Conférence environnementale jour J. "Alors moi, qu'est-ce que j'en attends ?"
Aujourd'hui s'ouvre la Conférence environnementale (14 et 15 septembre), promise et organisée par François Hollande. Petit tour d'horizon avec Ma Planète des attentes d'écolos de la région et au-delà : personnalités, représentants d'associations, professionnels du développement durable et élus.
"Nous voulons des actes !"
Philippe Barbedienne, Sépanso (Fédération des Sociétés pour l'Etude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest) : "Immenses attentes, vu la gravité de la crise environnementale qui se dessine, en revanche espérances raisonnablement très limitées, compte tenu de l’expérience cuisante du Grenelle et des récent signaux négatifs donnés par le gouvernement. Deux axes ressortent : l’artificialisation des sols à laquelle il faut porter un coup d’arrêt (on ne doit plus pouvoir prendre 1 seul hectare à la nature sans lui en rendre un) et la la sobriété énergétique, préalable à toute politique énergétique moderne. On ne peut accepter le gaspillage au prétexte qu’on améliore la part des énergies renouvelables. Bref, le modèle économique actuel de notre société basé sur un gaspillage sans fin n’est pas soutenable et il faudra tôt ou tard en changer."
Christian Berdot (Landes) vice-président Amis de la Terre-France, qui participent à la Conférence : "Contrairement à beaucoup d'autres, les Amis de la Terre ont participé au Grenelle sans grande illusion. Entre temps, les crises écologiques, la crise énergétique se sont aggravées. Et la prise de consciences de nos responsables politiques ? Toujours au point zéro ou presque : LGV, croissance (des injustices et des destructions). Oui, nous allons à cette Conférence, mais si c'est pour repeindre en vert le Titanic, nous en sortirons."
Françoise Branger, Bassin d'Arcachon Ecologie (Gironde) : "Nous espérons que la Nature et l'Environnement seront considérés à leur juste valeur : essentiels et vitaux, centraux. Le gouvernement précédent a institué une réforme qui modifie l’agrément des associations environnementales, notamment pour les associations infra-départementales. Celles qui perdraient leur agrément se verraient ainsi, dans beaucoup de cas, déchues de la possibilité de se porter partie civile à l'encontre d'une infraction environnementale, d’exiger d’être entendue lors de l’élaboration d’un SCOT ou d’un PLU, d’obtenir la représentativité pour siéger dans des instances consultatives, de représenter des personnes victimes d’atteintes à l’Environnement (Article R142-1 C. Env.). Nous attendons que ce décret soit abrogé."
René Capo, collectif Vigilance Biscarrosse (Landes) : "J'avoue être pessimiste : la crise financière aidant, je crains que les décisions ou recommandations qui seront prises à l'occasion de la conférence environnementale ne soient pas à la hauteur de l'attente de tous ceux qui possédent une conscience écologique et une perception sur les risques que fait courir à notre planète la course effrénée du profit à tout prix…avec en toile de fond, l'incompétence, l'imprévoyance, la complaisance et le pire la corruption…"
Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, porte-parole mondial de l’organisation de collectivités locales Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) dans les négociations climatiques : "Le nouveau gouvernement a souhaité associer le Parlement à cette conférence devant amorcer la transition écologique et énergétique de la France. Seul représentant du groupe écologiste du Sénat, je prendrai part à la table ronde « Gouvernance », chargée de présenter des propositions sur l’évolution des instances et des procédures de concertation et de suivi, l’étude de nouvelles compétences pour les collectivités locales, et l’ouverture d’une nouvelle étape en matière de responsabilité sociale et environnementale des acteurs économiques et sociaux. Je suis là pour agir !"
Michel Daverat, Conseiller régional EELV, président du Syndicat mixte de la Grande Dune du Pilat, vice-président du Parc régional des Landes de Gascogne et président du comité de pilotage de la zone Natura 2000 grande Leyre-petite Leyre : "Le Grenelle de l'environnement n'a été que parole et communication. De la Conférence environnementale, j'attends des actes !".
André Dechene, président du Collectif Bar Européen, membre de l'ONG européenne Océan2012, qui lutte contre la surpêche (Charente-Maritime) : "Que les décisions et orientations prises lors du Grenelle de la mer, en particulier les discussions et la sortie des arrêtés d'application concernant la charte de la pêche de loisirs éco responsable signée en juillet 2010 sortent rapidement. Ca ne coûte rien, mais l'inertie de l'administration est lourde et on ne comprend pas."
