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Economie - Page 262

  • Japon : le pays du Soleil levant sortira du nucléaire d'ici à 2030

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    Le réacteur 4 de Fukushima-Daïchi, après la catastrophe du 11 mars 2011. Photo Archives AFP

    Le gouvernement japonais va annoncer sous peu l'abandon de l'énergie nucléaire d'ici aux années 2030, dix-huit mois après l'accident de Fukushima, a affirmé mercredi 11 septembre un journal japonais, repris par l'AFP.

    Le Premier ministre, Yoshihiko Noda, pourrait prendre cette décision dès ce week-end, lors d'une réunion portant sur le nouveau plan énergétique à établir pour tirer les conséquences de la catastrophe, a précisé le Mainichi Shimbun citant des sources gouvernementales.

    Une stratégie post-Fukushima qui gagne une partie du monde

    Si le Japon opte pour la sortie du nucléaire, il rejoindra les rangs des pays qui ont mis en oeuvre cette stratégie : l'Allemagne a décidé de fermer ses 17 réacteurs d'ici à 2022 et la Suisse compte éliminer progressivement ses cinq tranches d'ici à 2034. L'Espagne, de son côté, avec la décision de fermer sa plus vieille centrale nucléaire, Garona, et l'élaboration en cours d'un nouveau plan énergétique, semble aussi prendre le même chemin. De son côté, la France a réaffirmé son intention de mettre en place la transition énergétique, de diminuer la part du nucléaire dans son électricité à 50 % d'ici à 2025, et de fermer Fessenheim, sa plus vieille centrale. Des polémiques récentes sur le nucléaire, filière d'avenir en France, ou pas, entachent cependant d'incertitudes la position française. Pour le Japon, sa décision concerne un horizon plus lointain que le plan allemand, mais son ampleur sera supérieure car l'archipel comptait 54 réacteurs avant l'accident de 2011 (50 unités aujourd'hui).

    Deux réacteurs mais pas plus

    Avant la catastrophe de Fukushima, l'énergie nucléaire représentait près de 30% de la consommation d'électricité au Japon. Pour des impératifs d'ordre économiques liés à la production industrielle et pour assurer le bien-être de la vie quotidienne des Japonais sans courir le risque d'une pénurie d'électricité (l'été est particulièrement chaud au Japon, et il est très difficile de se passer totalement de la climatisation dans les villes), deux tranches ont été réactivées en début d'été, contre l'avis des populations locales, des parlementaires et de la société civile, qui manifestent régulièrement contre le nucléaire. Depuis mars 2011, tous les réacteurs avaitent été arrêtés, soit à cause d'un séisme soit en raison des mesures de sécurité supplémentaires exigées par les autorités après Fukushima. Le Japon,  la deuxième puissance mondiale, vit depuis la catastrophe sans nucléaire, à l'exception des deux sites récemment réactivés. Si les compagnies d'électricité continuent de réclamer à cor et à cris de pouvoir redémarrer des réacteurs arrêtés, car  elles doivent faire tourner leurs centrales thermiques à plein régime pour compenser le manque énergétique, et donc  importer massivement des hydrocarbures, le gouvernement japonais a enclenché, très vite après la catastrophe de Fukushima, une politique énergique de développement à marche forcée des énergie renouvelables.

    Fukushima : éviter le pire

    Une très mauvaise blague pourrait, hélas, faire un jour le buzz : "Qu'y a-t-il de pire pour une centrale nucléaire japonaise ? Développer un syndrome chinois". Après le 11 mars 2011,  une centaine de milliers de personnes ont dû être évacuées de la zone de Fukushima-Daïchi, en raison d'importantes émissions radioactives, sans perspective claire de retour pour nombre d'entre elles. Quant aux opérations de démantèlement des réacteurs et de nettoyage du site, elles devraient  durer plusieurs décennies. L'accident de Fukushima est loin d'être encore maîtrisé : depuis quelques mois, les médias, relayant les informations émanant de spécialistes, évoquent la possibilité dun "désastre planétaire en puissance", d'un "incendie radiologique catastrophique", d'une "radioactivité équivalente à 5 000 fois la bombe nucléaire d'Hiroshima", avec le spectre d'une nouvelle catastrophe qui s'avèrerait bien pire que celle du 11 mars 2011. En cause : la piscine du réacteur 4, dans laquelle sont entreposées 1 535 barres de combustibles, soit 264 tonnes de matières fissiles hautement radioactives. Depuis un an et demi, ce cube en béton de onze mètres de profondeur repose en effet à trente mètres du sol, sur une structure gravement endommagée et fragilisée par l'explosion d'hydrogène survenue quatre jours après le séisme et le tsunami qui ont ravagé le site.  Sous sept mètres d'eau, les barres de combustibles, déchargées du cœur du réacteur à la fin 2010 pour maintenance, doivent être constamment refroidies afin d'éviter leur fusion et donc la libération d'immenses quantités d'éléments radioactifs.Il faut reconnaître qu'il n'y a pas eu jusqu'à présent, beaucoup de communication sur ce point, mis en lumière tout récemment par la presse...  Au Japon, ça peut agacer. Mais aussi aux Etats-Unis, le voisin qui vit de l'autre côté du Pacifique.

