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Les OGM, des poisons ? Oui, selon l'étude scientifique "In Vivo"

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L'affiche du film "Tous cobayes !", réalisé à partir du livre du biologiste Gilles-Eric Séralini (DR)

Le Nouvel Observateur a révélé le 19 septembre, en exclusivité, les résultats d'une étude sur un OGM agricole et sur le Round-Up, le pesticide le plus utilisé : l'étude "In Vivo", conduite par le biologiste Gilles-Eric Séralini (professeur à l'Université de Caen), à paraître dans la prochaine édition internet de la revue internationale "Food and Chemical Toxicology". Elle est la première à révéler les effets délétères, sur le rat, de la consommation d'un maïs génétiquement modifié – l'OGM NK603 de la firme Monsanto – associé ou non au Round-Up, l'herbicide auquel il est rendu tolérant.

C'est une quadruple bombe : scientifique, sanitaire, politique et industrielle, qui pourrait mettre à bas la thèse officielle de l’innocuité du maïs génétiquement modifié. La question majeure étant que la toxicité démontrée pour les rats serait possible sur l'homme.

L'OGM NK603

ogm cobayes.jpgSelon l'étude, même à faible dose, la semence de maïs OGM étudiée, l'OGM NK603 de Monsanto, se révèlerait lourdement toxique et souvent mortelle pour des rats. A tel point que, s’il s’agissait d’un médicament, il devrait être suspendu séance tenante dans l’attente de nouvelles investigations. Or, des traces de ce même OGM peuvent se retrouver dans nos assiettes, à travers la viande, les œufs ou le lait... Gilles-Eric Séralini, divulgue lui-même les conclusions de cette recherche, commencée en 2006, dans un ouvrage à paraître le 26 septembre prochain :"Tous cobayes !" (Flammarion).

Les croquettes OGM de Blanche-Neige

Jusqu’en 2011, les chercheurs français ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité, afin d'échapper au regard des multinationales de la semence. Des croquettes ont été fabriquées à partir de l'OGM ciblé et deux cents rats de laboratoires, dits "Sprague Dawley" sélectionnés. Et alimentés avec lesdites croquettes. Moins poétique que Banche-Neige mangeant la pomme empoisonnée offerte par sa méchante belle-mère. Mais avec des résultats aussi alarmants. Selon le professeur Séralini, cité par le"Nouvel Observateur"  : "Après moins d'un an de menus différenciés au maïs OGM, c’était une hécatombe parmi nos rats, dont je n’avais pas imaginé l’ampleur".

OGM NK603 et Round-Up : fatal cocktail


Dans l’Obs : oui, les OGM sont des poisons ! par LeNouvelObservateur

Selon l'étude, tous les groupes de rats, qu’ils soient nourris avec le maïs OGM, traité ou non au Roundup, l'herbicide de Monsanto, ou encore alimentés avec une eau contenant de faibles doses d’herbicide présent dans les champs OGM, seraient frappés par une multitude de pathologies lourdes dès le treizième mois de l’expérience.  OGM au petit-déj', OGM au déjeuner et au dîner, le tout arrosé d'une eau avec un zeste de  Round-Up : le menu biotechnologique n'a pas fait rêver les rats très longtemps. 

Les rats OGM déclencheraient de deux à trois fois plus de tumeurs que les rats non OGM

ogmLes femelles ont été victimes d'explosions en chaine de tumeurs mammaires, grosses comme des balles de ping-pong, qui atteignent parfois jusqu’à 25% de leur poids. Chez les mâles, ce sont les organes dépurateurs, le foie et les reins, qui ont été atteints d’anomalies marquées ou sévères. Avec une fréquence deux à cinq fois plus importante que pour les rongeurs nourris au maïs sans OGM. Au début du vingt-quatrième mois, c’est-à-dire à la fin de leur vie, de 50% à 80% des femelles nourries aux OGM sont touchées, contre seulement 30% chez les non-OGM. Et surtout, les tumeurs surviennent nettement plus vite chez les rats OGM : vingt mois plus tôt chez les mâles, trois mois plus tôt chez les femelles. Pour un animal qui bénéficie de deux ans d’espérance de vie, l’écart est considérable. A titre de comparaison, un an pour un rongeur, c’est à peu près l’équivalent d’une quarantaine d’années pour un homme…

