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  • Gaz de schiste : Total renonce à la prospection en Pologne

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    En 2009, les villageois de Zamosc, en Pologne orientale, se mobilisent contre des projets d'exploitation de gaz de schiste sur leurs terres. Photo extraite du documentaire "La malédiction du gaz de schiste", de  Lech Kowalski, 2013

    Le géant pétrolier français Total a abandonné la prospection de gaz de schiste en Pologne, a indiqué le ministère polonais de l'Environnement, le 14 avril. La licence de prospection a expiré le 1er avril et Total n'a pas demandé sa reconduction. Il s'agissait de l'unique champ de prospection dont disposait le groupe pétrolier en Pologne, dans le sud-est du pays, où il coopérait avec Chevron.

    pologne gaz de schiste.jpgLa question de la rentabilité commerciale des gaz de schiste en Pologne

    Soucieuse de garantir son indépendance énergétique, la Pologne, largement dépendante du gaz russe, mise beaucoup sur le gaz de schiste dont les réserves dans ce pays ont été évaluées à entre 800 et 2.000 milliards de m3. Une cinquantaine de forages ont jusqu'à présent été réalisés et une première extraction, à titre expérimental, a été lancée en juillet 2013. "Nous avons décidé de ne pas renouveler notre concession de Chelm après examen des données géologiques existantes", a expliqué un porte-parole de Total. Le groupe pétrolier estime le potentiel de la zone ne lui permet pas de lancer un projet économiquement viable, bien que du gaz ait été découvert dans le puits, foré dès décembre 2010.

    total-arrete-les-forages-en-pologne.jpgMiroir aux alouettes

    "Cette décision ne signifie toutefois pas que le géant français abandonne la Pologne, même s'il ne dispose plus de projets", a-t-il ajouté.  On peut néanmoins se demander si le potentiel de ressources en gaz de schiste n'a pas été surestimé en Pologne. Pour décider de la rentabilité de l'exploitation commerciale, il faudrait en effet la bagatelle de quelque 350 forages... La fabuleuse histoire de l'incroyable réussite de l'exploitation du gaz de schiste, construite sur le modèle américain, pourrait bien s'avérer en Europe un pur miroir aux alouettes.

    La Pologne, ex-eldorado des gaz de schiste ?

    Varsovie prévoyait d'investir dans ce domaine 12,5 milliards d'euros d'ici à 2020. Le gouvernement polonais a délivré au total une centaine de licences de prospection de gaz de schiste. Si plusieurs géants comme Chevron ou ConocoPhillips poursuivent les explorations, avant Total, les recherches en Pologne ont été abandonnées par Exxon, Talisman et Marathon Oil.  Par ailleurs, la résistance à cette exploitation qui lamine les sous-sols et détruit l'environnement, s'organise aussi dans les campagnes polonaises, comme le montrait le film de Lech Kowalsk, "La malédiction du gaz de schiste". Une histoire à suivre...

    no gazaran.jpgA voir :  « No Gazaran », un film pédagogique sur le gaz de schiste qui fait date

    La mésaventure polonaise de Total est l'occasion de parler de l'excellent documentaire français "No Gazaran", qui  milite contre l'exploitation du gaz de schiste. Sorti début avril au cinéma, ce film de Doris Buttignol et Carole Menduni devrait faire référence. Au fil d'entretiens avec des scientifiques, responsables associatifs, hommes politiques, les documentaristes prennent le temps de poser les données du sujet : la dangerosité de la fracturation hydraulique des roches et l'impact sur les nappes phréatiques et les humains ; la force des mobilisations engagées par les habitants directement concernés et les élus ; les débats d'experts et de parlementaires ; l'antagonisme entre l'intérêt économique lié à l'énergie et les questions de santé publique et de préservation de l'environnement. 


    NO GAZARAN - Bande-annonce VF par CoteCine

    Il y a eu "Gasland", le premier film choc à dénoncer en 2010, les dégâts de l'extraction des gaz de schiste aux Etats-Unis. Puis "La malédiction du gaz de schiste", où Lech Kowalski, documentariste, met à jour le fossé entre le discours des industriels et la réalité de l’exploitation du gaz de schiste, de la Pologne à la Pennsylvanie. Et encore "Promised land", de et avec Matt Damon, le beau gosse. Enfin, il y a désormais "No Gazaran".

