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Pollution : l’air plus pur en Europe, pour cause de coronavirus

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Les concentrations de dioxyde d'azote au dessus de la France. Photo ESA

"A quelque chose malheur est bon", si l'on en croit le dicton. Moins de transports, moins de production… Même si personne ne saurait vraiment s'en réjouir, vu le contexte, on observe que dans des pays à l’arrêt ou au ralenti pour cause de coronavirus, la population respire mieux grâce à une réduction de la pollution atmosphérique. Il est toutefois trop tôt pour en mesurer les effets à plus long terme. Et surtout, sans changement profond dans nos modes de vie, cet effet positif ne sera que temporaire.

Après la Chine, chute du dioxyde d'azote en Europe 

Jusqu'alors, on pouvait observer avec les satellites de la Nasa les effets du confinement en Chine, en particulier à Wuhan, épicentre de l'épidémie du Covid-19.  Les images du satellite Sentinel 5P, issu du programme européen Copernicus, que vient de publier l'Agence spatiale européenne, concernent directement les Européens. Elles montrent la chute de la pollution au dioxyde d'azote (NO2), depuis le confinement.

Dégagé lors de la combustion d'énergie fossile,  ce gaz est l'un des principaux polluants émis par le transport routier, les centrales thermiques et l'activité industrielle. Il affecte particulièrement la fonction pulmonaire et aggrave les maladies respiratoires. Sa réduction impressionnante dans l'atmosphère au dessus de certaines régions du globe dont l'Europe, est une conséquence du confinement et de la chute de l'activité économique dans différents pays comme la France, l'Italie et l'Espagne.

Les images satellite de la Nasa, l'Agence spatiale américaine, sont éloquentes : en février, la concentration de dioxyde d’azote a baissé drastiquement à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie du Covid-19. De rouge/orange, la carte est devenue bleue.

Nord de l'Italie, Espagne, France ...

Le même phénomène a été observé début mars par l’Agence spatiale européenne dans le nord de l’Italie, zone confinée depuis plusieurs semaines pour lutter contre la propagation de la maladie. Il se produirait également à Madrid et Barcelone, où un confinement strict est de mise depuis mi-mars, selon l’Agence européenne de l’Environnement, dont les images révélées ces derniers jours, comparent la pollution au dioxyde d'azote moyenne mensuelle en 2019 avec la période du 14 au 25 mars, au cours de laquelle les mesures de confinement ont été prises en Europe.

L'ESA a choisi une période de dix jours de relevés pour obtenir un résultat fiable. La météo peut en effet influer sur la concentration des polluants et fausser les données, par exemple en cas de couverture nuageuse. L'effet est saisissant. La pollution au NO2 dans les grandes villes comme Paris et Madrid est en chute libre, tout comme dans la plaine du Pô, en Italie et dans le nord de l'Europe. Dans le nord de l’Italie, « les niveaux de concentration moyen en NO2 ont été presque divisés par deux », explique à l’AFP Vincent-Henri Peuch, du programme européen de surveillance de la Terre, Copernicus.

Des baisses radicales inédites

Le gaz NO2 qui entraîne une inflammation importante des voies respiratoires, est un polluant avec une durée de vie courte. Il reste environ un jour dans l’atmosphère et stationne à proximité des sources d’émissions, ce qui en fait un bon indicateur de l’intensité des activités humaines. Ces baisses radicales sont inédites. « C’est la première fois que je vois un changement aussi significatif sur une région aussi étendue et lié à un événement », relève Fei Liu, chercheuse de l’Agence spatiale américaine, dans le cas de la Chine. Même lors de la crise économique en 2008/2009, la diminution « avait été plus continue dans le temps », complète Alberto González Ortiz, spécialiste en qualité de l’air à l’Agence européenne de l’environnement.

Pour d’autres pays ou régions ayant pris des mesures de confinement – France, Belgique, Argentine, Californie, Tunisie, Bavière, Colombie -, il faudra attendre un peu pour voir l’évolution.

Particules fines et ozone

Pour autant, cela ne veut pas dire que l’air que nous respirons devient pur... Nous relâchons aussi dans l'atmosphère des particules fines et de l'ozone. En Chine, Pékin a connu des épisodes de pollution aux particules fines en février, rapporte Nasa Earth Observatory. Idem à Paris, qui a enregistré un indice de pollution moyen en dépit du confinement, à cause de la présence de particules fines et d’ozone.

La concentration des polluants peut en effet varier selon la météo, explique Vincent-Henri Peuch. « Certaines sources d’émissions, comme la production d’énergie et celles liées au logement ne diminuent pas visiblement quand plus de personnes restent chez elles », ajoute-t-il. Pour autant, avec l'arrivée des beaux jours et la diminution du chauffage dans les maisons, les particules PM2.5 et PM10 et le monoxyde de carbone « devraient aussi diminuer au fil du temps » du fait notamment de la réduction des transports et de l’industrie, selon lui. 

« Toute baisse de pollution est bonne à prendre »

Quel impact sur la santé peut avoir cette parenthèse, quand la pollution atmosphérique provoque 8,8 millions de décès prématurés par an dans le monde ? « Toute baisse de pollution est bonne à prendre », souligne le pneumologue français Bruno Housset, président de la Fondation du souffle contre les maladies respiratoires.

A court terme, la pollution aux particules fines provoque une irritation des yeux, de la gorge, des gênes respiratoires. Chez les personnes âgées ou asthmatiques, un recours aux soins peut être nécessaire pour des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires dans les jours ou les semaines qui suivent l’exposition. Dans les cas les plus graves, des décès peuvent intervenir. A plus long terme, elle peut induire des maladies chroniques, respiratoires ou cardiovasculaires ou des cancers du poumon.

Le confinement peut donc permettre de « diminuer les effets inflammatoires », explique-t-il, d’autant que la qualité de l’air à l’intérieur des habitations dépend beaucoup de l’air extérieur. « Les mesures de confinement font coup double à la fois en limitant le risque de transmission entre les individus mais également en diminuant la pollution notamment aux particules fines du trafic routier », abonde le collectif de médecins français Air-Santé-climat.

Difficile toutefois de mesurer les bénéfices plus lointains car « ce qui a le plus d’impact est l’exposition sur le long terme », rappelle Alberto González Ortiz. Sans compter que la perspective d'une reprise économique forte, à la fin du confinement, entraînera nécessairement un retour en force des émissions des gaz polluants dans l'atmosphère. Sauf si nous opérons enfin le changement profond dans nos modes de vie attendu dans le cadre de la transition écologique.

Cathy Lafon avec l'AFP

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