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débat national transition énergétique

  • Transition énergétique : accouchement difficile mais globalement réussi

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    Quel avenir énergétique pour la France demain ? Un début de réponse, le 18 juillet, avec la synthèse du Débat national sur la transition énergétique Photo DR

    Neuf mois : le temps nécessaire pour mettre au monde un petit être humain. C'est aussi le temps qu'aura pris le Débat national sur la transition énergétique voulu par le président François Hollande, pour accoucher, le jeudi 18 juillet, de quinze  "enjeux" qu'on peut résumer en cinq grands "commandements", destinés à nourrir une future loi de programmation. Au passage, notons qu'il devance quand même le bébé royal de Kate et William que nos voisins anglais attendent toujours. Décrytage.

    Les cinq grands "commandements" de la transition énergétique à la française


    Qu'est-ce-que la transition énergétique ? 

    La "Synthèse des travaux" a été approuvée  par le "parlement du Débat" (patronat, syndicats, ONG, élus et experts). Comme on dit, il y a du "matos". Les participants au Débat national et Laurence Tubiana, la "facilitatrice" de leurs travaux et de leurs échanges, n'ont pas passé neuf mois à peigner la girafe.
     
    duflot 2.jpg1. LE BÂTIMENT TU RÉNOVERAS
    Le bâtiment est le premier poste de consommation d'énergie : environ 40% du total. Réduire sa part est "un objectif prioritaire de la transition énergétique", selon la synthèse des débats. Pile-poil dans les objectifs de la ministre du Logement de François Hollande, Cécile Duflot l'écolo, qui devrait garder le sourire.

    Comment ? Plusieurs pistes sont préconisées pour "se donner les moyens" de rénover 500.000 logements par an : un guichet unique d'information, "changer d'échelle" en matière de formation des professionnels aux travaux de rénovation énergétique, créer un dispositif financier de démarrage avec des moyens dédiés. A terme, on pourrait introduire une obligation de travaux à certains moments-clé de la vie des bâtiments. 

    pollution bdx.jpg2. LES TRANSPORTS TU PARTAGERAS

    Les transports sont le premier émetteur de CO2 en France devant le chauffage et l'industrie : plus de 36% de l'ensemble. Dans la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles et la diminution de nos émissions de gaz à effet de serre, la question de l'usage de la voiture reste centrale.

    Comment ? Dans son scénario de diminution du CO2, l'Ademe mise sur une baisse de 20% de la mobilité par personne d'ici à 2050, grâce au développement du télétravail et à une meillleure organisation urbaine (mixité logement-travail). La mobilité automobile est déjà en baisse, notamment en Ile-de-France, où elle s'est stabilisé, alors que la population a pourtant augmenté. Le covoiturage est en pleine expansion : 3 milllions de Français sont aujourd'hui inscrits sur le site internet leader français Blablacar. Ils étaient 500.000 en 2010. L'autopartage se déloppe, comme à Bordeaux avec Autocool. Mais il faut aller plus loin. Pour l'automobile, un programme national "2 personnes par voiture" encouragerait les services de voitures partagées, et étudierait la possibilité de réduire les vitesses sur autoroutes (120 ou 110 km/h au lieu de 130), routes (de 90 à 80 km/h) et ville (de 50 à 30 km/h) ou d'instaurer des péages urbains. Le fret, fluvial et ferroviaire, à la peine, doit aussi être relancé.  
     
    nucleaire.jpg3. LE NUCLÉAIRE TU DIMINUERAS
    La synthèse reprend l'objectif de François Hollande de ramener de 75% à 50% la part de la production nucléaire dans le mix électrique en 2025. Un objectif rejeté par le représentant des entreprises, le Medef.

    Comment ? Elle évoque notamment une "étude pluraliste de faisabilité pour préciser les trajectoires permettant d'atteindre les engagements du Président de la République". Mais aussi la possibilité d'intégrer dans la loi un pouvoir de l'État de fermer des centrales pour des raisons de politique énergétique. Une telle décision ne peut aujourd'hui être imposée que pour des motifs de sûreté.  
     
