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Accident - Page 27

  • Nucléaire : l'Europe pointe des failles de sécurité dans toutes les centrales françaises

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    La centrale nucléaire de Fessenheim, dans l'Est de la France Photo AFP

    C'est une info révélée par le "Figaro" ce mardi 2 octobre : les stress tests post-Fukushima réalisés par Bruxelles ont décelé des défaillances de sécurité dans les 19 centrales nucléaires françaises. Cependant, Bruxelles ne préconise aucune fermeture. 

    Dix mois mois après le rapport  post-Fukushima rendu en France par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’Union européenne (UE) détecte à son tour des défaillances de sécurité dans l’ensemble des centrales françaises. C’est ce qu’affirme le quotidien national français, citant un bilan encore « confidentiel » de contrôles de sécurité menés par Bruxelles à la suite de l’accident de Fukushima.
     
    Des défaillances d'incidence variable

    Chacun des 58 réacteurs nucléaires d'EDF affiche des défaillances d'incidence variable. A l'issue de contrôles de sécurité systématiques menés par l'UE, les 58 réacteurs français manquent de mesures adaptées aux scénarios extrêmes, notamment les tremblements de terre, inondations ou chutes d’avion, selon ces « stress tests ». Ainsi, 19 centrales sont dépourvues d'instruments de mesure sismique adaptés aux exigences post-Fukushima. Sans exception non plus, les équipements de secours en cas d'accident ne sont pas adéquatement protégés des éléments, à la différence des réacteurs allemands, britanniques, espagnols ou suédois.

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    Carte zonage du risque sismique des centrales nucléaires françaises

    L'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) confirmé par l'Europe

    Ces carences avaient été relevées en juin dernier par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, dans son propre rapport.  EDF s'est engagé à y remédier. Selon le "Figaro", le bilan européen réserverait  toutefois quelques surprises. Ainsi, la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), qui sera fermée en 2016, présenterait  « moins de mauvais points dans le tableau récapitulatif du document européen ». Par exemple, les procédures prévues en cas d’accident grave seraient jugées insuffisantes dans les centrales de Chooz (Ardennes) et de Cattenom (Moselle) mais adéquates à Fessenheim. Ce qui alimenterait la polémique industrielle et sociale, liée à la fermeture de la plus vieille centrale française.
     
    Pour la France : rien de nouveau sous le soleil

    Pour le gouvernement français, EDF et l'ASN,  il n'y a rien de nouveau : en juin, un millier de prescriptions ont été faites  par l'ASN à EDF, opérateur des 58 réacteurs français, à Areva et au CEA, afin de lancer les travaux d'un "noyau dur" préservant en toutes circonstances les fonctions vitales des installations : mise en place de moyens électriques bunkérisés et de groupes électrogènes de secours d'ici à 2018 ; création d'une force d'action rapide nucléaire pouvant intervenir en moins de vingt-quatre heures sur toute centrale accidentée, protection des eaux souterraines, etc.  Selon Le Monde, EDF et l'ASN, qui regrettent de ne pas avoir eu accès au rapport que Günther Oettinger, le commissaire européen en charge de l'énergie, doit dévoiler publiquement le 4 octobre – se montrent  en revanche "surpris de la méthode retenue" par l'Europe. Qui ne fait pourtant que son travail en publiant le bilan des résultats des stress tests des centrales nucléaires de tous les pays européens... et pas seulement de la France.

    Une ardoise européenne entre 10 et 25 milliards d’euros

    Le document de travail, européen, qui concerne les 134 réacteurs nucléaires de  4 pays européens, doit être validé par la Commission européenne demain, mercredi 3 octobre, avant d'être rendu public le 4. Selon le "Figaro", les recommandations seront ensuite soumises au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Aucune fermeture ne serait préconisée, mais le coût de la remise à niveau des installations européennes serait évalué entre 10 et 25 milliards d’euros (de 30 à 200 millions par réacteur).
     
