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La surpêche et les pratiques de la grande distribution dépeuplent les océans des poissons, alerte l'UFC-Que choisir

surpeche

La surpêche contribue à l'effondrement de la biodiversité. Photo archives AFP

Au moment où les ministres de la pêche se réunissaient à Bruxelles pour négocier les quotas de 2019, l’UFC-Que Choisir dénonçait, le 17 décembre 2018, enquête  de terrain accablante à l’appui, les mauvaises pratiques de la grande distribution en matière de pêche durable, en exhortant les pouvoirs publics à durcir les quotas de pêche mais aussi à rendre l’étiquetage sur la durabilité de la pêche enfin explicite. Il y a urgence : selon les résultats de cette enquête, 86 % des poissons présents dans les étals des grandes surfaces enquêtées sont pêchés selon des méthodes non durables ou dans des stocks surexploités. Ce qui impacte lourdement sur l'environnement et constitue pour l'avenir des ressources halieutiques une menace intolérable, à l'heure où la biodiversité s'effondre.

Le cabillaud, la sole et le bar

Pas moins de 88 % des stocks de poissons européens sont actuellement surexploités ou voient leur capacité à se reconstituer menacée, induisant dès lors un risque d’effondrement des stocks pour des espèces particulièrement menacées telles que le bar, rappelle le magazine de l'association qui défend les intérêts des consommateurs mais aussi une consommation responsable.

"La grande distribution n’a aucune politique d’approvisionnement durable pour les trois espèces étudiées"

L’UFC-Que Choisir a mené une vaste enquête auprès de 1134 poissonneries de grandes surfaces, concernant trois poissons de consommation courante menacés par la surpêche : le cabillaud, la sole et le bar. Avec un double objectif : vérifier le respect des mentions obligatoires sur les méthodes de pêche et les zones de capture et analyser les résultats sur la durabilité des ressources exploitées, tant en termes de méthodes de pêche que de zones de captures. Le résultat est sans appel : "la grande distribution n’a aucune politique d’approvisionnement durable pour les trois espèces étudiées", juge le magazine.

Des étiquetages manquants, fantaisistes ou trop vagues pour 2 poissons sur 3

enquete,ufc-que choisir,surpeche,poissons,ressources halieutiques,grandes surfaces,grande distributionDans deux tiers des cas, les mentions obligatoires sont absentes, fantaisistes ou trop vagues. En tête de ce triste palmarès, avec plus de trois poissons sur quatre mal étiquetés, Intermarché décroche la palme, talonné par Système U et Leclerc qui totalisent respectivement 76 % et 67 % d’étiquetage non conformes, selon l'UFC-Que Choisir. S’agissant des zones de capture, l'enquête relève des mentions particulièrement vagues du type "Atlantique" ou "Méditerranée". "Or, en l’absence de zone maritime précise, impossible d'identifier les poissons provenant de stocks surexploités", précise l'UFC-Que Choisir. Quant à l’information sur les méthodes de pêches, elle est absente pour un poisson sur quatre, relève le magazine qui déplore que les consommateurs, "alors même qu'ils sont conscients des dégâts occasionnés par certains engins de pêche comme les chaluts de fonds, puissent acheter à leur insu des poissons pêchés de manière dévastatrice pour l’environnement" parce qu'ils sont privés de cette information. 

86 % de poissons non-durables au rayon poissonnerie 

Seuls les poissons pêchés avec des méthodes respectueuses de la ressource et dans des zones où les stocks sont abondants peuvent être considérés comme durables, rappelle l'UFC-Que Choisir . Or, en croisant les données sur les méthodes de pêche avec les zones de capture, l'enquête du magazine met en évidence qu'au rayon poissonnerie de la grande distribution, 86 % des poissons examinés sont « non-durables ». Le cabillaud est le poisson qui affiche le pire résultat (88 % de poissons non durables), suivi par la sole et le bar (respectivement 86 % et 80 % de poissons non durables).

Les méthodes de pêche, très majoritairement non durables, expliquent en partie ces résultats. Le chalut, de loin la méthode de pêche la plus utilisée, est ainsi relevé pour les trois quarts des cabillauds et pour plus de la moitié des soles et des bars. A l’inverse, les méthodes de pêche les plus respectueuses telles que les lignes et les hameçons, ne sont relevées quant à elles que pour un quart des bars et 14 % du cabillaud.

Aucune des grandes enseignes ne propose une pêche durable 

Dernier enseignement de cette enquête choc, qui pour le consommateur, n'est pas vraiment une bonne nouvelle : parmi les sept grandes enseignes étudiées, aucune d'entre elle ne tire vraiment son épingle du jeu. Les taux très élevés de poisson non durables sont à peu près identiques chez tous les distributeurs. Système U, l’enseigne la plus mal notée, propose 89 % de poissons non durables, alors que Cora qui est le moins mal classé, en propose 81 %, soit une proportion à peine moins élevée. "Des chiffres qui montrent qu’aucune enseigne n’a mis en place une politique d’approvisionnement durable pour les trois poissons étudiés", conclut l'UFC-Que Choisir.

La répression des fraudes saisies

Constatant que les professionnels de la pêche et de la distribution sont dans l’incapacité de proposer une offre de poissons durables, l'association qui se dit soucieuse de la préservation des ressources marines, exhorte les Ministres de la pêche à aligner strictement les futurs quotas sur les recommandations émises par les experts du Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) et demande que l’étiquetage réglementaire intègre un indicateur explicite de la durabilité du poisson. Enfin l'association de défense des consommateurs saisit la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour que cette dernière réalise des contrôles sur le respect des dispositions réglementaires d’étiquetage.

Comment acheter des poissons durables ? 

Comme toujours, l'UFC-Que Choisir ne se borne pas à dénoncer les mauvaises pratiques. Afin d'aider les consommateurs à orienter leurs choix vers les poissons les plus durables, le magazine émet aussi trois grandes recommandations à garder en tête lorsqu'on veut acheter du poisson : préférer les méthodes de pêche les plus protectrices de la ressource (lignes, hameçons et filets), diversifier les achats en privilégiant les espèces dont les stocks sont les plus fournis (par exemple lieu noir, merlan, hareng, maquereau), et enfin proscrire les achats de poissons de grands fonds (notamment sabre noir, grenadier, lingue bleue) du fait de la grande fragilité de ces stocks. Dont acte.

Cathy Lafon

PLUS D'INFO

  • Pour consulter l'étude de l’UFC-Que Choisir "Enquête sur la durabilité des méthodes et des zones de pêche pour le cabillaud, la sole et le bar": cliquer ICI 

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