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Biodiversité : en 40 ans, nous avons perdu 60% de la faune sauvage sur Terre, alerte le WWF

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L'éléphant africain (Tanzanie) fait partie des espèces  dont la population a le plus diminué depuis 1076, selon le rapport Planète Vivante 2018" du WWF France. Photo AFP

Chaque nouveau rapport "Planète Vivante" du WWF France sur l’état de santé de la planète et l'impact de l'activité humaine, enfonce un peu plus le clou du cercueil de la biodiversité. Cette année encore, l'édition 2018 de cette l’analyse scientifique mondiale bisannuelle publiée par l'ONG ce mardi 30 octobre, est porteur de mauvaises nouvelles, alertant sur un état des lieux de la nature toujours plus dégradé, en dépit des électrochocs successifs des nombreux rapports et études scientifiques qui se sont accumulé en la matière ces dernières années.

En 40 ans, entre 1970 et 2014, les populations de vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles - ont chuté de 60% au niveau mondial et de 89% dans les tropiques, l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale. Les espèces n’ont jamais décliné à un rythme si rapide, aujourd’hui cent à mille fois supérieur que celui calculé au cours des temps géologiques peut-on lire dans ce constat alarmant (1), dont voici ses grandes lignes. 

En cause, la pression des activités humaines. Et ça s'accélère

Ce n'est plus un scoop, mais encore faudrait-il se décider à l'intégrer pour en tirer toutes les conséquences et  amorcer enfin les changements de cap nécessaires pour préserver la vie sur Terre : agriculture intensive, dégradation des sols, surpêche, dérèglement climatique, pollution plastique, les principales menaces qui pèsent aujourd’hui sur la biodiversité - la perte et dégradation de leurs habitats et la surexploitation - sont liées sans nul doute aux activités humaines. 

Vers une disparition de la vie sauvage ? 

La planète fait face à une grande accélération de la pression exercée par l'homme sur les écosystèmes : la demande en ressources naturelles tout comme en énergie explose. L’empreinte écologique mondiale,qui mesure l’impact des activités humaines sur les ressources naturelles, a doublé en un demi-siècle.  L'impact de l'espèce humaine est aujourd’hui si fort et généralisé qu’il engendre une disparition de la vie sauvage sur Terre. A ce jour, seulement un quart des terres ont échappé aux activités humaines. Un chiffre qui devrait chuter à seulement 10% en 2050 si l’on ne change rien (2).

L'humanité se met en danger

C'est grave ? Oui. Et pas seulement pour les bébêtes et les petits oiseaux. En s’attaquant au capital naturel de la planète, l’humanité se met elle-même en danger. La stabilité de notre économie et de notre société dépend de la nature et des services qu’elle nous fournit gratuitement. Si l’on devait payer pour de l'air frais, de l’eau potable, pour l’alimentation, le montant serait estimé à 125 mille milliards de dollars par an (3), soit plus que le PIB mondial (80 mille milliards de dollars par an).

"Nous avons besoin de la nature tout simplement pour survivre"

"Nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis, car notre modèle de développement est fondé sur ce capital naturel gratuit", résume Pascal Canfin, directeur général du WWF France. "Nous avons besoin de la nature pour nous développer et tout simplement pour survivre", rappelle -t-il. Un tiers de la production alimentaire mondiale dépend des pollinisateurs, qui assurent la pollinisation de 75% des cultures vivrières (soja notamment). Les conséquences de cette disparition de la nature sont déjà visibles pour les secteurs économiques qui dépendent fortement du capital naturel, comme la pêche : alors que 96% des stocks sont exploités en Méditerranée, la pêche professionnelle est aujourd’hui le seul secteur qui a cessé de croître.

Rien n'est perdu

La bonne nouvelle, c'est qu'il est encore temps d'agir et que rien n'est perdu, martèle Pascal Canfin. On peut parvenir à enrayer la disparition du vivant sur la planète, à condition de repenser en profondeur notre manière de produire et de consommer. Pour cela, "nous devons faire de la biodiversité une priorité internationale et parvenir en 2020 à un New Deal pour la nature. Au niveau national, la France est attendue pour montrer une cohérence de ses politiques en matière d’agriculture et de lutte contre la déforestation importée notamment. Cela doit passer, par exemple, par une reconnaissance de la dette écologique au même niveau d’importance politique que la dette financière", explique l'ancien ministre délégué au Développement auprès du ministre des Affaires étrangère de François Hollande.

Objectif : zéro perte nette de biodiversité en 2030

L'ONG avance ainsi de nombreuses solutions pour enrayer la disparition du vivant. Parmi lesquelles, au niveau international, l'adoption en 2020 d'un accord ambitieux sur la protection de la nature, lors de la conférence mondiale sur la biodiversité à Pékin, avec un objectif de zéro perte nette de biodiversité en 2030. 
 
Au niveau national, le WWF France prône une action concrète dans les secteurs ayant un impact majeur sur la biodiversité. En matière d’agriculture, principale responsable de la disparition de la nature et de 70% de la déforestation, l'ONG demande un plan ambitieux de lutte contre la déforestation importée et un co-portage de la politique agricole européenne (PAC) par les ministères en charge de l'écologie et de l'agriculture. Ou encore, l'abandon du projet Montagne d’Or, une mine d’or industrielle qui pourrait voir le jour en plein cœur de la forêt amazonienne guyanaise, symbole d’un modèle de développement du passé qui oppose développement économique et protection de l’environnement. Enfin, en matière de mobilité, le WWF France appelle l’exécutif à mettre en œuvre ses engagements climatiques et à engager l’ensemble des acteurs dans la transition vers des formes de mobilité plus durables, avec une loi d’orientation sur les mobilités ambitieuse.

Cathy Lafon

(1) Pour mesurer l’évolution de milliers de populations d’espèces vertébrées partout dans le monde, le WWF s’appuie sur l’Indice Planète Vivante, indice reconnu de l’état écologique de la planète. Il est calculé par la Société zoologique de Londres utilisant les données scientifiques collectées sur 16 704 populations appartenant à 4 005 espèces vertébrées.
(2) Selon l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques)
(3) Selon Costanza, R. et al. Changes in the global value of ecosystem services. Global Environmental Change (2014)

►PLUS D'INFO

  • Pour lire la synthèse du rapport "Planète Vivante 2018" : cliquer ICI
  • Pour lire le rapport "Planète Vivante 2018" (en anglais) : cliquer ICI

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