Les élèves du projet "P.U.P.I.L.S foer a greener school", Trophée du développement durable 2012 de la Gironde
Il y a des jours à marquer d'une pierre verte, comme celui du mardi 23 octobre 2012, où le Conseil général de la Gironde remettait six prix et dix "coups de coeur" aux lauréats 2012 des Trophées Agenda 21 du département.
Dans la catégorie "établissements scolaires et universitaires", c'est "P.U.P.I.L.S for a greener school" ("Elèves pour une école plus verte"), un projet original de dimension européenne, porté par des élèves et des enseignants du collège Manon Cormier, à Bassens, qui a été récompensé (photo ci-contre : une partie des enseigants et des élèves, au Conseil général hier). Le prix remis avec le trophée : 1.500 €. Une jolie somme. Mais surtout, un motif de très grande fierté pour tout un collège...
Les Trophées Agenda 21 de la Gironde
Depuis six ans, le concours de la collectivité locale met à l'honneur ceux qui agissent sur le territoire girondin pour un développement durable, afin de valoriser et de faire connaître leurs actions et leurs "bonnes pratiques". Il s'adresse à six catégories d'acteurs du développement durable : les citoyens, les associations, les établissements scolaires et universitaires, les entreprises et les exploitations agricoles, les collectivités et les établissements publics et, nouveauté cette année, les «open data». Cette année, 60 candidats avaient déposé un dossier.
"P.U.P.I.L.S for a greener school" : le rêve européen et durable de Marie-Christine, prof de lettres
Marie-Christine Messana, professeur de lettres au collège de Bassens, nourrissait depuis longtemps un rêve : construire un projet éducatif avec les élèves, conjuguant Europe et développement durable. Envie partagée par d'autres collègues, dans son établissement, mais aussi ailleurs en Europe. Le programme Comenius, qui permet les échanges et la coopération entre les établissements scolaires en Europe, de la maternelle au lycée, lui a donné l'opportunité de concrétiser ce rêve. Après avoir participé à trois journées de speed dating en Finlande, en 2009, réunissant des profs venus de toute l'Europe autour de désirs d'action communs, elle écrit un projet sur le développement durable, en partenariat avec d'autres collègues espagnols (Oviedo) finandais (Oulu), polonais (Wroclaw) et slovaques (Bratislava). Soumis à l'Agence 2e2f (Agence Europe Education Fromation France) et aux agences nationales des pays impliqués, il nécessite deux validations pour être accepté. Retoqué en 2009, réécrit et reproposé en 2011, le projet est finalement accepté. Il débute en 2011 et s'achèvera en 2013. Cette année, élèves et enseignants sont au milieu du guet : la récompense du Conseil général de la Gironde n'en a que plus de prix.
Du diagnostic local aux solutions durables
"La première année, dans chaque pays et dans chaque établissement, les élèves ont élaboré simultanément un rapport sur leur environnement local et leur ville, une sorte de "diagnostic" de leur situation écologique. Ils travailllent indépendamment, mais communiquent et échangent entre eux par mail, par Facebook et sur un site collaboratif, en anglais", explique la prof. Et cette année ? "La deuxième année, en 2012, ils travaillent tous à concevoir un jardin écologique dans leur collège, en tenant compte du profil écologique et environnemental local décrit dans leur rapport initial. Parallèlement, les élèves mettent en place des solutions spécifiques à un manque écologique spécifiquement repéré dans leur établissement", détaille Marie-Christine.
