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Biomasse - Page 7

  • Energie: à Saint-Jean-de-Luz, les bateaux carburent à l'huile de tournesol

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    Le bateau "Lapurdi", objet de la visite à Ciboure d'une délégation finlandaise, venue étudier son moteur qui carbure à l'huile de tournesol Photo AFP

    C'est pas parce que le débat national sur la transition énergétique est fini, qu'il faut s'arrêter de bossr. Ma Planète continue son tour d'horizon des énergies "durables" et propres, alternatives aux ressources fossiles et au nucléaire. Aujourd'hui : l'huile de tournesol.

    Le 28 mai dernier, une délégation de neuf scientifiques finlandais étaient en visite à Ciboure, pour examiner à la loupe le moteur d'un bateau de pêche du port de Saint-Jean-de-Luz. Leur objectif : importer le mécanisme permettant de le faire carburer à l'huile de tournesol pure, afin de développer les énergies alternatives pour leurs bateaux de pêche côtière. Une fois n'est pas coutume, c'est la France qui sert de modèle aux pays du nord en matière d'expérience écologique durable...

    Itsasoa

    Carburer au tournesol à Saint-Jean-de-Luz, ce n'est pas nouveau et cela fait partie du projet basque Itsasoa (Itinéraire technique de substitution agricole pour la sauvegarde de l'océan), soutenu par le ministère de l'Agriculture.

    moteur lapurdi.jpgLe "Lapurdi" et le "Nahikari"

    Le bateau qui navigue à l'huile de tournesol, c'est le "Lapurdi", un bolincheur qui pêche à la sardine et à l'anchois et se consacre à la petite pêche. Il teste avec succès depuis 2009 ce carburant atypique avec son petit frère, le ligneur "Nahikari". Vous savez, le fameux bateau dont la patronne, Anne-Marie Vergez, milite avec Greenpeace pour le maintien de la pêche artisanale et la sauvegarde des stocks de poission...

    A l'avant-garde

    Mais cette pratique écologiquement exemplaire, reste avant-gardiste. Selon l'Institut français des huiles végétales pures (IFHVP) ce sont les premiers bateaux en Europe à maîtriser la technique. Le moteur démarre au gasoil et lorsque la température de combustion est suffisante, il bascule sur l'alimentation végétale consommant 80% d'huile et 20% de gasoil.

    Un bio-carburant éco-exemplaire, produit localement

    energie,huile tournesol,recyclage,dechet ménager,pêche,transport,bateau,artisanaleN'imaginez pas que le bateau carbure à grand coup de bouteilles jaunes d'huile de tournesol, semblables à celles que achetez pour accomoder vos salades. Comme Anne-Marie Vergez, la patronne du "Nahikari", Pascal Gonzalez s'approvisionne auprès d'une coopérative de 21 agriculteurs locaux, qui produit déjà de l'huile pure de tournesol pour un syndicat d'ordures ménagères gros consommateur de carburants, "Bizi Garbia".  Un "circuit court"avantageux, donc, qui favorise une filière agricole locale. 100 % développement durable. Enfin, ce biocarburant ne présente pas de danger de déforestation comme on a pu le voir ailleurs avec la production massive d'huile de palme.  La coopérative fonctionne avec des cultures en rotation, qui évite l'appauvrissement du sol, sur 76 hectares.

    Dans l'huile de tournesol, tout est bon !

    Selon l'IFHVP, l'huile de touenergie,huile tournesol,recyclage,dechet ménager,pêche,transport,bateau,artisanalernesol est doublement avantageuse. Premièrement, pour la produire, les émissions de CO2 sont largement inférieures à celles du gasoil. Un litre de gasoil produit 3,3 kilos équivalent CO2 contre 493 grammes pour un litre d'huile de tournesol. Ca fait plaisir. Ensuite, elle est moins polluante pour l'océan. Des tests effectués montrent un abaissement de la charge de pollution, notamment liée à l'absence des métaux lourds présents dans le gasoil. Ca fait encore plus plaisir.