    4. LE GAZ DE SCHISTE TU ÉVALUERAS
    Ce point reste le plus flou
    . Quand bien même François Hollande a affirmé clairement le 14 juillet dernier que sous son mandat, il n'y aura aucune exploration de cette énergie, on sent bien que le débat entre pro et anti-gaz de schiste est loin d'être tranché.

    Le document retient la nécessité d'une étude sur l'impact socio-économique (tourisme, emploi, prix de l'énergie) environnemental et climatique de l'exploitation de ces gaz.
     

    éoliennes transition.jpg5. LES RENOUVELABLES TU ENCOURAGERAS
    Plus consensuel, le développement des énergies renouvelables est fortement encouragé.
    Un débat subsiste toutefois sur l'objectif à poursuivre, la synthèse retenant un objectif de 30 à 40% de renouvelables dans la production d'électricité en 2030. Le Medef estime toutefois cet objectif trop ambitieux et coûteux, alors que les ONG plaident pour 40% minimum.

    Comment ? C'est peu de dire que les filières du photovoltaïque et de l'éolien sont aujourd'hui en souffrance. Pour les relancer et les développer, il y a du boulot. Les industriels du secteur ne manquent d'ailleurs pas d'idées et certains ont déjà demandé audience au ministre de l'Ecologie pour les lui communiquer.

    "Sensibiliser" les citoyens
    La synthèse du débat national retient enfin aussi la nécessité de "sensibiliser" les citoyens à la maîtrise de leurs consommations, en développant par exemple l'étiquetage énergétique ou les compteurs électriques "intelligents".

    Bon. Mais au final, ce Débat national, c'est un échec ou un succès ?

    guilbaud medef.jpg"C'est au gouvernement de travailler"

    Avec ce "brainstorming" géant autour des énergies, la France fait aussi l'apprentissage de la démocratie participative. Dur, dans un pays où on est dans une perpétuelle logique d'affrontements et où on ne sait pas vraiment "négocier" pour avancer. Hier, le Medef, la principale confédération patronale française, avait commencé le débat ultime par un coup d'éclat, en annonçant vouloir refuser les conclusions du Débat national.  Ce n'était ni une surprise ni une nouveauté. Contre les renouvelables, contre la réduction de la consommation énergétique, pour le nucléaire : ce à quoi le Medef s'oppose en réalité, c'est à la nécessité elle-même d'entrer dans la transition énergétique. Autrement dit, sur le fond du débat. Isolé dans sa position, il a fini par ratifier le document, à condition que le texte soit dépouillé du  mot "recommandation" et rebaptisé "synthèse des travaux". Le contenu, sur le fond, est quasiment inchangé. Mais comme le rappelle fort justement son directeur général, Michel Guilbaud (photo ci-dessus), le Medef ne gouverne pas la France "Il me semblait important de savoir pointer les désaccords. Après, c'est au gouvernement de travailler". Et comme le dit aussi Philippe Martin, ministre de l'Ecologie: "Un débat ne remplacera pas les choix du gouvernement".

    Un objectif global clairement identifié

    L'énergie, c'est pas vraiment le pays des Bisounours. On se doute bien que les lobbys industriels du nucléaire, du gaz de schiste et des énergies fossiles ne vont pas tomber dans les bras des écolos pour leur claquer la bise en renonçant à leurs ambitions. Mais l'objectif global du Débat national est tenu. La synthèse esquisse bien une France consommant moins d'énergie et utilisant moins de nucléaire et d'énergies fossiles. A la fois pour respecter les engagements internationaux contre le changement climatique (diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport à 1990) et pour rééquilibrer une balance commerciale plombée par les importations de pétrole et de gaz.

    hulot envoyé spécial.jpgRéduire de 50 % la consommation énergétique de la France

    Pour lutter contre le changement climatique et réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la France  s'appuiera bien sur une réduction de 50% de la consommation énergétique finale, selon le document adopté jeudi par les différents acteurs, même si le Medef qui considère cet objectif contraire à la compétitivité proposait une réduction modérée de 20%. A quoi Nicolas Hulot et sa Fondation  ont rétorqué que l'objectif de 50% n'est pas simplement leur position d'ONG, "mais le résultat de l'analyse des experts".

