Réchauffement climatique: la Suède invente la honte de prendre l'avion et la fierté de voyager en train
Des avions sur le tarmac de l'aéroport de Stockholm en Suède. Photo AFP
Après le "plogging", inventé par le royaume nordique de Suède, cette activité sportive qui consiste à faire son jogging en ramassant les détritus rencontrés sur son chemin, voici le dernier apport scandinave à la protection de la planète : le "flygskam". Soit, en bon français, la "honte de prendre l'avion". Ce phénomène qui prend de l'ampleur a son opposé : le "trainbrag", autrement dit la "fierté de prendre le train". Je vois d'ici votre sourire narquois. Et bien non. Entendue sur France Inter le 1er avril 2019, cette info n'est pas un poisson d'avril à retardement.
Les Suédois qui s'enorgueillissent aussi de compter parmi leurs citoyens l'icone activiste de la lutte pour le climat, la jeune Greta Thunberg, ont vraiment déclaré la guerre au carbone. Le gouvernement a annoncé sa volonté d'atteindre la neutralité carbone en 2045 et le pays ne rigole pas avec les questions de mobilité.
Les Suédois qui aiment la planète prennent le train
Avec la Norvège sa voisine, le royaume scandinave était déjà à l'avant-garde pour les voitures électriques. Désormais, de plus en plus de voyageurs suédois décident d'abandonner l'avion, trop émetteur de gaz à effet de serre, pour utiliser le train, transport en commun, beaucoup plus vert, comme chacune le sait. Pour leurs vacances, mais aussi pour leurs déplacements professionnels. Cette mode qui vise à protéger la planète était même au centre d'un salon sur les vacances en train, organisé les 30 et 31 mars 2019 à Stockholm, destiné à tous ceux qui cherchent des alternatives à l'avion pour des raisons environnementales. Naturellement, la Suédoise Susanna Elfors qui l'a imaginé, a aussi créé un groupe Facebook qui compte déjà 74 000 membres. Et d'autres groupes se sont créés en Norvège et en Finlande.
Le trafic ferroviaire monte en puissance
Le "flyskam" impacte déjà le trafic aérien qui a commencé à fléchir sur certaines lignes intérieures. Ce qui est encore plus intéressant, c'est que le trafic ferroviaire, lui, bat ses records historiques avec une croissance de +4,5% en un an pour la clientèle d'affaires et de 11% pour les trains de nuit, dont c'est le grand retour. Inquiet de ne pas respecter l'Accord de Paris, le gouvernement suédois qui accompagne ce mouvement, veut développer l'offre ferroviaire. Et depuis un an, il prélève sur les billets de tous les passagers partant d'un aéroport suédois une taxe et incite également les compagnies aériennes à mélanger du biocarburant à leur kérosène.
Pour le climat, l'avion, c'est dépassé
En Suède, la voiture à énergie fossile était déjà dépassée. Désormais, c'est l'avion qui en prend un bon coup dans l'aile. Il est vrai qu'au départ, il y a le constat que les Suédois prennent cinq fois plus l'avion que les autres Européens. Inquiets pour le climat, les voilà prêts à faire Stockholm-Turin en 37 heures de train pour leurs vacances de Pâques... Voilà qui devrait en boucher un coin aux Français qui ont inventé la LGV et organisé sur leur sol l'Accord international sur le climat, et qui ne sont même pas parvenus à accepter la nécessité de la taxe carbone. Un autre sujet sur lequel la Suède est aussi pionnière et championne: c'est en 1991 qu'elle instauré l'outil emblématique de sa politique "verte", la taxe carbone. Avec des résultats environnementaux et économiques impressionnants.
C'est quand même agaçant que la France soit devenue ce pays donneur de leçon, où rien n'est jamais possible, quand ses voisins européens eux, deviennent les pays de tous les possibles. Non ?
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