    "Travailler avec les agriculteurs sur place plutôt que se  fournir chez un groupe pétrolier qui bousille la planète"

    energie,huile tournesol,recyclage,dechet ménager,pêche,transport,bateau,artisanalePascal Gonzalez, patron du "Lapurdi", n'y voit donc que des avantages. "La réduction d'émission de gaz à effet de serre est considérable et aucun problème mécanique n'a été constaté depuis 2009", assure-t-il. S'ajoute aussi un argument économique de taille : le prix. Le prix du gazole détaxé pour les pêcheurs est passé de 0,35 euros par litre en 2004 à 0,75 euro/litre aujourd'hui. Il représente plus de 40% de charges fixes pour certains bateaux.  Si le prix de l'huile de tournesol reste au-dessus, 90 centimes par litre, les subventions du programme Itsasoa permettent son utilation. "Avec l'aide d'Itsasoa, nous l'obtenons à 67 centimes le litre", précise le patron du "Lapurdi", en notant cependant que le système de subventions arrivant à échéance, il devra "négocier le prix de l'huile avec les producteurs locaux".  Mais, ajoute-t-il, "je préfère travailler avec les agriculteurs sur place que de me fournir chez un groupe pétrolier qui bousille la planète". Ca, c'est dit.

    Une pêche durable,  respectueuse de l'environnement

    Autant d'élements qui motivent la visite des scientifiques finlandais de l'Université des sciences appliquées de Novia à Vaasa, venus en France dans le cadre du FARNET, le réseau européen des zones de pêche : ils sont convaincus que c'est la bonne méthode pour une pêche durable et respectueuse de l'environnement. La Finlande doit importer plus des trois quarts de son énergie (pétrole, charbon, gaz naturel, électricité). Le pays compte quelque 1.100 kilomètres de côtes sur la mer Baltique et la pêche y est une activité économique importante.  Mais les Finlandais ne sont pas parvenus à mettre une technique au point. D'où l'expédition au Pays basque.

    energie,huile tournesol,recyclage,dechet ménager,pêche,transport,bateau,artisanaleDe l'huile de friteuse dans le moteur

    Les Finlandais réussiront-ils à résoudre leur problème technique de moteur, en suivant la méthode basque ? Ils envisagent d'adapter le moteur, mais avec un autre biocarburant, peut-être avec des graisses animales issues notamment de déchets de poissons. Réciproquement, cette technique pourrait être utilisée en France. C'est ce qu'assure l'IFHVP qui porte un nouveau projet similaire du côté de Capbreton, dans les Landes, sur le bateau de pêche "Crésus". Le fileyeur devrait prochainement expérimenter la navigation aux huiles alimentaires recyclées en biocarburant.

    "Il faut vivre avec son temps, et penser aussi aux générations futures", a résumé pour Sud Ouest le patron du "Crésus", Nicolas Laffargue (photo Sud Ouest ci-dessus).  Ca, ça fait vraiment plaisir.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO

    • Le site de l'Institut français des huiles végétales pures (IFHVP) : cliquer ICI
    • Le site du Débat national sur la transition énergétique : cliquer ICI
  • Transition énergétique : accouchement difficile mais globalement réussi

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    Quel avenir énergétique pour la France demain ? Un début de réponse, le 18 juillet, avec la synthèse du Débat national sur la transition énergétique Photo DR

    Neuf mois : le temps nécessaire pour mettre au monde un petit être humain. C'est aussi le temps qu'aura pris le Débat national sur la transition énergétique voulu par le président François Hollande, pour accoucher, le jeudi 18 juillet, de quinze  "enjeux" qu'on peut résumer en cinq grands "commandements", destinés à nourrir une future loi de programmation. Au passage, notons qu'il devance quand même le bébé royal de Kate et William que nos voisins anglais attendent toujours. Décrytage.

    Les cinq grands "commandements" de la transition énergétique à la française


    Qu'est-ce-que la transition énergétique ? 

    La "Synthèse des travaux" a été approuvée  par le "parlement du Débat" (patronat, syndicats, ONG, élus et experts). Comme on dit, il y a du "matos". Les participants au Débat national et Laurence Tubiana, la "facilitatrice" de leurs travaux et de leurs échanges, n'ont pas passé neuf mois à peigner la girafe.
     
    duflot 2.jpg1. LE BÂTIMENT TU RÉNOVERAS
    Le bâtiment est le premier poste de consommation d'énergie : environ 40% du total. Réduire sa part est "un objectif prioritaire de la transition énergétique", selon la synthèse des débats. Pile-poil dans les objectifs de la ministre du Logement de François Hollande, Cécile Duflot l'écolo, qui devrait garder le sourire.

