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Consommation - Page 145

  • Quand le changement climatique freine l'économie mondiale

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    Inondations au Niger, septembre 2012 Photo AFP

    Le changement climatique ralentit actuellement de 1,6% la production économique mondiale et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années. Telle est la conclusion d'un rapport présenté mercredi 26 septembre aux Etats-Unis à la veille de l'ouverture de la session de l'ONU, par le DARA and Climate Vulnerable Forum, un partenariat de vingt pays établi en 2009.
     
    "Un mal sans précédent pour la société humaine"
     
    Les retombées du changement climatique en cours ne sont pas vraiment roses et ne font pas voir la vie en vert. Le rapport du DARA and Climate Vulnerable Forum relève ainsi l'existence "d'un mal sans précédent pour la société humaine et le développement économique actuel qui va de plus en plus freiner la croissance, d'après une mise à jour décisive et une révision des estimations antérieures des pertes liées au changement climatique".

    Le "Rapport Stern" sur l'économie du changement climatique, est-il aujourd'hui dépassé ?

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    Extrait du "Rapport Stern", DR

    rapport,changement climatique,étudeLe rapport de Nicholas Stern (photo ci-contre), vice-président senior de la Banque mondiale, est la première étude sur le réchauffement climatique financée par un gouvernement, menée par un économiste et non par un climatologue. Publié en 2006, le "Rapport Stern" avait été reçu comme une véritable bombe médiatique, un pavé de 700 pages, jeté dans la mare des climato-sceptiques. Il montrait le coût réel pour l'économie mondiale des conséquences du changement climatique (catastrophes naturelles, réfugiés climatiques, désordres sanitaires, famines....)  et concluait qu'un pour cent du PIB investi maintenant ne ralentirait nullement notre activité, mais suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et que ne pas faire cet investissement, serait risquer une récession jusqu'à vingt pour cent du PIB mondial. Et qu'il était urgent de faire cet investissement... En 2008, puis en 2009, Nicholas Stern reconnaissait avoir "gravement sous-estimé" l'ampleur des risques climatiques. Six ans après ce premier rapport, il semblerait que la communauté internationale en soit au même point, quant à l'inaction. Les émissions de gaz à effet de serre, elles, ne se sont jamais aussi bien portées, de même que la hausse des températures et les désordres climatiques liés, qui inquiètent aujourd'hui au plus haut point les scientifiques. Mais aussi les économistes et les responsables politiques des pays les plus vulnérables.

    Le coût de la pollution de l'air : cinq millions de mort par an

    rapport,changement climatique,étudeL'étude du DARA and Climate Vulnerable Forum met aussi en avant des estimations selon lesquelles les économies fortement émettrices de carbone sont responsables de cinq millions de morts par an, essentiellement dues à la pollution de l'air. L'échec des actions contre le changement climatique coûte déjà à l'économie mondiale 1,6% de son PIB, soit 1.200 milliards de dollars par an de prospérité, révèle l'étude, qui prévoit, avec l'élévation des températures et l'augmentation de la pollution liée au carbone le doublement des coûts mondiaux, jusqu'à 3,2% du PIB de la planète d'ici 2030".

    Les plus pauvres en première ligne

    rapport,changement climatique,étudePour Jeremy Hobbs (photo ci-contre) directeur exécutif d'Oxfam International (confédération internationale de 17 organisations qui travaillent en réseau dans 92 pays pour éliminer la pauvreté), ce rapport rappelle une fois de plus que ce sont les plus faibles et les plus pauvres qui subiront  les conséquences les plus cruelles du changement climatique, avec la faim, la pauvreté, les déplacements dûs aux catastrophes naturelles : le coût pour les Etats des déplacés et  réfugiés climatiques représente des sommes colossales. L'actualité de cette semaine de septembre en est la preuve : en Inde, 1,5 millions de personnes ont dû être déplacées suite à des inondations monstres, et au même moment, en Afrique, au Niger, un demi-million d'habitants sont aussi sinistrées pour cause d'inondations, les pires depuis 80 ans. Le pays a déjà subi en ce début d'année au Sahel, une sécheresse qui plonge encore 5,5 millions d'habitants dans une grave crise alimentaire...  "Les coûts économiques et sociaux de l'inaction politique sur le changement climatique sont renversants", conclut Jeremy Hobbs, en estimant que ces chiffres "éclipsent les coûts modestes" pour s'attaquer au changement climatique

