Transport : une nouvelle autoroute ferroviaire en France a vu le jour cette semaine
A Calais, le 6 novembre 2018, Elisabeth Borne, la ministre des transports, a affirmé la volonté du gouvernement de "relancer" les autoroutes ferroviaires et le ferroutage, un mode de transport plus respectueux de l'environnement. Photo François Lo Presti / AFP
Elisabeth Borne, la ministre des transports, a inauguré ce mardi 6 novembre 2018, la quatrième ligne d'autoroute ferroviaire en France, une liaison entre Calais et Turin. Une nouvelle étape dans la nécessaire décarbonation de l'Hexagone, étrangement franchie, semble-t-il, dans la plus grande indifférence, alors qu'on polémique à n'en plus finir sur la hausse des prix des carburants et la pertinence de la fiscalité verte mise en oeuvre par le gouvernement pour la transition écologique. Et c'est quand même bien dommage : véritable alternative verte aux transports routiers, ce mode de transport reste encore très (trop) marginal, mais cette nouvelle liaison est un pas en avant pour aider le pays à réduire la consommation des énergies fossiles et ses émissions de gaz à effet de serre, en améliorant la qualité de l'air et en en luttant contre le réchauffement climatique. A l'heure de la transition écologique, c'est aussi une option intéressante pour les transporteurs routiers qui s'inquiètent de la hausse du gazole, car elles devrait leur permettre justement de réduire leur facture de carburant.
40 semi-remorques par train
Après Aiton-Orbassono qui a vu le jour entre Chambéry et Turin (en service depuis 2003 sur 175 km dans le Sud-Est de la France), Le Boulou-Bettembourg, entre les Pyrénées-Orientales et le Luxembourg (en service depuis 2007, sur 1050 km,) et Le Boulou-Calais (en service depuis 2016 sur 1 400 km), cette nouvelle autoroute ferroviaire est aussi l'une des plus longues puisqu'elle relie sur 1 150 kilomètres Calais, dans le nord de la France, à Turin en Italie. Elle doit permettre d'acheminer jusqu'à 40 semi-remorques par train à raison d'un aller-retour par jour, en moins de 20 heures. L'opérateur prévoit de doubler la fréquence d'aller-retour à partir de septembre 2019.
Une autoroute ferroviaire, quèsaco ?
Il ne s'agit pas d'une infrastructure nouvelle à proprement parler, mais d'un service de transport qui met des semi-remorques sur des wagons spéciaux afin de les faire voyager sur longue distance sur les rails. Ce qui les sort du trafic qui encombre les autoroutes françaises et européennes désormais saturées de poids lourds. Et évite autant d'émissions de CO2. Géré ou cogéré en France par la société Viia détenue par SNCF Mobilités, ce service de transport nécessite toutefois une adaptation des infrastructures ferrovaires existantes et donc des investissements, pour la mise en place de terminaux spécifiques d'embarquement et de débarquement, puis la mise aux normes du réseau ferroviaire au gabarit. A titre d'exemple, la mise en conformité de la ligne Perpignan-Luxembourg et la traversée alpine à ce transport spécifique, a nécessité un investissement public de plus de 200 millions d'euros.
"Chaque camion qui est chargé sur cette navette, c'est 1 tonne de CO2 économisée"
Ce qui pourrait poser la question de sa rentabilité. Mais sur longue distance, le système trouve son équilibre financier et surtout, le transport combiné rail-route permet des gains écologiques impressionnants."Chaque camion qui est chargé sur cette navette, c'est 1 tonne de CO2 économisée", a relevé ce mardi Élisabeth Borne sur le port de Calais, après avoir assisté au chargement d'un semi-remorque sur un wagon spécialement équipé.
Deux autres liaisons pourraient voir le jour rapidement : entre la région parisienne et Barcelone, et sur l'axe Ouest du pays, entre Calais et Hendaye en Nouvelle-Aquitaine, le long de la façade atlantique. Une bonne nouvelle pour les automobilistes coincés dans les bouchons sur ces axes routiers : ces futures liaisons ferroviaires dédiées aux poids lourds et au transport de marchandises devraient contribuer à désengorger (au moins un peu) les autoroutes.
►L'INFO EN PLUS
- Le volume de marchandises transportées sur rail a baissé de 19% entre 2008 et 2016, selon une étude du ministère de la Transition écologique. Le transport multimodal ou combiné représentait 7,5 milliards de tonnes-km en 2016, soit 23% du transport ferroviaire et seulement 2,2% du transport de marchandises en France.
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