    Comment ? Plusieurs pistes sont préconisées pour "se donner les moyens" de rénover 500.000 logements par an : un guichet unique d'information, "changer d'échelle" en matière de formation des professionnels aux travaux de rénovation énergétique, créer un dispositif financier de démarrage avec des moyens dédiés. A terme, on pourrait introduire une obligation de travaux à certains moments-clé de la vie des bâtiments. 

    pollution bdx.jpg2. LES TRANSPORTS TU PARTAGERAS

    Les transports sont le premier émetteur de CO2 en France devant le chauffage et l'industrie : plus de 36% de l'ensemble. Dans la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles et la diminution de nos émissions de gaz à effet de serre, la question de l'usage de la voiture reste centrale.

    Comment ? Dans son scénario de diminution du CO2, l'Ademe mise sur une baisse de 20% de la mobilité par personne d'ici à 2050, grâce au développement du télétravail et à une meillleure organisation urbaine (mixité logement-travail). La mobilité automobile est déjà en baisse, notamment en Ile-de-France, où elle s'est stabilisé, alors que la population a pourtant augmenté. Le covoiturage est en pleine expansion : 3 milllions de Français sont aujourd'hui inscrits sur le site internet leader français Blablacar. Ils étaient 500.000 en 2010. L'autopartage se déloppe, comme à Bordeaux avec Autocool. Mais il faut aller plus loin. Pour l'automobile, un programme national "2 personnes par voiture" encouragerait les services de voitures partagées, et étudierait la possibilité de réduire les vitesses sur autoroutes (120 ou 110 km/h au lieu de 130), routes (de 90 à 80 km/h) et ville (de 50 à 30 km/h) ou d'instaurer des péages urbains. Le fret, fluvial et ferroviaire, à la peine, doit aussi être relancé.  
     
    nucleaire.jpg3. LE NUCLÉAIRE TU DIMINUERAS
    La synthèse reprend l'objectif de François Hollande de ramener de 75% à 50% la part de la production nucléaire dans le mix électrique en 2025. Un objectif rejeté par le représentant des entreprises, le Medef.

    Comment ? Elle évoque notamment une "étude pluraliste de faisabilité pour préciser les trajectoires permettant d'atteindre les engagements du Président de la République". Mais aussi la possibilité d'intégrer dans la loi un pouvoir de l'État de fermer des centrales pour des raisons de politique énergétique. Une telle décision ne peut aujourd'hui être imposée que pour des motifs de sûreté.  
     
    4. LE GAZ DE SCHISTE TU ÉVALUERAS
    Ce point reste le plus flou
    . Quand bien même François Hollande a affirmé clairement le 14 juillet dernier que sous son mandat, il n'y aura aucune exploration de cette énergie, on sent bien que le débat entre pro et anti-gaz de schiste est loin d'être tranché.

    Le document retient la nécessité d'une étude sur l'impact socio-économique (tourisme, emploi, prix de l'énergie) environnemental et climatique de l'exploitation de ces gaz.
     

    éoliennes transition.jpg5. LES RENOUVELABLES TU ENCOURAGERAS
    Plus consensuel, le développement des énergies renouvelables est fortement encouragé.
    Un débat subsiste toutefois sur l'objectif à poursuivre, la synthèse retenant un objectif de 30 à 40% de renouvelables dans la production d'électricité en 2030. Le Medef estime toutefois cet objectif trop ambitieux et coûteux, alors que les ONG plaident pour 40% minimum.

    Comment ? C'est peu de dire que les filières du photovoltaïque et de l'éolien sont aujourd'hui en souffrance. Pour les relancer et les développer, il y a du boulot. Les industriels du secteur ne manquent d'ailleurs pas d'idées et certains ont déjà demandé audience au ministre de l'Ecologie pour les lui communiquer.

    "Sensibiliser" les citoyens
    La synthèse du débat national retient enfin aussi la nécessité de "sensibiliser" les citoyens à la maîtrise de leurs consommations, en développant par exemple l'étiquetage énergétique ou les compteurs électriques "intelligents".

