ZAD, pour Zone à défendre, et zadistes font leur entrée au dictionnaire. Photo archives AFP
Nul ne peut plus ignorer que l'événement majeur de l'année, voire du siècle si tout va bien, c'est la Conférence internationale sur le climat, la COP21, qui se déroulera à Paris, du 30 novembre au 11 décembre. Non, non et trois fois non : pas question pour le XXIème siècle d'être celui de la "lose" environnementale. Ayant senti le vent venir, les deux célèbres dictionnaires, le Petit Robert, en vente en librairie le 21 mai, et le Larousse, le 28, ont verdi leurs pages et "glamourisé" l'écologie.
Empêcher la planète de "partir en cacahuète"
Alors, fini de "mémériser" : l'écologie et le développement durable s'emparent de la langue française. Quant aux écolos, ils ont "le melon". Les deux ouvrages qui font autorité en la matière, font en effet la part belle aux nouvelles tendances environnementales dans leurs éditions 2016, parues ce mois-ci. Histoire de bien enfoncer le clou de la verte attitude. Qu'on se le dise : il est plus que temps de réagir pour empêcher la planète de "partir en cacahuète", ou "dans les choux", et ne pas passer aux yeux des générations futures pour de parfaits "bolos"... Ainsi, "l’anthropocène" ("période géologique marquée par l’impact environnemental des activités humaines") fait son entrée au Larousse, avec la "durabilité", "l’écopastoralisme" et "l’électrosensibilité", ce qui ravit tout particulièrement Priartem et les associations qui luttent pour la reconnaissance de cette réalité somatique qui affecte les personnes ultra-sensibles aux ondes, et la réglementation des antennes relais.
Oui, "ZAD", ça existe
Après avoir tenté d'empêcher, entre autres, la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou du barrage de Sivens, les "zadistes" occupent désormais le Robert, où les mots de l’écologie sont un peu plus contestataires. Avec "le faucheur volontaire" qui lutte contre les OGM en détruisant des parcelles de maïs transgéniques, le terme emblématique "zadiste" entre aussi au dictionnaire avec la "ZAD", acronyme de "zone à défendre". Une excellente nouvelle, au demeurant, pour les amateurs de scrabble.
"Déchétarien" mais pas radin
Décidément très vert, le Robert accueille encore les "décroissants", les "climatosceptiques", les "recycleries", ces "centres communautaires de récupération et de recyclage d'objets", et l’expression "décarboner". Le mot "déchétarien" acquiert aussi droit de cité: "personne qui se nourrit d’aliments de rebut", explique le dico (à ne pas confondre, donc, avec radin). Merci pour l''info. Quant aux adeptes du "covoiturage" et de l'"écoconduite", ils apprécieront certainement de pouvoir se déplacer en "gyropode" ("véhicule électrique monoplace constitué d'une plate-forme sur deux roues que le conducteur, debout, manoeuvre à l'aide d'un guidon") plutôt qu'à "trois-roues". Et ils applaudiront à deux mains la mise en place de la "circulation alternée", en cas de pic de pollution, pour faire la guerre aux "particules fines" ultra-polluantes.
Chez son concurrent, le vénérable Larousse, beaucoup de termes déjà admis s’enrichissent de sens nouveaux, tous plus verts les uns que les autres : "responsable" n’est plus seulement celui qui "se porte garant" ou qui "pèse les conséquences de ses actes". Il s’emploie également à "respecter les valeurs de développement durable". "L’action", souvent écologiste, devient aussi judiciaire et collective. Quant à la "ferme", elle n’est plus exclusivement agricole, depuis qu’elle définit un "regroupement de dispositifs identiques dans un même lieu et à même échelle", comme une "ferme photovoltaïque".
Côté plantes et autres baies (bios, cela va de soi), le Robert s’ouvre sur le monde avec la courge "butternut" et le citronnier du Japon "yuzu". Pour sa part, aux côtés des baies de "goji" énergisantes et du "guar", Larousse retient la tomate "coeur-de-boeuf", qui conviendra sans doute aussi bien aux "crudivores", qu’aux "végan" (personnes pour lesquelles les animaux ne sont ni la propriété des humains, ni sont des objets ou des outils, mais des personnes à part entière). Deux autres nouveautés lexicales recouvrant des pratiques alimentaires et des principes moraux très prisés chez les écolos, qui pourront aussi désormais s'adonner à l'"entomophagie" ("fait de se nourrir d'insectes") sans craindre le ridicule.
Enfin, parmi les nouvelles personnalités non "clivantes", Larousse accueille le pionnier de l’agroécologie "Pierre Rabhi", au milieu d’une cinquantaine d’autres noms. Et paf : un "scud envoyé" dans le jardin des pesticides, qui "prennent cher". Sans "se la raconter", on peut dire que c'est une sacrée bonne nouvelle!
Cathy Lafon
►NDLR : tous les termes entre guillemets font partie de la liste des 150 nouveaux termes de la langue française qui entrent cette année au dictionnaire.
►PLUS D'INFO
- Le Petit Robert de la langue française édition 2016, 59 € ou 64,90 € en version bimédia.
- Le Grand Larousse illustré édition 2016, 45,90 €. Le Petit Larousse illustré édition 2016, 29,90€.