans la réfrigération, la climatisation et pour des applications industrielles, les HCFC font partie des six grands gaz à effet de serre (GES). Ils restent bien moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2, mais leur pouvoir de réchauffement global est très supérieur. Pour faire simple, ils représentent la peste pour le climat, contre le choléra pour la couche d'ozone. Le problème, c'est que ces gaz « représentent actuellement environ 0,5 gigatonne d’émissions équivalent CO2 par an, lesquelles progressent actuellement à un rythme annuel d’environ 7% », précise l’étude....

    michel jarraud.jpgUn encouragement pour l'humanité à s'attaquer enfin aux causes humaines du changement climatique

    « L’action internationale en faveur de la couche d’ozone constitue une avancée majeure dans le domaine de l’environnement », se félicite toutefois Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation mondiale de la météo (OMM), qui n'a pas souvent l'occasion de se réjouir. Pour lui, ces résultats sont un encouragement « à faire montre du même niveau d’urgence et d’unité pour s’attaquer au défi encore plus grand du changement climatique ». Le secrétaire de l'OMM n'oublie pas qu'une réunion des chefs d’États, placée sous l’égide des Nations Unies, doit se tenir le 23 septembre prochain à New York afin de tenter de mobiliser les énergies en faveur du climat.

    Comme une bonne nouvelle peut en cacher une autre, ce rapport sur la couche d'ozone montre aussi qu'en matière d'écologie, jusqu'à un certain point, rien n'est irréversible et que l'on peut renverser des tendances néfastes si l'on prend des mesures vraiment efficaces... A condition toutefois de ne pas franchir la ligne rouge, comme celle du climat, sur laquelle la planète se tient aujourd'hui en équilibre instable.

    Cathy Lafon

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    • Evaluation scientifique de l'appauvrissement de la couche d'ozone – Publication du résumé pour les décideurs : cliquer ICI
    • Le Protocole de Montréal: cliquer ICI

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  • Gaz à effet de serre : on asphyxie la planète

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    Après 2012, l'atmosphère a connu en 2013 de nouveaux pics de pollution par les gaz à effet de serre. En mars dernier, la Chine qui est le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre au monde, a pris des mesures drastiques pour y remédier.  Photo AFP

    Nouvelle alerte pour le climat : les gaz a effet de serre ont atteint des concentrations records en 2013 et leur présence dans l'atmosphère a augmenté à une vitesse inégalée depuis la mise en oeuvre des premières mesures fiables, a annoncé l'ONU, le 10 septembre dernier.

    Le climat est en train de changer

    michel jarraud.jpgLa publication de l'étude publiée par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), intervenait à quelques jours du sommet sur le climat que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a prévu de réunir à partir de ce mardi 23 septembre à New York. Objectif : donner un élan politique aux négociations internationales, en vue d'un accord global pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, destiné à t être scellé à Paris fin 2015 pour une entrée en vigueur en 2020, suffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement de la planète.  "Nous savons avec certitude que le climat est en train de changer et que les conditions météorologiques deviennent plus extrêmes à cause des activités humaines telles que l'exploitation des combustibles fossiles", écrit Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM (photo ci-dessus), dans un communiqué accompagnant ce bulletin.

    CO2 nuages.jpgL'homme, premier responsable

    D'après l'OMM, "les concentrations du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d'azote (N20) ont atteint de nouveaux pics en 2013". En outre, les observations révèlent que le taux d'accroissement du CO2 atmosphérique d'origine humaine entre 2012 et 2013 représente la plus forte augmentation annuelle depuis 1984. Des données préliminaires laissent supposer que cela pourrait être dû à la réduction des quantités de CO2 absorbées par la biosphère terrestre alors que les émissions de ce gaz continuent de croître. 