    Bon. Mais au final, ce Débat national, c'est un échec ou un succès ?

    guilbaud medef.jpg"C'est au gouvernement de travailler"

    Avec ce "brainstorming" géant autour des énergies, la France fait aussi l'apprentissage de la démocratie participative. Dur, dans un pays où on est dans une perpétuelle logique d'affrontements et où on ne sait pas vraiment "négocier" pour avancer. Hier, le Medef, la principale confédération patronale française, avait commencé le débat ultime par un coup d'éclat, en annonçant vouloir refuser les conclusions du Débat national.  Ce n'était ni une surprise ni une nouveauté. Contre les renouvelables, contre la réduction de la consommation énergétique, pour le nucléaire : ce à quoi le Medef s'oppose en réalité, c'est à la nécessité elle-même d'entrer dans la transition énergétique. Autrement dit, sur le fond du débat. Isolé dans sa position, il a fini par ratifier le document, à condition que le texte soit dépouillé du  mot "recommandation" et rebaptisé "synthèse des travaux". Le contenu, sur le fond, est quasiment inchangé. Mais comme le rappelle fort justement son directeur général, Michel Guilbaud (photo ci-dessus), le Medef ne gouverne pas la France "Il me semblait important de savoir pointer les désaccords. Après, c'est au gouvernement de travailler". Et comme le dit aussi Philippe Martin, ministre de l'Ecologie: "Un débat ne remplacera pas les choix du gouvernement".

    Un objectif global clairement identifié

    L'énergie, c'est pas vraiment le pays des Bisounours. On se doute bien que les lobbys industriels du nucléaire, du gaz de schiste et des énergies fossiles ne vont pas tomber dans les bras des écolos pour leur claquer la bise en renonçant à leurs ambitions. Mais l'objectif global du Débat national est tenu. La synthèse esquisse bien une France consommant moins d'énergie et utilisant moins de nucléaire et d'énergies fossiles. A la fois pour respecter les engagements internationaux contre le changement climatique (diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport à 1990) et pour rééquilibrer une balance commerciale plombée par les importations de pétrole et de gaz.

    hulot envoyé spécial.jpgRéduire de 50 % la consommation énergétique de la France

    Pour lutter contre le changement climatique et réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la France  s'appuiera bien sur une réduction de 50% de la consommation énergétique finale, selon le document adopté jeudi par les différents acteurs, même si le Medef qui considère cet objectif contraire à la compétitivité proposait une réduction modérée de 20%. A quoi Nicolas Hulot et sa Fondation  ont rétorqué que l'objectif de 50% n'est pas simplement leur position d'ONG, "mais le résultat de l'analyse des experts".

    Au global, c'est plutôt un succès, comme le notent les acteurs des renouvelables et les ONG : la Fondation Hulot, avec Mathieu Orphelin, se réjouit ainsi de voir que "la quasi totalité du texte a été préservée". Au politique de prendre le relais.

    Après la démocratie participative, place à la démocratie représentative

    La suite ? Rendez-vous est déjà pris le 20 septembre prochain, où les propositions seront officiellement remises au gouvernement, lors de la Conférence environnementale annuelle. C'est là qu'on touchera au but : l'élaboration d'une loi de programmation énergétique qui sera présentée dans la foulée à l'automne au Conseil des ministres et débattue début 2014 au Parlement.

    Venir au monde et voir le jour, c'est déjà pas si mal. Mais le plus dur reste encore à faire : il faut pouvoir grandir et entrer dans la modernité.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le débat national mode d'emploi. Rédigées par un comité de pilotage au terme d'un long processus qui aura duré neuf mois, rythmé par neuf réunions plénières réunissant tous les acteurs impliqués, y compris les citoyens, mais aussi des réunions de groupes de travail spécialisés (financement, renouvelables, etc.), des auditions de nombreux experts et de multiples réunions ouvertes au public dans les régions. Ne faites pas semblant : le débat national est aussi passé pas loin de chez vous... Pour tout savoir : cliquer ICI
  • Ecologie. Les huit grands dossiers qui attendent Martin : chaud devant !

