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Biodiversité - Page 378

  • Biodiversité. Bientôt un Shazam pour les chants d'oiseaux !

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    Une bécassine des marais, photographiées par Alain Noël, "Sentinelle" de Ma Planète, au parc ornithologique du Teich (Gironde)

    Pouvoir identifier le chant d'un oiseau lorsqu'on se balade, en ville ou à la campagne ? Inaccessible rêve, partagé par de plus en plus de Terriens coupés de la nature dont les racines culturelles ne sont plus nourries par le savoir ancestral de la connaissance des animaux, des plantes et des arbres.  A l'heure où l'on peut reconnaître la moindre musique ou chanson grâce à l'appli gratuite "Shazam", téléchargeable sur smartphone, la frustration grandit...

    Créer le "Shazam des oiseaux"

    C'est alors qu'un informaticien, Andrzej Mardula, qui travaille à Paris mais a longtemps vécu à Bordeaux, par ailleurs Sentinelle de l'environnement pour Ma Planète, a l'idée du siècle : créer une appli gratuite téléchargeable sur smartphone afin de pouvoir identifier les auteurs des gazouillis et roucoulements qui jaillissent des bosquets partout où l'on se balade. Bref : créer le "Shazam des oiseaux". Il suffirait de lancer un logiciel et de braquer l'iPhone sur la source du chant d'oiseau et après quelques secondes, le "Shazam des oiseaux"  fournirait non pas le titre d'une chanson, avec ses  coordonnées complètes (album, artiste, pochette du CD, etc.), mais le nom de l'oiseau, sa photo et sa fiche descriptive.

    Mais qui chante quoi ?

    C'est en se baladant avec des amis un beau jour de printemps, au bord d'un lac en Chalossse dans les Landes, que l'idée lui est venue, il y a un an de cela. Il fait beau et ça cuicuite de partout, au beau milieu d'envols de plumes. Chouette. Mais qui chante quoi ? Et là, on reste bête et coi, le bec dans l'eau. Rossignol, merle moqueur ? Il n'y a guère que le croassement du corbeau que ses amis et lui-même reconnaissent à coup sûr dans ce joyeux tintamarre... N'est pas ornithologue qui veut. La solution germe alors tout naturellement dans l'esprit de l'informaticien bidouilleur qui ne fait jamais un pas sans son smartphone et ses indispensables appli, pour connaître la distance parcourue même à pied, découvrir le meilleur chemin pour rallier des lieux improbables en voiture, savoir la force du vent qui souffle sur la plage, l'heure de la prochaine marée, ou bien le titre de la chanson que fredonne la jolie voisine en attendant son métro... : il n'y a qu'à "Shazamer" les jolies bêtes à plumes !

    La plus grande banque de son naturels au monde

    Oui, mais où trouver des chants d'oiseaux déjà enregistrés ? Andrzej fait son enquête sur internet et découvre que l'Université Cornell aux Etats-Unis a créé la plus grande banque de sons naturels au monde en libre accès : son laboratoire d'ornithologie qui garde une trace sonore de toutes les espèces d'oiseaux au monde a mis en ligne une gigantesque collection de sons d’oiseaux récoltés et enregistrés depuis 1929. Ces sons peuvent être téléchargés. Il aura fallu à ses chercheurs une douzaine d’années pour compiler et mettre en ligne ce pot-pourri de piaillements pan-aviaires : plus de 9.000 espèces sont représentées par leurs gazouillis, trissements, zinzinulements et gringottements (plus de noms de cris d’oiseaux, cliquer ICI) En tout, la collection recèle 150.000 enregistrements audios, soit 10 téraoctets d’informations ou 7.500 heures d’écoute en continu... Il y a de quoi faire.

    Une appli "très Sud Ouest"

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    Pour régionaliser la chose et partir d'un environnement animalier connu, Andrzej décide de commencer par donner accès aux chants des oiseaux présents dans le Sud Ouest. Entre temps, il s'est associé à une autre sentinelle de Ma Planète, Alain Noël, un photographe girondin amateur spécialiste des oiseaux. Ce dernier sélectionne de son côté les espèces de la région et leur adjoint une photographie. Nos deux Sentinelles travaillent durant un an en relation avec les chercheurs de la banque des sons de Cornell qui leur ont ouvert gratuitement leurs enregistrements, tant le projet leur paraissait louable. Un an plus tard, le tour est joué. Résultat : une appli qui va bientôt permettre aux mobinautes curieux et passionnés par la nature d'identifier le chant des oiseaux, en ville ou à la campagne. Reste à trouver un nom à ce nouveau Shazam, et à lancer l'appli... qui sera téléchargeable sous Androïd et Apple, c'est promis.

    A suivre...

