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"Au nom de la terre" : un film engagé pour le monde paysan à voir absolument

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Le film d'Edouard Bergeon, "Au nom de la terre", magnifiquement interprété par Anthony Bajon et Guillaume Canet, dénonce le malaise du monde agricole. Photo Nord Ouest Films

film,au nom de la terre,guillaume canet,edouard bergeon,paysan,monde agricole,crise,pesticidesLes documentaires militants et brillants pour alerter sur la crise du monde agricole, victime de surendettement, de la pression des lobbies de l'agrochimie et de la multiplication des directives ne manquent pas. On pense bien sûr aux deux films-chocs de Marie-Monique Robin, "Le Monde selon Monsanto" et "Notre poison quotidien ou encore à "Solutions locales pour un désordre global", de Coline Serreau.

Il est plus rare que le cinéma de fiction s'engage pour dénoncer la détresse du monde paysan. Catherine Deneuve fut la première, un soir d’octobre 2016 à Lyon, à dédier publiquement son prix Lumière "à tous les agriculteurs de France". L'actrice s’étonne que la presse parle peu du suicide des paysans, alors que les chiffres attestent d’une mortalité par suicide supérieure au reste de la population.

"Petit paysan" un thriller existentiel et poétique multi-primé sorti en 2017, avec Swann Arlaud et Sara Giraudeau a pris le relais. Avec plus de cinq cent mille entrées, le premier film d'Hubert Charuel, magnifiquement interprété, aura été le succès surprise de l'année. Le cinéaste, lui-même fils d’éleveur, connaît intimement son sujet – les difficultés des agriculteurs confrontés aux épidémies.

Au nom des paysans

Avec "Au nom de la terre" (en salle ce mercredi), le film intense et déchirant signé Edouard Bergeon sur la descente aux enfers d’un chef d’exploitation incarné par Guillaume Canet, plus vrai que nature, le cinéma continue de retisse des liens distendus avec la ruralité. 

Piégés entre les directives qui leur imposent ce qu'ils doivent produire et les consommateurs dont ils se sentent souvent mal aimés, les paysans qui nous nourrissent souffrent. ll y a de quoi. Devenus des "exploitants agricoles" accusés de polluer la terre et d'empoisonner notre assiette, alors qu'ils sont eux-mêmes les premières victimes dans leur corps de ces pesticides chimiques que le système agricole les a encouragés pendant des années à utiliser, au début sans protection.

Du documentaire au film de fiction

Aujourd'hui chaque jour en France, un agriculteur se donne la mort. Un sujet tabou. Cette réalité, Edouard Bergeon l'a dénoncée dans son travail de journaliste, notamment à la télévision avec un documentaire, "Les Fils de la terre", qui retrace l'itinéraire d'un éleveur de vache laitières pris dans un engrenage infernal. En 2012, le producteur Christophe Rossignon, également fils mais aussi frère d'agriculteur tombe sur ce documentaire. L'idée d'une autofiction va naître, inspirée de l'histoire du père d'Edouard Bergeon. 

Dans cette grande fresque familiale qui couvre 40 ans d'évolution du monde agricole depuis les années 70 et retrace une histoire vraie, celle de son propre père, le réalisateur et son acteur principal ouvrent la voie,vers une transition agricole respectueuse de la terre, des consommateurs et des paysans. Avec amour et sans s'autoriser à donner de leçon, ce qui est l'une de ses grandes qualités.

Des difficultés mais aussi des solutions... et de l'espoir

Heureusement, si les conditions de vie des agriculteurs sont devenues catastrophiques, un avenir se construit avec des jeunes et des moins jeunes, qui se lancent dans l'aventure d'une agriculture à taille humaine, bio ou pas, en tout cas raisonnée. En témoignent deux très beaux livres documentaires publiés récemment par les éditions Sud Ouest : "Paysans semeurs et éleveurs", un premier livre de rencontres vitaminé avec quinze éleveurs de la région qui, de la vache à l’abeille, utilisent des semences paysannes, suivi de "Rencontre avec des paysans remarquables", qui nous fait découvrir  cinq fermes "biologiques et paysage" qui ont fait le choix de travailler en agriculture biologique. 

Courez au cinéma voir "Au nom de la terre" ! De préférence le 29 septembre : ce jour là, un euro par place vendue sera reversé à l’association d’accompagnement "Solidarité paysans".

Cathy Lafon

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