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    Philippe Martin est le successeur de Delphine Batho au ministère de l'Ecologie. Ici, lors de la passation de pouvoir, le 2 juillet 2013. Photo AFP

    Après Batho, c'est Martin qui s'y colle ! L'ex-ministre de l'Ecologie n'a pas passé un an à se tourner les pouces. Elle laisse à son successeur huit grands dossiers et de lourdes réformes en chantier , inscrits  dans le cadre de la transition écologique voulue par Hollande et ses alliés Verts. De tiède à chaud bouilllant, voire explosif : le point sur ce qui attend Philippe Martin.

    La transition écologique

    Sur les huit dossiers, trois d'entre eux relèvent directement du secteur ultra-sensible de l'énergie. Quatre autres doivent permettre à notre pays d'éviter les sanctions européennes qui le menacent en améliorant la qualité de notre environnement et notre santé. Le huitième, le projet polémique d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, est devenu le symbole les luttes écologiques de ce début de siècle. Quand on y regarde de plus près, tous sont interconnectés. Au coeur de leurs problématiques: la question de la prise de décision politique d'entrer ou non dans un nouveau modèle économique et sociétal respectueux d'un développement durable : la transition écologique.

    1. Les gaz de schiste

    gaz de schiste.jpgTiède, mais peut très vite redevenir brûlant. A priori, Delphine Batho l'a dit et redit et François Hollande l'a confirmé lors de son intervention du 14 juillet : le dossier de l'extraction des gaz non conventionnels est clos. Depuis la loi du 13 juillet 2011, la fracturation hydraulique est interdite en France. Avant d'être éjectée du gouvernement, la ministre de l’Écologie a même tout récemmment rejeté la demande de permis dit de Brive, qui inquiète le Sarladais, en Périgord, depuis des mois. Mais les pro-gaz de schiste et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif remettent constamment le couvert, et la compagnie pétrolière américaine Schuepbach, dont deux permis miniers ont été abrogés, a déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui sera examinée par le Conseil d'Etat le 19 juillet. Si la loi du 13 juillet était abrogée, le gouvernement se montrerait-il aussi farouchement opposé à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels ? On peut se le demander, dans la mesure où le Medef et l'industrie pétrolière, dont le lobbying a été dénoncé par l'ex-ministre lors de son limogeage, appellent inlassablement à des expérimentations pour évaluer la réalité des réserves françaises.

    2. Fessenheim

    fessenheim afp.jpgTrès chaud. La plus vieille des centrales françaises doit fermer. Ou pas? Si Delphine Batho laisse en héritage une question non réglée, c'est bien celle de l'avenir de Fessenheim, que François Hollande s'est pourtant engagé à fermer fin 2016. Sur ce dossier emblématique pour les écologistes, la promesse présidentielle est-elle encore crédible ? D'abord,  l'annonce de la date de la fermeture ne devrait pas être tenue. L'instruction de la procédure de mise à l'arrêt d'une centrale nucléaire  nécessite selon le ministère lui-même, au moins quatre ans. On est en 2013 :  si fermeture il y a, elle ne peut donc intervenir avant 2017. L'opposition virulente des syndicats et de la détermination du PDG d'EDF, Henri Proglio, à tout faire - y compris les coûteux travaux de renforcement post-Fukuhsima exigés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) -  pour maintenir les deux réacteurs alsaciens en activité, constituent deux autres freins à la fermeture. Ce dossier est intimement couplé à la question de l'avenir industriel du modèle énergétique francais : la fermeture de Fessenheim doit être compensée par des économies d'énergie (une diminution de la consommation d'électricité) et une montée en puissance de la production fournie par l'éolien, le photovoltaïque, la biomasse... Bref, par les renouvelables.