    La part du lion
     
    La France se taille la part du lion dans ce coût global : on se souvient que la Cour des comptes, dans son rapport publié en janvier dernier, avait évalué cette dépense, pour les réacteurs d'EDF, à 5,6 milliards d'euros sur quatorze ans.  


    Cathy Lafon
     
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  • Total reconnu coupable dans le dossier de l'"Erika" : il y a une justice pour la mer

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    Le naufrage du pétrolier "Erika" Photo archives AFP

    Mauvaise semaine pour Total. Mardi 25 septembre, la Cour de cassation, a refusé de suivre l'avis de l'avocat général, et confirmé la décision de la Cour d’appel de Paris du 30 mars 2010 qui prononçait la condamnation pénale de Total et consacrait une sorte de préjudice écologique dans l'affaire du naufage de l'"Erika". Jugeant ainsi que les juridictions françaises étaient bien compétentes pour intervenir au-delà de la mer territoriale et ainsi sanctionner les responsables de la catastrophe du pétrolier et de la marée noire qu'elle avait entrainée.

    Pire pour le groupe pétrolier : la responsabilité civile de Total, écartée en appel, a également été reconnue par la Cour de cassation, Total ayant, selon elle, commis une "faute de témérité".

    "Une traînée de poudre sur l'océan mondial"

    Par ce jugement  décisif, la Cour de cassation vient de prononcer un arrêt historique et innovant, qui réjouit les écologistes. Pour  l'association Robin des bois, une des premières organisations environnementales à réagir hier, c'est une décision qui tient du "miracle" : "Tous les maillons du trafic maritime, armateur, gestionnaire, société de classification et affréteur, sont reconnus responsables du naufrage de l’"Erika" et de ses conséquences. Cet arrêt de la plus haute juridiction française va se répandre comme une traînée de poudre sur l’océan mondial."

    "On ne pourra plus polluer comme par le passé"


    Bougrain-Dubourg "extrêmement ému" par BFMTV

    "C'est une victoire totale", s'est exclamée de son côté Corinne Lepage, avocate de dix communes du littoral, devant la presse, après la lecture de la décision de la Cour. "C'est 13 ans de travail, 13 ans de bataille de la part des collectivités locales et un très grand jour pour tous les défenseurs de l'environnement", a t-elle renchérit. Côté associations, la décision a été accueillie avec beaucoup d'émotion par Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) : "On trace l'avenir. On ne pourra plus polluer comme par le passé. Je suis très ému", a-t-il ajouté. Quant à Eva joly, la juriste et ex-candidate EELV à la présidentielle, elle s'est réjouie d'une décision "qui reconnaît le préjudice environnemental de façon plus vaste", car c'"est un progrès, une grande avancée." Les deux sénateurs écologistes bretons, Ronan Dantec et Joël Labbé, aux premières loges lors de la marée noire qui a souillé leur région et 400 kilomètre du littoral français, ont déclaré "partager le soulagement des habitants des élus des littoraux touchés par la pollution de l’Erika".

    Une satisfaction unanime et des exigences partagées


    Procès Erika : Jacques Auxiette à la sortie de... par France3PaysdelaLoire

    Les écolos étiquetés comme tels, ne sont pas les seuls a avoir laissé éclater leur satisfaction : Jacques Auxiette, président de la région Pays-de-la-Loire, a salué lui ausssi "une victoire totale, et quelque peu inespérée" et émis le souhait de "travailler avec les régions concernées de l'Ouest, pour voir ce qui doit être précisé au niveau du droit français, européen et international". Bruno Retailleau, président du Conseil général de Vendée et sénateur UMP a renchéri :  "La mer n'est pas une zone de non droit, n'est pas une zone d'impunité. (...) Demain nous savons que les navires poubelles seront santionnés de la manière la plus dure". Le sénateur vendéen ne souhaite pas en rester là. Auteur d'une proposition de loi en ce sens, il veut faire inscrire le préjudice écologique dans le code civil. "J'ai demandé que ma proposition de loi soit mise à l'ordre du jour du Sénat", a-t-il déclaré hier à Ouest France.