    Vers l'amplification du changement climatique

    co2.jpgLe dioxyde de carbone est le principal responsable du réchauffement climatique. Sa concentration dans l'atmosphère a augmenté en 2013 de 2,9 ppm (parties par million) en un an. Aussi, pour William Collins, professeur de météorologie à l'université de Reading, ces résultats devraient se traduire par "une amplification du changement climatique à l'avenir". Une chose est sûre: le forçage radiatif (la capacité de la Terre à conserver l'énergie du Soleil ou à la renvoyer dans l'espace), qui a pour effet de réchauffer le climat, s'est accru de 34% entre 1990 et 2013 à cause des gaz à effet de serre persistants (comme le CO2, le CH4 et le N20). Celles de méthane, deuxième plus important gaz à effet de serre et de protoxyde d'azote, autres facteurs importants de réchauffement, sont respectivement inchangées depuis cinq et dix ans.  Environ 40% des rejets de CH4 dans l'atmosphère sont d'origine naturelle (zones humides, termites, etc.) et 60% d'origine humaine (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges, combustion de biomasse...).

    L'acidification des océans

    ocean acidification.jpgPremière victime des émissions de gaz à effet de serre, l'océan qui absorbe aujourd'hui environ le quart des émissions totales de CO2, soit environ 4 kg de CO2 par jour et par personne, et la biosphère un autre quart, limitant ainsi l'accroissement du CO2 atmosphérique. Mais l'absorption du CO2 par les océans entraîne une acidification de l'eau de mer et une détérioration de l'écosytème marin. Ainsi "le rythme actuel d'acidification des océans semble sans précédent depuis au moins 300 millions d'années." "Le dioxyde de carbone demeure pendant des centaines d'années dans l'atmosphère et encore plus longtemps dans l'océan", avertit Michel Jarraud.

    Des solutions existent

    réchauffement climatique,onu,rapport,omm,co2,gaz à effet de serre,océan,acidificationL'objectif est de limiter à 2°C le réchauffement de la planète par rapport à l'ère pré-industrielle. Or les émissions actuelles mettent la Terre sur une trajectoire de 4 à 5°C de plus à la fin du siècle par rapport à l'ère pré-industrielle.  Selon Michel Jarraud, la communauté internationale a pourtant les moyens de limiter le réchauffement à 2°C, objectif que l'Onu s'est fixé en 2010, ce qui "laisserait une chance à notre planète et (...) un avenir à nos enfants et petits-enfants". Des solutions existent en effet.  200 villes européennes interdisent les véhicules les plus polluants dans certaines zones, où les particules fines ont baissé dans certains endroits jusqu'à 40%. Les énergies fossiles principales responsables des gaz à effet de serre, peuvent être remplacées par des énergies renouvelables, hydraulique, éolienne, solaire... qui devraient ainsi permettre à l'UE de produire 20% de son énergie d'ici à 2020.  "L'ignorance ne peut plus justifier l'inaction", conclut le secrétaire général de l'OMM.

    "Le temps commence à manquer"

    Peut-on encore éviter un réchauffement climatique de 4 à 5 °C de plus à la fin du siècle, avec l'augmentation du niveau de la mer et son cortège de tempêtes et d'inondations ? Seule une décroissance radicale des émissions de gaz à effet de serre permettra d'inverser la tendance actuelle. Pour l'heure, les habitants de la planète Terre n'en prennent pas le chemin... "Nous avons été un peu surpris par ces résultats qui, s'ils sont confirmés, sont très préoccupants", relève Michel Jarraud qui souligne: "Les émissions de CO2 passées, présentes et futures auront des conséquences cumulées aussi bien sur le réchauffement climatique que sur l'acidification des océans. Les lois de la physiques ne sont pas négociables. Le temps commence à manquer".

     Cathy Lafon

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    La Chine est le plus gros pollueur de la planète, avec plus de 6.000 millions de tonnes de CO2 rejetées dans l'air, avec les Etats-Unis qui rejettent à eux seuls près de 20% du CO2 présent dans l'air. Ces deux pays ont enclenché des mesures pour y remédier.