Energies renouvelables et réductions des émissions de CO2 : l'Allemagne en pointe, en 2018
Les EnR allemandes sont en pleine forme. Photo archives AFP
En 2018, les énergies renouvelables ont fourni à l’Allemagne une quantité record d’électricité et fait jeu égal avec le charbon (houille et lignite), qui continue à décroître. Une première. Les émissions de CO2 et la consommation d’énergie sont, par ailleurs, en forte baisse.
Les énergies renouvelable ont le vent en poupe en Allemagne, qui a fait le choix, souvent critiqué en France au motif qu'il conduirait le pays de recourir davantage à ses énergies fossiles, au risque d'augmenter ses émissions de CO2, de fermer ses centrales nucléaires. La réalité montre qu'il n'en est rien. Alors que le nucléaire a fourni en 2018 à notre voisine 11,7% de son électricité, selon les données provisoires établies par AG Energiebilanzen, les énergies vertes lui ont fourni la quantité d’électricité record de 228,5 térawattheures, soit 35,2 % de l’électricité produite. Cela place les énergies propres pour la première fois à égalité avec le charbon (35,3 % de la production)comme première source d’électricité du pays.
Les performances du bouquet électrique vert
Cet essor repose principalement sur l’envol du solaire photovoltaïque (+ 17,5 %) qui a bénéficié d’un été très ensoleillé et de la construction de nouvelles capacités de production. En Allemagne, l’éolien reste cependant de loin la principale source d’électricité d’origine renouvelable (17,5 % de la production d’électricité). Mais il a moins progressé que les années précédentes (+ 1,6 %). 2018 a été une année moins venteuse et l’accroissement des capacités de production a ralenti aussi bien sur terre qu’au large des côtes.
La sécheresse estivale a, par ailleurs, réduit la production d’hydroélectricité. Au total, la progression des énergies renouvelables a donc été rapide en 2018 (+ 5,6 %), mais moins qu’en 2017 (+ 15 %).
La houille sur le déclin
Le bouquet électrique allemand continue sa transition vers une ère décarbonée : pour la première fois dans l’histoire, l’éolien terrestre a dépassé à lui seul la houille dont le déclin semble désormais bien engagé. Alors que le dernier puits d’Allemagne vient de fermer ses portes dans la Ruhr, cette dernière (en chute de 11 %), est retombée à son plus faible niveau de production d’électricité depuis 1949 (12,8 %). Les effets de la forte hausse du prix de la tonne de CO2, passée de 5 € à 15 € après la réforme du système européen d’échange de quotas d’émissions, se sont ajoutés à ceux de la fermeture des mines.
La commission gouvernementale chargée de fixer une date pour la sortie du charbon en Allemagne d’ici au mois de février n’en a pas moins du pain sur la planche. Car le charbon reste un fournisseur d’électricité important pour l’Allemagne à travers le lignite, qui n’a baissé que de 1,6 % en 2018.
Consommation d'énergie et émissions de gaz à effet de serre en baisse
Autre bonne nouvelle pour la protection du climat, toujours selon AG Energiebilanzen, le pays a fortement réduit en 2018 ses émissions de gaz à effet de serre (-5,7 %) et sa consommation d’énergie primaire (-5 %). Après quatre ans de stagnation, les émissions de gaz à effet de serre sont en baisse de 31,7 % par rapport au niveau de 1990. Grâce surtout à une forte progression des EnR dans le secteur électrique, couvrant désormais 38,2 % de la consommation. Quant à la consommation d’énergie, elle est à son plus bas niveau depuis le début des années 1970. Ce qui illustre aussi la réussite de la politique du pays en matière d'économie d'énergie (rénovation des bâtiments, isolation, etc.).
La France et ses habitants seraient bien inspirés d'en prendre de la graine. Selon le bilan annuel du programme scientifique international Global Carbon Project, publié en décembre 2018 durant la COP 24 en Pologne, les émissions de CO2 mondiales ont augmenté de plus de 2% en 2018. En 2017, les émissions de CO2 avaient bondi de 1,8% en moyenne dans les 28 pays européens, et même de 3,2% en France. La tendance des émissions de CO2 de l'Hexagone est encore à la hausse en 2018, du fait d'un accroissement du parc d'automobiles et du secteur aérien. Le moratoire sur l'augmentation de la taxe carbone, en réponse à la colère des gilets jaunes, ne devrait rien arranger.
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma Planète sur les émissions de CO2 : cliquer ICI
- Les articles de Ma Planète sur l'énergie : cliquer ICI