Notre-Dame-des-Landes : un aéroport vraiment pour rien ?

Les opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes occupent le site, le 17 novembre 2012. Photo AFP
Ce soir à Bordeaux, NDDL fait son cinéma
Le vendredi 15 février à 20 h30, le cinéma bordelais Utopia organise une projection unique du documentaire "Notre Dame des Landes, au coeur de la lutte ", de Christophe Kergosien et Pierrick Morin, suivi d'un débat avec Hervé Kempf (photo ci-contre). En partenariat avec la librairie La Machine à lire, qui accueille juste avant, à 18 h 30, le journaliste du Monde spécialiste de l'environnement, pour la présentation de son nouveau livre : "Fin de l'Occident, naissance du monde". Au cinéma, la soirée est à l'initiative des Cinq collectifs girondins de soutien à la ZAD (Zone A Défendre) Notre-Dame-des-Landes. Salle archicomble en perspective.
NOTRE-DAME-DES-LANDES ... Au coeur de la lutte...
Où en est-on de la bataille du futur aéroport nantais ?
C'est l'occasion de faire le point sur ce conflit emblématique, "mère" de toutes les batailles pour les écologistes, qui a fait couler beaucoup d'encre et envahi le web et les réseaux sociaux en fin d'année dernière.
Les opposants ont gagné une victoire juridique, mais pas la guerre
Le dernier épisode de l'histoire mouvementée de l'"Ayraultport", comme le surnomment ses opposants, est pratiquement passé inaperçu : le 29 janvier, dernier, la Cour de cassation a rendu 5 arrêts qui mettent en attente le dossier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes jusqu'à la fin des autres recours.
Les pelleteuses de Vinci au garage
Les juges ont remisé les pelleteuses envoyées par Vinci. Ils ont donné raison aux propriétaires et exploitants agricoles qui lui demandaient de se prononcer contre les ordonnances d’expropriation prononcées un an plus tôt, le 18 janvier 2012. Selon eux, pas d'expropriation tant que le juge administratif n’a pas confirmé la légalité des arrêtés antérieurs de cessibilité (arrêtés préfectoraux du 13 septembre 2011 listant les parcelles expropriables). De son côté, la société AGO (Aéroports du Grand-Ouest), concessionnaire du projet, et filiale de Vinci Airports, souhaitait le rejet immédiat du pourvoi, sans attendre la fin des recours administratifs.
Aucune expulsion n'est possible durant au moins deux ans et demi
La plus haute instance judiciaire du pays a mis le dossier en attente, jusqu’à ce que les juridictions administratives se soient prononcées. Elle a estimé ne pouvoir prendre aucune décision sur l'« arrêté de cessibilité » qui autorise AGO à exproprier les agriculteurs toujours en exploitation sur le terrain du futur aéroport, au nord de Nantes. Voilà qui ne simplifie pas les affaires du gouvernement et retarde le projet d'AGO d'au moins deux ans et demi... Il ne pourra y avoir en outre aucune expulsion jusqu’au terme de cette procédure, conformément à l’accord voulu par François Hollande et signé le 8 mai 2012, entre une délégation du PS de Loire-Atlantique et les paysans qui s'opposent aux expropriations et aux expulsions depuis... la fin des années 1960.
La loi sur l'eau en embuscade
Pour autant, la bataille juridique est loin d'être achevée. La justice doit encore se prononcer sur au moins 5 recours. Pas moins de 7 ou 8 nouvelles procédures devraient être déposées dans un délai d’un à six mois, avec le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CeDpa) et l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa). Selon Etienne Boittin, avocat des opposants, "la loi sur l’eau [leur] offre plusieurs perspectives de recours, notamment sur des questions préjudicielles devant la Cour de justice de l’UE ou des questions prioritaires de constitutionnalité".
Des procès en cascade...
Pendant ce temps-là, pour les opposants à Notre-Dame-des-Landes (les "zadistes"), les rendez-vous s'enchaînent avec la justice. Lundi 11 février se tenait le procès à Nantes de cinq d'entre eux, soupçonnés d'avoir commis des dégradations au siège de Vinci Construction en octobre dernier à Couëron. Le 21 février, deux autres personnes seront jugées pour avoir "virilement raccompagné" un policier en civil. C'était lors d'une manifestation festive, à Notre-Dame-des-Landes, en novembre dernier. En mai, c'est au tour de quatre protestataires, perchés dans les arbres et délogés par le GIPN, d'être convoqués. Le comité de soutien aux inculpés anti-aéroport dénonce pour sa part « le harcèlement policier et judiciaire à l'encontre des opposants, la répression systématique de toute action de protestation et la volonté de fichage des opposants ». Et multiplie les actions partout en France.