"On ne condamne pas une technologie"

lepage.jpgLa communication de l'étude "In Vivo" est savamment orchestrée. Dans un livre à paraître vendredi 21 septembre,  "La vérité sur les OGM, c'est notre affaire", Corinne Lepage, la médiatique avocate écologiste, s'appuie sur ses conclusions pour exiger des comptes auprès des  politiques et des experts, français et européens, des agences sanitaires et de la Commission de Bruxelles, qui se sont si longtemps opposés, selon elle,  au principe d’une étude de longue durée sur l'impact physiologique des OGM. «Je ne suis pas contre les OGM, car on ne condamne pas une technologie. Je suis contre les OGM tels qu’ils existent dans le domaine alimentaire, tout simplement parce que je ne vois pas les avantages qu’ils apportent, et parce que je crains les risques qu’ils comportent», a-t-elle déclaré le 20 septembre à Newsring.

Une étude financée par... Auchan et Carrefour

Conduite par un organisme que la même Corinne Lepage a créé et que préside Gilles-Eric Séralini, le Criigen (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le Génie génétique), une simple association 1901, l'étude a coûté 3,2 millions d'euros. Co-financés par la Fondation suisse Charles Léopold Mayer et aussi, c'est plus surprenant, par l'association CERES qui rassemble des patrons de la grande distribution (Carrefour, Auchan..). Au total, une cinquantaine d'entreprises de l'alimentaire "non OGM". Depuis la vache folle, ces dernières sembleraient désireuses de se prémunir de tout nouveau scandale alimentaire. A tel point que, toujours selon le "Nouvel Observateur", c’est Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, qui aurait débloqué les premiers financements... 

Une étude indépendante, menée sur des durées plus longues, avec un plus grand nombre de paramètres biologiques

ogmLes scientifiques français qui ont conduit l'étude seraient les premiers ravis que les agences sanitaires s'en emparent pour exiger, de toute urgence, des études analogues afin vérifier leurs conclusions. Interrogé par "Le Monde", le professeur Séralini (photo AFP, ci-contre), s'est ainsi engagé à fournir à la communauté scientifique l'ensemble des données brutes de son expérience – ce que ne font pas les agrochimistes qui mènent ce type d'études –, afin qu'elles puissent être réanalysées par ses contradicteurs. C'est un point à porter au crédit des initiateurs d'"In Vivo," dont les résultats vont totalement à l'encontre des nombreuses études de toxicologie menées jusqu'à présent sur différents OGM et sur différentes espèces animales, sans montrer de différences biologiquement significatives entre les animaux témoins et ceux nourris avec les végétaux modifiés. Mais la plupart de ces travaux, rassemblés dans une récente revue de littérature scientifique publiée en janvier dans "Food and Chemical Toxicology", qui publie également l'étude du professeur Séralini, ont été menés sur des durées très inférieures à deux ans, et avec un plus faible nombre de paramètres biologiques contrôlés chez les animaux que ne l'a fait "In Vivo".  De plus, tous ou presque ont été financés ou directement menés par les firmes agrochimiques elles-mêmes, comme le Monde le relève.