    Au global, c'est plutôt un succès, comme le notent les acteurs des renouvelables et les ONG : la Fondation Hulot, avec Mathieu Orphelin, se réjouit ainsi de voir que "la quasi totalité du texte a été préservée". Au politique de prendre le relais.

    Après la démocratie participative, place à la démocratie représentative

    La suite ? Rendez-vous est déjà pris le 20 septembre prochain, où les propositions seront officiellement remises au gouvernement, lors de la Conférence environnementale annuelle. C'est là qu'on touchera au but : l'élaboration d'une loi de programmation énergétique qui sera présentée dans la foulée à l'automne au Conseil des ministres et débattue début 2014 au Parlement.

    Venir au monde et voir le jour, c'est déjà pas si mal. Mais le plus dur reste encore à faire : il faut pouvoir grandir et entrer dans la modernité.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le débat national mode d'emploi. Rédigées par un comité de pilotage au terme d'un long processus qui aura duré neuf mois, rythmé par neuf réunions plénières réunissant tous les acteurs impliqués, y compris les citoyens, mais aussi des réunions de groupes de travail spécialisés (financement, renouvelables, etc.), des auditions de nombreux experts et de multiples réunions ouvertes au public dans les régions. Ne faites pas semblant : le débat national est aussi passé pas loin de chez vous... Pour tout savoir : cliquer ICI
  • Energie : photovoltaïque résidentiel en danger

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    Photovoltaïque résidentiel : le Syndicat des installateurs photovoltaïques tire la sonnette d'alarme  Photo DR

    A la veille de la remise des conclusions du Débat national pour la transition énergétique, il y a de l'électricité dans l'air et la tension monte dans le secteur des énergies renouvelables. Notamment dans le solaire. Le photovoltaïque ne va pas bien. Le photovoltaïque résidentiel va mal. Très mal.

    David-Haiun-Groupe-Solaire-de-France-e1370257767243.jpgLe Syndicat des installateurs photovoltaïque du résidentiel (SIPR) veut alerter sur la situation extrêmement préoccupante de ce secteur industriel et énergétique : son président, David Haïun (photo ci-contre) a demandé le 12  juillet dernier, une audience au nouveau ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Philipe Martin. 

    Revoir en profondeur l'accompagnement du photovoltaïque par les pouvoirs publics

    Alors qu’une loi de programmation énergétique est prévue pour l’automne 2013, le SIPR s’inquiète du désaveu partiel de la transition énergétique qu’induirait l’échec de la filière photovoltaïque. Son président propose un gel temporaire du prix d’achat de l’électricité photovoltaïque produite par les particuliers, le temps de revoir en profondeur la manière dont le secteur photovoltaïque est accompagné par les pouvoirs publics.

    photovoltaique résidentiel 2.jpgDes menaces qui ne datent pas d'aujourd'hui

    La situation n'est pas nouvelle. En mai 2013, David Haïun avait déjà fait état des mêmes revendications, dans une lettre ouverte adressée à Delphine Batho, publiée par le Huffington Post. Le PDG de Groupe Solaire de France interpellait l'ancienne Ministre de l’Ecologie du développement durable et de l’énergie, en évoquant l'urgence qu'il y avait à réagir pour faire face aux graves menaces qui pèsent sur le secteur photovoltaïque en général et sur son entreprise en particulier.