    Erika : le projet de loi de Bruno retailleau par France3PaysdelaLoire

    Faire évoluer le droit maritime

    Heureuse, donc, la grande famille des écolos ? Oui, mais avec un bémol : le regret des lacunes persistantes du droit actuel. Ainsi Europe Écologie-Les Verts qui se réjouit de la décision, mais appelle dans un communiqué le Gouvernement à "ouvrir les chantiers du droit de la mer et du préjudice écologique". Il est vrai que, au-delà du fort symbole que représente la décision de la Cour de cassation, sa portée pratique ignore la non-conformité du droit civil et pénal français en vigueur en 1999 avec les conventions internationales et il est fort probable qu'elle ne soit pas applicable à l'étranger. Pour EELV : "Si un accident semblable au naufrage de l'Erika survenait aujourd'hui, il pourrait conduire au même résultat en demi-teinte : une décision française sans aucun effet juridique au-delà de nos frontières." Ce qui manque de pertinence et d'efficacité, quand le pavillon est maltais, l’affréteur français, l’armateur et la société de contrôle italien... Où inversement, comme c'est souvent le cas.

    Le préjudice écologique est enfin reconnu, mais...

    maree noire,erika,procès,cour de cassation,total,condamnationL'arrêt de la Cour de cassation consacre en tout cas la reconnaissance du préjudice écologique, ce qui constitue un grand pas en faveur de la défense de l'environnement et des ressources naturelles, attendu depuis longtemps. Mais, pour les écologistes et les juristes, là aussi, il faut affiner son régime juridique, car bien des questions restent ouvertes. Ronan Dantec (photo ci-contre) et Joël Labbé, s'ils saluent "l'application du principe pollueur-payeur dans la marée noire de l'"Erika", demandent le renforcement "des moyens de contrôle, réglementaires ou citoyens, de l’ensemble des activités du groupe Total en France et à l’international", tout en rappelant également que "la protection juridique des mers est encore largement insuffisante, complexe et fragile, et qu’une évolution des règles de droit est donc urgente."

    ... il faut l'inscrire dans la législation

    La notion de préjudice écologique et son corollaire, le principe de responsabilité environnementale, devraient  être inscrits plus clairement dans la législation, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, insistent les deux sénateurs bretons : "La loi du 1er août 2008 qui transpose une directive européenne de 2004 fixe en effet un cadre juridique trop vague." Il convient donc d'établir une nomenclature précise des préjudices causés à l’environnement et d'intégrer pleinement le préjudice écologique dans les systèmes français de responsabilité pénale et civile, comme le réclament de leur côté les juristes. Et de faire ainsi preuve de cohérence avec l'inscription de la préservation des océans dans la déclaration du sommet de Rio+20... Et pourquoi s'en priver ?

    Champagne !

    En résumé : la décision de la Cour de cassation est formidable et pour tout dire inespérée, mais pour parvenir à une véritable protection juridique des mers, des océans et de leurs ressources,  il y a encore  du boulot... Jamais contents les écolos ?  Mais si. Juste soucieux des précisions juridiques et législatives sans lesquelles aucune avancée en droit ne peut se faire, et sans lesquelles la protection de l'environnement tout particulièrement ne saurait être pleinement assurée. D'ailleurs, parions que les bouchons de champagne ont sauté hier soir chez tous les défenseurs de la planète : du Bollinger HVE (haute valeur environnementale), bien sûr. Quoi d'autre ?


    Cathy  Lafon

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    REPERES

    • L’"Erika" est un pétrolier battant pavillon maltais, construit en 1975 et affrété par la société Total, qui a fait naufrage le 12 décembre 1999 au large de la Bretagne, lors d'un transport de 37.000 tonnes de fioul lourd en provenance de Dunkerque et à destination de Livourne (Italie). 20.000 tonnes de fioul ont été lâchées par le pétrolier, 400 km de littoral pollués 150.000 oiseaux mazoutés.
    • Le coût financier de la marée noire: le nettoyage des côtes a coûté 200 millions d'euros, le paiement des  dommages et intérêts : 200,6 millions d'euros.
    • L'armateur était l'italien Giuseppe Savarese. La gestion technique était assurée par la société Panship. La société de classification (chargée des contrôles) était la société RINA (Italie).