    La Chine, première perdante au grand jeu du changement climatique

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    Nuage de pollution sur la Chine, Wuhan. Photo AFP

    La présidente du Forum, le Premier ministre du Bangladesh Sheikh Hasina, a assuré que ces changements allaient être dévastateurs pour son pays. "Un degré Celsius en plus signifie 10% de perte de productivité dans l'agriculture", a-t-elle prévenu. "Pour nous, cela signifie perdre près de quatre millions de tonnes de céréales, ce qui équivaut à 2,5 milliards de dollars (...) Si l'on ajoute les autres dégâts en termes de prospérité, nous faisons face à une perte totale de 3 à 4% de notre PIB", a-t-elle renchéri. Mais si les pays les plus pauvres devraient prendre de plein fouet ces retombées en termes de perte de PIB, les grandes économies ne seront pas épargnées. "Dans moins de 20 ans, la Chine va subir la plus grande part de toutes les pertes, au-delà de 1.200 milliards de dollars", soulignent les auteurs du rapport.

    La messe du changement climatique est-elle dite ?

    Mais non. Pas encore. Pour les auteurs du rapport du DARA,  il est encore possible de s'attaquer réellement aux causes du changement climatique et cela permettrait d'entraîner au contraire "des profits économiques majeurs pour la planète, qu'il s'agisse des grandes économies comme des nations pauvres".

    "L'effet de serre va-t-il nous mettre sur la paille ?"

    stern guesnerie28.jpgDe son côté, Nicholas Stern, loin d'avoir baissé les bras, récidive. Il vient de publier un petit livre limpide : "Deux économistes face au changement climatique" (éditions du Pommier), avec un autre éminent économiste, Robert Guesnerie.  Français, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales depuis 1978 et professeur au Collège de France depuis 2000, ce dernier est notamment l'auteur de "L’effet de serre va-t-il nous mettre sur la paille ?". Les deux grands économistes répondent à ces questions toutes simples concernant le changement climatique : "Combien cela nous coûte et coûtera si nous ne faisons rien ?" "Combien cela nous coûterait-il d’agir différemment ?"

    Pour une nouvelle révolution industrielle, basée sur une croissance sobre en carbone

    Au fil de leur conversation, ils démontrent que le bon sens comme le calcul économique suggèrent d’agir contre le réchauffement climatique, massivement, dès aujourd’hui. Ils passent ensuite en revue et confrontent leurs points de vue sur tous les solutions, sujets délicats de la politique économique climatique (taxe carbone, ajustement aux frontières...) et sur les conditions de succès de la négociation internationale. Ils soulignent enfin que les politiques climatiques, outre leur effet direct sur les émissions, permettraient de corriger l’insuffisante capacité du marché à produire des innovations majeures, aujourd’hui de toute façon nécessaires. Elles stimuleront une nouvelle révolution industrielle, suscitant créativité et ouvrant la porte à une nouvelle croissance sobre en carbone. Un argument de poids en faveur de l’action climatique.

    Un choix stratégique planétaire gagnant-gagnant, en quelque sorte : lutter contre le réchauffement climatique, on a tous à y gagner...

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    LIRE AUSSI

    • Le "Rapport Stern" : cliquer ICI
    • "2 économistes face aux enjeux climatiques". Roger Guesnerie et Nicholas Stern, Editions du Pommier, 128 pages, 12 €.
  • Coup de coeur. Le champagne de James Bond passe au vert !