    Au fait, comment dit-on "No Gazaran" en polonais ?

    Cathy Lafon

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  • Télévision. Mais où est donc passé tout le sable ? Ce soir, Arte mène l'enquête

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    "Le sable, enquête sur une disparition", photo Arte 

    "Le sable, enquête sur une disparition" : de Bombay à la Bretagne en passant par Dubaï, Tanger ou les Maldives, la passionnante enquête de Denis Delestrac en forme de thriller, sur la menace qui pèse sur le sable, est programmé ce mardi, à 20h50, par Arte. 

    La disparition du sable : un sujet d'une actualité brûlante

    28 mai 2013. 1.143.000 télespectateurs étaient devant leur télé ce soir-là pour découvrir une urgence planétaire : la menace qui pèse sur le sable, une ressource vitale dont le pillage par les hommes s'accélère, également mise à mal par l'érosion côtière, la montée des eaux liées au réchauffement climatique. Vous avez raté cette soirée mémorable ? Pas de panique : vous reverrez ce soir le documentaire sur Arte. Après les coups de tabac à répétition subis par le littoral atlantique cet hiver, où les vagues océanes ont littéralement haché le trait de côte et laissé certaines plages toutes nues sans leur sable, nul doute que vous serez au moins aussi nombreux qu'en mai dernier.

    Notre civilisation est bâtie sur du sable

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    Le sable. On le trouve dans le béton, qui alimente, au rythme de deux tonnes par an et par être humain, un boom immobilier ininterrompu. Mais aussi dans les puces électroniques, le papier, le plastique, les peintures, les détergents, les cosmétiques… Ce sable, sur lequel nous posons notre serviette de plage sans y penser, que nous aimons fouler du pied ou laisser filer entre nos doigts, s’est glissé à notre insu dans tous les interstices de notre quotidien.

    Une bombe écologique

    Denis Delestrac, origiplage,sable,enquête,documentaire,artenaire du Sud-Ouest de la France - il est né en 1968 à Villeneuve-sur-Lot (47) -  montre combien l’industrie le consomme en quantités croissantes, plus encore que le pétrole. Peut-être parce que, contrairement à l’or noir, cette matière première perçue comme inépuisable est restée à ce jour pratiquement gratuite. Alors que le sable des déserts est impropre à la construction, les groupes du bâtiment ont longtemps exploité les rivières et les carrières. Puis ils se sont tournés vers la mer, provoquant ce qui est en train de devenir une véritable bombe écologique.

    sable enquête disparition 3.jpgLes conséquences de la surexploitation du sable

    Car le sable joue un rôle essentiel dans la protection des côtes et l’équilibre des écosystèmes marins. Les conséquences de cette surexploitation apparaissent peu à peu au grand jour. Petit à petit, les appétits économiques ont grignoté au moins 75 % des plages du monde, et englouti des îles entières, en Indonésie et aux Maldives, tandis que Singapour ou Dubaï ne cessaient d’étendre leur territoire en important, parfois frauduleusement, du sable. Disparition des poissons, impact aggravé de l’érosion et des tempêtes, bords de mer devenus lunaires … : face aux timides régulations adoptées pour tenter de limiter le pillage, la "ruée vers le sable" s’est en réalité accélérée, sous l’égide de grandes entreprises multinationales et de mafias locales.

    De leur côté, en France, les élus et la population des Côtes d’Armor, en Bretagne, se mobilisent contre un nouveau projet de dragage. Une exception. S’il n’est pas trop tard pour agir, plaident les chercheurs et les militants écologistes, l’opinion publique, dont le soutien est indispensable pour infléchir la tendance, reste largement inconsciente du phénomène. Le documentaire de Denis Delestrac est là pour y remédier.

    Cathy Lafon

    A VOIR

    • "Le sable. Enquête sur une disparition" : un documentaire de Denis Delestrac, Arte, mardi 22 avril à 20h50 (74 min). Rediffusion samedi 26 avril à 12h05, lundi 28 avril, à 9h50 et vendredi 9 mai à 10h00.