Hassan El Houlali, directeur de Surf Insertion (Bordeaux) : "Pour nous, c'est la grand-messe du 20 h. On n'est ni optimistes, ni pessimistes, ni je m'en foutistes. Il ne faut pas être statique, mais être positif, dans l'action et se bagarrer. C'est ce qu'on fait tous les jours avec nos 2.500 jeunes, pour les aider à construire un avenir possiblement vivable, dans le respect de l'environnement. "
Wim Ellul, descendant et héritier spirituel de Jacques Ellul (Bordeaux) : "Qu'elle aborde des questions qui nous intéressent ! Durabilité de nos modes de vie, questionnement réel sur les apport de la modernité, refondation du lien social, vouloir-vivre ensemble, reconnexion à soi-même, prévention des maladies, prise de conscience que nous perdons chaque jour notre lien avec la nature et avec l'environnement. Ce ne sont pas seulement des gestes éco-citoyens ni des mesurettes qui vont amorcer un VRAI changement de direction. Serein, non. Optimiste oui, même si ce n'est pas encore pour demain."
Txetx Etxeverry, Coordination Bizi ! (Pays Basque) : "La plupart des premiers pas du nouveau gouvernement en matière d'environnement vont dans la mauvaise direction : de l'éviction de Nicole Bricq aux récentes déclarations ministérielles qui traduisent la religion de la croissance à tout prix. On est donc très prudent dans nos attentes. Pour nous, que plus que jamais, c'est la mobilisation sociale pour une société et une économie soutenable qui fera changer les choses et éviter le pire au niveau écologique et climatique."
Nathanaël Gagnaire, bureau national de la Fédération française des motards en colère (FFMC), en charge des ZAPA (Gers) : "Qu'elle soit le lieu de réelles concertations, non pas uniquement entre élus ou technocrates, mais que les associations ou la société civile soient représentées, écoutées et entendues. L'environnement ne peut pas et de doit pas être le prétexte idéal à des mesures discriminantes, socialement injustes et humainement discutables, notamment telles que les ZAPA (Zones d'actions prioritaire spour l'air)."
Jean-Marc Gancille, Darwin-éco-quartier Caserne Niel, agence Inoxia (Bordeaux) : "La Conférence environnementale ne pourra produire d'effet que si elle ose aborder de front la question cruciale de l'interdépendance écologie/social. L'espoir ne pourra venir que de décisions courageuses et "gravées dans le marbre" (on a vu les dégâts a posteriori du lobbying industriel sur les décisions du Grenelle) comme par exemple une fiscalité écologique réellement incitative."
Caroline Guai, interface à terre de l'expédition Coriolis 14, partie depuis trois mois faire le tour du monde à la voile Bordeaux-Béring-Bordeaux, pour sensibiliser au réchauffement climatique (Bordeaux) : "Bien sûr la Conférence environnementale nous intéresse, mais il est assez difficile de se prononcer sur des reflexions... Sans doute qu'il y aura des "bonnes" IDEES d'action, mais qu'en sera-t-il de leurs applications? Quoiqu'il en soit nous restons optimistes."
Nicolas Guenro, directeur d'Autocool, site d'autopartage (Bordeaux) : "Nous attendons enfin une ligne directrice sur la filière automobile : inciter à acheter des voitures ou priorité au transfert des déplacements mer les modes doux... inciter à l'électrique et baisse le coût des carburans et du diesel : on ne peut pas tout faire. Et un plan national de stationnement, qui planifie un stationnement basé sur des parcs relais (type silos). La rue ne doit plus être uniquement un espace de flux et de stockage automobile. Enfin, une ambition sur le vélo, les transports collectifs et l'exemplarité de l'Etat et des collectivités en terme de déplacements..."
Pierre Hurmic, EELV, conseiller municipal et Cub (Bordeaux) :"Qu'elle amorce enfin la transition énergétique dont notre pays a besoin. Au-delà des mesurettes habituelles, elle seule nous permettra de prévenir les futurs chocs pétroliers prévisibles dus à l'épuisement des stocks et de répondre à l'urgence climatique. Cette politique passera par la création d'une taxe carbone, des aides à l'isolation des bâtiments (responsables de 43% de la consommation d'énergie finale en France), et favorisera l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables."