    A Fukushima, "un nouvel accident peut se produire n'importe quand"

    Pourtant, le professeur Koichi Kitazawa qui présidait l'Agence japonaise pour les Sciences et la Technologie avait  tenu des conclusions édifiantes dans un rapport publié en début d'année, mais passé inaperçu  : "A la centrale de Fukushima, le pire est peut-être à venir. A cause de la piscine du réacteur 4, un nouvel accident peut se produire n'importe quand, qui menacerait la survie même de mon pays." Avant de préciser : "Je prie pour que, dans les semaines à venir, une violente tornade saisonnière ne s'abatte pas sur la centrale." On pourrait alors craindre une catastrophe sans précédent dans l'histoire de l'humanité, qui concernerait au premier plan non seulement les Japonais, mais aussi les Américains : les radiations causées par la destruction de la piscine pourraient également atteindre la côte Ouest des Etats-Unis en quelques jours...

    Cette hypothèse, si elle est qualifiée de très extrême, n'est, hélas, pas totalement improbable. Les Japonais déploient une énergie folle pour la rendre caduque. Selon le Monde du 9 septembre, ils sont maintenant en train de construire une super-structure, qui sera disposée au-dessus de la piscine et permettra de décharger les combustibles à l'aide d'un emballage de transport évitant tout débit de dose pénalisant. Ils seront entreposés dans une autre piscine, au sol cette fois-ci en attendant de trouver un centre de stockage. L'évacuation des 1.535 barres devrait débuter avant la fin 2013 et durer un à deux ans, selon les prévisions de Tepco. Pour Fukushima et l'humanité, tout l'enjeu réside donc dans le respect de ce calendrier : deux à trois ans et demi, avant la fin de l'évacuation des barres, c'est très long...

    Cathy Lafon

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  • Nucléaire. Espagne : La plus vieille centrale s'arrêtera en juillet 2013

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    La centrale nucléaire de Garoña (nord de l'Espagne) Photo AFP

    Dans le cadre de la future réforme énergétique espagnole, la plus ancienne centrale nucléaire du pays, à Garoña, près de Burgos (nord), cessera son activité en juillet 2013 : Nuclenor, l'exploitant, a renoncé à demander le renouvellement de son autorisation. On s'en doute, la nouvelle a été chaleureusement saluée dans le pays par les écologistes. Elle pourrait bien être tout aussi bien reçue par les économistes, vu la férocité de la crise que subit l'Espagne.

    Nuclenor a indiqué mercredi 5 septembre au ministère de l'Industrie espagnol et publié sur son site internet qu'elle n'était "pas en conditions pour solliciter le renouvellement de l'autorisation d'exploitation de la centrale nucléaire de Santa Maria de Garoña". Nuclenor avait en effet jusqu'au 6 septembre pour demander une prolongation jusqu'en 2019 de cette centrale, suite au feu vert donné en juillet dernier par le gouvernement espagnol. Ce dernier avait depuis refusé d'accorder à Nucleor un nouveau délai, dans l'attente des "nouvelles conditions qui pourraient être établies pour l'activité de production nucléaire, dans le cadre de la réforme énergétique qui doit être approuvée par le gouvernement".

    Cette réforme qui doit intervenir enEspagne dans les prochains mois, très attendue des écologistes, est aussi redoutée par les professionnels du secteur énergétique, car elle doit notamment modifier les tarifs et les taxes imposées aux différentes sources d'énergie.

    Garoña, une vieille dame de 41 ans

    Si pour les êtres humains, la quarantaine est désormais considérée comme la fleur de l'âge, pour une centrale nucléaire, c'est un âge canonique, raisonnable pour partir en retraite. La centrale de Garoña, mise en service il y a 41 ans en 1971, est la plus vieille en activité en Espagne. Le 6 juillet 2013, son permis d'exploitation expirera.  L'annonce de sa possible prolongation avait soulevé l'été dernier la colère des organisations écologistes, qui réclamaient depuis plusieurs années la fermeture de cette centrale, "soeur jumelle" de la japonaise Fukushima, frappée en mars 2011 par un accident nucléaire gravissime. Greenpeace avait ainsi organisé un survol de Garoña, le 5 juin dernier, lors de la Journée mondiale de l'environnement, afin de dénoncer le manque de sécurité des sites nucléaires.