En France, les OGM sont déjà dans nos assiettes

ogm assiettes.jpgBien sûr, les écolos, amis des bêtes, s'inquiètent du sort des rats. Mais au-delà de leur triste destin, c'est bien notre santé à nous, les êtres humains, qui nous préoccupe au plus haut point. Est-ce qu'on peut être victimes, nous aussi, des OGM ? Aujourd'hui, seules deux cultures d'OGM sont autorisées par l'Europe, le maïs MON810 et la pomme de terre Amflora. En vertu d'une clause de sauvegarde, la France n'en autorise aucune, sauf à titre expérimental et de manière très encadrée. L'étude du professeur Séralini donne de nouveaux arguments à cette position de précaution. Toutefois, les consommateurs français restent susceptibles d'ingérer des OGM, dans des aliments à base de maïs (ou amidon de maïs, très fréquent), soja ou colza. L'étiquetage n'est obligatoire que lorsque le taux d'OGM dépasse 0,9%. L'importation de 35 espèces d'OGM est également autorisée pour l'alimentation animale. Le consommateur français peut trouver des OGM parmi les boites de maïs doux mais aussi dans de nombreux produits quotidiens, dont les chips de maïs salées, les céréales à base de maïs, l’huile de colza ou encore la sauce de soja. Si l'OGM ne pousse (presque) pas dans l'Hexagone, il y est donc consommé.

Les agences de la santé "saisies" par le gouvernement et l'Europe

le foll.jpgDès mercredi 19 septembre, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a appelé à une "réforme profonde" des procédures d'homologation des cultures génétiquement modifiées dans l'UE afin de les rendre "beaucoup plus strictes". Avec ses homologues de l'Environnement Delphine Batho, et de la Santé, Marie-Sol Tournaine, le ministre a également précisé avoir "immédiatement saisi" l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, pour réclamer une "vérification" de l'étude du Pr Gilles-Eric Séralini.  Ils envisagent, selon l'avis de l'Anses, de "suspendre en urgence l'autorisation d'importation dans l'Union européenne du maïs NK603". L'Anses a indiqué qu'elle allait "engager immédiatement l'analyse de cette nouvelle étude et en auditionnera, si besoin, les auteurs". Au niveau européen, l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) sera également saisie. Le commissaire européen à la Santé a déjà fait savoir que le renouvellement du MON810 sera suspendu. Quant à l'euro-député écologiste José Bové, il demande au commissaire européen à la Santé et à la Consommation, John Dalli, de «suspendre immédiatement les autorisations de mise en culture du maïs MON810 et de la pomme de terre Amflora de BASF, ainsi que l'autorisation d'importer du maïs et du soja transgéniques».

Les "pro-OGM" réagissent

Selon l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV), l'étude de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, ne serait pas la première à avoir évalué l'effet à long-terme des OGM. "Il existe de nombreuses études toxicologiques qui ont évalué les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux. Ces études réalisées sur des rats, mais aussi sur d'autres animaux par des chercheurs d'horizons différents n'ont jamais révélé d'effets toxiques des OGM", a déclaré l'association dans un communiqué du 19 septembre 2012.

"Tous Cobayes ?", le film choc

Décidément, depuis la Conférence de l'environnement, on ne s'ennuie pas... Pour l'écologie, il y a comme un accélération du temps. Le débat entre pro et anti-OGM  vient d'être violemment réactivé et il pourrait bien changer de nature. Après la publication de l'étude, le livre de Corinne Lepage et celui de Gilles-Eric Séralini, le documentaire choc de Jean-Paul Jaud, "Tous Cobayes ?", adapté du livre de ce dernier,  en salle dès le 26 septembre, reviendra pour enfoncer définitivement le clou. Les terribles images des rats étouffant dans leurs tumeur vont faire le tour de la planète et le buzz sur internet. D'autant plus qu'elles seront diffusées aussi sur Canal+ (au "Grand Journal" du 19 septembre) et sur France 5 (le 16 octobre dans un documentaire).

Voilà qui donne du grain (non-OGM) à moudre aux écologistes qui alertent depuis plusieurs années sur les risques que font peser les biotechnologies sur le vivant et notamment les OGM et les pesticides. Ainsi, l'association environnementale les Amis de la Terre, rappelle qu'elle organisait en 1987, à Paris, la première conférence d'information grand public sur ce thème...

Cathy Lafon

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