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    Bollinger, le champagne de James Bond,  est certifié "haute qualité environnementale" DR

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    Mais oui, les écolos aiment eux aussi faire la fête et arroser les bonnes nouvelles, quand il y en a, au champagne ! Mais où trouver un champagne beau, bon et (presque) bio à la fois ? Vous n'allez pas le croire, mais la réponse nous vient de l'agent préféré de sa Très Gracieuse Majesté britannique, James Bond, nom de code 007. On aimerait tant qu'il soit devenu écolo par la même occasion... D'accord. Pas "on",  mais "nous, les filles".

    Le Bollinger, le nouveau champagne de James, est écolo

    james bond.jpgOn sait que l'immortel James Bond, désormais incarné à l'écran par Daniel Craig, le ténébreux beau gosse qu'on aura le plaisir de retrouver prochainement en salle dans un nouvel opus de la saga bondienne,  "Skyfall", le 26 octobre, roule en Aston Martin et boit des Martini, qu'il aime "au shaker, pas à la cuillère". Quand il ne les déguste pas en cocktail à la mode "Vesper". On sait moins que le vignoble qui produit son champagne favori, le Bollinger, vient d'être reconnu en avril dernier comme une exploitation viticole certifiée "haute valeur environnementale", après avoir été audité par un organisme certificateur indépendant. Fini le Dom Perignon 1955 ! 007 vit avec son temps. Et son temps est celui de l'écologie.

    Champagne !

    C'est le tout premier vignoble d'une maison de négoce de champagne pouvant revendiquer cette distinction. Pour l'obtenir, la maison Bollinger dont la prestigieuse production est appréciée depuis des siècles par les grands de ce monde, à commencer par l'ancêtre de la patronne de Bond, la reine Victoria qui en fit son fournisseur officiel en 1884, a mené de front plusieurs actions. Elle s'est engagée dans une réduction massive de l'utilisation de produits de protection de la vigne, la mise en place des moyens de lutte biologique contre les insectes, le respect des principes de la viticulture biologique et de nombreuses actions visant à améliorer l'embellissement du vignoble et à préserver la biodiversité. Impliqué sur le terrain de l'écologie, Bollinger s'engage jusqu'à la valorisation énergétique des bois de taille. Bien.

    Un coffret anniversaire pour 007

    bollinger coffret.jpgDécidément très imaginative, la marque a créé un coffret anniversaire : Bollinger 002 for 007, pour fêter les 50 ans de la saga cinématographique de l'espion britannique. Et là, Bollinger s'est surpassé. Le coffret en édition limitée reprend la forme du silencieux du compagnon indéfectible de James Bond, le pistolet Walter PPK. Pas vraiment écolo dans l'esprit, ça... Mais bon. Cerise sur le gâteau, l'ouverture du coffret fait, elle aussi, référence aux films d'espionnage, car il est nécessaire de composer le fameux code 007 dévolu à James Bond, et de cliquer sur le logo en forme de pistolet. Ce dernier est celui que l'on retrouve régulièrement dans les génériques des films. Classe.

    Alors, Bond, écolo ?

    Touché ! Une interview de Daniel Craig 007 accordée à Néo-planète nous le révèle : le commandeur Bond  "se sent en effet très concerné par l’état de notre planète" et pourfend allègrement (mais seulement verbalement, rassurez-vous !) gaspilleurs et pollueurs en tout genre.  Brrr... on n'aimerait pas être Monsanto, en ce moment.

    "Green washing" ou pas, si les espions et leurs fournisseurs de champagne succombent eux-aussi aux appâts de l'écologie, c'est qu'elle a vraiment le vent en poupe. Quant aux écolos, s'ils n'ont jamais revendiqué le "permis de tuer", ils ont désormais celui de boire du champagne...

    Cathy Lafon

    REPERES

    Combien ça coûte ? Le champagne Bollinger n'est pas à la portée de toutes les bourses. Mais il est délicieux et reste un des champagnes les plus appréciés des "puristes".