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    • Les articles de Ma Planète sur l'érosion du trait de côte : cliquer ICI
  • Pesticides dans les vignes :une salariée obtient la reconnaissance de la "faute inexcusable de son employeur"

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    C'est une information publiée par "le Monde", le 11 avril dernier. Après sept ans de combat judiciaire, Sylvie S., salariée en Dordogne dans un domaine viticole et intoxiquée par une pulvérisation de pesticides, a obtenu la reconnaissance de la "faute inexcusable de son employeur".

    Une première

    La nouvelle risque de faire grand bruit dans les rangs de vignes du Sud-Ouest, et au-delà. Si les maladies dues à l'exposition aux pesticides sont de plus en plus souvent reconnues comme professionnelles, la reconnaissance de la faute inexcusable par l'employeur constitue en effet une première.

    vigne pesticides traitement.jpgEmpoisonnée par deux pesticides

    Les faits se sont produits en 2007. Employée par le château Monestier La Tour, qui produit des Bergerac rouges et blancs réputés, Sylvie S. travaille le 8 juin sur des vignes traitées la veille avec deux produits phytosanitaires du groupe BASF, le Cabrio Top et le Clameur, reconnus comme "irritants". Sans le savoir et sans même une paire de gants, Sylvie reçoit en plein visage de hautes doses de produits insecticides hautement dangereux. Après avoir été hospitalisée d'urgence à l'hôpital de Sainte-Foy, la salariée continue à souffrir par la suite de violents maux de têtes, de vertiges, de nausées et de grosses fatigues. Elle fait reconnaître qu'elle est victime d'un accident du travail en août 2007. Elle reste en arrêt de travail jusqu'au 25 mai 2010, date à laquelle la Mutuelle sociale agricole (MSA) la déclare "consolidée". Elle souffre cependant toujours de troubles importants et n'a jamais pu reprendre une activité professionnelle depuis 2007.

    Un espoir juridique pour tous les salariés victimes de pesticides

    Le tribunal des affaires sociales de Bordeaux (TASS) rejette une première fois, en février 2012, sa demande de reconnaissance de faute inexcusable de l'employeur, le jugement spécifiant que la cause à l'origine des troubles n'était pas démontrée. En 2013, le 31 octobre, la chambre sociale de la cour d'appel de Bordeaux infirme la décision et reconnait la faute inexcusable, s'appuyant sur le fait que la dangerosité des produits utilisés ne pouvait être ignorée des propriétaires du château, qui, en outre, n'avaient pas fourni de matériel de protection adapté. Ces derniers avaient décidé de se pourvoir en cassation.  Démarche qu'ils ont abandonné le 10 avril dernier : la responsabilité de l'employeur dans l'intoxication de la salariée viticole est donc reconnue et ouvre à Sylvie, dont la rente d'accident de travail s'élève à 107 euros mensuels, la possibilité de bénéficier d'une indemnisation complémentaire.

    En Gironde aussi

    marie lise bibeyran.jpgCette victoire juridique fait avancer la jurisprudence et constitue un encouragement pour tous les autres salariés victimes de pesticides qui ont engagé ou voudraient engager de telles procédures. Comme en Gironde, où Marie-Lys Bibeyran (photo ci-contre) dont le frère, Denis, est décédé  en 2009 d’une forme rare de cancer après avoir, sa vie durant, pulvérisé des produits chimiques dans les vignes, est persuadée du lien de cause à effet. Salariée viticole elle-même, elle a entamé des démarches auprès de la MSA de Gironde pour obtenir la reconnaissance post-mortem du cancer de son frère comme maladie professionnelle due aux phytosanitaires qu'il utilisait en tant qu'ouvrier agricole.

    Cathy Lafon

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    REPERES

    •  La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62.700 tonnes de substances actives vendues en 2011. Malgré le lancement du plan Ecophyto en 2008, et l’objectif affiché de réduction de 50% des pesticides en 10 ans ainsi que l’exclusion des substances les plus dangereuses, la consommation de pesticides a augmenté entre la période de 2009-2010 et la période 2010-2011 de 2,7%.
    •  780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides.
    • La Mutuelle Sociale Agricole estime pour sa part que seuls 5 % des cancers seraient liés aux pesticides