  • Coup de coeur. Le battement d'aile du papillon de Fukushima

    pendant ce temps à fukushima.jpg

    coeur.jpgUn fan de Ma planète nous a signalé ce photo-montage, publié sur le site de Pêcheur.info. Coup de coeur pour cette initiative, non pas, bien sûr, pour tourner en ridicule les populations victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima, mais parce, pour Jean-Michel (Bordeaux) : "il vaut mieux en rire qu'en pleurer et un peu de détente dans ce monde de... ça fait du bien !". Et aussi parce que, cet été, les études des biologistes japonais ont mis en lumière la mutation génétique des papillons de la région irradiée de Fukushima.

    La photo fait le buzz sur le net et Pêcheur.info, le magazine d'information de la pêche et des pêcheurs, la justifie ainsi : "Bon, on rigole, ce montage photo de mutation mouette-requin est amusant. Mais l’accident de la centrale de Fukushima est une catastrophe, et on ne sait pas quels seront les dégâts sur la faune marine… Et le pire est peut-être à venir : une piscine pleine de matériaux hautement radioactifs menace de s’effondrer. Si cela se produisait, ce serait 10 fois plus grave que Tchernobyl."

    Les papillons mutants de Fukushima

    papillons mutants.jpg

    Des papillons autour de la centrale de Fukushima présentant des anomalies morphologiques. Photo DR Scientific Reports

    L'esprit du photomontage de Pêcheur.info n'est pas totalement fantaisiste. Les scientifiques qui analysent les données biologiques liées à la radioactivité présente sur le site et la région de Fukushima, ont publié cet été un rapport qui montre que depuis le mois de mai 2011, les papillons qui vivent autour de Fukushima, sont devenus à 52 % des papillons mutants et présentent de multiples anomalies : ailes atrophiées, courbées ou en surnombre, antennes difformes, yeux bosselés, couleur altérée, éclosions avortées, infertilité... C'est un très inquiétant tableau clinique que dressent les chercheurs japonais l'Université des Ryukyu (Okinawa), dans cette étude publiée dans Scientific Reports, journal en ligne diffusé par l'éditeur de la revue Nature. Inquiétant pour nos amis les papillons certes, mais, solidarité d'espèce oblige, sûrement encore plus pour les êtres humains qui ont été victimes des retombées radioactives de la catastrophe de Fukushima.  Comme le souligne dans Le Monde du 15 août, Tim Mousseau, biologiste américain : "Cette étude est importante en raison de ses implications pour les communautés biologiques de la région de Fukushima et pour les êtres humains". Pour ce chercheur qui étudie l'effet des radiations sur la faune et la flore à Tchernobyl et à Fukushima, "ces anomalies morphologiques ne peuvent s'expliquer que par l'exposition aux radiations". 

    Le battement d'aile du papillon de Fukushima

    Pour l'instant, personne n'est officiellement décédé en raison des radiations à la suite de l'accident de Fukushima, à la différence de celui de Tchernobyl, d'une autre nature. Mais nombre d'experts (médecins et biologistes) font cependant valoir que les effets d'irradiation n'apparaissent pas immédiatement, comme ce fut le cas des victimes des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki qui, au lendemain de ces attaques, ne présentaient en apparence aucun symptôme particulier, ou des habitants d'Ukraine et de Pripriat, près de Tchernobyl. Les conséquences de la radiaoctivité de leur environnement sur leur santé et leur vie, c'est bien ce que redoutent les 80.000 habitants de la région de Fukushima qui ont été évacués, ainsi que les ouvriers qui interviennent sur le site de la centrale accidentée.

    Les répercussions du battement d'aile du papillon japonais pourraient faire sacrément mal à l'humanité.

    Cathy Lafon

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