    • Le coffret Bollinger 002 for 007 sera vendu en France pour 150 € dans les magasins spécialisés et les cavistes, à compter du 1er octobre, et ce partout où la marque est présente dans le monde.
    • Le prix d'une bouteille de champagne Bollinger : de  24,90 € à 124 €. Prix disponibles sur Vinatis.com.
  • Les OGM, des poisons ? Oui, selon l'étude scientifique "In Vivo"

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    L'affiche du film "Tous cobayes !", réalisé à partir du livre du biologiste Gilles-Eric Séralini (DR)

    Le Nouvel Observateur a révélé le 19 septembre, en exclusivité, les résultats d'une étude sur un OGM agricole et sur le Round-Up, le pesticide le plus utilisé : l'étude "In Vivo", conduite par le biologiste Gilles-Eric Séralini (professeur à l'Université de Caen), à paraître dans la prochaine édition internet de la revue internationale "Food and Chemical Toxicology". Elle est la première à révéler les effets délétères, sur le rat, de la consommation d'un maïs génétiquement modifié – l'OGM NK603 de la firme Monsanto – associé ou non au Round-Up, l'herbicide auquel il est rendu tolérant.

    C'est une quadruple bombe : scientifique, sanitaire, politique et industrielle, qui pourrait mettre à bas la thèse officielle de l’innocuité du maïs génétiquement modifié. La question majeure étant que la toxicité démontrée pour les rats serait possible sur l'homme.

    L'OGM NK603

    ogm cobayes.jpgSelon l'étude, même à faible dose, la semence de maïs OGM étudiée, l'OGM NK603 de Monsanto, se révèlerait lourdement toxique et souvent mortelle pour des rats. A tel point que, s’il s’agissait d’un médicament, il devrait être suspendu séance tenante dans l’attente de nouvelles investigations. Or, des traces de ce même OGM peuvent se retrouver dans nos assiettes, à travers la viande, les œufs ou le lait... Gilles-Eric Séralini, divulgue lui-même les conclusions de cette recherche, commencée en 2006, dans un ouvrage à paraître le 26 septembre prochain :"Tous cobayes !" (Flammarion).

    Les croquettes OGM de Blanche-Neige

    Jusqu’en 2011, les chercheurs français ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité, afin d'échapper au regard des multinationales de la semence. Des croquettes ont été fabriquées à partir de l'OGM ciblé et deux cents rats de laboratoires, dits "Sprague Dawley" sélectionnés. Et alimentés avec lesdites croquettes. Moins poétique que Banche-Neige mangeant la pomme empoisonnée offerte par sa méchante belle-mère. Mais avec des résultats aussi alarmants. Selon le professeur Séralini, cité par le"Nouvel Observateur"  : "Après moins d'un an de menus différenciés au maïs OGM, c’était une hécatombe parmi nos rats, dont je n’avais pas imaginé l’ampleur".

    OGM NK603 et Round-Up : fatal cocktail


    Dans l’Obs : oui, les OGM sont des poisons ! par LeNouvelObservateur

    Selon l'étude, tous les groupes de rats, qu’ils soient nourris avec le maïs OGM, traité ou non au Roundup, l'herbicide de Monsanto, ou encore alimentés avec une eau contenant de faibles doses d’herbicide présent dans les champs OGM, seraient frappés par une multitude de pathologies lourdes dès le treizième mois de l’expérience.  OGM au petit-déj', OGM au déjeuner et au dîner, le tout arrosé d'une eau avec un zeste de  Round-Up : le menu biotechnologique n'a pas fait rêver les rats très longtemps. 

    Les rats OGM déclencheraient de deux à trois fois plus de tumeurs que les rats non OGM

    ogmLes femelles ont été victimes d'explosions en chaine de tumeurs mammaires, grosses comme des balles de ping-pong, qui atteignent parfois jusqu’à 25% de leur poids. Chez les mâles, ce sont les organes dépurateurs, le foie et les reins, qui ont été atteints d’anomalies marquées ou sévères. Avec une fréquence deux à cinq fois plus importante que pour les rongeurs nourris au maïs sans OGM. Au début du vingt-quatrième mois, c’est-à-dire à la fin de leur vie, de 50% à 80% des femelles nourries aux OGM sont touchées, contre seulement 30% chez les non-OGM. Et surtout, les tumeurs surviennent nettement plus vite chez les rats OGM : vingt mois plus tôt chez les mâles, trois mois plus tôt chez les femelles. Pour un animal qui bénéficie de deux ans d’espérance de vie, l’écart est considérable. A titre de comparaison, un an pour un rongeur, c’est à peu près l’équivalent d’une quarantaine d’années pour un homme…