    3. La transition énergétique

    eolienne.jpgAlors là, chaud bouillant. On entre dans le territoire miné de l'une des échéances qui font dire à Pascal Canfin, ministre  EELV délégué au développement, que l'on va vite voir où en est la volonté présidentielle de prendre en compte, ou pas, l'urgence écologique. Ouvert par Delphine Batho il y a dix mois, nourri de multiples rencontres nationales et régionales accompagnées d'auditions de professionnels, d'experts mais boycotté notamment par l'ONG Greenpeace, le débat national sur la transition énergétique doit s'achever le 18 juillet, avant qu'une loi de programmation sur l'énergie ne soit présentée à l'automne. Son objectif : rien de moins que changer le modèle énergétique français en diminuant la part du nucléaire et des énergies fossiles tout en  développant les renouvelables. Avec des mesures destinées à ne pas alourdir la facture énergétique des usagers, comme, par exemple, un grand plan national d'isolation des logements. Et des impacts sur la production d'électricité, centralisée aujourd'hui par EDF. Le 15 juillet, si le calendrier Batho est respecté, c'est à Philippe Martin que seront remises les conclusions de la mission d'audit menée par l'Observatoire de la Précarité énergétique sur les tarifs sociaux de l'énergie. Et dans la foulée, le 18 juillet, les recommandations issues du débat sur la transition énergétiques. Pour l'heure, si l'industrie des renouvelables est en phase avec les objectifs écologiques du débat national,  les ONG comme les entreprises du secteur des énergies fossiles et nucléaire restent sur leurs positions : il n'y a même pas accord sur les objectifs de baisse de consommation d'énergie.

    4. La fiscalité écologique et le diesel

    diesel.jpgCa brûle. Les arbitrages sur la fiscalité verte dans le projet de loi de finances (PLF) 2014 doivent être rendus dans les jours qui viennent. Objectifs ? Rééquilibrer progressivement le prix du diesel par rapport à celui de l'essence afin de contribuer à diminuer le parc automobile diesel et les émissions des particules fines, dangereuses pour la santé, qui mettent la France en infraction avec l'Europe, pour le dépassement constant des seuils de pollution admissibles de l'air dans ses villes. Delphine Batho, deux jours avant son limogeage, espérait encore que le gouvernement opte pour l'instauration d'une taxe carbone-diesel comme l'a proposé le le Comité pour la fiscalité écologique (CFE) présidé par l'économiste Christian de Perthuis. Afin de ne pas pénaliser les ménages les plus modestes et les entreprises, trois pistes sont à l'étude : un crédit d'impôt, une aide pour les groupes les plus exposés à la concurrence internationale et une prime pour inciter les propriétaires de véhicules anciens à s'équiper d'un modèle neuf. Ce qui permettrait également de relancer l'industrie automobile et l'emploi. Le produit de la taxe verte doit aussi contribuer à financer le crédit d'impôt emploi du gouvernement. Parfait. Sauf que l'une des toutes premières déclarations du nouveau patron du Medef, Pierre Gattaz, est on ne peut plus claire :" Je dis non à toute fiscalité écologique." Ambiance.

    5. Notre-Dame-des-Landes

    NDDL Logo NON.jpgToujours chaud, voire explosif pour les écologistes. Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), voulu par le premier ministre et ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, a cristallisé l'opposition aux grandes infrastructures jugées par les écolos "inutiles et destructrices du territoire". En avril, une «commission du dialogue» a validé le projet aéroportuaire mais réclamé de nouvelles études qui repoussent son ouverture au-delà de l'échéance de fin 2017 initialement prévue. Début juillet, le ministre délégué aux transports, Frédéric Cuvillier, a indiqué qu'il aurait « plus de visibilité » sur le calendrier des travaux « à la fin de l'été », tout en assurant que le chantier ne sera pas engagé tant que la faisabilité des compensations environnementales « n'aura pas été démontrée ». Le gouvernement ayant annoncé récemment vouloir abandonner un certain nombre de grands projets d'infrastructures dans les transports, comme des lignes LGV ou des autoroutes, jugés trop dispendieux par rapport à leur utilité réelle pour les usagers, son chef, Jean-Marc Ayault, est attendu au tournant par les opposants au projet de l'aéroport nantais, mais aussi par les grands élus dans les régions qui pleurent leurs aménagements disparus et s'intéresseront certainement à la cohérence gouvernementale en la matière... Ce dossier est relié aux questions de l'eau et de la biodiversité.