    Greenpeace qui pleure à Fessenheim, rit à Garoña

    Greenpeace que l'actualité écologique ne réjouit que rarement, s'est félicitée jeudi de  "la décision des groupes électriques espagnols(Ibedrola et Endesa, ndlr) de ne pas solliciter la prolongation", qui démontre aussi, selon l'organisation environnementale, "l'échec économique de l'énergie nucléaire, malgré les soutiens du gouvernement". L'Espagne serait-elle en train de s'engager à son tour dans la sortie du nucléaire, à l'instar de l'Allemagne, du Japon et de plusieurs autres pays ? En fermant Garoña, elle fait en tout cas le choix de la sécurité environnentale et économique : réduire la voilure nucléaire diminue la part de cette énergie dans la production de l'électricité qu'elle consomme. Elle concrétise par là-même son engagement dans les énergies renouvelables.

    A Séville, le soleil brille aussi la nuit

    Car question ENR, notre voisin ibère est plutôt exemplaire. Première de la classe dans le solaire,  l'Espagne rayonne, avec notamment l'implantation réussie d'une véritable perle solaire et technologique de 185 hectares, Gemasolar, située près de Séville (Andalousie). Gemasolar est la première centrale solaire à associer une tour de réception solaire et une technologie de transfert d'énergie par stockage de la chaleur dans du sel fondu. Unique en son genre, elle ouvre la voie à de nouvelles possibilités de production thermoélectrique. Grâce à une technologie unique au monde, l'énergie accumulée quand le soleil brille permet à Gemasolar de produire encore de l'électricité la nuit ou les jours de pluie.

    Quant à Don Quichotte, il aurait aujourd'hui fort à faire pour lutter contre les descendantes des moulins à vent : les éoliennes espagole,  en 2010, produisaient déjà 16 % de son électricité. A la même époque, la part de l'éolien en France ne s'élevait qu'à 1,9%, contre 26% au Danemark et 6% en Allemagne...

    Cathy Lafon

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    REPERES

    • Le parc nucléaire espagnol compte au total 6 centrales et 8 réacteurs.

     

  • Fil vert. Conférence environnementale J-7

    batho afp.jpgDelphine Batho, la ministre de l'Ecologie, a récemment réuni les acteurs de la conférence environnementale qui se déroulera les 14 et 15 septembre prochains, pour préciser son programme et la liste de ses participants. On en sait donc un peu plus sur ce grand rendez-vous, très attendu des écolos, mais encore trop flou au goût de certains d'entre eux.

    5 thèmes en débat simultané

    Ces deux journées se dérouleront autour de 5 thèmes débattus « en simultané » : énergie, biodiversité, risques sanitaires et environnementaux, fiscalité écologique et gouvernance environnementale.

    L'énergie en vedette

    La table ronde sur ce thème devra préparer le débat national sur la transition énergétique : une promesse de campagne du Président de la République. Ce débat qui aura lieu en automne préparera lui-même une loi de programmation prévue en 2013. Le débat risque d'être au rendez-vous car cette table ronde sera dirigée conjointement par Delphine Batho et Arnaud Montebourg, dont on connait les récentes déclarations fracassantes sur « le nucléaire, filière d'avenir »... Sans compter les autres polémiques ou sujets brûlants : le code minier, les gaz de schiste, les économies d'énergie ou les « mesures d'urgences » pour les énergies renouvelables.

    Pesticides, biodiversité et santé en question transversale

    La question des pesticides sera transversale à deux tables rondes : la biodiversité et la santé, ce qui a satisfait les ONG. Autres sujets sur la santé : les perturbateurs endocriniens, la pollution de l'air, les lignes haute tension (en commun avec l'énergie) et les ondes électromagnétiques.

    Une table ronde qui va aussi faire débat : la biodiversité co-présidée par le Ministre de l'agriculture (Stéphane Le Foll) mais aussi la Ministre de l'aménagement (Cécile Duflot) et l'Outre Mer (Victorien Lurel). Le Ministre de la réforme de l'État et fonctions publiques co-préside la « gouvernance ».

    Quant à la liste des participants, elle n'est pas encore complètement connue et les associations environnementales n'ont pas toutes été conviées. D'où les interrogations actuelles d'une organisation comme Greenpeace, qui se pose la question de sa participation à la conférence environnementale. Et la pose aussi aux internautes.

    A suivre.

    Cathy Lafon