... et des boulons oxydés
Ainsi, à Bordeaux, dans la nuit du 11 au 12 février, les "zadistes" ont fait parvenir cinq colis contenant de vieux boulons de métal oxydés au journal "Sud Ouest" (photo ci-jointe), à la préfecture (quartier Mériadeck) et à trois sous-préfectures, accompagnés d'un message de soutien et de "solidarité" aux opposants inculpés.... et de menaces à l'encontre des pylônes de lignes à haute tension girondines, d'où proviendraient les boulons, comme les activistes le laissent entendre. Est-ce vraiment le cas ? Quoi qu'il en soit, les cinq paquets-cadeaux n'ont pas vraiment faire rire le procureur de la République et les investigations de la police judiciaire ont aussitôt débuté.
►REPERES
La soirée-débat NDDL à Bordeaux, ce vendredi : c'est où, c'est quand ?
- A la librairie La Machine à lire, 18 h 30 : rencontre avec Hervé Kempf pour la présentation de son nouveau livre : "Fin de l'Occident, naissance du monde"(8 place du Parlement, 05-56-48-03-87).
- Au cinéma Utopia, à 20 h 30 : projection unique du documentaire "Notre Dame des Landes, au coeur de la lutte ", de Christophe Kergosien et Pierrick Morin, suivi d'un débat avec Hervé Kempf. Tarif unique 4 €. Toutes les places sont déjà vendues. On peut néanmoins venir avant le début de la séance s'inscrire sur une liste d'attente et croiser les doigts...(5 place Camille Jullian, 05-56-52-00-03).
►LES MOTS
- NDDL : Notre-Dame-des-Landes, le site sur lequel doit être construit le nouvel aéroport de Nantes.
- ZAD : Zone A Défendre
- Zadiste : Défenseur d'une Zone à Défendre
►LE BLOG
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Marie-Christine Messana, professeur de lettres au collège de Bassens, nourrissait depuis longtemps un rêve : construire un projet éducatif avec les élèves, conjuguant Europe et développement durable. Envie partagée par d'autres collègues, dans son établissement, mais aussi ailleurs en Europe. Le
"La première année, dans chaque pays et dans chaque établissement, les élèves ont élaboré simultanément un rapport sur leur environnement local et leur ville, une sorte de "diagnostic" de leur situation écologique. Ils travailllent indépendamment, mais communiquent et échangent entre eux par mail, par Facebook et sur un site collaboratif, en anglais", explique la prof. Et cette année ? "La deuxième année, en 2012, ils travaillent tous à concevoir un jardin écologique dans leur collège, en tenant compte du profil écologique et environnemental local décrit dans leur rapport initial. Parallèlement, les élèves mettent en place des solutions spécifiques à un manque écologique spécifiquement repéré dans leur établissement", détaille Marie-Christine.
A Bassens comme partout ailleurs, aussi écolo soit-on, l'écologie et le dévelopement durable, c'est un long combat. Dans ce qui cloche, les élèves (photo ci-contre) ont d'abord pointé les transports : pourquoi vient-on au collège en bus ou en voiture, alors qu'en Finlande, en dépit de conditions climatiques plus difficiles, élèves et profs vont toute l'année au collège en vélo, mode de déplacement doux et respectueux de la planète ? Sachant que le périmètre d'habitation est le même... Parmi les réponses : de meilleures éco-habitudes, de bonnes pistes cyclables, un réseau routier plus adapté et mieux sécurisé... Pourquoi au collège de Bassens ne recycle-t-on pas le papier que l'on jette ? Quel est le trajet des aliments que l'on mange à la cantine, d'où viennent-ils, où les déchets alimentaires sont-ils jetés, qu'est-ce qu'on gaspille et pourquoi ? En maths, avec le prof qui participe au projet, on calcule aussi les empreintes écologiques de ces mauvaises pratiques. "Une vraie prise de conscience écolo pour les élèves", selon leur prof, réalisée avec des animateurs de
Par le biais de questions pragmatiques toutes simples (encore faut-il se les poser), les élèves découvrent l'importance du volume de nourriture que nous gaspillons quotidiennement Mais aussi qu'en Finlande, la cantine est gratuite pour tous, alors qu'en Espagne, il n'y en a pas : les élèves rentrent chez eux, ou apportent leur déjeuner à l'école. Les Finlandais recyclent tout, jusqu'aux déchets alimentaires ! "Les élèves se sont rendus compte que c'est en France que l'on consomme et que l'on jette le plus de papier. Sans pour autant le recycler... Leurs copains Finlandais sont à l'heure du tableau numérique. Ils utilisent aussi des cahiers, comme les Polonais, les Espagnols et les Slovaques", précise Marie-Christine Messana. Qui interroge aussi sa propre pratique d'enseignante : "Le système français, avec les classeurs, les copies volantes et les innombrables photocopies réalisés par les enseignants pour les cours et les contrôles est surconsommateur de papier. Pour ma part, j'essaie désormais de montrer aux enfants l'intérêt écologique du cahier de brouillon ! Ca paraît bête et un peu rétro, mais réfléchissez à la quantité de feuilles volantes qu'on peut économiser avec, à l'échelle d'une classe de 30 élèves, multiplié par une trentaine de classes, puis par des centaines d'établissement scolaires en France..." Bien vu. Inhérent à une pratique quotidienne sur laquelle ils ont prise, le thème du papier est retenu par les élèves.