    "On ne condamne pas une technologie"

    lepage.jpgLa communication de l'étude "In Vivo" est savamment orchestrée. Dans un livre à paraître vendredi 21 septembre,  "La vérité sur les OGM, c'est notre affaire", Corinne Lepage, la médiatique avocate écologiste, s'appuie sur ses conclusions pour exiger des comptes auprès des  politiques et des experts, français et européens, des agences sanitaires et de la Commission de Bruxelles, qui se sont si longtemps opposés, selon elle,  au principe d’une étude de longue durée sur l'impact physiologique des OGM. «Je ne suis pas contre les OGM, car on ne condamne pas une technologie. Je suis contre les OGM tels qu’ils existent dans le domaine alimentaire, tout simplement parce que je ne vois pas les avantages qu’ils apportent, et parce que je crains les risques qu’ils comportent», a-t-elle déclaré le 20 septembre à Newsring.

    Une étude financée par... Auchan et Carrefour

    Conduite par un organisme que la même Corinne Lepage a créé et que préside Gilles-Eric Séralini, le Criigen (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le Génie génétique), une simple association 1901, l'étude a coûté 3,2 millions d'euros. Co-financés par la Fondation suisse Charles Léopold Mayer et aussi, c'est plus surprenant, par l'association CERES qui rassemble des patrons de la grande distribution (Carrefour, Auchan..). Au total, une cinquantaine d'entreprises de l'alimentaire "non OGM". Depuis la vache folle, ces dernières sembleraient désireuses de se prémunir de tout nouveau scandale alimentaire. A tel point que, toujours selon le "Nouvel Observateur", c’est Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, qui aurait débloqué les premiers financements... 

    Une étude indépendante, menée sur des durées plus longues, avec un plus grand nombre de paramètres biologiques

    ogmLes scientifiques français qui ont conduit l'étude seraient les premiers ravis que les agences sanitaires s'en emparent pour exiger, de toute urgence, des études analogues afin vérifier leurs conclusions. Interrogé par "Le Monde", le professeur Séralini (photo AFP, ci-contre), s'est ainsi engagé à fournir à la communauté scientifique l'ensemble des données brutes de son expérience – ce que ne font pas les agrochimistes qui mènent ce type d'études –, afin qu'elles puissent être réanalysées par ses contradicteurs. C'est un point à porter au crédit des initiateurs d'"In Vivo," dont les résultats vont totalement à l'encontre des nombreuses études de toxicologie menées jusqu'à présent sur différents OGM et sur différentes espèces animales, sans montrer de différences biologiquement significatives entre les animaux témoins et ceux nourris avec les végétaux modifiés. Mais la plupart de ces travaux, rassemblés dans une récente revue de littérature scientifique publiée en janvier dans "Food and Chemical Toxicology", qui publie également l'étude du professeur Séralini, ont été menés sur des durées très inférieures à deux ans, et avec un plus faible nombre de paramètres biologiques contrôlés chez les animaux que ne l'a fait "In Vivo".  De plus, tous ou presque ont été financés ou directement menés par les firmes agrochimiques elles-mêmes, comme le Monde le relève.

