Le livre vert du dimanche. "Démondialiser la ville et désurbaniser la terre", pour en finir avec les "métropoles barbares"
Comment mettre en place un projet de société écologiste au coeur des métropoles ? Illustration photo AFP
Voilà un livre indispensable aux rayons de toute bibliothèque verte. Dans les "Métropoles barbares,
démondialiser la ville, désurbaniser la terre", paru en juin dernier aux éditions le Passager clandestin, Guillaume Faburel conduit une analyse critique profonde d’un phénomène peu questionné : la métropolisation. Analyse doublée d'une volonté affirmée de prolonger la critique, non seulement en s’attachant aux expériences de résistances ordinaires au néolibéralisme urbain, mais également en traçant les contours d’alternatives de désurbanisation, pleinement inscrites dans la volonté de participer à la mise en place d’un projet de société écologiste.
Qu'est-ce que la "métropolisation" ?
La métropolisation, explique Guillaume Faburel, implique une expansion urbaine incessante et l'accélération des flux et des rythmes de vie. Elle transforme les villes en firmes entrepreneuriales, et génère exclusion économique, ségrégation spatiale et souffrance sociale, tout en alimentant la crise environnementale. Au point que les grandes villes inspirent aujourd'hui un rejet croissant qui se traduit par une multitude de résistances ordinaires. De la relocalisation de la production maraîchère à l'occupation de zones menacées par les grands chantiers d'infrastructures, ces "initiatives de l'alternative" et ces luttes productrices de communs sont l'expression d'une bio-politique de transformation sociale radicale. Ménager la totalité organique du vivant, ses lieux et ses rythmes, et organiser collectivement les conditions de l'autonomie pourraient ainsi constituer le socle d'une contre-société décroissante face à la barbarie des métropoles et à l'abîme socio-écologique où elles nous précipitent.
Déconstruire les ressorts d’une urbanisation frénétique
C’est bien la force de cet ouvrage que de déconstruire les ressorts d’une urbanisation frénétique qui abîme autant l’environnement, que le vivre ensemble, lui, renforce la privatisation des espaces, l’accélération et le consumérisme au détriment du bien vivre et de l’inclusion. Mais cette étude précise ne s’arrête pas à un constat qui pourrait être totalement négatif et paralysant. Au travers de toutes ces mobilisations qui interrogent les « fétiches de la métropolisation » et qu'il met en relief, l’auteur produit des propositions disruptives, selon le mot à la mode, dégageant la voie d’une écologie sociale guidée par une éthique de l’émancipation vis-à-vis de l’urbain. Un essai au point de vue écologique radical, exigeant et original, pour lequel son auteur a reçu le Prix 2018 du livre d’écologie politique (1), décerné en novembre par la Fondation de l’écologie politique, dont le jury était présidé par Alice Canabate.
►A LIRE
"Métropoles barbares, démondialiser la ville, désurbaniser la terre", de Guillaume Faburel, Editions le passager clandestin. 370 pages, 18 euros.
(1) La Fondation d’écologie politique accorde chaque année ce Prix à un ouvrage francophone qui, par la qualité des idées et réflexions qu’il expose, concourt de manière significative à l’approfondissement de la pensée écologiste, à la compréhension des enjeux écologiques ou à l’élaboration de solutions ou d’actions publiques visant à la transformation écologique de la société.