Economiser le papier, oui. Mais comment mettre en place collecte, tri et recyclage au collège ? Si la première année, en 2011, "P.U.P.I.L.S for a greeener school" ne concernait qu'une seule classe d'une trentaine d'élèves de 3ème, la seconde année, il s'est ouvert aux 4ème et fonctionne sous forme de club, avec des volontaires, élèves comme enseignants. D'autres profs se greffent au projet ouvert à tous. On commence par fabriquer des bacs pour récupérer le papier (ci-contre), avec le concours d'un prof de techno branché écologie. Mais cela ne suffit pas. Pour l'ensemble de la chaine du recyclage, ce même enseignant apporte une solution, en proposant de rencontrer la société de collecte et de recyclage de papiers,
Du local au global ... et du global au local
Allons-y pour la question qui fâche : la participation des élèves au projet était-elle au départ vraiment motivée par la question écologique ? Ou par l'attrait des voyages ? "Les voyages, reconnaît Marie-Christine Messana, sont un atout considérable pour intéresser élèves (comme les profs !) au projet. Mais en même temps, leur génération est sensibilisée à la thématique écolo. Ils sont dans le bain depuis la maternelle et l'école primaire et savent qu'il faut économiser les ressources de la planète. Mais des intentions ou de la bonne volonté à l'acte, à la "bonne pratique", il y a souvent un fossé. Et surtout, il faut sans cesse recommencer le travail d'accompagnement pédagogique... " La faute, peut-être, à un manque de culture écologique dans les entourages familiaux ? "Peut-être. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la conscience écologique n'est pas encore ancrée chez eux", conclut la prof avec franchise : "On sème des graines : parfois elles germent, parfois non... Honnêtement, ils ont été certainement plus accrochés au départ par la possibilité de partir à l'étranger que par le développement durable... Mais ils sont venus au développement durable par les voyages et les pratiques qu'ils ont pu découvrir ailleurs, les personnes qu'ils ont rencontrées et les sites qu'ils ont visité chez eux. Les bases de la conscience écologiques sont là. Et puis, ce n'est pas croyable, tout ce qu'ils ont appris... ", s'étonne Marie-Christine, qui en oublierait presque son propre rôle dans cette belle histoire et celui de tous ses collègues enseignants, comme Thierry Lubrano, prof de sciences physiques et co-pilote du projet, ou Olivier Cazaux, prof de techno...
Depuis 27 ans, l’association propose à des petits groupes, des voyages en Afrique de l’Ouest, au Sahara et désormais en Turquie, en Tunisie, au Maroc et à Madagascar, qui offrent une réelle alternative au tourisme de masse. Pionnière du tourisme équitable et solidaire, Croq’Nature est une sorte d’« artisan voyagiste », comme aime à le décrire son directeur Jean-Luc Gantheil. Du guide aux cuisiniers, chameliers, piroguiers, chaque voyage se construit avec les acteurs locaux de la région visitée. En partenariat avec l’association
Mieux se faire connaître. C'est l'objectif de Jean-Luc Gantheil (photo ci-contre) et de ses trois partenaires africains, qui ont décidé de faire un tour de France durant tout le mois d'octobre, pour présenter leurs voyages équitables et solidaires. Ils sont appuyés localement dans leur tournée par des voyageurs qui, séduits par ce type de tourisme, ont rejoint l'association. Des soirées conférences/rencontres sont proposées autour d'images et d'échanges sur les différentes destinations, dans quinze villes de France, en passant par la Suisse et la Belgique. Bordeaux-Caudéran (Gironde) est l'une des trois étapes prévues par l'assocation dans le Sud-Ouest, après Angoulême (Charente, le 19 octobre) et avant Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques, le 21 octobre). Croq'nature fera aussi escale à Toulouse, Montpellier, Lyon, Annecy, Strasbourg, Mulhouse, Paris, Brest, Nantes, Angers, ainsi qu'à Genève et Bruxelles.