    6. La biodiversité 

    biodiversité.jpegTiède. Aux vues des dossiers précédents, la biodiversité ne pèse pas lourd et semble n'intéresser que les écolos purs et durs. Et pourtant.... L'Agence de la biodiversité que s'est engagé à créer le gouvernement après la Conférence environnementale de 2012, sera aussi un test pour le nouveau ministre de l'écologie. Restera-t-elle une coquille vide ou sera-t-elle un structure dotée de vrais moyens ? Un projet de loi doit être présenté en juillet ou, au plus tard, en septembre. Sa tâche sera notamment de piloter la mise en oeuvre de la trame verte et bleue qui doit permettre de protéger, sur l'ensemble du territoire, les espaces naturels et les corridors écologiques indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes. Ce qui peut entrer en conflit avec de nombreux projets d'infrastructures territoriales, avec les méthodes de l'agriculture intensive, dont l'usage des pesticides, et avec l'introduction des OGM, comme le MON 810, dont Philippe Martin est un farouche opposant. Concernant les infrastrastures dont les LGV, l'horizon s'est un peu éclairci.... La biodiversité a aussi affaire avec l'eau.

    7. L'eau 

    nitrates.jpgTrès, très chaud. Et très, très cher. C'est l'un des gros dossiers polémiques inscrits au menu de la prochaine Conférence environnementale en septembre 2013, qui fâche les milieux agricoles conventionnels. C'est aussi un sujet que Philippe Martin, député d'un département rural, le Gers, connaît bien. Il vient de remettre à Jean-Marc Ayrault un rapport intitulé : « La gestion quantitative de l'eau en agriculture, une nouvelle vision pour un nouveau partage. »  Force est de reconnaître que ses propositions, prudentes, laissent les défenseurs de l'environnement sur leur faim. Il y a aussi le dossier pressant des nitrates, avec la question de la qualité des rivières et des nappes souterraines.  La France est en retard sur ses obligations en la matière et ne se conforme toujours pas à la directive européenne sur les nitrates de 1992. Incapable de venir à bout des pollutions d'origine agricole, le pays a été condamnée en juin dernier par la Cour de justice de l'Union européenne. La France encourt désormais une grosse amende et des pénalités : des millions d'euros... 60 millions d'euros et plus de 150.000 euros par jour, conformément à certains calculs. C'est le même cas de figure pour la pollution de l'air.

    8. La pollution de l'air 

    pollution air bdx7029.jpgTout assi chaud que l'eau.  Et tout aussi cher. La France est aussi poursuivie par les instances européennes pour non-respect de la directive sur l'air et des dépassements des seuils d'émissions de particules fines (lire plus haut la taxe carbone et le diesel). En septembre 2012, Delphine Batho avait acté l'échec des zones d'action prioritaires pour l'air (ZAPA) imaginées par le gouvernement Fillon. Mais son plan pour l'amélioration de la qualité de l'air, présenté en février, reste très en deçà des enjeux. Son successeur parviendra-t-il à imposer des mesures antipollution plus ambitieuses et à éviter à la France de lourdes sanctions financières? Le pays est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, s'il ne parvient pas à diminuer ces taux de pollution. Le contentieux européen sur le dépassement des émissions de microparticules est déjà très avancé et il n'y a que peu de chances pour qu'on y échappe. Cela pourrait se traduire non seulement par une amende mais surtout par des pénalités pour chaque jour de retard jusqu'à ce que les normes de la qualité de l'air soient respectées  Le montant pourrait être de 240.000 euros par jour. De plus, un autre contentieux est annoncé, cette fois-ci pour les dépassements de dioxyde d'azote... Le 17 juillet doit se tenir un Comité interministériel sur la qualité de l'Air, si le calendrier Batho est respecté. La fiscalité verte, avec la taxe carbone-diesel et la réussite de la transition énergétique entrent là aussi en jeu : la diminution de la pollution de l'air ne passera que par la diminution des émissions de gaz à effet de serre produits par la combustion des énergies fossiles.

    "Mission Martin" : résister à la puissance des lobbies industriels et éviter les sanctions européennes

    On n'a rien oublié ? Ouf ! Philippe Martin ne risque pas de s'ennuyer, l'Ecologie n'est pas vraiment une sinécure...  A lui désormais de mener à bien les dossiers dans le timing desquels il arrive, c'est tentant de le souligner, pile poil à la phase du choix et de la décision. Saura-t-il à la fois désamorcer les oppositions, résister à la puissance des lobbies industriels et éviter les sanctions européennes ? Et décider de passer à l'acte écologique, après les beaux discours et les intentions ? Pas seulement pour garder son poste, mais bien pour préparer l'avenir "durable" de notre pays et de la planète. Là est la seule question qui nous intéresse.

    Cathy Lafon