Développement durable : le collège Manon Cormier de Bassens peut mieux faire
A Bassens comme partout ailleurs, aussi écolo soit-on, l'écologie et le dévelopement durable, c'est un long combat. Dans ce qui cloche, les élèves (photo ci-contre) ont d'abord pointé les transports : pourquoi vient-on au collège en bus ou en voiture, alors qu'en Finlande, en dépit de conditions climatiques plus difficiles, élèves et profs vont toute l'année au collège en vélo, mode de déplacement doux et respectueux de la planète ? Sachant que le périmètre d'habitation est le même... Parmi les réponses : de meilleures éco-habitudes, de bonnes pistes cyclables, un réseau routier plus adapté et mieux sécurisé... Pourquoi au collège de Bassens ne recycle-t-on pas le papier que l'on jette ? Quel est le trajet des aliments que l'on mange à la cantine, d'où viennent-ils, où les déchets alimentaires sont-ils jetés, qu'est-ce qu'on gaspille et pourquoi ? En maths, avec le prof qui participe au projet, on calcule aussi les empreintes écologiques de ces mauvaises pratiques. "Une vraie prise de conscience écolo pour les élèves", selon leur prof, réalisée avec des animateurs de clim'way, qui leur ont offert au passage une vision globale des enjeux pour les villes du futur.
"Le papier !", vous dis-je
Par le biais de questions pragmatiques toutes simples (encore faut-il se les poser), les élèves découvrent l'importance du volume de nourriture que nous gaspillons quotidiennement Mais aussi qu'en Finlande, la cantine est gratuite pour tous, alors qu'en Espagne, il n'y en a pas : les élèves rentrent chez eux, ou apportent leur déjeuner à l'école. Les Finlandais recyclent tout, jusqu'aux déchets alimentaires ! "Les élèves se sont rendus compte que c'est en France que l'on consomme et que l'on jette le plus de papier. Sans pour autant le recycler... Leurs copains Finlandais sont à l'heure du tableau numérique. Ils utilisent aussi des cahiers, comme les Polonais, les Espagnols et les Slovaques", précise Marie-Christine Messana. Qui interroge aussi sa propre pratique d'enseignante : "Le système français, avec les classeurs, les copies volantes et les innombrables photocopies réalisés par les enseignants pour les cours et les contrôles est surconsommateur de papier. Pour ma part, j'essaie désormais de montrer aux enfants l'intérêt écologique du cahier de brouillon ! Ca paraît bête et un peu rétro, mais réfléchissez à la quantité de feuilles volantes qu'on peut économiser avec, à l'échelle d'une classe de 30 élèves, multiplié par une trentaine de classes, puis par des centaines d'établissement scolaires en France..." Bien vu. Inhérent à une pratique quotidienne sur laquelle ils ont prise, le thème du papier est retenu par les élèves.
Recyclage : ELISE à la rescousse ?
Economiser le papier, oui. Mais comment mettre en place collecte, tri et recyclage au collège ? Si la première année, en 2011, "P.U.P.I.L.S for a greeener school" ne concernait qu'une seule classe d'une trentaine d'élèves de 3ème, la seconde année, il s'est ouvert aux 4ème et fonctionne sous forme de club, avec des volontaires, élèves comme enseignants. D'autres profs se greffent au projet ouvert à tous. On commence par fabriquer des bacs pour récupérer le papier (ci-contre), avec le concours d'un prof de techno branché écologie. Mais cela ne suffit pas. Pour l'ensemble de la chaine du recyclage, ce même enseignant apporte une solution, en proposant de rencontrer la société de collecte et de recyclage de papiers, ELISE Atlantique, nouvellement installée à Bordeaux.
Du local au global ... et du global au local
Grâce au dispositif Comenius, les élèves voyagent et s'immergent dans chaque pays partenaire, au cours de voyages appelés "mobilités" (deux par an). La première moblité les a conduits en Espagne (photo ci-contre) la seconde en Finlande où ils étaient une quarantaine. La troisième a eu lieu en France, en mai dernier, où Bassens a reçu les élèves et enseignants polonais, slovaques, espagnols et finlandais. La quatrième s'est déroulée en Pologne, début octobre 2012. "Mais on navigue sans cesse du global au local, et du local au global : le diagnostic écolo et la recherche de solutions durables font d'abord nouer des contacts avec l'environnement local. La Ville de Bassens, et notamment sa chargée de mission à l'Agenda 21, Elodie Boudé, est devenue partenaire du projet et aidera à la réalisation du jardin écologique en mettant à disposition des élèves un jardinier des espaces verts de la ville", précise la prof. Grâce au projet européen, les élèves ont aussi découvert tout près de chez eux, un environnement magnifique : les aménagements de la rive droite, avec le futur éco-quartier de la Caserne Niel à Bordeaux et le fabuleux parc des Coteaux du Grand projet de ville (GPV)... Mais tout dépend du "biotope" du collège. Ainsi, en Pologne, c'est une ferme écologique qui a été visitée par les élèves.