    En finir avec les baisses régulières du tarif de rachat de l'électricité

    Alors que  l'Europe se préparait à décider des mesures anti-dumping, le  mardi 4 juin dernier, en imposant des taxes sur les importations de panneaux solaires chinois, de cellules photovoltaïques et de composants, Groupe Solaire de France, société leader du marché photovoltaïque résidentiel français, faisait état de la chute importante et rapide de son carnet de commandes, liée, selon son PDG, aux baisses régulières du tarif de rachat de l’électricité. Si la décision de Bruxelles de taxer les panneaux solaires d’origines chinoises était un début de bonne réponse pour l'industriel, il estimait que ce ne serait pas suffisant pour sauver la filière française.

    Le bon exemple allemand

    Aujoujourd'hui encore, David Haïun alerte sur les prochaines augmentations de tarifs des constructeurs européens et sur la bonification tarifaire «made in Europe », dispositif qui présenterait des failles juridiques selon la Commission de Régulation de l’Energie. Pour David Haiun : «On ne peut pas mettre indéfiniment le secteur sous perfusion des subventions publiques ; l’exemple allemand montre qu’il est possible de développer la filière photovoltaïque tout en créant un écosystème positif pour les entreprises, l'emploi et l'environnement.»

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Tarifs de vente de l'électricité photovoltaïque applicable au 1 juillet 2013 pour les installations photovoltaïques : cliquer ICI
    • Le Syndicat des installateurs photovoltaïque du résidentiel (SIPR) : cliquer ICI

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  • Planète vidéo."Gasland" : y a de l'eau dans le gaz de schiste

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    Un extrait de "Gasland", le documentaire de Josh Fox sur la fracturation hydraulique DR

    Le  débat national sur la transition énergétique doit s'achever le 18 juillet prochain. Alors, quel modèle énergétique pour la France dans le futur ? Toujours aucune idée sur la question ?

    Vous êtes de sacrés veinards : la chaine Arte diffuse ce soir le documentaire "Gasland", sur l'extraction des gaz de schiste. Aucune excuse n'est admise : c'est LE rendez-vous incontournable pour alimenter la réflexion sur une des questions les plus controversées de notre avenir énergétique, en raison de ses impacts écologiques: la fracturation hydraulique nécessaire pour extraire de la roche les gaz non conventionnels, dits gaz de schiste.

    Un documentaire coup de poing

    "Gasland", de  Josh Fox, est le premier film choc à avoir dénoncé en 2010, les dégâts de l'extraction des gaz de schiste aux Etats-Unis.  Lorsque le réalisateur se voit proposer cent mille dollars pour qu'une société puisse venir extraire du gaz de schiste sur sa propriété en Pennsylvanie, il décide d'enquêter à travers tous les États-Unis, dans des endroits où l'exploitation dure depuis une décennie, pour constater son impact sur les communautés sur un plus long terme.  Par la voix des victimes et de certains experts (aucun des représentants des industries n'a accepté de s'exprimer), il découvre que les centaines de milliers de puits qui défigurent les paysages à grande échelle riment avec l'empoisonnement des nappes phréatiques, la présence de gaz naturel dans les réseaux d'adduction (avec eau du robinet inflammable !) et de graves problèmes sanitaires : contamination de l'air, des puits ou des cours d'eau...

    Depuis "Gasland", il y a eu "La malédiction du gaz de schiste", où Lech Kowalski, documentariste, met à jour le fossé entre le discours des industriels et la réalité de l’exploitation du gaz de schiste. De la Pologne à la Pennsylvanie. Et cette année encore,  "Promised Land", le film américain co-écrit et produit par Matt Damon avec les gaz de schiste pour toile de fond, sorti en France le 17 avril.

    "Gasland", c'est sur Arte, ce soir, à 20 h50. A voir ou à revoir.

    Cathy Lafon

    A SAVOIR

    • Toujours sur Arte, histoire d'avoir la totale, on peut aussi voir ou revoir, à 8h55, "La Malédiction du gaz de shiste", le documentaire français de Lech Kowalski (2013).

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