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Téléchargez la collection de sons d'oiseaux de l'université de Cornell: cliquer ICI
    • La banque de sons de l'université de Cornell : cliquer ICI
  • La pollution de la plage de Lacanau, dimanche 24 mars, n'en était pas une

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    Lundi matin, le plancton laissé par la marée sur la plage de Lacanau était visible Photo Sud Ouest / Juline Lestage

    C'est une excellente  nouvelle : "la pollution mystérieuse", dimanche, sur la plage centrale de Lacanau-Océan (Médoc), n'en était pas une. Il s'agissait bien de nappes de planctons, un phénomène classique et naturel sur nos côtes.

    Un tweet et une photo déclenchent le buzz sur internet

    Les promeneurs avaient été alertés par une bande noirâtre flottant dans l'eau et des boulettes sur la plage ressemblant à des résidus d'hydrocarbure. En pleines journées "Initiatives Océans", où Surfrider appelait à nettoyer les plages du littoral de leurs déchets, l'information d'une éventuelle pollution tweetée par Antoine Estève, journaliste d'I-Télé et de Canal +,  fait aussitôt le buzz sur les réseaux sociaux : les défenseurs de l'environnement sont chatouilleux et prompts à réagir. 

    Sud Ouest.fr et le blog Ma Planète reprennent l'info, vers 17 h. Un peu vite, peut-être. Mais les exemples de pollutions et d'accidents environnementaux, plus ou moins graves, pour lesquels on a tardé à informer le public sont tellement nombreux dans l'histoire de l'écologie (du nuage de Tchernobyl à la récente pollution de l'usine Smurfit l'été dernier sur le Bassin d'Arcachon, en passant par la catastrophe de la plate-forme pétrolière du golfe du Mexique) qu'on se dit qu'il vaut peut-être mieux courir le risque de crier au loup pour rien, quitte à se réjouir d'avoir eu tort : les dégazages sauvages de bateaux dans l'océan ne sont, hélas, pas rarissimes, et occasionnent régulièrement des pollutions aux hydrocarbures dont on a du mal à identifier les origines... Avant de finir en justice, car c'est un délit environnemental grave. 

    Des analyses identifient une "source d'origine végétale"

    Quoiqu'il en soit, concernant l'épisode de dimanche dernier, la préfecture maritime de l'Atlantique a  indiqué que les analyses réalisées avaient identifié « une source d’origine végétale ». Dans les prochaines semaines, une analyse supplémentaire demandée par la municipalité devrait confirmer ce qui a été identifié par le laboratoire de la préfecture maritime. À l’Ifremer d’Arcachon (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), on évoque plus scientifiquement « des productions de dégradation de détritus végétaux ». C’est-à-dire des organismes planctoniques qui remontent à la surface par nappes, un phénomène courant avec la luminosité et l’eau qui commence à se réchauffer. Toutefois, l’Ifremer, qui n’a pas procédé aux analyses, se veut prudent.

    "Les eaux rousses"

    Chez les gens du coin, des surfers, pêcheurs et habitants l'ont amère : on aurait dû nous demander ! On connaît bien ce phénomène "d'eaux rousses" ! L'un d'eux a d'ailleurs laissé sur le blog Planète un commentaire fumasse, au bas de l'article de dimanche, consacré à cette pollution qualifiée de "mystérieuse". Certes. Mais la mer est notre patrimoine naturel à tous, surfers, riverains, mais aussi promeneurs venus d'ailleurs... Une alerte avait été lancée dimanche : elle aurait hélas pu être justifiée. Heureusement, elle semble bien s'avérer fausse. Et elle a finalement le mérite de faire de la pédagogie sur un phénomène naturel méconnu au-delà de la région.

    Ma Planète, pour sa part, ne peut que se réjouir de voir que le nombre de "Sentinelles" de l'environnement sur notre littoral ne cesse de croître... L'océan n'en sera que mieux préservé et ses eaux plus propres.

    Cathy Lafon

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  • Ecolos et éleveurs : le loup est dans la bergerie

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     Le loup de Troncens (Gers) photographié par Jean-François Langlois en novembre 2012 DR

    Un certain nombre d'associations écologistes et les éleveurs de moutons se sont entendus le 22 mars pour établir à 24, soit le double du chiffre actuel, le nombre maximum de loups pouvant être tués par an pour protéger les troupeaux. Les défenseurs des animaux sauvages contestent le bien-fondé de ces mesures et entendent porter l'affaire au niveau européen.

    plan loup,abattage,conflit,élevage ovin,europe,commission européenne,biodiversitéSept loups tués entre 2008 et 2012

    Réuni à Lyon, le "Groupe national loup" (GNL) qui réunit les acteurs concernés par le dossier loup et que le gouvernement a chargé d'élaborer les détails du plan 2012-2017 annoncé en février dernier, a abouti à "un accord unanime accepté par tous", selon son président, le député des Alpes de haute Provence, Christophe Castaner,(photo ci-contre). Parmi les points adoptés, le GNL propose que le nombre maximum de loups pouvant être abattus par les éleveurs soit porté à 24. En 2012/2013, ce chiffre était de 11. En 2011/2012, il était de six. Sept loups ont été tués entre 2008 et 2012.

    Pourquoi 24 loups, et pas 20 ou 25 ?

