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  • Nucléaire: du tritium en fuite à la centrale de Civaux

     

    sécurité

    La centrale nucléaire de Civaux (Vienne) Achives SO

    sécurité Une concentration anormale de tritium, effluent radioactif, a été mesurée dans la nappe phréatique située sous le site nucléaire de Civaux (Vienne) : des investigations sont en cours.

    Pour l'industrie nucléaire et l'Autorité de Sûreté nucléaire (ASN), le site de Civaux relève de la "division Bordeaux", qui comprend aussi les centrales de Blaye (Gironde), Golfech (Tarn-et-Garonne).

     

    Cet incident, qui survient en plein débat sur l'avenir du nucléaire en France, fait rebondir la question "post-Fukushima" de la sûreté de cette filière énergétique. Coïncidence, il est rendu public le jour-même de la comparution en justice à Troyes de neuf militants de Greenpeace, pour leur intrusion dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, le 5 décembre 2001. L'action de l'organisation écologiste était destinée à démontrer les failles de la sécurité des centrales françaises.

    Un séjour en montagne

    Une concentration de 540 becquerels par litre,  quand la valeur attendue doit être inférieure à 10 Bq/l : le résultat des mesures de tritium réalisées dans la nappe phréatique située dans le sous-sol de la centrale nucléaire de Civaux, vendredi 13 janvier, est inquiétant. La direction du site EDF qui a publié ces chiffres sur son site Internet cinq jours après, le 18 janvier, et informé l'Autorité de sûreté nucléaire de l'incident, s'efforce de le relativiser : « L'eau de cette nappe ne fait l'objet d'aucun usage direct, ni pour l'eau potable ni pour les besoins agricoles », précise son communiqué en ajoutant que cette concentration en tritium « représente l'équivalent de la radioactivité naturelle intégrée par une personne séjournant pendant un mois à 1500 m d'altitude ». Elle serait en outre « quinze fois inférieure au seuil de potabilité de l'eau fixé à 7800 Bq/l par l'OMS ».

    "Défaut de maîtrise"

    Bref, tout irait bien dans le meilleur des mondes, c'est tout juste si ce tritium-là ne serait pas bon pour la santé ! On peut s'y attendre, le son de cloche est différent chez les écologistes, comme le montre la réaction de Roland Caigneaux, le représentant de l'association Vienne Nature au sein de la commission locale d'information (CLIN) de la centrale, publiée aujourd'hui sur le site de La Nouvelle République. Pour lui, il faut en finir avec l'éternel renvoi à la présence "naturelle" des éléments radioactifs et il ne s'agit pas de calculer les risques sanitaires éventuels d'une future balade en montagne : " Nous demandons des explications. Ce qui pose problème, c'est qu'il y a eu défaut de maîtrise", conclut-il.

    Nul ne conteste que la radioactivité existe à l'état naturel. Mais nul ne peut contester non plus que, dans la nature, tout n'est pas bon pour la santé humaine et que, pour le nucléaire, tout est question de proportions et de doses admissibles.

    Normalement, il ne devrait rien avoir dans la nappe phréatique située sous la centrale de Civaux.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    L'article de Sudouest.fr : cliquer ICI

    N SAVOIR PLUS

    L'article de Sudouest.fr : cliquer ICI

    L'ASN avait-il prévu la possibilité d'un tel incident ?

    Civaux, comme tous les sites nucléaires français vient d'être passé au crible par l'ASN Autorité de sûreté nucléaire) qui estimait, le 5 avril 2011, dans sa lettre de suivi post-Fukuhsima, concernant la sûreté de Civaux :

    "L’ASN considère que la centrale de Civaux est performante dans le domaine de la radioprotection des travailleurs et qu’elle a progressé dans le domaine de la maîtrise des opérations de maintenance ainsi que dans la réalisation des essais périodiques qui servent à tester le bon fonctionnement des matériels concourant à la sûreté du réacteur. L’ASN estime cependant que la centrale devrait apporter plus de rigueur dans la préparation des interventions et dans le suivi et la maintenance des matériels qui concourent à la protection et à la surveillance de l’environnement."

    ► Pour accéder à tous les avis d'incidents sur le site de Civaux répertoriés par l'ASN : cliquer ICI.

    ► Pour accéder à l'historique de la centrale et à un relevé non exaustif de ses incidents,  fait par ses opposants (Stopcivaux)  : cliquer ICI

    [VIDEO] Un exercice de crise grandeur nature à la centrale nucléaire de Civaux, avec une simulation de rejet gazeux radioactif par la centrale, était organisé le le 17 Juin 2010. 

    REPERES

    La fiche d'identité de la centrale de Civaux, sur le site de l'ASN : cliquer ICI.

    La centrale de Civaux produit environ 50 milliards de becquerels (TBq) par an, en fonction de la production d'énergie. Avec une unité à l'arrêt pendant 4 mois, l'année 2011 a connu une production inférieure aux précédentes : les rejets de tritium liquide ont été de 29,84 TBq, soit 37 % de la limite réglementaire fixée à 80 TBq par an.

    Le tritium, c'est quoi ?