La garden-party des jeunes citoyens de l'Europe verte de demain
Quant à la "mobilité" finale, c'est en Slovaquie qu'elle aura lieu, en mai 2013. Au cours d'une sorte de "garden-party géante et européenne", ou chaque jardin écolo sera présenté par les élèves des cinq pays, sur un e-book général, où figureront aussi tous les projets durables réalisés, qui auront, en outre, contribué à créer chez tous les participants, adolescenTs ou adultes, un sentiment de citoyenneté européenne...
"On sème des graines : parfois elles germent et parfois non"
Allons-y pour la question qui fâche : la participation des élèves au projet était-elle au départ vraiment motivée par la question écologique ? Ou par l'attrait des voyages ? "Les voyages, reconnaît Marie-Christine Messana, sont un atout considérable pour intéresser élèves (comme les profs !) au projet. Mais en même temps, leur génération est sensibilisée à la thématique écolo. Ils sont dans le bain depuis la maternelle et l'école primaire et savent qu'il faut économiser les ressources de la planète. Mais des intentions ou de la bonne volonté à l'acte, à la "bonne pratique", il y a souvent un fossé. Et surtout, il faut sans cesse recommencer le travail d'accompagnement pédagogique... " La faute, peut-être, à un manque de culture écologique dans les entourages familiaux ? "Peut-être. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la conscience écologique n'est pas encore ancrée chez eux", conclut la prof avec franchise : "On sème des graines : parfois elles germent, parfois non... Honnêtement, ils ont été certainement plus accrochés au départ par la possibilité de partir à l'étranger que par le développement durable... Mais ils sont venus au développement durable par les voyages et les pratiques qu'ils ont pu découvrir ailleurs, les personnes qu'ils ont rencontrées et les sites qu'ils ont visité chez eux. Les bases de la conscience écologiques sont là. Et puis, ce n'est pas croyable, tout ce qu'ils ont appris... ", s'étonne Marie-Christine, qui en oublierait presque son propre rôle dans cette belle histoire et celui de tous ses collègues enseignants, comme Thierry Lubrano, prof de sciences physiques et co-pilote du projet, ou Olivier Cazaux, prof de techno...
Découvrir et apprendre. Qu'y a-t-il de plus important, si l'on veut pouvoir fabriquer ensemble un monde qui soit demain vivable pour tous ?
Cathy Lafon
Toutes les illustrations de l'article, photos et dessins, sont issues du site web du projet du collège Manon Cormier ou ont été fournies par Marie-Christine Messana.
►PLUS D'INFO
- Les Trophées Agenda 21 du Conseil général de la Gironde : cliquer ICI
- Le programme Comenius : cliquer ICI. L'objectif est de favoriser le développement personnel et les compétences, notamment linguistiques, tout en développant les notions de citoyenneté européenne et de multiculturalisme. Chaque année, en Europe, Comenius relie 11.000 établissements, 100.000 enseignants et 750.000 élèves.
- Le site web du projet "P.U.P.I.L.S for a greener school" : cliquer ICI
- Tout sur le recyclage des papiers : cliquer ICI
- Le recyclage, comment ça marche ? Le site d'EcoFolio : cliquer ICI
- Le site de l'entreprise ELISE : cliquer ICI
- Le site de la Ville de Bassens : cliquer ICI
►CONTACTS
- Marie-Christine Messana, Collège Manon Cormier, 15 rue du 19 mars 1962, 33 530 BASSENS Tél : 05 56 06 10 33. Le site web du collège : cliquer ICI