Christine Jean, administratrice LPO-France (Ligue de protection des oiseaux) (Bordeaux). Elle représentera l'association qui participe aux 5 tables rondes de la Conférence, à celle consacrée l'énergie : "L'heure n'est pas au doute mais à la détermination. La question des économies d'énergie doit être le point central de la transition énergétique annoncée, celle-ci devant par ailleurs respecter le climat, la biodiversité et la santé. Un autre enjeu fondamental est la reconquête de la biodiversit en luttant contre l'artificialisation des sols et en réduisant drastiquement l'utilisation des pesticides. Il s'agit aussi, tout simplement, de faire respecter la loi, notamment celle qui interdit la chasse aux ortolans ! "
Sylvie Manet, adhérente à l'association TACA, chargée de communication de l'Alter-Tour : " J'avoue qu'à l'échelle de la France, je suis plutôt pessimiste. D'autant plus que le gouvernement n'a pas l'air de bouger dans le bon sens. Cela dit, je me concentre sur ce que je peux faire au quotidien pour réduire mon empreinte carbone et en parler dans mon entourage. Peut-être que petit à petit nous serons de plus en plus nombreux."
Sylvie Merle-Vigneau, collectif CODE Béarn (64) : "Deuxattentes majeures. Donner priorité aux ferroviaire, transports collectifs et aménagement de l'existant avant de créer de nouvelles infrastructures routières dans l'optique de la transition énergétique. Préserver la biodiversité avec le respect des mesures de protection antérieures comme les ZNIEFF et sites Natura 2000 (menacés par le projet de route entre Pau et Oloron). Nous sommes en attente, à peine optimistes, prêts à être agréablement surpris, mais nous sommes lucides..."
Alain Noël, enseignant, producteur de vin bio (Château Les Dauphins, Gironde) : "Je suis un peu détaché de l'actu : rentrée scolaire, mise en bouteille 2011,préparation des vendanges. Je suppose qu'il s'agit d'un Grenelle bis ? J'ai été déçu par ce que Sarkozy a fait du Grenelle, mais je n'avais pas non plus d'illusions. L'ambiance de crise actuelle m'inquiète, concernant l'écologie. Disons que je suis relativement opimiste. A voir."
Stéphane Sanchez, animateur national de la Coordination nationale collectifs "Stop antennes" (Bordeaux) : "On attend du gouvernement qu'il légifère et prenne des mesures d'urgence sur ce scandale sanitaire à venir que sont les champs électromagnétiques. Qu'il mette également en place une loi pour protéger les donneurs d'alerte."
Stéphane Scotto, photographe, défenseur indépendant écolo du Bassin d'Arcachon :" Après le Grenelle de l'Environnement, finalement lâchement abandonné, voici donc le nouveau gadget politique du nouveau gouvernement. Alors que Nicole Bricq, après s'être ouvertement prononcée contre l'exploitation des gaz de schiste a été remplacée illico par Delphine Batho, et que les déclarations récentes du Ministre du Redressement Productif en faveur de ce même gaz de schiste font froid dans le dos, que pourrions nous attendre de cet évènement ? Rien. Absolument RIEN. Pour inverser la courbe croissante de la pollution des Hommes sur la Terre, il faudrait une véritable vision d'avenir qui soit partagée par l'ensemble des chefs d'Etats. Nous en sommes encore très loin, et c'est pourquoi la protection de l'environnement va malheureusement de plus en plus devenir un véritable combat."
Françoise Taliano-Des Garets, professeur d'histoire contemporaine à Sciences Po Bordeaux, écrivain : "Mes attentes sont fortes mais je pense que les résultats risquent d’être limités. Toutefois, on ne peut que se réjouir de son existence et de son inscription dans la durée comme rendez-vous régulier. Elle aura pour utilité de mettre à nouveau l’accent sur les dossiers les plus névralgiques, parfois recalés à un rang moins prioritaire en raison de la crise économique. Il faut de la constance pour faire avancer la conscience écologique."
Alexandre Viel, responsable de la revue Vu Bien Vu (Aquitaine) : "Au niveau local, les entreprises et institutionnels communiquent de plus en plus sur l'environnement. La Cub (communauté urbaine de Bordeaux) est, par exemple, en plein lancement de son plan climat énergie et agenda 21. Optimiste oui, mais pas forcément serein, car il faudrait que ça suive davantage au niveau politique. Concernant cette Conférence nationale, je ne sais rien, à mon grand dam."
A vous la parole : et vous, quelles sont vos attentes ? Etes-vous, sereins, optimistes, inquiets, pessimistes, pour vous "c'est mort", cela ne vous intéresse absolument pas... ?
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