    Ce joli nom n'est pas celui d'une créature marine mythologique, ni d'une 418 des planètes de la galaxie de "Star Wars". Le tritium est une variante radioactive de l'hydrogène, un isotope qui émet des électrons bêta. Son noyau est constitué d'un proton et de deux neutrons. Le tritium est trois fois plus lourd que l'hydrogène ordinaire dont le noyau est réduit à un proton, et une fois et demie plus lourd que le deutérium dont le noyau est constitué d'un proton et d'un neutron.  Le tritium n'existerait pas dans notre environnement, s'il n'était produit en très petite quantité dans l'atmosphère par le rayonnement cosmique. La période de ce noyau instable est de 12,3 années, une durée de vie faible comparée à celle des déchets à vie longue des réacteurs. Cette disparition relativement rapide empêche que cet élément ait le temps de s'accumuler beaucoup. Du fait de sa période relativement courte, le tritium est généralement considéré comme un élément très radioactif. Mais les conséquences de son caractère radioactif se trouvent heureusement atténuées du fait des caractéristiques de sa désintégration. L'énergie moyenne de l'électron est exceptionnellement faible : 5,7 keV à comparer avec plusieurs centaines de keV en général pour les désintégrations bêta. Par ailleurs, le tritium n'émet pas de rayons gamma.

    Le tritium est enfin un des composants des bombes thermonucléaires, ou bombes H, les plus dévastatrices des armes nucléaires. Celles-ci n'ont heureusement jamais servi, mais le tritium en provenance des installations militaires est à l'origine de déchets tritiés qui posent problèmes, davantage en raison de la mobilité du tritium que de sa toxicité radioactive.

    Comment est-il produit ?

    Il y a du tritium dans les déchets radioactifs issus des usines de retraitement car il est produit lors de fissions rares - des fissions ternaires - au sein du combustible des réacteurs. 

    Pour mieux comprendre la composition du tritium, deux sites :

     



  • News fil vert

    nuages.jpgQualité de l'air.  DAX (Landes) : PIC DE POLLUTION AUX PM10 dans l'agglomération dacquoise, publiée par AIRAQ. SIR (Seuil d'information et de recommandations) -  Particules en suspension.  Jeudi 19 janvier 2012.

    En savoir plus : CLIQUER ICI

  • Grenelle de l'environnement : la Cour des comptes pointe l'échec de son volet fiscal

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    Didier Migaud. Photo SO Laurent Theillet

    Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, a présenté le 19 janvier, à l'Assemblée nationale, un bilan de la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement pour la période 2009-2011. 

    La juridiction financière a ainsi rendu public un référé adressé le 3 novembre 2011 au Premier ministre, sur l’impact budgétaire et fiscal du Grenelle de l’environnement.

    Des dépenses très mesurées

    Le budget triennal de l’Etat pour la période 2009 – 2011 prévoyait de consacrer  au Grenelle 4,5 Md€. La dépense exécutée ne s’élève finalement qu’à 3,5 Md€.
    Selon la Cour des comptes, le gouvernement a su limiter son impact sur le budget de l’Etat en le finançant majoritairement par des redéploiements ou en exploitant les marges de manoeuvre offertes par la mise en oeuvre de la révision générale des politiques publiques en ce qui concerne les créations de postes.

    Carton rouge pour la fiscalité

    En revanche, le volet fiscal a été nettement moins maîtrisé : au total, il a représenté un coût de 2,5 Md€ pour l’Etat, alors qu’il devait initialement être équilibré. En effet, les dépenses fiscales, efficaces mais très coûteuses, ont toutes été mises en oeuvre, sans que le gouvernement estime pour autant opportun de diminuer, a fortiori de supprimer, celles dont l’impact environnemental apparaît négatif notamment par rapport aux objectifs définis par le Grenelle. Quant aux recettes prévues (contribution carbone et écotaxe poids-lourds), leur mise en oeuvre a été retardée. Ainsi, selon la Cour des comptes, les recettes des taxes issues du Grenelle n’ont atteint que 1,37 Md€, alors que les dépenses fiscales ont eu un coût de 1,9 Md€ et le bonus automobile de 1,95 Md€.

    Fin d'une histoire d'amour

    Didier Migaud vient d'apporter du vent aux éoliennes des écologistes, nombreux à estimer que leurs attentes en matière de politique environnementale ont finalement été largement déçues par le Grenelle de l'environnement, alors que son initiative avait suscité de grands espoirs en dépassant les clivages politiques traditionnels. Le 17 janvier dernier, en Ariège, l'instigateur du Grenelle taclait  une nouvelle fois les écologistes lors de ses voeux à la France rurale, et regrettait notamment "l"aspect tatillon" des règles environnementales, comme celles sur la protection de l'eau, tout en dressant une fois de plus chasseurs et agriculteurs contre les écologistes. La froideur objective du bilan budgétaire et fiscal du Grenelle de l'environnement en remet une couche : le désamour réel du président Sarkozy pour l'écologie n'est plus à démontrer. Et les histoires d'amour ne durent vraiment pas plus de trois ans.

     Pour en savoir plus

    Lire le rapport de la Cour des comptes sur l'impact financier et fiscal du Grenelle de l'Environnement : CLIQUER ICI.