Le 27 février 2011, 400 habitants de l'Ile d'Oléron (Charente-Maritime) étaient évacués après la découverte d'une bombe sur le rivage. Longue d'environ 55 centimètres, cette bombe, probablement larguée par l'aviation alliée lors de la libération de l'île, contenait encore 70 kilos d'explosifs. Photo Sud Ouest
Il y a 70 ans ans, jour pour jour, 6.939 navires accompagnés d'avions et près de 160.000 soldates alliés, Britanniques, Américains et Canadiens débarquaient sur les plages de Normandie pour libérer l'Europe et la France de l'occupation allemande et contribuer à la chute du nazisme. C'était le D-Day pour le Débarquement.
Dans toutes les mémoires
Au soir du 6 juin, l'opération militaire, d'une envergure sans égale dans l'Histoire, avait déjà fait près de 40.500 pertes (tués, blessés disparus et prisonniers) chez les militaires alliés et allemands. Elle a également réussi grâce au courage de ces civils, hommes et femmes de tous âges qui, après avoir résisté durant la guerre, ont aidé les Alliés, au prix de leur vie, à libérer la Normandie, puis Paris et enfin la France. Une telle somme d'actes d'espoir, d'héroïsme et de solidarité prend tellement de sens aujourd'hui, à l'heure de la montée des eurosceptismes, des nationalismes, des replis sur soi et du conflit russo-ukrainien sur le sol européen, que Ma Planète ne pouvait ignorer l'hommage mondial rendu au courage des héros et héroïnes du D-Day, dans toutes les mémoires aujourd'hui.
Bon, alors, et l'écologie dans tout ça ?
Un million de tonnes d'armes chimiques sous la mer
On y pense rarement, mais les guerres ont aussi leurs écobilans. Plus les techniques militaires et les armes progressent et plus les guerres sont désastreuses, pour les souffrances infligées aux hommes et les dégâts environnementaux créés, qui se retournent aussi un jour ou l'autre contre les hommes. Au fond des océans, les pollutions chimiques des armements utilisés durant les deux conflits mondiaux du XXème siècles constituent ainsi de véritables bombes potentielles. Le documentaire "Armes chimiques sous la mer", réalisé par Bob Coen, Eric Nadler et Nicolas Koutsikas, l'a montré sur Arte, en février dernier. L'enquête sur ce sujet explosif, classé secret défense jusqu'en 2017, a révélé l'existence d'un million de tonnes d'armes chimiques dormant aujourd'hui sous les mers. Poubelles quotidiennes de nos déchets, les océans sont aussi la poubelle de l'Histoire et notamment celle des deux grands conflits mondiaux. En plusieurs vagues, de 1917 à 1970, pour se débarrasser des stocks d'armes explosifs et hautement toxiques, les armées des grandes puissances mondiales les ont déversés dans les océans. Ni vu, ni connu. Le pire étant que, selon les régions du monde, ces bombes et munitions explosives ne sont que très peu cartographiées, voire pas du tout.
"Pas d'armistice pour les déchets de guerre"
On peut compter sur l'association Robin des bois pour briser les omertas environnementales. L'ONG s'est ainsi attaquée à faire l'éco-inventaire détaillé des 15% des 600.000 tonnes de bombes larguées entre juin 1940 et mai 1945 qui n'ont pas explosé et sont généralement toujours enfouies. De 2008 à 2013, près de 14.000 munitions ont ainsi été récupérées. Mais pas en mer, ou soixante-deux dépôts sous-marins sont hors de tout contrôle... Dans l'Atlantique-Manche, cinq régions ont ainsi été passées au crible par l'ONG, du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2013, avec leurs cartographies, pour dresser l'inventaire des déchets de guerre en Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes et Aquitaine. Le résultat, explosif, est à consulter sur le site internet de Robin des bois, en cliquant ICI
La seconde guerre mondiale a tué, et, hélas, peut encore tuer.
Cathy Lafon
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