    En France, les OGM sont déjà dans nos assiettes

    ogm assiettes.jpgBien sûr, les écolos, amis des bêtes, s'inquiètent du sort des rats. Mais au-delà de leur triste destin, c'est bien notre santé à nous, les êtres humains, qui nous préoccupe au plus haut point. Est-ce qu'on peut être victimes, nous aussi, des OGM ? Aujourd'hui, seules deux cultures d'OGM sont autorisées par l'Europe, le maïs MON810 et la pomme de terre Amflora. En vertu d'une clause de sauvegarde, la France n'en autorise aucune, sauf à titre expérimental et de manière très encadrée. L'étude du professeur Séralini donne de nouveaux arguments à cette position de précaution. Toutefois, les consommateurs français restent susceptibles d'ingérer des OGM, dans des aliments à base de maïs (ou amidon de maïs, très fréquent), soja ou colza. L'étiquetage n'est obligatoire que lorsque le taux d'OGM dépasse 0,9%. L'importation de 35 espèces d'OGM est également autorisée pour l'alimentation animale. Le consommateur français peut trouver des OGM parmi les boites de maïs doux mais aussi dans de nombreux produits quotidiens, dont les chips de maïs salées, les céréales à base de maïs, l’huile de colza ou encore la sauce de soja. Si l'OGM ne pousse (presque) pas dans l'Hexagone, il y est donc consommé.

    Les agences de la santé "saisies" par le gouvernement et l'Europe

    le foll.jpgDès mercredi 19 septembre, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a appelé à une "réforme profonde" des procédures d'homologation des cultures génétiquement modifiées dans l'UE afin de les rendre "beaucoup plus strictes". Avec ses homologues de l'Environnement Delphine Batho, et de la Santé, Marie-Sol Tournaine, le ministre a également précisé avoir "immédiatement saisi" l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, pour réclamer une "vérification" de l'étude du Pr Gilles-Eric Séralini.  Ils envisagent, selon l'avis de l'Anses, de "suspendre en urgence l'autorisation d'importation dans l'Union européenne du maïs NK603". L'Anses a indiqué qu'elle allait "engager immédiatement l'analyse de cette nouvelle étude et en auditionnera, si besoin, les auteurs". Au niveau européen, l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) sera également saisie. Le commissaire européen à la Santé a déjà fait savoir que le renouvellement du MON810 sera suspendu. Quant à l'euro-député écologiste José Bové, il demande au commissaire européen à la Santé et à la Consommation, John Dalli, de «suspendre immédiatement les autorisations de mise en culture du maïs MON810 et de la pomme de terre Amflora de BASF, ainsi que l'autorisation d'importer du maïs et du soja transgéniques».

    Les "pro-OGM" réagissent

    Selon l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV), l'étude de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, ne serait pas la première à avoir évalué l'effet à long-terme des OGM. "Il existe de nombreuses études toxicologiques qui ont évalué les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux. Ces études réalisées sur des rats, mais aussi sur d'autres animaux par des chercheurs d'horizons différents n'ont jamais révélé d'effets toxiques des OGM", a déclaré l'association dans un communiqué du 19 septembre 2012.

    "Tous Cobayes ?", le film choc

    Décidément, depuis la Conférence de l'environnement, on ne s'ennuie pas... Pour l'écologie, il y a comme un accélération du temps. Le débat entre pro et anti-OGM  vient d'être violemment réactivé et il pourrait bien changer de nature. Après la publication de l'étude, le livre de Corinne Lepage et celui de Gilles-Eric Séralini, le documentaire choc de Jean-Paul Jaud, "Tous Cobayes ?", adapté du livre de ce dernier,  en salle dès le 26 septembre, reviendra pour enfoncer définitivement le clou. Les terribles images des rats étouffant dans leurs tumeur vont faire le tour de la planète et le buzz sur internet. D'autant plus qu'elles seront diffusées aussi sur Canal+ (au "Grand Journal" du 19 septembre) et sur France 5 (le 16 octobre dans un documentaire).

    Voilà qui donne du grain (non-OGM) à moudre aux écologistes qui alertent depuis plusieurs années sur les risques que font peser les biotechnologies sur le vivant et notamment les OGM et les pesticides. Ainsi, l'association environnementale les Amis de la Terre, rappelle qu'elle organisait en 1987, à Paris, la première conférence d'information grand public sur ce thème...

    Cathy Lafon

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