    Le chiffre de 24 a été déterminé pour garantir la progression de l'espèce, mais en garantissant une progression faible "parce qu'actuellement, les loups progressent de 19% par an, ce qui est assez spectaculaire", a indiqué le président du GNL. Ce chiffre sera réévalué chaque année, voire tous les six mois, sur la base d'un "suivi biologique plus réactif" de l'espèce pour mieux évaluer son évolution localement.

    Objectif du plan loup : défendre l'espèce protégée, en donnant les moyens aux éleveurs de se défendre

    L'objectif du plan loup est de "trouver l'équilibre entre l'affirmation que le loup restera une espèce protégée en France et donner de vrais moyens aux éleveurs de pouvoir se défendre, parce qu'on est passé de 0 à 5.000 bêtes tuées en quelques années, et surtout il y une désespérance sociale d'une très très grande violence chez les éleveurs", a affirmé Christophe Castaner.

    plan loup,abattage,conflit,élevage ovin,europe,commission européenne,biodiversité"Le loup est encore une espèce protégée"

    Le hic, c'est que l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) fait voler en éclat "l'unanimité" sur l'abattage des loups. L'ASPAS n'est pas du tout d'accord avec ces mesures anti-loups, qu'elle qualifie de "massacre stupide et inutile". L'organisation qui a déjà agi au niveau européen pour la protection de l’ortolan veut préparer "une riposte cinglante" et rappelle que le "loup est encore une espèce protégée…"

    "Une absurdité au niveau biologique"

    Pour Pierre Athanaze, son président (photo ci-dessus) l'abattage de 24 loups, absurde au niveau biologique, ne constitue pas une solution durable au conflit entre éleveurs et grands prédateurs. Il craint que cette mesure "démagogique", ne soit destinée qu'à calmer les éleveurs les plus hostiles au loup. Or, selon lui, ces derniers "ne se satisferont pas longtemps de cette mesure, car leur but est l’éradication totale de tout prédateur".

    Protéger efficacement les troupeaux

    Il est vrai que les scientifiques et les défenseurs de la nature rappellent depuis des années que le loup ne représente qu’une infime proportion dans les causes de la mortalité des troupeaux et qu'abattre un loup désorganise les meutes et les pousse à conquérir de nouveaux territoires. L'APSAS préconise plutôt que l'on protège les troupeaux de façon efficace avant d’envisager toute mesure de tir d’un loup, comme cela se pratique dans tous les pays où les grands prédateurs cohabitent avec le pastoralisme.

    Crier au loup par SMS

    plan loup,abattage,conflit,élevage ovin,europe,commission européenne,biodiversitéEn 2012,  dans les Vosges, 48 attaques ont fait au moins 165 victimes dans les troupeaux en montagne et en plaine. Les éleveurs de ce département devraient être les premiers à équiper leur troupeaux, dès 2013, du prototype d'un collier révolutionnaire, mis au point par un chercheur suisse ami des loups, Jean-Marc Landry (photo ci-contre), biologiste et éthologue. Si la brebis subit un stress intense, l'appareil libère un répulsif destiné à éloigner le loup et envoie dans la foulée un message d'alerte sous forme de SMS au berger. Il s'agit pour l'instant d'une expérimentation, qui, si elle donne des résultats concluants, pourrait être étendue en France : une solution alternative à l'abattage.

    La France a du mal avec sa biodiversité

    Le loup français est d'origine italienne. Revenu naturellement au début des années 90 dans les Alpes après son éradication dans les années 30, il est en croissance constante dans l'Hexagone avec une "aire de répartition" qui augmente de 25% par an. On en en compte au moins un dans la région, dans le Gers, où l'un d'eux a été photographié par un particulier fin novembre dans un champ de maïs, aux confins des Hautes-Pyrénées. Mais les loups tricolores ne sont encore que 250 aujourd'hui, alors que l’Espagne en abrite plus de 2.500 et l’Italie 1.500. L'ours n'a donc aucune raison de se sentir seul et mal-aimé au pays de Jean de La Fontaine...

    La Commission européenne en recours

    Les recommandations du GNL seront soumises à une consultation publique. Les ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie, Stephane Le Foll et Delphine Batho, devraient prendre un arrêté de mise en oeuvre au plus tard fin mai. De son côté, comme pour la "gestion calamiteuse de l’ortolan, du grand hamster ou du grand tétras", l’ASPAS avertit qu'elle porte le dossier à la Commission Européenne "pour obliger la France à enfin protéger sa nature". " Oui, nous sommes des extrémistes : nous demandons le respect des lois…", conlut Pierre Athanaze.

    A suivre...

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFOS

    • Le site gouvernemental français consacré au loup : cliquer ICI
    • Le site du ministère de l'Ecologie sur la protection des grands carnivores : cliquer ICI
    • Le site de l'ASPAS :  Cliquer ICI
    • Le point de vue des associations environnemenales qui défendent les animaux sauvages sur le "Groupe national loup" : cliquer ICI

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